Femme

De DHIALSACE
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Frau, mulier, Weib, Wip

Personne de sexe féminin.

La recherche historique s’est fortement renouvelée au fur et à mesure que se déployaient dans toutes leurs dimensions les mutations anthropologiques et juridiques de la condition des femmes. Inévitablement, elle s’est concentrée sur les femmes qui ont laissé des traces dans l’histoire. Ainsi, au Moyen Âge, dans les chroniques et vies de saintes, les princesses, abbesses et religieuses ou encore, dans les règlements de police et les archives judiciaires, les prostituées et mendiantes et les condamnées. D’énormes progrès doivent encore être faits, en sachant que la vie des femmes ordinaires, en premier lieu les paysannes, restera sans doute tout aussi peu connue que celle des hommes ordinaires.

I. La femme au Moyen Âge et à l’époque moderne

A. Question de genre

Dans l’Occident médiéval, la distinction entre l’homme et la femme repose sur les références bibliques, en l’occurrence deux récits divergents de la Création (Genèse 1, 26-27  ; Genèse 5, 1-2  ; Genèse 2, 7-25). Si le premier passage (Genèse 1, 26-27) évoque la création d’un « Homme » générique, « à la fois homme et femme », c’est le second récit, plus long et plus précis, qui connut la plus grande fortune, par les commentaires et les représentations iconographiques qu’il suscita. Dans cette version de la Création, après Adam, Dieu façonne une femme, ensuite appelée Ève, tirée du côté de l’homme. Ce second passage fait de la différence sexuée un trait originel ; la femme y est seconde, car placée sous le double coup de la postériorité (elle est créée après l’homme) et de la dépendance (elle procède d’Adam). En commentant ce deuxième récit de la Genèse, saint Paul (I Corinthiens, 11  ; Éphésiens 5, 21 et suiv.), puis les pères de l’Église, ont majoritairement affirmé l’infériorité de la femme par rapport à l’homme. « L’homme est le chef de la femme » (Paul, I Corinthiens, 11, 3). Subordonnée, la femme l’est à plus fort titre qu’elle passe aussi pour être responsable de la Faute et de la Chute : plus fragile que l’homme, elle aurait été la première tentée.

Cette idée d’une infériorité de la femme, nécessairement soumise à l’homme, traverse le Moyen Âge. Elle n’est en rien l’apanage des représentations masculines. D’Héloïse à Christine de Pisan, en passant par Hildegarde von Bingen, des femmes éminentes admettent comme un fait établi la faiblesse et l’infériorité féminines.

Les théories médicales, dont la théorie des humeurs pourtant a priori neutre, confortent cette distinction des sexes. Par son corps, froid et humide, la femme serait « un moindre mâle ». Sans un guide, Dieu ou l’homme, elle peine à stabiliser ses gestes et ses humeurs, à l’image des vierges folles contorsionnées sculptées au portail de la cathédrale de Strasbourg.

Dans les interprétations bibliques, il reste cependant un espace pour une vision plus favorable de la femme. Par la Rédemption, l’homme et la femme ne sont qu’un dans le Christ (Paul, Épître aux Galates 3, 27-28), égaux devant Dieu. La femme n’est alors ni maîtresse, ni servante, mais une associée. Tenant de Marie comme d’Ève, les femmes ont la possibilité de s’extraire de leur condition inférieure, comme épouses, veuves ou vierges consacrées. Avec l’affirmation du mariage par consentement mutuel, la voix des femmes est, en théorie, davantage prise en compte à partir du XIIe siècle, au moins devant les tribunaux ecclésiastiques.

La période médiévale livre peu de documents dans lesquels des femmes prennent directement la parole. S’il reste possible d’aborder leur place dans certaines institutions, comme l’Église, ou dans certains cadres, comme la ville (v.  Femmes dans les corporations), la catégorie «  femme  » n’y est pas toujours clairement distinguée et peut ne pas être prépondérante au regard d’autres grilles de lecture, comme le rang social, l’âge…

C’est par exemple ce que révèle une étude sur les mentions de femmes dans les livres de bourgeoisie de plusieurs villes de l’Oberrhein (Colmar : 1366-1546 ; Fribourg 1342-1546 ; Sélestat : 1474- 1540  ; Strasbourg  : 1444-1528). Les femmes y sont admises dans des proportions minimes : respectivement, 2,38% des mentions de nouveaux bourgeois à Colmar, 1,2% à Fribourg  ; 15,6% à Sélestat et 4,54% à Strasbourg. Si Sélestat, comme d’autres villes moyennes de l’Empire (Constance, Ravensbourg), a pu trouver un intérêt fiscal et défensif à une large ouverture de la bourgeoisie aux femmes, Colmar et Strasbourg limitent fortement l’accès des femmes aux droits civiques, ce qu’il faut rapprocher des capacités juridiques variables reconnues aux femmes dans les milieux urbains (voir  II. Le statut juridique de la femme et son évolution). Plus qu’une catégorie répondant à des logiques de genre, dans la ville libre alsacienne, le droit de bourgeoisie apparaît comme une donnée de prestige, qui réunit hommes et femmes d’un certain rang social (1/3 des femmes mentionnées comme bourgeoises à Strasbourg portent un titre) et les distingue clairement des autres habitants. Ainsi, à Strasbourg, la fille-mère était-elle déchue du droit de bourgeoisie lorsqu’elle le possédait.

B. Femmes dans l’Église

L’un des cadres dans lesquels il est le plus aisé de cerner la place des femmes au Moyen Âge est l’Église. Si les femmes ne peuvent exercer le sacerdoce, elles sont en revanche, dès le haut Moyen Âge, encouragées à rejoindre des formes de vie religieuse contemplative et communautaire. L’historiographie a eu tendance à souligner combien l’entrée dans ces communautés religieuses offrait aux femmes des possibilités d’instruction, d’autonomie, voire un pouvoir administratif, religieux et juridictionnel pour celles qui devenaient abbesses. Il est vrai que, parmi les rares voix de femmes qui s’élèvent au Moyen Âge figurent en bonne place les religieuses, à l’instar d’Héloïse ou d’Hildegarde von Bingen. Mais il ne faudrait pas surestimer leur indépendance. Les femmes de la petite ou haute noblesse qui rejoignent les maisons féminines restent intégrées à toute une stratégie familiale.

À travers les siècles médiévaux, et ce, quelles que soient les nouvelles orientations prises par la spiritualité, l’Alsace s’affirme comme un espace d’extraordinaire vitalité religieuse féminine.

C’est à la lignée ducale des Etichonides que l’on doit les premières fondations d’établissements féminins dans la région alsacienne. Le Hohenbourg (Mont Sainte-Odile) et sa filiale de Niedermünster voient le jour vers 720 sous l’impulsion du duc Adalric ; son fils Adalbert fonde Saint-Étienne à Strasbourg. Ces établissements féminins familiaux (Hausklöster) renforcent les réseaux de la dynastie ducale dans la région et cultivent sa mémoire, ensuite transfigurée par des réécritures hagiographiques. Dès le Xe  siècle, des récits légendaires, que ne corroborent en rien les chartes d’époque mérovingienne, insistent sur le rôle directeur qu’y jouèrent les filles des ducs d’Alsace. Odile, fille d’Étichon, est donnée pour la première abbesse de Hohenbourg ; Attale, fille d’Adalbert et nièce d’Odile, est la première abbesse légendaire de Saint-Étienne et y aurait présidé à la vie commune d’une trentaine de religieuses (sanctimoniales). Un récit encore plus tardif, du XIIe  siècle, attribue à Maso, parent du duc Adalric, et à son épouse, la fondation d’un autre monastère de moniales à Masevaux, à l’emplacement du décès accidentel de leur fils…

Tandis que s’esquisse un nouveau duché d’Alsace sous autorité impériale, une jeune génération de « monastères » (monasterium) féminins voit le jour aux IXe-Xe siècles. Résultant d’impulsions impériales, ils manifestent un retour de l’Alsace parmi les régions proches (königsnah) des souverains. Sur un domaine impérial, l’impératrice Irmingarde, femme de Lothaire 1er, fonde vers 850 une congrégation de femmes consacrées à Erstein. La communauté est placée sous la tutelle spirituelle et matérielle de la sœur d’Irmingarde, Rotrud, et reçoit la protection impériale. À Andlau, c’est cette fois l’impératrice Richarde, épouse de Charles III, qui installe un établissement féminin richement doté. Elle s’y retire en 887, après la déposition de son époux.

Sur Seltz, enfin, plane l’ombre de l’éminente Adélaïde de Bourgogne (vers 931-999), fille de Rodolphe II de Bourgogne et de Berthe de Souabe, veuve du roi d’Italie Lothaire, puis épouse d’Otton 1er (951). Associée au couronnement impérial en 962, l’impératrice accéda au rare rang de consors regni. Elle joua un rôle politique majeur pendant les minorités de ses fils et petit-fils. À Seltz, sur ses biens propres, elle fonda un établissement masculin d’obédience bénédictine, placé sous l’influence spirituelle de Cluny. Lieu de quelques séjours de l’impératrice et de sa dernière demeure (999), le monastère était spécialement affecté à la mémoire d’Adélaïde et de son fils, sans que l’impératrice ne délaissât pour autant les legs à des chapitres féminins saxons, hauts lieux de la memoria ottonienne (comme Quedlinburg où sa fille Mathilde était abbesse).

Au début du IXe siècle, une volonté d’unifier la vie monastique se fait jour dans les milieux impériaux. Benoît d’Aniane (vers 750-821), qui en est l’artisan, rédige spécialement à l’intention des moniales l’institutio sanctimonialum. Par là, un mode de vie exigeant s’impose à celles qui « vivent canoniquement » : la récitation des heures canoniales, le respect de la clôture, la présence de clercs masculins pour les offices, la limitation des visites et de la propriété personnelle, l’étude, la chasteté et la rupture avec la famille doivent marquer leur quotidien. La plupart des établissements féminins alsaciens préfèrent alors opter pour un régime canonial. Ils se muent en communautés de dames chanoinesses, au recrutement exclusivement nobiliaire. Les religieuses y gardent des contacts avec le monde, conservent leurs biens propres et ne connaissent pas la clôture.

Du Xe au XIIe siècle, un puissant esprit de réforme monastique, souvent initié par de grands laïques, vient redonner un nouveau souffle aux monastères féminins. L’Alsace reste cependant à l’écart des grandes fondations cisterciennes, avec une seule abbaye durablement consacrée aux moniales de l’ordre, à Königsbrück (les sœurs du monastère de Schönensteinbach, fondé en 1138 dans la mouvance cistercienne de Lucelle, adoptent, sous la pression des circonstances, la règle de saint Augustin en 1160. L’établissement, détruit à la fin du XIVe siècle, renaît de ses cendres en 1397, mais sous la houlette de Dominicaines). C’est à nouveau une spiritualité féminine plus tournée vers le siècle qui semble recueillir l’adhésion en Alsace, comme le suggère l’essor de communautés guidées par la règle de saint Augustin. Né à l’origine pour des hommes, ce mouvement produit des ramifications féminines. Tandis qu’à Marbach une communauté de chanoines réguliers voit le jour sur l’alleu d’un ministérial de l’évêque de Strasbourg, elle est rapidement dotée d’une annexe féminine, à Schwarzenthann (1117). Les sœurs y mènent une vie distincte, sous la direction spirituelle du prieur de Marbach, mais elles partagent la même règle que les hommes. Une page illustrée du Codex Guta-Sintram, rédigé et orné par la chanoinesse Guta et par le chanoine Sintram, en  1154, le montre en réunissant symboliquement deux chanoinesses régulières de Schwarzenthann et deux chanoines de Marbach sous l’autorité commune de saint Augustin et d’un même coutumier. Tous doivent suivre les fondamentaux de la règle : pauvreté, vie commune et chasteté.

Dans le même élan, les communautés du Mont Sainte-Odile se réforment au cours de la seconde moitié du XIIe siècle. Le Hortus Deliciarum de l’abbesse Herrade représente au reste les 60 moniales du lieu au moment de la réforme de leur établissement. L’adoption de la nouvelle règle s’accompagne de vœux et d’une stabilité à laquelle les autres chapitres de chanoinesses de Basse-Alsace (Andlau, Saint-Étienne de Strasbourg) ont définitivement renoncé. Au cours des XIVe-XVe siècles, ces derniers deviennent le point de ralliement de la petite noblesse rhénane. Les Stauffenberg fournissent ainsi des abbesses au Hohenbourg, les Geroldseck, Finstingen/Fénétrange, et Ribeaupierre rivalisent d’influence à Andlau (XIVe siècle), tandis que les Rathsamhausen placent leurs membres à Saint-Étienne. Les abbesses, formées à l’écriture et à la lecture, revêtaient des fonctions de direction matérielle et spirituelle, qui allaient jusqu’au commandement des desservants masculins affectés à leur établissement. Hormis cette transgression de genre, les chapitres de dames nobles alsaciens reflétaient, par leur fonctionnement interne, les hiérarchies sociales. Au demeurant, dès le XVe siècle, les chapitres de dames nobles, à l’image de Saint-Étienne, connaissent une limitation de leur autonomie. Les chanoines exercent un magistère de plus en plus étroit sur abbesses et pensionnaires. Le lieu sert de plus en plus à préparer les jeunes filles nobles à leur futur rôle d’épouse et de mère.

On aurait cependant tort de sous-estimer le niveau de culture des moniales ou religieuses qui peuplaient les établissements féminins alsaciens, lesquels ont laissé deux superbes manuscrits, confectionnés par des abbesses.

LeCodex Guta-Sintram, l’un des plus anciens manuscrits datés de la région (Bibliothèque du Grand Séminaire, Ms 37), fut rédigé par la chanoinesse Guta de Schwarzenthann en  1154. Il servait de base à la méditation des chanoinesses. Une même reliure, du XVIIe siècle, y enserre un nécrologe-martyrologe-calendrier, un homéliaire, les règles (celle de saint Augustin et son commentaire) et la coutume de Marbach.

Au Mont Sainte-Odile, l’abbesse Relinde orchestra une réforme du couvent du Hohenbourg, qui adopta la règle de saint Augustin, vers 1152-1162. Elle initia également la réalisation d’une encyclopédie faisant la somme de toutes les connaissances spirituelles de l’époque  : le Hortus Deliciarum, achevé vers  1169 par l’abbesse Herrade (vers 1168-1178). Il fut détruit en 1870 lors de l’incendie de la bibliothèque municipale de Strasbourg, mais son contenu a pu être reconstitué aux deux tiers grâce à des copies et des calques. Il est l’un de ces rares ouvrages médiévaux où une femme s’exprime directement : « Herrade, par la grâce de Dieu, abbesse de l’église de Hohenbourg, malgré son indignité, aux très douces vierges du Christ qui œuvrent fidèlement dans cette église comme si elle était la vigne du seigneur Dieu, grâce et gloire que donnera le Seigneur. J’informe votre Sainteté que ce livre, intitulé Jardin des délices, par l’inspiration divine, je l’ai, comme une petite abeille, construit de fleurs diverses de l’Écriture sacrée et philosophique, et que je l’ai composé pour la louange et l’honneur du Christ et de l’Église par amour pour vous, comme pour en faire un rayon de miel […] ».

Composée selon les âges du monde, de l’ancienne Alliance au Salut, l’œuvre de Relinde et Herrade impressionne par l’étendue des références. Elle totalise près de 1 200 sources, allant d’ouvrages antiques à l’Histoire ecclésiastique de Pierre le Mangeur (Petrus Comestor) (1169-1173).

Laissées au ban des communautés de chanoinesses nobles, les femmes de moindre extraction durent trouver ailleurs une réponse à leurs aspirations spirituelles. Parmi les créations réservées aux femmes figurent les Repenties ou Pénitentes, dont la Chronique des Dominicains de Colmar narre les débuts en Allemagne, vers 1225 (MGH SS XVII, p. 234-325).

Derrière la rédemption offerte à «  ces femmes de mauvaise vie  » se profile la figure de Marie-Madeleine, entre Ève et Marie. Ce modèle de pécheresse repentie, extrêmement populaire en terre d’Empire, laisse aux femmes une possibilité de salut individuel ; la pénitente peut s’élever au-delà de sa double nature de femme et de pécheresse.

Les Repenties, puis les branches féminines des ordres mendiants vinrent donc combler une forte attente dans les milieux urbains féminins. L’essor rapide de couvents mendiants de femmes à Strasbourg peut en fournir un exemple. Sept couvents de Dominicaines y voient le jour : 1225, Saint-Marc, Saint-Jean, Sainte-Catherine ; 1245 : Sainte-Agnès ; 1249 : Sainte-Marguerite ; 1251 : Sainte-Élisabeth  ; 1232  : Saint-Nicolas-aux-Ondes, avec un essor à partir de 1240. S’y ajoutent encore un couvent de Repenties et deux couvents de Clarisses, et, au XIVe siècle, près de 70 maisons de béguines. Celles-ci recrutent majoritairement des femmes non mariées ou veuves, issues des milieux bourgeois et artisanaux. Groupées par dix ou vingt sous l’autorité d’une mère, les maisons de béguines se consacraient aux œuvres charitables. Inclassables, entre état religieux et laïc (elles choisissaient souvent la chasteté et la piété), entre illettrisme et interprétation des Écritures, elles dérangèrent au point de paraître aux limites de l’hérésie.

Dans certains couvents mendiants se développent, aux XIVe-XVe siècles, des formes extrêmes de dévotion à Dieu, qui relèvent de la mystique rhénane. La fusion amoureuse avec le Christ, ou l’Imitatio Christi et l’Imitatio Mariae, y forment des thèmes récurrents. En narrant leurs visions, leurs larmes et leurs spasmes dans des vies ou des traités, ou encore en poussant leur dévotion eucharistique à l’extrême (boulimie et anorexie métaphoriques ou réelles), les mystiques ont proposé une forme de «  mysticisme incarné  », qui serait un modèle de comportement plus spécifiquement féminin.

Les dominicaines d’Unterlinden à Colmar ou encore celles de Schönensteinbach (réformées selon la règle dominicaine dans les années 1390) se rattachent à une telle spiritualité exacerbée. Les Vies des premières saintes sœurs font d’Unterlinden un haut lieu de la mystique rhénane. Dès le XIVe  siècle, les Vitae sororum (Bibliothèque municipale de Colmar, Ms 508) dues à la prieure Catherine de Gueberschwihr (morte vers  1340) donnent lieu à des rédactions similaires dans les couvents du Sud de l’Allemagne. Au XVe siècle, la prieure Elisabeth Kempf (1415-1489) promeut à son tour, depuis Colmar, la réforme des couvents dominicains, dite de l’Observance et traduit les Vitae sororum en allemand pour faciliter leur appropriation et diffusion. C’est de la même époque que date le Liber Miraculorum (BMC, Ms 495), récit des miracles opérés par une icône de la Vierge à l’Enfant offerte au couvent au XIIIe siècle. Forte de son image (au sens propre comme au figuré), la communauté féminine d’Unterlinden drainait les pèlerins et les dons au point que les Dominicains finirent par se les approprier en plaçant l’icône dans leur propre église…

Si, au Moyen Âge, la voix des femmes circulait de couvent en couvent, comme le montre l’exemple des dominicaines de Colmar, avec la Réforme, elle gagne la place publique. À Strasbourg, Catherine Schütz-Zell (vers 1497-1562), Argula von Grumbach von Stauffen (1492-1563) et Marie Dentière s’illustrèrent en matière de prédication et d’enseignement des laïcs. Dans les Pamphlets de la deuxième ou la Lettre à Marguerite de Navarre (1539) de la troisième s’expriment des femmes qui mettent leurs pas dans ceux des héroïnes de l’Ancien Testament et se disent inspirées par Dieu pour dénoncer les maux du temps. Au cours du XVIe siècle, les écrits de ces « femmes peu silencieuses » (Wolfgang Capiton) furent cependant de moins en moins bien tolérés ; leur libre parole ne seyait pas à une réforme devenue plus rigoriste et à la condition féminine du temps. Marie Dentière note ainsi elle-même que « les femmes sont trop hardies d’escrire… de la saincte escripture ».

Bibliographie

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LETT (Didier), Hommes et femmes au Moyen Âge. Histoire du genre XIIe -XVe  siècle, Paris, 2013.

V. Abbaye, Chapitre, Chanoinesse, Chanoinesses protestantes de Saint-Étienne, Couvent, Monasterium, Mystique_rhénane, Pénitentes-Repenties, Prieuré.

Laurence Buchholzer

 

C. Femmes dans les corporations

On a qualifié les corporations de purs «  clubs d’hommes  »  ; pourtant, des textes les montrent ouvertes aux femmes. À Strasbourg, où les sources sont les moins pauvres, le travail féminin est une réalité importante. Travail non qualifié des servantes, travail non rémunéré dans l’atelier ou la boutique du père ou du mari, mais aussi travail professionnel indépendant, dont le plus bel exemple sont les tisseuses de voiles (sleigerweberinnen), qui fabriquent un produit de haute qualité et n’entrent qu’en 1430 – et encore à des conditions privilégiées – dans la corporation des tisserands. De façon générale, les femmes sont nombreuses dans les métiers du textile, mais aussi dans le négoce – à la fois dans la vente au détail (produits alimentaires, nippes, etc.) et dans le grand commerce  ; il y a à Strasbourg des femmes d’affaires, comme Katharina Küchenmeister ou Nese Alexander au XIVe siècle, ou Nese von Castel, aubergiste zur Axt, entraînée en 1447 dans la faillite d’un marchand de Cologne.

Mais quelle est la place des femmes dans les corporations? Sabine von Heusinger cite divers textes qui montrent qu’elles peuvent en être membres. Pourtant, si on rencontre des apprenties orfèvres, les compagnons sont tous des hommes, et, par conséquent, les maîtres aussi. Les femmes n’ont donc pas accès à une formation professionnelle régulière et les corporations mettent en doute a priori celle qu’elles peuvent acquérir ailleurs, auprès d’une autre femme ou dans un couvent. Néanmoins, une femme, à la mort de son mari, a le droit de reprendre son atelier ou sa boutique avec l’aide de compagnons. Dans ce cas et peut-être dans d’autres, elle est membre de plein droit de la corporation, y cotise, et remplit même ses obligations militaires  : elle doit trouver un remplaçant pour monter la garde à sa place, et, si elle est assez riche, avoir un équipement militaire, voire un cheval  – qui servira évidemment à un homme en cas de guerre. Bien entendu, on ne trouve aucune femme dans les instances dirigeantes de la corporation, ni au Conseil. En revanche, elle peut adhérer à la confrérie ; mais la question de sa présence au poêle reste posée ; les épouses des sociétaires n’y avaient accès que pour les fêtes et les danses  ; mais une femme pouvait-elle être sociétaire ? Les sources ne répondent pas à cette question.

Au XVIe siècle, les femmes semblent perdre la place – limitée, mais réelle – qu’elles avaient dans les corporations médiévales. Comme elles sont exclues de la formation professionnelle régulière, la qualité de leur travail n’est plus reconnue, ce qui les relègue dans les emplois non qualifiés et mal payés. Dans ce domaine, l’époque moderne marque une régression par rapport au Moyen Âge.

SCHMOLLER (Gustav), Die Straßburger Tucher- und Weberzunft, I, Strasbourg, 1879, p. 40 no25.

MEYER (Hans), Die Straßburger Goldschmiedezunft von ihrem Entstehen bis 1681, Leipzig, 1881, p. 41 no 2, § 39.

ALIOTH, Gruppen (1988), I, p. 72, 171, 282, 385.

HEUSINGER (Sabine von), Die Zunft im Mittelalter. Zur Verflechtung von Politik, Wirtschaft und Gesellschaft in Straßburg, Stuttgart, 2009, p. 71-80 et passim.

V. La femme marchande publique (Markt und Krämerfrau).

Bernhard Metz

D. Freie Frauen (gemeine Frauen, Huren, prostituées)

Les sources médiévales urbaines distinguent les Freie Frauen des femmes mineures encore placées dans leur famille et celles qui sont entrées dans l’état marital ou en religion. Ces « femmes libres », entendons par là des prostituées, situées hors des cadres protecteurs traditionnels, relevèrent d’abord en ville de la responsabilité collective, puis des instances municipales. Elles étaient, de ce fait, aussi désignées comme des «  gemeine Frauen  », des « femmes communes/publiques », soit des femmes sans relation sexuelle exclusive.

La majorité des gemeine Frauen, aux XIIe-XIIIe siècles, puis une fraction d’entre elles jusqu’au XVIe siècle, vivaient dans l’errance. Ces « filles errantes » (fahrende Mädchen), qui venaient se poster aux carrefours ou devant les portes de la ville, furent, dans un premier temps, à peine tolérées. Le droit urbain d’Augsbourg, en 1276, exige ainsi du bourreau qu’il « chasse de la ville les filles errantes, afin qu’elles ne commettent aucun mal (bösheit) dans la ville de jour comme de nuit par le fait de leur impudicité ».

Aux XIVe et XVe siècles, les listes fiscales ou les livres judiciaires révèlent la présence de filles publiques plus intégrées dans les sociétés urbaines, ce dont atteste aussi l’apparition de bordels municipaux. Mais les prostituées gardent une place ambiguë. Cette ambivalence s’exprime dans les droits locaux, voire dans les discussions universitaires, où l’on s’interroge parfois sur le droit de la prostituée à revendiquer en justice un salaire impayé. Le Sachsenspiegel assimile, par exemple, la prostitution à une perte d’honneur, mais reconnaît à la « femme impudique » son droit et son héritage.

Les prostituées ont en commun avec le bourreau, à la surveillance duquel elles sont parfois soumises, une résidence aux marges de la ville. Tant à Strasbourg qu’à Colmar, elles peuplent les faubourgs. À Strasbourg, en  1469, existent plusieurs rues de prostitution notoire : la Stampfgasse, Burggasse,Finkenweilergasse ou Schwanzgasse. À Bâle et Sélestat, à en croire Rodolphe de Sélestat, les prostituées résidaient parmi d’autres marginaux, donc séparées du bon peuple, mais toujours à sa disposition, et ce tout particulièrement pendant les jours de foires, de fêtes ou de visites prestigieuses. Pendant le concile de Constance (1414-1418), selon les dires d’Ulrich von Richenthal, 1 500 prostituées auraient été présentes dans la ville, tandis que le concile de Bâle aurait drainé 1800 « Hübscherinnen » (séductrices) en 1431.

Il était courant d’accueillir les hôtes de marque en leur offrant présents, vin et accès facile aux prostituées. En  1434, l’empereur Sigismond remercie ainsi le Conseil de Berne d’avoir mis gracieusement à sa disposition et à celle de sa suite pendant trois jours les prostituées du bordel municipal.

L’apparition de bordels municipaux est un fait généralisé dans les villes aux XIVe et XVe siècles. Leur désignation usuelle est «  maison des femmes  » (Frauenhaus), tandis que le terme «  bordel  », emprunté au français, ne se diffuse dans l’aire germanique qu’à partir du XVe siècle, le long de la voie rhénane.

Le développement de tels établissements est tout à la fois le symptôme d’un accroissement de la prostitution en période de crise, d’une volonté de protection sociale des filles de bonne famille et d’un souci de contrôle. Au détour d’ordonnances, les pouvoirs municipaux se justifient parfois de «  chercher ainsi à éviter l’accroissement du mal dans la chrétienté » (Nuremberg), ou évoquent simplement les précédents dans d’autres villes « parce que la même chose est aussi tolérée dans d’autres villes chrétiennes » (Ansbach). L’aveu peut même être plus explicite, comme à Munich en  1433  : on cherche de la sorte à protéger l’honneur des femmes et jeunes filles établies. La documentation strasbourgeoise ne contredit pas (1469) : le tenancier de la maison close municipale ne devait y faire travailler que des femmes qui avaient déjà exercé la même profession dans d’autres villes, et n’y engager ni fille de citoyen, ni vierge, ni femme mariée.

Dès 1293 est mentionné à Bâle un établissement placé sous l’autorité d’un « Frauenwirt ». À Sélestat, l’existence d’un bordel municipal est bien attestée dans les années 1430. Le bordel municipal de Strasbourg ouvre ses portes en 1469, alors qu’existent déjà plusieurs maisons closes, étuves et autres auberges où se pratiquait la prostitution. Les « Frauenwirte » étaient des agents assermentés, et, à ce titre, leur serment figure dans les Eidbücher colmariens et sélestadiens au XVe siècle et au début du XVIe siècle. Ils doivent obéissance aux premiers magistrats ; ils ont à dénoncer sur le champ tout trouble qui se produirait dans le cadre du bordel. Ils relèvent en justice du tribunal municipal local et sont astreints à Sélestat à un préavis de départ de deux mois. Une clause jurée plus tardive, ajoutée au XVIe  siècle, défend aussi aux souteneurs, sous peine d’amende, d’accepter dans les lieux une femme atteinte de la lèpre ou de la syphilis (blätterig, terme qui renvoie aussi à la petite vérole).

Le souci réglementaire des autorités urbaines permet de cerner un peu mieux la clientèle et les modalités de fonctionnement des Frauenhäuser alsaciennes. Maîtres et compagnons sélestadiens qui étaient trouvés nus allongés près d’une « fille publique » dans la nuit du samedi au dimanche, lors des fêtes en l’honneur de la Vierge ou en d’autres jours saints étaient astreints à une amende de 5 schillings. Pour le reste, on le devine, la tolérance est grande. La confrérie des couteliers bâlois ne punit par exemple que ceux qui fréquentent quotidiennement le bordel. En 1523, le Conseil de Bâle dit même craindre que compagnons et apprentis ne quittent la ville si le bordel venait à fermer ses portes.

La documentation livre cependant aussi des informations plus sombres sur les Frauenhäuser, notamment sur le rapport de force qui existait entre le Frauenwirt et ses « protégées », en dépit de leur liberté théorique d’aller et venir à leur guise, encore réaffirmée dans l’ordonnance strasbourgeoise des années 1500.

Le souteneur (Frauenwirt) vivait en partie de l’argent que lui versaient les « filles publiques », qu’il tenait probablement aussi grâce aux dettes qu’elles avaient contractées auprès de lui. Dans les listes fiscales bâloises, il acquitte l’impôt pour un bien de 150 fl., quand les six résidentes de sa maison sont non imposables ou détentrices de moins de 10 fl.

Une ordonnance strasbourgeoise des années 1500 constate, quant à elle, que « des compagnons inconscients ont de nombreuses fois engagé et vendu des femmes et des filles venues d’autres pays […] dans les Frauenhäuser » et celles-ci « y sont retenues et gardées dans le vice contre leur volonté, de sorte qu’elles ne peuvent pas en sortir ». De fait, à Sélestat en 1437, un homme est puni pour avoir mis en gage une femme au bordel (Gény, p. 639).

En 1493, le Conseil de Strasbourg légifère sur des cas de prostitution enfantine : « et si l’on trouve une fillette, qui n’est pas idoine pour le travail du fait de son corps, et qui est si jeune qu’elle n’a ni poitrine ni rien d’autre, elle doit être punie à coup de verges (ruoten) et bannie de la ville, sous la menace d’une peine corporelle, jusqu’à ce qu’elle ait l’âge approprié » (cet âge est défini par ailleurs dans la documentation strasbourgeoise, soit 14  ans). On notera au passage que le Magistrat strasbourgeois se soucie davantage de l’honneur blessé de la ville et de l’ordre moral que des filles ainsi prostituées…

La frontière est souvent ténue entre les «  freie Frauen » et les « arme Mädchen », des femmes acculées à une prostitution occasionnelle par la pauvreté ou l’absence de protection familiale.

En 1469, quand le Conseil strasbourgeois fait établir une liste de toutes les prostituées connues dans la ville et instaure le bordel municipal, 8 femmes acceptent de rejoindre l’établissement, 14 restent dans leurs anciens lieux de résidence. Dans le même temps, plusieurs femmes disent qu’elles «  ne veulent pas être des filles publiques  »  ; ces filles «  honteuses  » complètent probablement un maigre salaire de servante ou de manouvrière par de la prostitution, cherchant, malgré tout, à conserver un semblant d’honneur. Certaines prennent du reste le chemin de la prostitution à leur corps défendant : les sources strasbourgeoises évoquent le bannissement pour cinq ans d’un compagnon pelletier pour avoir proposé à une étrangère dans une auberge de la Krutenau de la placer au service de gens honorables, et l’avoir finalement engagée dans une maison close (UBS, VI, p. 835, année 1400).

Au XVe siècle, les instances urbaines, peut-être sous la pression des couches moyennes, s’attachent de plus en plus à dissocier les jeunes filles pauvres honorables des filles publiques. Des bonnes œuvres, fondées par des bourgeois, viennent au secours de la réputation et de la vertu de quelques jeunes filles pauvres méritantes. Surtout, une distinction s’impose aux prostituées au travers d’ordonnances. À la fin du XVe siècle, on leur prescrit à Strasbourg de porter un manteau plus court que les autres femmes. Elles ne peuvent laisser leurs cheveux découverts comme les jeunes femmes non mariées ; la soie, la fourrure et les bijoux trop voyants leur sont interdits, tandis que le port de l’aiguillette, une bande de tissu de couleur jaune, s’impose.

Un nouvel ordre moral s’installe, dans lequel les prostituées sont réduites au rôle d’exutoire sexuel pour les nombreux jeunes gens non mariés, susceptibles par leurs débordements de menacer la paix et l’ordre de la ville.

L’existence d’une prostitution publique est dénoncée par les prédicateurs lors de la Réforme. Capiton sollicite ainsi plusieurs fois le Conseil pour la fermeture des Frauenhäuser : « À propos des lieux de prostitution nous n’avons toujours pas obtenu satisfaction. Notre république a été fortement corrompue, l’adultère très répandu ; aucun quartier n’a été épargné par les courtisanes. […] Les autorités autorisent officiellement la fréquentation des courtisanes. » (Lettre de Wolgang Capiton à Ambroise Blaurer 1526, cité par Heitz, p. 62.)

Ces charges répétées contre le bordel et la prostitution restèrent d’abord sans effets. Mais, jointes à la crainte d’une propagation de la syphilis, elles eurent finalement raison des Frauenhäuser au milieu du XVIe siècle.

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V. Concubinage, Prostituée, Prostitution.

Laurence Buchholzer

 

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