Mulhouse (ville de)

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Mühlhausen  

Site fréquenté depuis le Néolithique et exploité continuellement comme le révèlent les archéologues, l’emplacement de l’actuelle ville de Mulhouse garde les caractéristiques d’activités rurales jusqu’au XIIe siècle. La fertilité des sols et la position de couloir d’échanges entre les vallées du Rhin et du Rhône retiennent les colons gallo-romains puis attirent les riches propriétaires fonciers que sont les abbayes (Fulda, Masevaux, Saint-Étienne de Strasbourg) et l’évêque de cette même ville. L’implantation dans un site marécageux traversé par l’Ill non loin de la Doller rend vraisemblable la légende de la fille du meunier recueillant le beau soldat blessé. De leur union serait née quelques siècles plus tard Mulhouse, la maison du moulin.  

Genèse d’une ville d’Empire XIIe-XVe siècles

L’émergence d’une cité que les médiévaux tiennent pour une ville se joue sur plusieurs siècles. Les étapes essentielles se manifestent par l’obtention successive de droits, de libertés ou franchises (Handfest) qui pérennisent la plupart du temps des pratiques antérieures.  

L’empereur et l’évêque

Le premier acte authentique conservé qui mentionne Mulhusen émane de l’empereur Henri II qui confie en 1003 la gestion des biens de l’abbaye Saint-Étienne de Strasbourg à l’évêque de cette ville. L’évêque de Strasbourg joue un rôle essentiel dans l’histoire de la ville jusqu’au tout début du XIVe siècle. La seigneurie foncière et seigneuriale de l’évêque se voit concurrencée un siècle plus tard par le roi Frédéric Barberousse de la famille des Staufen qui entend s’implanter dans cette cité marchande et prospère où il fait étape à plusieurs reprises dès 1153. Cette rivalité connaît des épisodes multiples avec les successeurs de ces deux acteurs et ne trouvera d’issue juridique qu’en 1236.  

Aux termes d’un traité d’échanges entre le souverain et le prélat, Mulhouse devient fief perpétuel de l’empereur et vassale de l’évêque. La localité relève alors de la justice royale et se trouve administrée par les officiers royaux : l’advocatus mentionné dans les textes n’est plus l’avoué de l’évêque mais le prévôt du roi. L’occupation de fait de Frédéric II depuis au moins 1222 traduit sa volonté de faire une ville : confirmation du droit de marché (concédé sans doute en 1186 par Barberousse), tenue des foires, construction d’une muraille protégeant le site et reconnaissance d’une équipe de Mulhousiens qui prennent eux-mêmes certaines affaires en main : les consiliarii mentionnés en 1227.  

La protection des Habsbourg

L’extinction de la famille Staufen en 1254 provoque la vacance du fief mulhousien. L’évêque le récupère de suite, ce qui prouve son intérêt. Mais la brutalité de ses agents provoque une forte résistance de la part de cette communauté en cours d’organisation. L’évêque est chassé de Mulhouse en 1262, comme il l’est aussi à Strasbourg, et sa maison forte rasée. Rodolphe de Habsbourg, landgrave de Haute Alsace, qui avait soutenu l’opération, bientôt élu roi des Romains (1263), offre sa protection à la ville qui devient alors royale de facto.   Mais pas encore de jure puisque la ville reste fief mouvant de l’évêque. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, Mulhouse se trouve volens nolens au cœur d’une querelle entre les deux évêques intéressés par Mulhouse, celui de Strasbourg pour son temporel, celui de Bâle pour le spirituel. De 1264 à 1271 environ, les Mulhousiens rivalisent d’arguties juridiques pour prouver leur qualité de ville royale, sans lien d’allégeance avec l’évêque. L’enjeu est d’importance. L’arme suprême in fine fut brandie contre les récalcitrants : soit l’interdit pour la ville et l’excommunication pour le prévôt et le Conseil. Si l’on prend en considération la durée d’un tel conflit, les nombreux actes échangés avec les autorités épiscopales et la qualité juridique des procédures engagées, il est patent qu’une équipe d’hommes compétents et responsables est déjà à la manœuvre.  

Mulhouse, ville royale mais libre

  Il n’est alors pas étonnant qu’en 1275 Rodolphe de Habsbourg ajoute Mulhouse à la liste des villes royales en lui accordant quelques-uns des privilèges caractéristiques de ces villes. Le roi a son représentant sur place, un Schultheiss − souvent traduit par prévôt −, en principe Mulhousien. Ces premiers privilèges en bonne et due forme concernent la capacité féodale des bourgeois et lejus de non evocando, les Mulhousiens ne pouvant qu’être jugés par des Mulhousiens. L’usage dans les actes de l’expression freie Stadt traduit ce sentiment d’indépendance, car juridiquement ne sont villes libres que les villes épiscopales (Strasbourg, Bâle, Worms, etc.).  

La charte urbaine de 1293 : la magna charta

Adolphe de Nassau renouvelle les libertés, traités et privilèges, mot pour mot, pour accorder en janvier 1293 ce qui a été tenu pour la première charte municipale de Mulhouse. Non pas en raison de sa forme solennelle (magna charta libertatum) mais de son contenu, pierre angulaire des institutions inchangées jusqu’à la réunion de la ville à la France en 1798 : aucune modification, ni en devenant ville impériale en 1308, ni zugewandter'Ortde la Confédération des XIII cantons en 1515, ni détachée de l’Empire dans les traités de Westphalie en 1648.  

Plutôt qu’un texte normatif organisé pour mettre en place les éléments constitutifs de la gouvernance d’une ville qui ne dépend d’aucun seigneur mais immédiatement du roi ou de l’empereur, la magna charta libertatum, en langue vernaculaire (moyen haut allemand), se présente comme une suite sans ordre de points résultant de la résolution de conflits antérieurs ou empruntés à des documents plus élaborés d’autres villes. Droit privé et droit public, administration et économie s’entremêlent. On ne s’étonnera pas que les questions de justice soient les plus nombreuses (9 « articles » sur 25). Certains points sont communs à d’autres chartes de franchises car les villes du Rhin supérieur formaient un réseau d’échanges dans tous les domaines et pour la bonne coopération entre elles, il était essentiel d’avoir des points communs. Dans la magna charta, sont envisagés pour assurer la paix publique nécessaire à l’intérêt commun, les cas de meurtre, de blessure, d’injure, de provocation, de légitime défense, différents selon le statut des antagonistes, bourgeois ou forains. Cette question du statut des Mulhousiens occupe plusieurs articles : pour être bourgeois, il faut être choisi par ses pairs, payer une livre et acheter une maison d’au moins cinq livres. Ces bourgeois bénéficient d’un certain nombre de droits (par rapport aux non-bourgeois : Hintersassen) en matière de justice, de participation au gouvernement de la ville, etc. mais ils ont aussi des devoirs de défense de la ville, d’imposition à l’Empire (sauf les bourgeois nobles). Le droit de bourgeoisie peut se perdre en cas de faute grave contre l’universitas. La ville peut établir des règlements et bonnes coutumes : ce jus statuendi, essentiel pour faire valoir « l’indépendance » de la ville, est assuré par le Schultheiss et le Conseil qui choisit les officiers municipaux. Seules deux questions économiques sont réglementées dans cette charte : le droit d’établir poids et mesures (ce qui inclut le droit de tenir marché) et l’exemption de tous les péages dans les villes d’Empire. À ce texte de référence, les édiles mulhousiens ont peu à peu ajouté des droits supplémentaires, guettant chaque occasion politique favorable pour les obtenir du souverain.  

Mulhouse ville immédiate (1308)

En 1308, l’empereur Henri VII et l’évêque de Strasbourg concluent un accord d’échanges de biens. Mulhouse, aux termes du traité, entre dans la propriété de l’Empire et donc devient ville impériale. Stricto sensu, ce statut traduit le lien direct, immédiat, avec l’empereur (königliche Unmittelbarkeit / Reichsunmittelbarkeit). La ville est autonome en matière de politique extérieure et participe aux diètes impériales. Certains droits régaliens lui sont dévolus − douane (Zollregal), escorte (Geleitsrecht), protection des Juifs (Judenregal) – mais, en contrepartie, la ville doit l’hommage (Huldigung), l’ost (Heerfahrt), le tribut forfaitaire (Reichssteuer). Ce qui nuance pour le moins le discours de la ville (repris par l’historiographie) sur sa complète indépendance et liberté ! Mais l’avantage de Mulhouse est d’être loin géographiquement des lieux de pouvoir impérial (Königsfern), ce qui atténue sa dépendance (sauf périodes exceptionnelles) tout en gardant le prestige symbolique d’une telle dignité, atout considérable dans le jeu diplomatique. Les Mulhousiens veillent en effet à faire renouveler par chaque nouveau souverain leurs « libertés » (Stadtrechte, Handfeste) en élargissant progressivement leur statut municipal (surtout sous Charles IV, milieu du XIVe siècle). Une étape essentielle est franchie en 1407 par l’achat de la prévôté, ainsi disparaît ce Schultheiss, symbole honni de l’autorité impériale, même si ses fonctions avaient été peu à peu rognées. La ville récupère alors le produit du banvin qui vient grossir sa capacité financière. Les Mulhousiens peuvent faire valoir une indépendance qui « frise la souveraineté » selon Marcel Moeder : droit de légiférer, de tenir marché et battre monnaie, lever la taille, rester maître de leur politique extérieure, etc.  

La gouvernance urbaine aux XIIe-XVe siècles

Forte d’un certain nombre de droits, l’universitas mulhousienne se trouve progressivement en capacité de gérer le vivre ensemble. Mais il lui faut inventer l’administration et ses rouages car la magna charta ne propose pas d’organigramme. Dans cette élaboration pratique, Mulhouse n’est pas isolée : elle participe en effet à cet intense maillage d’échanges entre villes qui fait du Rhin supérieur un véritable laboratoire législatif. On constate en effet un processus parallèle dans la chronologie de mise en place des institutions entre les différentes villes de cet espace rhénan. Beaucoup mettent en place les mêmes modes d’organisation correspondant à leur spécificité de villes marchandes et rurales tout à la fois (vignoble). Elles connaissent tout aussi parallèlement les mêmes « émotions » ou révoltes urbaines (missehellung, uflöffe).  

Le Conseil

Le Conseil fonctionne à Mulhouse au moins depuis 1227. Composé durablement de 12 consuliarii puis consules, il ne varie dans la durée que par sa composition. L’admission au Conseil se formalise progressivement, par la cooptation de 8 bourgeois et de 4 nobles choisis au sein des familles les plus influentes, dignes de piloter les affaires de la ville : les Ratsfähige. Le Conseil, avec la personnalité juridique manifestée par le sceau à partir de 1266, n’est pourtant pas le seul organe de direction  : le représentant de l’empereur, le Schultheiss jusqu’en 1407, veille au grain et surtout exerce la justice avec son tribunal pour les affaires civiles, le droit pénal, les délits. « Wir der schultheiss, der rat und alhie die gemeinde der stat von muhlusen » : ainsi sont mentionnés les acteurs en tête des actes.  

Un bourgmestre à partir de 1338

Une évolution parallèle dans toutes les villes d’Empire se manifeste entre 1330 et 1340 pour mettre en place une autorité, symbole identitaire de la ville (Haubt der Stadt). À Mulhouse, on constate qu’à partir de 1338 est mentionné ce Bürgermeister, Mulhousien élu pour 6 mois ; à sa sortie de charge, il reste comme « consultant » auprès du Conseil. Charles IV confirme cette pratique en 1347.  

La consultation des corporations

À partir de cette même année, les 12 conseillers consultent les 7 maîtres (Zunftmeister) des Zünfte pour le choix des nouveaux entrants au Conseil. Les activités de ces groupes de métiers deviennent prépondérantes dans la ville tant par leur production artisanale que leur participation à la défense de la ville, à la vie civique et religieuse, etc. Sans toutefois faire corps avec les 12 conseillers, les artisans prennent de fait en main les affaires administratives et politiques.  

Élimination du Schultheiss

Les modifications majeures de fonctionnement du Conseil interviennent au XVe siècle : le « rachat » par la ville en 1407 de la charge de Schultheiss et la disparition, en dépit de quelques résistances, de ce personnage perçu comme « étranger », entraîne la réorganisation des organes de direction de la ville, en particulier la justice.  

Expulsion des nobles et Conseil ouvert aux corporations

En 1445, suite à une accusation de pacte avec l’ennemi, en l’occurrence les Armagnacs, les nobles sont expulsés de la ville et donc du Conseil. Les délégués des Zünfte (qui passent de 7 à 6) deviennent conseillers de plein exercice lors de l’élargissement du Conseil en 1524. Leur renouvellement est annuel (de Noël à Noël) et ils perçoivent des indemnités. Ne varietur jusqu’en 1798.  

Les finances de la ville

Si les Mulhousiens ont mis en place, autant par la pratique que par les textes, les institutions de gouvernement visant à leur autonomie, ont-ils les moyens financiers de la sauvegarder? Les documents comptables, entre autres, de la ville étant partis en fumée lors de l’incendie de l’hôtel de ville en 1551, les hypothèses l’emportent sur les certitudes. Marchés et foires − depuis le XIIe siècle selon Marcel Moeder − supposent l’existence de taxes, de redevances, etc., embryon d’une fiscalité urbaine qui n’a pas laissé indifférent Frédéric Barberousse. Le premier document (hasard de la conservation) permettant d’étayer des conjectures date de 1241 : dans la liste des villes devant payer le tribut à l’Empire figure Mulhouse pour 80 marcs d’argent. Cette somme considérable ne peut être exigée que d’une ville déjà riche. Comme pour les autres « libertés », la ville a certainement mis en place progressivement sa fiscalité, guettant les situations opportunes. 1315 en fut une : Frédéric le Beau, en confirmant à Mulhouse sa qualité de ville impériale, a autorisé la ville à lever à son profit l’Ungelt sur la consommation, de vin essentiellement, pour entretenir ses murailles. Une autre étape documentée se situe en 1365 : la ville se lance dans des négociations complexes pour racheter au prix de 200 florins d’or un certain nombre de droits fiscaux au Schultheiss. Le reste des droits tombe dans l’escarcelle de la ville en 1407 avec l’acquisition de cette charge. Mulhouse peut alors remplir ses caisses (Trog) avec le banvin, une partie de la grosse dîme, des taxes et amendes provenant de la justice civile et pénale. Preuve encore d’une certaine capacité financière de la ville : l’achat des seigneuries d’Illzach et de Modenheim en 1437 (3 020 florins du Rhin empruntés pour partie et assis sur des rentes) pour élargir son ban trop étroit et assurer son ravitaillement en bois, pâtures, etc.  

Guerres et endettements

Si, en temps ordinaire, les dépenses ne dépassent guère les recettes, en temps extraordinaire de conflits armés, la ville connaît des difficultés comme bien des villes du Rhin supérieur. La période sombre d’un endettement chronique et presque fatal commence avec la guerre des 6 deniers en 1466 − mobilisation de la noblesse pro Habsbourg contre Mulhouse pour un prétexte futile − et se complique gravement, de 1469 à 1474, avec les menaces de Charles le Téméraire − qui aurait bien fait de Mulhouse une petite capitale régionale dans son Empire en épongeant toutes les dettes des Mulhousiens −. La ville a recours à des emprunts effrénés auprès d’autres villes alsaciennes et suisses ou de riches bourgeois bâlois. Mulhouse ne put sauver son autonomie politique qu’en entrant dans la clientèle de ses créanciers, essentiellement Bâle.  

Les institutions judiciaires

La justice était rendue, sans doute dès l’apparition du Conseil dans les années 1220, par son tribunal et par celui de l’avoué épiscopal (advocatus, Vogtei) présent par intermittence jusqu’au milieu du XIIIe siècle. Après 1275, le Schultheiss, représentant le roi, prend le relais. Cumulant diverses fonctions, administratives et judiciaires, il n’exerce plus, à partir de 1347, que les secondes. Il préside aussi le tribunal traitant des affaires criminelles. En 1407, la charge passe à la ville et se met alors en place un organe spécifique de justice avec 9 échevins assermentés (gesworn Schöffel). Prend alors toute sa valeur effective le droit obtenu dès 1275, le jus de non evocando : les Mulhousiens ne sont justiciables que devant leurs pairs. Une Gerichtsordnung suivie de nombreuses ordonnances, réglemente en 1424 les procédures civiles et pénales mais aussi les activités du Conseil.  

Écoles et vivier de compétences

Pour que fonctionne efficacement un ensemble institutionnel ainsi construit au coup par coup, plusieurs éléments sont indispensables : une bonne formation des personnages clefs et des rites sociaux assurant la cohésion de la communauté (Gemeinde). Mulhouse abritait de nombreux clercs, réguliers (8  établissements religieux) et séculiers (5 chapelles et 25 autels). Ils formaient un terreau intellectuel et ouvert en raison de leurs déplacements incessants. Les laïcs en bénéficièrent avec l’activité d’une petite école latine et une école « municipale » avant la fin du XIIIe siècle, le Conseil désignant le maître d’école. Les édiles et responsables administratifs fréquentèrent dès sa fondation (1459) l’université de Bâle.  

Bourgmestres renouvelés, Stadtschreiber permanents

Au sein de ce personnel bien formé au droit et aux affaires apparaît en premier lieu le secrétaire général de la ville ou Stadtschreiber recruté en dehors de la communauté mulhousienne pour assurer sans doute une certaine neutralité. Chancelier, diplomate, administrateur, ce secrétaire de haut niveau devint indispensable avec la création en 1347 de la charge de bourgmestre renouvelable tous les 6 mois. La continuité administrative indispensable dans une ville qui mène en solo sa politique extérieure, son développement économique et son aménagement (urbanisme, paix sociale, etc.) exige un poste de responsabilité permanent et solide. Le ville a recruté des Stadtschreiber de grande envergure, comme les Gamsharst père et fils par exemple (de 1486 à 1532).  

Le lien civique : le serment

La relative stabilité des institutions tient également à la capacité des rites sociaux à assurer la cohésion d’une communauté disparate, tant sociologiquement qu’économiquement. Le serment se trouve au cœur du dispositif. Tous les serments, dans le cadre des Zünfte ou celui des bourgeois le jour du Schwörtag, sont prêtés au nom du bien commun, du profit commun (Nutzung) et, en cela, ils font progresser le droit car les composantes du serment peuvent se négocier comme l’a montré Olivier Richard. Autres symboles contre les perturbateurs de la paix urbaine : l’abattis de maison et le bannissement qui suppriment physiquement les traîtres à la ville.  

Mulhouse, suisse et réformée au XVIe siècle

Pour assurer sa défense de manière efficace tout en gardant son autonomie en matière de politique extérieure, Mulhouse n’a guère de choix. L’alliance de dix villes d’Empire mise en place par Charles IV en 1354 − nommée par coquetterie érudite la Décapole − n’a pas fonctionné quand Mulhouse se trouva en difficulté.  

La ligue des Dix villes en panne, le recours à Berne

Dans les années 1439-1444, les raids de mercenaires en chômage technique de la guerre dite de Cent Ans − les fameux Armagnacs ou écorcheurs − ravagent les campagnes alsaciennes et menacent les villes. Mulhouse s’endette alors gravement en recrutant des mercenaires. La mise en échec des Habsbourg par l’expansion territoriale de la ville de Berne, canton confédéré, chasse d’Argovie les nobles qui leur restent fidèles vers le Sundgau et les environs de Mulhouse. La ville se trouve ainsi enclavée, quasi étouffée. Au prétexte d’une dette infime de 6 deniers, en 1466, la noblesse habsbourgeoise harcèle Mulhouse par les armes mais aussi par des pressions sur les créanciers de la ville. Celle-ci se tourne alors avec succès vers Berne et Soleure pour nouer une alliance défensive de 25 ans.  

Les entreprises de Charles le Téméraire et de son bailli

Plus grave encore : Charles le Téméraire, grand duc de Bourgogne, créancier de l’impécunieux Sigismond, duc d’Autriche, reçoit en gage les territoires de ce dernier et il s’empresse d’y nommer un bailli pour mettre en ordre de marche une administration moderne. La mauvaise herbe dans sa roseraie, que constitue l’enclave mulhousienne, doit être éradiquée soit par le rachat de sa dette contre son allégeance, soit par les armes. Rien ne fait plier les édiles mulhousiens. La décapitation du bailli Hagenbach fait disparaître la pression militaire mais la dette colossale de la ville − 12000 florins − fragilise sa situation politique.  

Le marché de la guerre : le recrutement des mercenaires

La guerre de Souabe (ou de Suisse) en 1499 alourdit les tensions mais in fine clarifie la situation. L’Empire est définitivement hors-jeu dans l’espace helvétique et même la ville de Bâle se rallie en 1501 à ces « sauvages » Confédérés, devenus professionnels de la guerre, ayant perdu toutes les traditions de la chevalerie! Le temps des mercenaires et des pensions aux magistrats, ou autres personnes entreprenantes dans la Confédération, ouvre le marché de la guerre dans lequel se trouve prise la ville de Mulhouse. Pour empêcher l’alliance de cette ville avec Bâle, amie depuis longtemps, l’empereur Maximilien multiplie les promesses en espèces sonnantes et trébuchantes − un Schirmgeld équivalent des pensions − puis il passe aux menaces.  

Bâle l’alliée de proximité, puis l’entrée dans la Confédération Suisse

En particulier celle de retirer à la ville ses privilèges, ses libertés, ses droits : l’effet est immédiat sur les bourgmestres et Stadtschreiber qui signent rapidement un traité d’alliance avec Bâle le 5 juin 1506, garantissant protection et défense, et surtout premiers pas vers une entrée dans la Confédération des XIII cantons. En 1515, Mulhouse y est effectivement admise comme canton allié (zugewandter 'Ort), seul allié à l’ensemble des XIII cantons, les autres alliés ne l’étant que de leurs voisins. Mulhouse ne fait alors plus partie de la ligue des Dix villes impériales (dite Décapole), qui seront soumises à la souveraineté française à partir de 1648. La rupture de la Confédération avec l’Empire n’est cependant accomplie de fait qu’en 1648 et de droit au traité de Ryswick (1697). Mulhouse se donne alors le nom de République (Stadtrepublik) qui remplace celle de ville d’Empire, en référence à la res publica romaine, à l’époque des traités de Westphalie en 1648, sous l’influence des juristes de la souveraineté comme Jean Bodin.  

Mulhouse de la fin de la guerre de Trente Ans à 1798

L’évolution institutionnelle

Ces privilèges mulhousiens menacés mais sauvegardés, car garants de légitimité, résistent à toutes les épreuves. L’évolution institutionnelle déployée depuis le XIIIe siècle se parachève sans grand changement jusqu’en 1798. Le Magistrat s’articule en plusieurs organismes politiques : le Petit Conseil de 12  membres représentants les 6 Zünfte, organe directeur ; le grand Conseil comptant les 12 du Petit Conseil, les 6 nouveaux et 6 anciens Zunftmeister (24 membres) ; le Conseil élargi composé du Grand Conseil, des sexvirs aux fonctions inconnues des historiens (6 par Zunft) (soit 36). Au total, cette équipe gouvernementale compte 60 membres. La seule évolution constatée est la répartition des sièges entre les Zünfte. Au XVIIe siècle s’imposent dans la vie publique les drapiers et les chaussetiers (textile), les bouchers et les tanneurs, enfin, émergents, les négociants qui sont réglementés en tant que Corps des marchands « wie andere Professionen » en 1696.  

Mulhouse, ville protestante et confédérée

Passer de ville impériale à zugewandter Ort n’a pas changé l’ancienne organisation. L’adoption de la Réforme non plus. Culture humaniste et nouveautés évangéliques entrent très tôt à Mulhouse, où les thèses de Martin Luther sont lues dans le petit cercle des Augustins dès 1518. Le relais des débats théologiques est pris dès l’été 1523 par les politiques : « Nous bourgmestre et conseil de la ville de Mulhouse faisons savoir à tous… que nous avons, après mûre réflexion, décidé unanimement… que nos prêtres et clercs… n’enseignent et n’annoncent que le saint Évangile… ». Les prédicants recrutés viennent de Bâle, envoyés par Œcolampade et Capiton. Mulhouse, en tant que zugewandter Ort, participe aux Diètes de la Confédération et aux discussions sévères qui s’y déroulent entre les villes fidèles à la tradition (catholique) et celles passées «  la secte luthérienne ». Les délégués du Conseil sous la direction de Gamsharst, Stadtschreiber, font preuve d’une grande souplesse tactique et d’une non moins grande fermeté stratégique. La ville ne revient pas aux « vieilles croyances » et entend éduquer la population mulhousienne en ce sens. Dès l’hiver 1523, sont publiées des mesures de moralité publique comme à Berne et à Zürich − amendes pour excès de boisson, jurons, adultère, etc. −. En 1525, les clercs sont autorisés à se marier et, en 1530, est mis en place un tribunal matrimonial. Après la suppression de la messe en 1529, la confession de Bâle est adoptée en 1534.  

Avec une minorité catholique

La ville avec toutes ses composantes est-elle passé unanimement à la Réforme comme l’affirment les historiens mulhousiens (réformés) ? Certes, pour devenir bourgeois à Mulhouse ou à Bâle, il faut être de confession réformée. Mais parmi tous les autres citadins ou gens de passage, il subsiste beaucoup d’Altgläubige et la mixité religieuse est une caractéristique de la lente réformation du XVIe siècle. Cette cohabitation n’est pas sans poser de problèmes que ne révèlent les documents qu’indirectement : la démission de membres du Conseil, l’effervescence de personnages comme Martin Brustlein, qualifié par l’historiographie officielle « d’agitateur et indiscipliné » ou encore l’affaire Fininger, querelle familiale faisant intervenir un tribunal habsbourgeois et la Confédération, interventions extérieures suscitant une quasi-guerre civile.  

L’élément religieux – l’agitation de « cryptocatholiques » – ne saurait être seul en cause. La tension sociale opposant des groupes d’influence atteint son paroxysme en  1587 avec la destitution du Conseil et l’emprisonnement de ses membres. Avec une rapidité étonnante, les cantons protestants accourent, prennent la ville et remettent en place un Conseil sans aucun doute à leur main. Mulhouse est alors clairement sous tutelle helvétique (protestante). Quant aux cantons catholiques, ils renvoient leur traité d’alliance, sceaux coupés. À partir de cette date, la ville de Mulhouse entre dans la mouvance (la tutelle ?) militaire, économique et religieuse des cantons réformés et surtout de Bâle. Si les mécanismes institutionnels ne sont pas modifiés, la cooptation de ceux qui les animent se fait de plus en plus rigoureuse après l’épisode tumultueux qu’a connu Mulhouse dans les années 1580-1587.  

Une religion d’État

La société mulhousienne se trouve modifiée en profondeur pendant ce siècle de la Réformation, fait d’ajustements sociaux et religieux. Les nombreux clercs, religieux et religieuses, qui formaient une part importante de la population, ont disparu en tant que tels avec la Réforme et les desservants du culte, nommés par le Conseil, sont des employés de l’État urbain en charge de contrôler le reste de la population. L’autorité publique s’en trouve renforcée et le Magistrat devient tout puissant, animé par quelques familles et les artisans organisés dans le cadre des Zünfte.  

Une ville de refuge de banque et de transit frontalier

Pendant le siècle de guerres quasi continuelles que fut le XVIIe siècle en Europe, la question principale des édiles fut d’assurer le ravitaillement et l’accueil de réfugiés dans la petite ville tout en préservant sa « neutralité » respectée du seul fait de la qualité d’allié de la Confédération. On doit à Raymond Oberlé la mise en lumière de la situation paradoxale de Mulhouse pendant la guerre de Trente Ans : une « exceptionnelle richesse ». Cette situation mulhousienne particulière dans l’Europe mise à mal par les guerres tient à plusieurs facteurs. Mulhouse, au carrefour des mouvements économiques et financiers, perçoit le bénéfice de l’argent français qui nourrit régulièrement les mercenaires helvètes : pas d’argent, pas d’alliance. La spéculation, qui règne en maître, favorise ainsi le passage de Mulhouse vers un capitalisme commercial et financier, ouvert au crédit et à l’emprunt, avec ses forces en interne sans dépendre uniquement des Bâlois. La paix retrouvée correspond d’autre part à un essor démographique sans précédent : la population augmente de 65% entre la fin de la guerre et 1699, date du premier dénombrement officiel de la population. La cité compte 3 320 habitants. On a alors tous les ingrédients de l’industrialisation, qui débute par la première manufacture d’indiennes en 1746. Mais la population mulhousienne subit une décélération démographique depuis au moins une décennie et l’estimation de l’année 1750 affiche environ 4 000 habitants.  

Une économie en expansion, un gouvernement immuable

Cette mutation fondamentale de l’économie et de la société ne se traduit pourtant pas dans le domaine des institutions, dont l’armature semble bloquée et figée. Comme dans les villes suisses, un petit nombre de familles forme une aristocratie fermée (l’Obrigkeit des Herren), seule à la manœuvre pour diriger la politique de la ville. À cette rigidité au nom de la Réforme, s’opposent discrètement puis de plus en plus ouvertement des aspirations à un esprit nouveau, celui des Lumières, qui, à la faveur d’un fait divers survenu en 1739, se traduit par une contestation du Magistrat. Sous la pression publique, les édiles procèdent en 1740 à une révision des institutions sans toutefois les modifier réellement. Un Grand Conseil, englobant les 78 membres du Magistrat (Petit et Grand Conseil, sexvirs, bourgmestres, Zunftmeister, etc.) se voit attribuer des compétences en matière de justice et de finances mais cette lourde structure cache le pouvoir bien réel qu’exerce le Stadtschreiber, juriste, économiste, diplomate, plumitif souvent de talent (Josua Fürstenberger ou surtout Josué Hofer qui « régna » de 1748 à 1798 !).  

Le pouvoir des marchands – Kaufleute

Une nouveauté cependant se manifeste à la même époque, expression de la tension entre un artisanat réglementé, contrôlé, très présent dans les organismes politiques, et l’activité des marchands qui travaillent sous le sceau de la liberté, la fluidité et la mobilité. Plusieurs ordonnances (1666, 1684, 1696) précisent et réglementent leurs domaines respectifs. Un registre des Kaufleuthe (terme qui remplace les Krämer) sanctionne leur place dans la ville qui se trouve officialisée par le Directoire du Commerce (1715) dont la mission principale est la chasse aux fraudeurs, aux malversations, la surveillance de toutes les transactions et le règlement des litiges.  

Les relations avec la Confédération se sont améliorées au XVIIIe siècle par la réconciliation avec les cantons catholiques et le retour, en catimini, à la Diète.  

L’annexion à la France révolutionnaire : Mulhouse municipalité française

Si la Révolution institutionnelle n’a pas eu lieu au XVIIIe siècle, en revanche la Révolution industrielle a transformé la ville du tout au tout, prospérité et misère, population contrastée, positionnement dans l’économie européenne. Comme jadis par les Habsbourg, Mulhouse est encerclée par la France qui exerce une pression douanière rapidement insoutenable. L’assemblée générale des Mulhousiens vote la Réunion à la France le 29 janvier 1798 et le Corps législatif français l’accepte le 1er mars ; est alors nommé un Président de la Municipalité de Mulhausen. La loi municipale de l’an VIII assimile la ville au régime français et un maire, Jean-Michel Hofer, est nommé en 1800. Elle compte alors 6 000 habitants.  

Ainsi disparut la République – la Stadtrepublik – de Mulhouse.  

Bibliographie

HENRIC-PETRI (Jacob), Der Stadt Mulhausen Historien, Mulhouse, 1838, version de 1640 ; « Der Stadt Mulhausen Historien », BMHM, 1896, version de 1620.  

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MOEDER (Marcel), « La genèse d’une ville impériale. Études sur l’histoire de Mulhouse aux XIIe et XIIIe siècles. I. Des origines de la domination épiscopale jusque vers la fin du douzième siècle 1003-1197 », BMHM, 1932, p. 7-66 ; « II. La rivalité des évêques et des empereurs jusqu’à la chute des Hohenstauffen 1197-1254 », BMHM, 1933, p. 9-66 ; « III. Depuis la chute des Hohenstauffen jusqu’à la mort de Rodolphe de Habsbourg 1254-1291 », BMHM, 1934, p. 23-90.  

MOEDER (Marcel), Les institutions de Mulhouse au Moyen Âge, Strasbourg-Paris, 1951.  

OBERLÉ (Raymond), La République de Mulhouse pendant la Guerre de Trente Ans, Strasbourg, 1961.  

MIEG (Philippe), « Les difficultés de Mulhouse à l’époque de son alliance avec Berne et Soleure », « I. Les préliminaires de l’alliance et la guerre des six deniers (1465-1466) », BMHM, 1965, p. 31-84 ; « II. La reprise de la lutte avec la noblesse autrichienne (1466-1468) » BMHM, 1966, p. 5-106 ; « III.  La campagne des Suisses et les suites du traité de Waldshut (1468-1469) », BMHM, 1967, p. 39-118 ; « IV. Les tentatives d’annexion de Pierre de Hagenbach (1469-1474) », BMHM, 1968, p.  47-154 ; « V. Les guerres de Bourgogne et les dernières années de l’alliance (1474-1491) », BMHM, 1969, p. 39-148.  

LIVET (Georges), OBERLÉ (Raymond) (dir.), Histoire de Mulhouse des origines à nos jours, Strasbourg, 1977, Moyen Âge par Francis Rapp, p. 21-45.  

OBERLÉ (Raymond), STAHL (Martine), Mulhouse. Panorama monumental et architectural des origines à 1914, Strasbourg, 1983.  

SCHRECK (Nicolas), «  La République de Mulhouse et l’Europe des Lumières : essai d’histoire culturelle sur les mentalités, la vie publique, l’instruction, les arts, les sciences et les lettres », Publications de la Société savante et des régions de l’Est. Série Recherches et documents, 51, 1993.  

BERNIER (Isabelle), Négoce et industrie à Mulhouse au XVIIIe siècle (1696-1798), CNRS - Université de Toulouse-Le Mirail, col. « Méridiennes », 2008.  

METZ (Bernhard), « Essai sur la hiérarchie des villes médiévales d’Alsace (1200-1350) 3e partie », RA, n°135, 2009 (Mulhouse : p. 141-143).  

KAMMERER (Odile), « Former un bon Mulhousien (XIIIe-XVIe siècles) », Former un bon citoyen. Ordre social et discipline morale dans les villes de l’espace suisse (XIVe-XVIIIe s.), université de Genève, 2013.  

Alliance de Mulhouse avec la Confédération suisse 1515- 1798 / Bündnis der Eidgenossenschaft mit Mulhouse 1515-1798, édition par Odile Kammerer, Olivier Richard et Claudius Sieber-Lehmann, Bâle, 2015.  

KAMMERER (Odile), « L’enjeu mulhousien pour Charles le Téméraire (1469-1477) », Pour la singulière affection qu’avons a luy, Études bourguignonnes offertes à Jean-Marie Cauchies, Turnhout, 2017, p. 263-273.  

KAMMERER (Odile), « Mulhouse sortant de l’onde… », Annuaire de la Société d’histoire et de géographie de Mulhouse, t. 28, 2017, p. 143-156.  

ZEILINGER (Gabriel), Verhandelte Stadt. Herrschaft und Gemeinde in der frühen Urbanisierung des Oberelsass vom 12. bis 14. Jahrhundert, (Mittellalter-Forschungen Bd. 60), 2018.  

 

Notices connexes

Achtbürger  ; Ackerleutzunft  ; Ammann  ; Arbre de la liberté  ; Archives  ; Armenleuttuch  ; Artillerie  ; Articles organiques  ; Asile  ; Auberge  ; Avoué-Vogt  

Bail urbain-Erbleihe  ; Bailli  ; Bains  ; Bâle (diocèse de)  ; Bannière  ; Banque  ; Barrières  ; Bibliothèques  ; Bouchers  ; Bürger  

Calviniste  ; Chevalerie  ; Cimetière  ; Clarisses  ; Cloche bourgeoise-Ratsglocke  ; Collège ;  Commanderie (Hospitaliers, Teutoniques) ;  Commerce ;  Confession helvétique  ; Conseil de prud’hommes ;  Consistoires protestants ; Cordeliers ;  Corporations ;  Costume féminin ;  Coutumes-coutumiers ;  Couvents ;  Culte israélite ;  Cultes (tolérance des)  

Décapole ;  Dentiste ;  Diligence ;  Doller ;  Dorflinde ;  Draperie ;  Droit de l’Alsace ;  Eau (Mulhouse) ;  Échevin-Schöffen ;  Éclairage (Mulhouse) ;  École ;  Édits relatifs à culte protestant (Mulhouse) ;  Ehegericht-tribunal matrimonial  ; Eid-serment  ; Empire (villes libres d’) ;  Enseignement féminin ;  Ermites de Saint-Augustin ;  États d’Alsace ;  Elsässische Landstände  ; Étranger ;  Excommunication  

Fabrique protestante ;  Faillite ;  Feldmeister ;  Femme (droit de la) ;  Ferrette ;  Feuerordnung ;  Fiançailles-Eheberednung ;  Foires ;  Franc-Maçonnerie ;  Franchises urbaines ;  Franciscains ;  Freiheit ;  Freizug ;  Friede ;  Frontière  ; Fuss (pied de Mulhouse)  

Gardien des portes-Thorhüter ;  Gastronomie alsacienne ;  Gelehrte  ; Gewerf  ; Gibet  ; Gobelet de magistrat ;  Grosser Rath  

Hausname ;  Héraldique  ; Herrenstube ;  Hôpital  

Iconoclasme (à Mulhouse) ;  Industrie  

Jude-Juif ;  Justice et institutions judiciaires  

Kaufhaus ;  Kirchengesang (protestant) ;  Kirchenordnung  

Laboureur ;  Lager ; Landfriede ;  Langues de l’Alsace ;  Latrines ;  Laube ;  Leichenpredigt ;  Leinenweber ;  Lépreux ;  Léproseries ;  Liturgies protestantes en Alsace  ; Lohn-Salaires ;  Loisirs-Jeu

Odile Kammere