Monnaie

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Sommaire

Réglementations monétaires

Le terme monnaie, écrit avec une minuscule, désigne un objet, en général une pièce de métal plus ou moins précieux, qui sert aux échanges. Écrit avec une majuscule, c’est le lieu où cet objet est fabriqué. Il en va de même du terme Münz(e) en ancien allemand qui est à la fois l’objet et le lieu. Geld, en allemand moderne, se rapporte aux signes de paiement.  

Les producteurs de monnaie : autorités, administrations, artisans

Il convient donc de distinguer :

  • Monétaire (Münzherr) : celui qui dispose du droit de monnayer et qui donne les ordres. C’est lui qui décide, soit librement, soit en fonction des accords qu’il a signés, ce qui doit être émis. Il prélève une part de métal précieux sur chaque frappe, ce qui lui permet, une fois déduits les frais de fabrication, de tirer éventuellement un bénéfice, le seigneuriage (Schlagschatz). Le gain peut être très variable selon les espèces. Ainsi, Strasbourg, au début du XVIIe siècle, frappait ses thalers à perte, tandis que ses divisionnaires étaient monnayées avec profit.  

Dans l’Empire, la diète monétaire veille à l’application des règlements. Elle peut prononcer le décri de telle monnaie non conforme. Dans le système français, le roi, représenté par l’intendant, impose les règles de fonctionnement.  

  • Monnayeur (Münzmeister) : celui qui dirige l’atelier et procède à la frappe sous le contrôle de son employeur, le monétaire. Atelier monétaire (Münzstätte) : lieu où est fabriquée la monnaie. Un monétaire peut posséder plusieurs ateliers.  

Émission de monnaie, battre monnaie : droit du souverain, droit des seigneurs locaux

La frappe des monnaies est un droit régalien. Dans le Saint Empire, comme dans toute l’Europe occidentale, surtout en période d’anarchie (interrègnes, guerres…), les usurpations ont été fréquentes. Des seigneurs, ecclésiastiques ou laïcs, des villes, de façon plus ou moins régulière, se sont approprié le droit.  

Au cours du Moyen Âge, ce droit a été parfois concédé à des évêques ou des couvents. Le plus souvent, il était accaparé par une autorité locale qui, après avoir frappé pour l’Empereur, travaillait à son propre compte. Ce qui était totalement illégal était légitimé, car devenu immémorial. On pouvait même, pour étayer son droit, se référer à de faux diplômes comme le fit l’abbaye de Wissembourg, produisant une prétendue charte de Dagobert datée de 624.   Parfois, cette usurpation était même acceptée par l’autorité impériale qui – en général moyennant finance – dressait un acte de confirmation. Ce fut le cas de l’évêque de Strasbourg. Après s’être approprié le droit de monnayer, il obtint la ratification de Louis le Germanique, le 12 juin 873. Ce fut le cas de cette même abbaye de Wissembourg qui, en 1275, l’obtint de Rodolphe de Habsbourg. Ce fut enfin le cas de la ville de Strasbourg qui, après avoir mis la main sur un droit appartenant à son évêque, reçut de Maximilien, en 1508, le privilège d’ajouter l’or à son monnayage.  

Au cours du Moyen Âge, une multitude de frappes locales le plus souvent non compatibles, des altérations fréquentes, des disparités d’étalons étaient autant d’entraves au commerce. Avec la reprise des échanges, il s’avéra nécessaire de mettre en place des règles communes. Les pouvoirs locaux, comme le pouvoir impérial, tentèrent de mettre de l’ordre. Le Rappenmünzbund à partir de 1403 fut la première tentative (voir : Rappen). Il s’agissait de créer une monnaie commune taillée à partir d’un étalon commun de référence (le marc de Cologne), dans un espace commun autour du Brisgau, de la Ville de Bâle et de la Ville de Colmar. Le but d’un tel accord était de satisfaire à la demande du commerce. (voir : Rappenmünzbund).  

Renforcement du pouvoir impérial, les premières réglementations impériales

Une telle entente, dans un espace géographique restreint, ne pouvait avoir qu’un impact limité. Après une vaine tentative de Charles Quint, on doit à Ferdinand d’avoir promulgué le premier règlement impérial en 1559. Il voulait mettre en place un système cohérent fondé sur le Reichsgulden. En raison de l’évolution constante du prix de l’argent, ce règlement, très vite inapplicable, fut suivi par de nombreux autres qu’il fallut adapter au gré de la conjoncture.  

Importance de la monnaie d’argent, réapparition de la monnaie d’or, système bimétallique

En effet, avec l’ouverture des mines d’argent de Bohème puis l’importation massive avec l’exploitation des mines de Potosi, il fut nécessaire de mettre en circulation des monnaies de plus en plus lourdes, de plus en plus nombreuses. Il en va de même pour l’or, extrêmement rare depuis l’Antiquité tardive, qui recommença à être frappé dans le sud de l’Allemagne et en Bohème dès le XIVe siècle (Goldgulden) ; l’arrivée de l’or américain, après la conquête espagnole, accéléra le processus. Les systèmes, tous basés sur l’or et l’argent, étaient sérieusement bousculés à chaque fois que le rapport changeait. Ainsi, le gulden (florin d’argent) qui était, lors de sa création, à la fin du XVe siècle, la grosse monnaie ayant la même valeur que le Goldgulden (florin d’or) perdit très vite sa parité. Il fallut alors plusieurs monnaies d’argent pour pouvoir acquérir une monnaie d’or.  

Le Saint Empire, les Cercles monétaires et le marc de Cologne

Si les réglementations monétaires ont dû être sans cesse remaniées, dès le début du XVIe siècle, un processus d’unité monétaire était lancé. En 1524, la diète de Worms prescrivit l’emploi du marc de Cologne pour l’émission de monnaies impériales (Reichsmünzen) pouvant avoir cours dans tout l’Empire. Des Cercles monétaires (Kreise) – il y en avait dix au total – furent chargés de contrôler les fabrications.  

L’Alsace faisait partie du Cercle du Haut-Rhin (Münzkreis Oberrhein) placé sous la direction de l’évêque de Worms. C’est dans sa ville que se tinrent les diètes monétaires (Kreisprobationstag), au cours desquelles étaient prises, par exemple, les décisions sur les rapports de l’essayeur (Wardein), dont le rôle était de vérifier la conformité des frappes de tous les monétaires du Cercle. Toutefois, la structure était lourde, les décris qu’elle prononçait étaient soumis à la bonne volonté des États. On relève beaucoup de cas de non-respect des règlements.  

La Kipper und Wipperzeit

La crise de la Kipperzeit, au début de la guerre de Trente Ans montra la fragilité de systèmes basés sur le bon ou le mauvais vouloir des monétaires. De 1621 à 1624, chacun se mis à billonner – l’empereur en tête –, mettant en circulation des Dreybaetzner à très bas titre, fabriqués à partir de bons thalers refondus. Après des mesures drastiques pour le retour à de plus saines pratiques en 1624 suivies d’une stabilité relative, les accords de Zinna, en 1667, fondés sur le Guldiner à 60 Kreuzers (2/3 de Thaler de compte) de compte sont les derniers règlements appliqués en Alsace (voir : Kipper und Wipperzeit).  

Les étapes du rattachement monétaire à la France

Les débuts : maintien des monnaies impériales sous souveraineté française

Ce n’est qu’après la prise de Strasbourg, qui marque la mainmise du pouvoir royal sur l’Alsace, que des décisions furent adoptées concernant la monnaie. Jusqu’alors, pour cette question, l’Alsace faisait toujours partie de l’Empire. L’Intendance autorisait même Colmar, Wissembourg ou les Hanau-Lichtenberg à frapper et, qui plus est, à la titulature de Léopold Ier. Afin de mettre en place un système transitoire, la Monnaie de Strasbourg fut affermée en 1682 à Johann Dietrich, le fils de l’Ammeister Dominicus afin de produire le fameux Trente sols de Strasbourg (et ses divisionnaires) qui, malgré son nom, n’était pas une monnaie française : elle était taillée sur la base du marc de Cologne à un poids et un titre qui la rapprochait des monnaies impériales en cours. Elle se rattachait au système de compte strasbourgeois : 30 sols = 30 schillings = ½ thaler ; elle s’intégrait au système monétaire mis en place par les accords monétaires impériaux de Zinna de 1667 : XXX sols = ¾ Guldiner. De plus, sa circulation était imposée dans toute l’Alsace.  

Le but recherché était d’éviter que les écus de France de bon aloi, sous-évalués par rapport au Guldiner ne soient immédiatement exportés et refondus. Cela était d’autant plus facile que la province, considérée comme « à l’instar de l’étranger effectif », restait ouverte commercialement sur l’Empire.  

À partir de 1693, la mainmise royale sur les monnaies d’Alsace

L’intégration dans le système français fut un processus de longue haleine. Il fallut attendre 1718 pour qu’elle soit complètement réalisée. Jusqu’à cette date, il y eut un cours particulier en Alsace, où des frappes spécifiques eurent cours, surévaluées de 10% par rapport au reste de royaume. À partir de 1726, après les manipulations monétaires du règne de Louis  XIV et du début de celui de Louis XV, connues sous le nom de « réformations », et l’expérience de la monnaie de Law (voir : Law), commence une période de stabilité qui se poursuivra jusqu’à la Révolution. Toutefois, en raison du changement du rapport or/argent, le poids théorique du louis d’or fut diminué en 1785 : la taille qui était de 30 au marc de Paris le fut désormais à 32, le titre restant inchangé.  

La Révolution et l’Empire : l’âge du Franc

La naissance du franc

Au cours de la Révolution, les premières frappes, dites constitutionnelles, furent faites au poids et au titre des monnaies royales. Parallèlement, une monnaie papier, les assignats, était utilisée pour faire face au manque de numéraire (voir : Assignats).  

Le passage au franc, décidé en 1795, fut un long processus. Au départ, seule la pièce de 5 francs était frappée, les divisionnaires issues des anciens systèmes restant en circulation. Il fallut attendre le Consulat pour que la mise en place du système soit totale. C’est pourquoi l’histoire a retenu comme date de création du franc la date de la loi des 7-17 Germinal an XI (28 mars et 7 avril 1803) : le « franc germinal ». Cette nouvelle monnaie obéit aux principes suivants.  

Le franc, à la fois monnaie réelle et seule monnaie de compte

  • Inscription de la monnaie dans le système métrique : adoption du système décimal, utilisation du gramme comme étalon.
  • Fixation du titre de l’argent et de l’or à 900 ‰.
  • Le franc correspond alors à une pièce de 5 g contenant 4,5 g d’argent pur, il est divisé en dix  décimes, le décime étant divisé en dix centimes.

Si l’on excepte la période révolutionnaire, au cours de laquelle l’essentiel des échanges se firent en assignats, et une brève fermeture des ateliers provinciaux de 1794 à 1803, à partir de l’Empire, c’est la monnaie réelle qui domina les échanges et ce durant tout le XIXe siècle et jusqu’à 1914.  

À part quelques retouches liées à la variation du rapport or/argent, ce système va perdurer en France et donc en Alsace. Il ne sera remplacé par le Reichsmark (créé en décembre 1871) qu’en 1876 mais, jusque dans les années 1890, le franc eut encore cours en Alsace.  

Ateliers monétaires du Ve siècle à l’Ancien Régime

Il est artificiel de traiter chaque atelier comme une entité particulière, en faisant un classement par ordre alphabétique. Un classement par monétaires, seigneurs ecclésiastiques ou laïcs et villes semble plus judicieux. En effet, les monétaires possédaient souvent plusieurs ateliers, actifs simultanément ou successivement.  

Parfois, certains ateliers ont même travaillé pour des monétaires différents.  

En suivant l’ordre hiérarchique établi sous le règne de Maximilien Ier, l’Alsace faisait partie du Cercle monétaire du Haut-Rhin, placé sous la direction de l’évêque de Worms jusqu’en 1690. C’est dans sa ville que se tenaient les diètes monétaires (Münzprobationstage) chargées de faire respecter les règlements impériaux. Nous prenons ici comme base ce classement, en y ajoutant les monétaires qui ne frappaient plus à cette époque, comme l’abbaye de Seltz depuis le début du XIVe siècle.  

Ateliers mérovingiens (Ve-VIIIe siècle)

Strasbourg : On ne connaît ni la date exacte ni l’autorité sous laquelle des monnaies ont été frappées. Il s’agissait peut-être d’un atelier temporaire en activité lors du passage du souverain.  

Ateliers impériaux carolingiens (IXe-Xe siècle)

Strasbourg : On connaît des deniers de Pépin le Bref frappés entre 754 et 768, et qui sont les premiers exemplaires de l’époque carolingienne. De ce règne à celui de Henri l’Oiseleur (918-947), les émissions ont été nombreuses, elles portent indistinctement, avec plusieurs variantes orthographiques, la légende ARGENTINA CIVIT ou STRAZBVRG. L’atelier se trouvait sur la place du Marché aux Poissons.  

Saint Empire (XIe-XVIIIe siècle)

Strasbourg : Des Pfennigs à la titulature impériale ont été frappés du règne d’Othon Ier (961- 973) à celui de Conrad II (1024-1039). Après ce dernier règne, l’atelier de Strasbourg était passé aux mains de l’évêque.  

Strasbourg (Évêque de)

D’abord sous forme de monogrammes (OD pour Odebert, 903-913, GD pour Godfried 913), puis en entier (Uton III, 950-965 ou Erchenbald, 965- 991), le nom de l’évêque apparaît à côté de celui du souverain. En l’absence d’un pouvoir central fort, le droit régalien a finalement été usurpé.  

Les émissions épiscopales se sont poursuivies jusqu’à ce que la Ville, après avoir obtenu l’affermage des frappes, devienne monétaire en usurpant à son tour le droit. Les évêques, chassés de la ville en tant que seigneur après la bataille d’Hausbergen en 1262, ont cessé de battre monnaie à la fin du XIIIe siècle. Ils ne reprirent cette activité qu’en 1573 dans l’atelier de Molsheim, après que l’empereur Maximilien II eut accordé à l’évêque le droit d’ouvrir des ateliers dans ses domaines.  

La monnaie épiscopale de Strasbourg, sous les ordres du prince-évêque et de son administration, était contrôlée par le Cercle du Haut-Rhin.  

Liste des ateliers épiscopaux :  

  • Strasbourg, jusqu’en 1393 ;
  • Altdorf (sur la rive droite du Rhin), jusqu’en 1296 ;
  • Châtenois, jusqu’en 1296 ;
  • Molsheim, 1573-1579 ;
  • Saverne, 1588-1630 ;
  • Soultz (Haute-Alsace), fin XIIIe -début XIVe  siècle ;
  • Oberkirch (sur la rive droite du Rhin), pour l’évêque François-Egon de Furstenberg (1662-1682) et Louis Constantin de Rohan-Guéménée ;
  • Günzburg (Souabe). En 1773, cet atelier appartenant à l’Autriche frappa pour l’évêque Louis-Constantin de Rohan-Guéménée ;
  • Guebwiller : François-Egon de Furstenberg était également abbé de Murbach et Lure.

Abbaye de Murbach (XVIe-XVIIe siècle).

Murbach avait obtenu de Charles Quint, en 1544, le droit de frapper des monnaies. Trois ateliers ont travaillé pour l’abbaye : Saint-Amarin, de 1544 à 1586 ; Ensisheim, de 1584 à 1632, dans l’actuelle rue de la Monnaie ; Guebwiller, en activité à la fin du XVIe siècle. Il était situé au n°11 de l’actuelle rue de la Monnaie  

Abbaye de Seltz

Le droit de frappe fut accordé par l’Empereur Othon III en 993. Toutefois, il ne fut, semble-t-il, pas utilisé au-delà du début du XIVe siècle.  

Abbaye de Wissembourg

L’abbaye fit confirmer « son droit » à plusieurs reprises aux XIIIe et XIVe siècles. Son privilège fut récupéré par la ville impériale de Wissembourg, dont les dernières frappes effectives remontent aux années 1623-1632.  

Comté de Hanau-Lichtenberg

  Philippe V de Hanau-Lichtenberg ouvrit un premier atelier à Woerth en 1587. Les ateliers qui travaillèrent pour le comté furent :  

  • Woerth : 1587-1632 ;
  • Ingwiller : 1595-1599 ;
  • Babenhausen : 1607-1629 (atelier allemand frappant également pour le possessions alsaciennes) ;
  • Willstätt : 1620-1625 (le bailliage de Willstätt, situé de l’autre côté du Rhin, faisait partie des possessions des Hanau-Lichtenberg) ;
  • Hanau : 1641-1685. Dans cette ville de Hesse, berceau de la famille, furent frappée, durant cette période, toute une série de monnaies dont la plupart ne font pas réellement partie du monnayage alsacien.
  • Bouxwiller : 1659-1673

Haute-Alsace : Autriche antérieure –Vorlande : les territoires des Habsbourg en Haute-Alsace

  Ils constituaient la partie occidentale des États héréditaires, les Vorlande (voir :  Autriche antérieure). Leur monnayage était totalement intégré à celui des États autrichiens, dont ils suivaient les règlements :  

  • Thann : 1563 à 1564 ;
  • Ensisheim : 1584-1632 ;
  • Brisach : 1632 (frappes obsidionales dans la ville assiégée).

Seigneurie de Ribeaupierre

  Il n’existe qu’un rare essai de gulden daté de 1564.  

Ville de Strasbourg

L’évêque afferma son droit de monnayer à des entrepreneurs à la fin du XIIIe siècle. Dans le même temps, le Magistrat de la Ville se voyait concédé l’autorisation de frapper pour son propre compte. Au siècle suivant, se targuant d’un droit immémorial, Strasbourg, débarrassée de la tutelle épiscopale, se proclamait monétaire.  

Deux membres du Conseil des XV, un noble et un bourgeois (obere Münzherren) constituaient le Directoire de la Monnaie. Ils nommaient le directeur (Münzherr) chargé d’organiser la fabrication et de recruter le personnel. À ses côtés, un essayeur (Wardein), un préposé (Münzmeister) et un huissier (Münzbott), employés du Magistrat, assuraient des fonctions de surveillance et d’aide.  

L’atelier se trouvait rue de la Monnaie, sur l’emplacement de l’actuelle école Saint-Thomas. À l’époque moderne, il utilisait, pour les frappes au rouleau, une roue actionnée par le courant de l’Ill.  

Ville de Mulhouse

Un atelier fonctionna à Mulhouse de 1622 à 1625 ; les frappes furent peu nombreuses.  

Ville de Colmar

En 1376, l’empereur Charles IV autorisa la ville à frapper des pfennigs. Proche de la Suisse, Colmar signa plusieurs traités monétaires, dont le fameux Rappenmünzbund de 1403 qui rapprocha son monnayage de celui des Confédérés suisses. Par la suite, au début du XVIIe siècle, elle aligna sa réglementation sur celle du Landgraviat fondé sur la base du thaler autrichien. Son atelier fut fermé en 1674.  

L’Hôtel de la monnaie se trouvait tout d’abord sur l’emplacement actuel de la FNAC au n°1 de la Grand-Rue. Il fut transféré à proximité du Koïfhus.  

Ville de Haguenau

Un atelier impérial, actif à partir du XIIIe siècle, frappa des deniers. En 1374, la Ville obtint l’autorisation de frapper toutes sortes de monnaies d’or et d’argent. L’atelier fut fermé en 1673.  

Ville de Landau

Landau, membre de la Décapole alsacienne après la défection de Mulhouse, n’avait pas le droit de frappe, mais se trouvant assiégée à deux reprises, durant la guerre de Succession d’Espagne, en 1702 puis en 1713, elle fut amenée à faire des frappes obsidionales. La première fois, défendue par les Français, elle frappa selon le système français, la seconde fois selon le système impérial, dans les deux cas sur des fragments de vaisselle d’argent.  

Ville de Wissembourg

Au cours de la crise de la Kipperzeit, en 1623, l’atelier municipal de Wissembourg fut ouvert. Il fut fermé en 1632.  

Ville de Thann

Elle obtint le droit de monnayer, en 1387, au nom des ducs d’Autriche, mais ce n’est qu’à partir de 1418 qu’il y eut un monnayage municipal indépendant. L’atelier reprit brièvement des activités en 1563-64 pour le compte du Landgraviat de Haute-Alsace, puis, en 1623, durant la Kipperzeit.  

Comte Palatin de Deux-Ponts-Veldenz

 Il semble que deux ateliers aient travaillés pour Georges-Jean Ier de 1579 à 1589, puis pour son petit-fils Léopold-Louis de 1673 à 1674, à Weinbourg et à Rothau. Toutefois, faute de marque d’atelier, les types émis ne sont pas identifiables car ils ne se distinguent pas de l’ensemble des productions de ces monétaires.  

Ateliers monétaires royaux, de la Révolution et de l’Empire

Les ateliers royaux de la Province d’Alsace

Après la période transitoire d’émissions monétaires strasbourgeoises sur le pied de Zinna effectuées par la Monnaie de Strasbourg affermée à Johann de Dietrich, la Monnaie de Strasbourg devient en 1693, à l’occasion de la deuxième réformation, un atelier royal affermé à un officier-directeur selon le modèle français. La Cour des Monnaies, chargée de l’enregistrement des Édits royaux ainsi que de la vérification de la qualité des frappes, avait aussi pour tâche de s’occuper de l’adjudication des baux. Une proportion des espèces frappées lors d’une émission étaient « mises en boîte » et lui était adressée pour vérification. Les monnaies mises en circulation à partir de 1682 (XXX sols et divisionnaires) furent d’abord réformées puis l’atelier, avec le différent BB qui lui était propre, frappa des monnaies royales.  

La Révolution et l’Empire : l’Administration nationale des Monnaies et les Monnaies de province

Le système royal qu’avait mis en place Colbert prit fin en  1791. L’atelier de Strasbourg, désormais appelé Hôtel des monnaies, fut placé sous le contrôle d’un Commissaire du roi et la direction d’un Directeur chargé de la frappe. En 1738, il fut transféré dans l’actuelle rue des Francs-Bourgeois puis dans l’ancienne Intendance, bâtiments situés à proximité de la place Saint-Thomas.  

Mais c’est la loi du 21 Vendémiaire an IV qui mit en place l’administration qui, avec quelques modifications de nom (Administration des Monnaies puis Commission monétaire de 1827 à 1871) devait perdurer jusqu’en 1880. Un graveur général était chargé des poinçons et des matrices envoyés dans les ateliers qui ajoutaient leurs différents (pour Strasbourg BB jusqu’en 1831 puis BB liés) ainsi que la marque de son directeur. Par exemple, Alfred Renouard de Bussière, qui dirigea Strasbourg de 1834 à 1860 avait-il choisi l’abeille tandis que son successeur, Henri Delebecque (1860-1870) avait une croix tréflée.  

L’atelier de Strasbourg, comme les huit autres ateliers régionaux rétablis, était sous le contrôle, chacun, d’un Commissaire. Il était dirigé par un directeur chargé des frappes, assisté d’un contrôleur au monnayage chargé de la vérification de la qualité de la production et d’un caissier chargé de la livraison du métal et de la mise en circulation des espèces. Le Directeur était responsable de toute la production de son atelier. Véritable chef d’entreprise, c’est lui qui engageait les ouvriers, achetait les outils nécessaires à la fonte. Les presses et les outils destinés à la frappe étaient payés par l’État. Les poinçons, les matrices, les coins étaient livrés par la Monnaie de Paris qui, comme pour les mises en boîtes sous l’Ancien Régime, vérifiait la qualité de la production en prélevant des exemplaires. En définitive, l’État fixait les chiffres de production. La production de la Monnaie de Strasbourg devait répondre, sous la Révolution et l’Empire, aux besoins des nouveaux départements du Rhin et des armées. La frappe de monnaies divisionnaires de billon représente une partie importante de son activité.  

Les types monétaires

Nous donnons ici, par ordre alphabétique, les espèces qui ont été frappées en Alsace. Il faut ajouter que les monnaies impériales frappées par d’autres monétaires et des monnaies étrangères à un cours fixé par les autorités locales pouvaient circuler.  

Les noms des types monétaires ont souvent des orthographes multiples, selon les lieux, selon les époques. Nous avons relevé les orthographes les plus courantes et fait les renvois jugés nécessaires. Ainsi, le Blappert peut-il être désigné sous le nom de Plappert, de Blappart ou de Blaphart. Nous l’avons orthographié Blappert, graphie la plus souvent rencontrée.  

ALBUS (Weisspfennig, denarius albus. En français : blanc) : petit Groschen circulant en Rhénanie du XIVe au XVIe siècle, dont le nom lui-même, qui signifie pièce blanche, indique qu’il s’agissait, à l’origine, d’une monnaie de bon aloi.   Au début du XVIe siècle, en Alsace, ce n’est plus qu’une pièce de billon de 2 kreuzers, dont le cours va décliner, au XVIIe siècle, jusqu’à représenter 1/74e voire 1/80e de thaler. Le comté de Hanau-Lichtenberg frappe, en 1611, des Albus sur la base de 156 au marc, 1,499 g, au titre de 0,406‰ évalués alors à 8 pfennigs.  

ASSIS : voir schilling.  

ASSIS DUPLEX : la ville de Strasbourg, à partir de 1615, frappa des Dreybaetzner (CF) qui avaient la valeur de deux schillings (CF).  

BATZ (Baetzner) : monnaie frappée d’abord à Berne en 1492 puis en Allemagne du sud de la fin du XVe siècle au début du XVIIIe siècle. Le nom dérive probablement d’un mot d’ancien allemand signifiant « marteau de frappe ». À l’origine, le Batz était évalué à 4 kreuzers (25 mm, 2,3  g). Il connut un grand succès au XVIe siècle, frappé sur des bases sensiblement différentes selon les États monnayeurs. Il subsista comme monnaie de compte évaluée à 4 kreuzers. Cela explique que la pièce de XII kreuzers était appelées dreibaetzner et celle de II kreuzers halbbaetzner.  

BLAPPERT (Plappert) : pièce d’argent dont le nom pourrait dériver du vieil allemand bleichvar qui a donné le français blaffard (blaphard). Il pouvait désigner, à l’origine, une bonne monnaie blanche, devenue au fil du temps une mauvaise monnaie de faible aloi. Dans les régions rhénanes, en Alsace en particulier, c’est un petit Groschen frappé de la fin du XIVe siècle au XVIe siècle. Le Rappenmünzbund l’évaluait à 12 Rappen. À l’origine, à Strasbourg, le Blappert était frappé au titre de 625‰ avec un poids de 2,103 g, évalué à 3 Kreuzers.  

DECIME : dixième partie du franc. Lors de l’introduction du système décimal, une pièce de un décime fut créée. Il existait également une pièce de deux décimes. Par la suite, cette subdivision intermédiaire fut abandonnée.  

DENIER : voir pfennig.  

DICKEN (Dickpfennig, Sechsbaetzner, Kopfstück) : pièce d’argent (en français : teston). À l’origine, cette imitation du testoni italien frappé en Suisse et en Allemagne du sud à partir du XVe siècle était évaluée à 24 kreuzers (1/3 de Goldgulden). On prit l’habitude de désigner sous ce nom les pièces de 24 kreuzers à l’effigie du souverain. Les seigneurs de Hanau-Lichtenberg le frappèrent en grande quantité à partir de 1601 (environ 27 au marc, 8,66 g et au titre de 750‰). À Strasbourg, leur frappe a commencé en 1613.  

DICKPFENNIG : voir Dicken.  

DIETRICH : pièce d’argent. Surnom donné au XXX sol de Strasbourg (CF). Du nom de Johann Dietrich, fermier de la monnaie, sous l’autorité de qui ont été frappées cette pièce et ses divisionnaires.  

DOPPELSCHILLING : autre nom donné à Strasbourg au Dreibaetzner.  

DREIBAETZNER (Doppelschilling, Zwölfer) : pièce d’argent de trois batz ou 12 kreuzers. C’était, avec son double, le Sechsbaetzner, la pièce d’appoint la plus rependue en Allemagne du sud au XVIIe siècle. À Strasbourg, également appelée Doppelschilling (ASSIS DUPLEX), elle fut émise entre 1615 et 1668. Ce demi-Dicken (CF) fut particulièrement imité lors de la Kipperzeit. Avant la crise, il était frappé à plus de 50 au marc (4,677 g), pour être défini à 42,5 au marc (5,5 g), au titre de 583‰ après 1623. À partir de cette date, il porte la valeur (XII) indiquée à son avers.  

DREIKREUZER (Dreykreutzner, Kaisergroschen) : pièce de billon de trois kreuzers définie par l’ordonnance monétaire de  1551 (94 ⅔ au marc, 2,47 g et 454‰). Devant porter l’aigle impérial flanqué d’un 3 (kreuzer), elle était particulièrement utilisée pour payer la solde des troupes. Elle fut largement frappée en Alsace.  

DREYER : voir Dreikreutzer.  

DUKAT (ducat) : pièce d’or. Avec l’altération progressive du gulden d’or (CF) à la fin du Moyen Âge, on voulut créer un type nouveau, de bon aloi, qui puisse être accepté dans les échanges. Ce fut le Dukat, imitation du sequin vénitien, frappé à 68 au marc (3,439 g) à 23 ⅓ carat (986‰). L’ordonnance monétaire de 1566 en fit l’unité d’or officielle de l’Empire. Il y avait des multiples et des sous-multiples. À Strasbourg, il fut frappé en 1636 et en 1652.  

ECU : monnaie d’or ou d’argent, frappée par les rois de France à partir du dernier tiers du XIIIe siècle, qui tire son nom de ce qu’elle portait, à l’origine, les armes du souverain. Au début du règne de Louis XIV, on désignait sous le nom d’écu, une pièce d’argent frappée au module d’environ 40 mm, à 8 11/12e au marc de Paris (27,45 g), au titre de 11 deniers (916,66‰), évaluée à 3 £. L’écu avait pour sous-multiples le demi-écu, le quart d’écu et le douzième d’écu. Après avoir connu plusieurs variations, au moment de sa disparition, il était frappé à 8 1/3 (29,488 g), évalué à 6  £. Un écu d’or était encore frappé au tout début du règne de Louis XIV.  

FLORIN : voir gulden.  

FRANC : à l’origine, c’était une pièce d’or frappée sous le règne de Jean II le Bon et qui aurait servi, après la défaite de Poitiers en 1356, à payer sa rançon au roi d’Angleterre. Il serait ainsi devenu « franc », c’est-à-dire libre. Plus tard, le franc devint une unité de compte équivalente à la livre (20 sous). C’est le décret de la Convention du 18 germinal an III (7 avril 1795) qui a donné naissance au franc, nouvelle unité monétaire qui, divisé en 10 décimes ou 100 centimes, s’inscrivait dans la réforme générale des poids et mesures fondée sur le système décimal. La définition précise en sera donnée par la loi des 7-17 germinal an XI (28 mars et 7 avril 1803) : 5 g d’argent à 900‰. Il existait des sous-multiples (quart et demi) et des multiples (2 et 5 francs en argent, 5, 10, 20, 40, 50 et 100 francs en or).  

GROSCHEN (Grossus, Schilling-gross) : pièce d’argent. D’abord appelée Schilling-gross, cette pièce a été copiée sur le modèle du gros français créé par Saint-Louis vers 1266 (4,219 g, 0958‰). Dans l’espace rhénan, il fut d’abord frappé par l’évêque de Cologne, à la fin du XIIIe siècle, puis imité dans tout l’Empire. Il était, à l’origine, évalué à 12 pfennigs (6 kreuzers), mais fut l’objet de nombreuses altérations de poids et de titre.  

GULDEN : le mot a eu plusieurs sens, désignant à la fois une pièce d’or et une lourde pièce d’argent de même valeur lors de leur création. Le règlement monétaire de 1559 évalue le Gulden à 60 kreuzers en définissant son type. Il devient le Guldiner ou Reichsguldiner (CF). Pièce d’or (en français florin, en latin aureus nummus). C’était d’abord une monnaie de Florence (fiorino), frappée à partir du milieu du XIIIe siècle, portant à l’avers une fleur de lys, armoirie parlante de la ville (3,537 g). Son succès fut tel, qu’on l’imita dans toute l’Europe. Dans l’Empire, au XIVe siècle, cette pièce était appelée gulden, déformation de goldener Pfennig (lit. sous d’or). Il était évalué à 60 puis à 72 kreuzers.   Des altérations successives firent que, vers 1550, le gulden ne contenait plus que 1,48 g d’or pur. Il fut alors concurrencé par un type nouveau, le Dukat (CF), dont les caractéristiques étaient proches de celles du florin d’origine. Après la création d’un florin d’argent en 1559, le florin d’or pris, dans l’Empire, le nom de Goldgulden. Pièce d’argent, équivalent du gulden d’or, désigné sous le nom de Guldengroschen ou thaler (CF). L’ordonnance monétaire de 1551 l’évaluait à 72 kreuzers. Évalué à 60 kreuzers par le règlement de 1559, il porta alors le nom de Guldiner ou Reichsguldiner (CF). En 1566, avec la réintroduction du Reichsthaler (CF) à 68 kreutzers, cette dénomination fut abandonnée.  

Unité de compte utilisée en Allemagne du sud et valant 60 kreuzers.  

GULDENER : pièce d’argent. Au XVIIe siècle, les accords de Zinna (1667) créèrent un nouveau gulden, le Guldener (CF) valant ⅔ de Thaler (60 kreuzers, 19,5 g, 0,750‰), adopté l’année suivante par les États monétaires de Basse-Alsace.  

HALBEBATZEN : voir Vierer.  

HELBLING : voir Heller.  

HELLER (Helbling, Obolus, en français, obole) : pfennig léger d’abord frappé à Hall (Schwäbisch Hall) à la fin du XIIe siècle. Souvent uniface, il valait, à l’origine, un demi-pfennig. Cette divisionnaire va connaître d’innombrables altérations En 1668, en Basse-Alsace, ce n’est plus qu’une piécette de billon de 0,227 g à 250‰. Le Heller était également une monnaie de compte évaluée au ¼ du kreutzer.  

KAISERGROSCHEN : voir Dreikreutzer.  

KIPPERGELD : nom donné aux espèces de faible aloi et d’un poids souvent réduit frappées durant la Kipperzeit.  

KOPFSTÜCK : voir Dicken.  

KREUZER (kreutzer) : Pièce divisionnaire de deux Pfennig reconnaissable à la croix figurant sur au moins l’une de ses faces. À la fin du Moyen Âge, sa frappe s’est répandue en Allemagne du Sud (à Strasbourg à partir de 1482). Le règlement monétaire de 1551 en fait l’unité de base pour les divisionnaires : 0,986 g, 378‰ (soit 0,372 g d’argent fin). Suite à une inexorable altération, en Basse-Alsace, en 1668 il ne pesait plus que 0,615 g au titre de 396‰ (0,243 g de fin).  

Unité de compte en Allemagne du Sud valant 4 pfennigs.  

LOUIS D’OR : monnaie d’or française, frappée pour la première fois en 1640, à l’imitation de la pistole espagnole. Au début du règne de Louis XIV, c’était une pièce de 6,752 g à 916,66‰ évaluée à 10 £. En 1789, il était évalué à 26 £. La frappe des louis d’or, en Alsace, se fit à Strasbourg de 1693 jusqu’à la Révolution.  

NUMUS (Nummus) : nom latin du thaler sur les légendes monétaires de Strasbourg (Numus Argentoratensis).  

ORT (Orth, Œrtlin, Œrtel, Quadrantz) : de « das Ort », qui signifie le quart d’une chose. Le terme peut désigner le Ortsgulgen, quart de florin ou le Ortsthaler, quart de thaler, quart d’écu. L’Œrtlin est le quart du pfennig.  

PFENNIG : D’une valeur de ½ kreuzer, le pfennig est l’équivalent du denier dans les pays germaniques. Pièce d’argent circulant dans les royaumes francs qui ont succédé à l’Empire romain et qui fut la seule espèce en circulation de la période carolingienne jusqu’au XIIIe siècle. À l’origine, son poids était entre un et deux grammes à très bon titre. Comme toutes les autres espèces, il n’a cessé de décliner au fil du temps. Selon le règlement monétaire de 1559, évalué à ½ kreuzer, il pesait 0,487 g, à 375‰, soit 0,182 g de fin. Monnaie de compte évaluée au 1/12e du schilling (sou) et au 1/240e de la livre (Pfund). Titre de l’argent exprimé sur la base de 12 pfennigs (deniers) = 1000‰. 

PLAPPERT : voir Blappert.  

QUADRANTZ : voir Ort.  

RAPPEN : le nom dériverait de Raben (« Corbeau »), désignant la couleur noire des pièces de faible aloi. Le Rappen était une pièce d’argent puis de billon. Un accord monétaire passé en 1403 et renouvelé à plusieurs reprises entre le duc Léopold d’Autriche (pour ses possessions en Alsace, le Sundgau et le Brisgau) et les villes de Bâle, Colmar, Fribourg et Brisach, le Rappenmünzbund, en faisait la monnaie de référence de l’alliance (0,425 g, 666‰). Son poids et son titre devaient décliner au fil du temps. Colmar a frappé des Rappen jusqu’au XVIe siècle.  

RATHSGELD : Batzen frappé spécialement pour servir de jeton de présence lors des séances du magistrat. À Haguenau, deux émissions portent la mention Rathsgeld.  

REICHSGULDEN (REISCHSGULDINER) : voir Gulden. L’ordonnance monétaire de 1559 le définissait comme l’équivalent du Goldgulden évalué à 60 kreuzers. C’était une grosse pièce d’argent (24,616 g, 930,5‰).  

REICHSTHALER : En français du XVIIe siècle : Rixdale. Nom donné aux thalers définis par les règlements impériaux. Créé par le recès monétaire de 1566 (29,232 g, 888,88‰, environ 42 mm), il était évalué à 68 kreuzers. Par la suite, son évaluation sera modifiée pour atteindre 90 kreuzers en 1580. Ce type monétaire se maintiendra, sous différentes formes, jusqu’à la dissolution de l’Empire en 1806. Son grand module, sa forte teneur en métal fin, son cours nettement sous-évalué en font une monnaie de prestige que certains monnayeurs dépourvus de mines d’argent frappèrent à perte. On a émis ainsi, à travers tout l’Empire, des monnaies commémoratives fêtant un traité de paix, déplorant la mort d’un souverain, montrant des vues de villes ou évoquant tel concours de tir. La numismatique alsacienne ne manque pas d’exemples de la sorte.  

SCHILLING (Assis) : monnaie, voir Groschen. Unité de compte de 6 kreuzers ou 12 deniers.  

SECHSBAETZNER : voir Dicken.  

SEMISSIS : forme latine du Blappert (3 kreuzers) inscrite sur les légendes monétaires de Strasbourg (Semissis Reip Argentinensis).  

SOL DE STRASBOURG (Sou) : voir Trente sol de Strasbourg.  

STEBLER : Pièce d’½ Rappen.  

TESTON : voir Dicken.  

THALER : on a pris l’habitude de désigner sous ce nom les grosses pièces d’argent à l’imitation des Guldengroschen frappées en très grande quantité par les comtes de Schlick en Bohème dans leur atelier de Joachimsthal. Cet équivalant du Goldgulden pesait d’abord 32 g pour se stabiliser à 29,232 g.  

TRENTE SOL DE STRASBOURG (Dietrich) : monnaie frappée à Strasbourg, ayant circulé en Alsace de 1682 à 1690. Le système était fondé sur le XXX sol (15,3 g à 729,16‰) et ses divisionnaires XV, X, IIII, II et I sols.  

VIERER : pièce de ½ Batzen ou 2 kreuzers, ou 4 pfennigs (d’où le nom de Vierer) appelée également Halbebatzen en raison de son évaluation à ½ Batzen.  

WEISSPFENNIG : voir Albus.  

ZWÖLFER : voir Dreibaetzner.  


Bibliographie

HANAUER, Études économiques (1876-1878), t. 1, Les Monnaies.  

COSTES (H), Les institutions monétaires de la France avant et depuis 1789, Paris, 1885.  

ENGEL (Arthur), LEHR (Ernest), La numismatique de l’Alsace, Paris, 1887.  

SCHRÖTTER (Friedrich Von), Wörterbuch der Münzkunde, Leipzig, 1930.  

AMANDRY (Michel), dir., Dictionnaire de numismatique, Paris, 2006.  

GREISSLER (Paul), Les systèmes monétaires d’Alsace depuis le Moyen Âge jusqu’en 1870, Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace, coll. « Alsace-Histoire » Strasbourg, 2011.  

THÉRET (Philippe), dir.,Le Franc, les monnaies, les archives, Paris, 2019.  

Notices connexes

Albus ;  Angster ;  Assignat  ; Ateliers monétaires (localités)  

Banque ;  Batze ;  Blanc/Blanken  

Comptes  

Décime  ; Denier-Pfennig  ; Dicker  ; Dickplappert ;  Doppelgroschen ;  Doppelvierer  ; Doublon ;  Dreibatzner-Halbdicken ;  Dreiling  ; Dritt-HalbKreutzer ;  Dritterpfennig  

Écu ;  Essayeur de monnaies  

Faussaire ;  Fausse monnaie ;  Faux-monnayeur-Falschmünzer ;  Finances des villes ;  Fiscalité ;  Florin ;  Franc ;  Franc germinal  

Gobelet des magistrats ;  Goettelgeld ;  Gros-Groschen  

Hausgenossenschaft ;  Heller  

Impôts  

Justice (Münzmeister, chambre des monnaies)  

Kippergeld  ; Kipper und Wipperzeit  ; Klippe  

Law (système de Law) ;  Livre-Pfund  ; Loth  

Marc ;  Marché  ; Münzedikt ;  Münzhof  ; Münzmeister ;  Münzordnung  ; Münzstände  

Pfennig ;  Pfennigturm  

Rappenpfennig  ; Rappenmünzbund  

Schilling  ; Sou  

Wardein ;  Wechsel

Paul Greissler