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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Le mot désigne l’ensemble des tiges des céréales, récupérées après battage pour être employées à différents usages&nbsp;: litière ou nourriture du bétail&nbsp;; incorporation dans le fumier animal&nbsp;; confection des toits de chaume, du torchis des maisons ou des liens servant à nouer les gerbes (en particulier la paille de seigle appréciée pour sa longueur, sa souplesse et sa résistance), enfin fabrication de chapeaux de paille…</span> &nbsp;</p>
<span style="font-family:">Le mot désigne l’ensemble des tiges des céréales, récupérées après battage pour être employées à différents usages&nbsp;: litière ou nourriture du bétail&nbsp;; incorporation dans le fumier animal&nbsp;; confection des toits de chaume, du torchis des maisons ou des liens servant à nouer les gerbes (en particulier la paille de seigle appréciée pour sa longueur, sa souplesse et sa résistance), enfin fabrication de chapeaux de paille…</span> &nbsp;
 
 
 
 
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Au XVIII<sup>e</sup> siècle, on évalue à trois kilos de paille par jour la consommation minimale d’un bovin adulte en stabulation, en dehors du prélèvement éventuellement opéré sur le pâturage communal. C’est par souci d’économie qu’on mélange la paille au foin, puis aux betteraves fourragères, après l’avoir fait passer dans la «&nbsp;machine à hacher&nbsp;» (B. Maugue, BN. Ms. fr. 8246, t. II, p. 1046).</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">À condition que les chaumes ne restent pas sur pied ou que les tiges ne soient pas «&nbsp;sciées&nbsp;» trop haut à la faucille, de sorte que la production de paille se trouve compromise, l’apport de la paille dans le «&nbsp;fumier de ferme&nbsp;» (''Hofbesserung'') est capital. Son prix pèse sur celui du précieux engrais&nbsp;: entre 4 et 5 livres tournois le chariot pour 1 ½ à 2 livres pour le chariot de fumier dans la ferme seigneuriale de Hettenschlag entre 1730 et 1743 (AHR E 1279 et 1350).</span></p>
<span style="font-family:">Au XVIII<sup>e</sup> siècle, on évalue à trois kilos de paille par jour la consommation minimale d’un bovin adulte en stabulation, en dehors du prélèvement éventuellement opéré sur le pâturage communal. C’est par souci d’économie qu’on mélange la paille au foin, puis aux betteraves fourragères, après l’avoir fait passer dans la «&nbsp;machine à hacher&nbsp;» (B. Maugue, BN. Ms. fr. 8246, t. II, p. 1046).</span>
 
 
 
<span style="font-family:">À condition que les chaumes ne restent pas sur pied ou que les tiges ne soient pas «&nbsp;sciées&nbsp;» trop haut à la faucille, de sorte que la production de paille se trouve compromise, l’apport de la paille dans le «&nbsp;fumier de ferme&nbsp;» (''Hofbesserung'') est capital. Son prix pèse sur celui du précieux engrais&nbsp;: entre 4 et 5 livres tournois le chariot pour 1 ½ à 2 livres pour le chariot de fumier dans la ferme seigneuriale de Hettenschlag entre 1730 et 1743 (AHR E 1279 et 1350).</span>
 
 
 
 
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Pourtant, une fois dégarnie de ses épis, la paille revêt une signification parfois négative, toujours hautement symbolique. Au Moyen Âge, la transmission d’une terre est parfois accompagnée de la remise d’un fétu de paille («&nbsp;''mit dem Halmen übergeben''&nbsp;») symbolisant le bien immobilier en question. En général peu considéré, l’homme de paille (''Strohmann'') désigne celui qui pratique, sous un prête-nom, une opération commerciale pour le compte d’autrui. C’est coiffée d’une couronne de paille que la jeune fille coupable de relations prénuptiales suivies d’une conception hors-mariage est soumise, surtout dans les paroisses protestantes du duché de Wurtemberg et du comté de Hanau-Lichtenberg aux XVII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles, à une pénitence publique avec admonestation (''Kirchenbusse'') en présence tantôt des membres de la paroisse réunis, tantôt du conseil presbytéral ou encore du seul pasteur. Si un tel étau se desserre au milieu du XVIII<sup>e</sup> siècle, il reste parfois le traitement réservé aux filles ayant fauté dont le parcours emprunté par le cortège nuptial a été au préalable malicieusement jalonné… de paille.</span></p>
<span style="font-family:">Pourtant, une fois dégarnie de ses épis, la paille revêt une signification parfois négative, toujours hautement symbolique. Au Moyen Âge, la transmission d’une terre est parfois accompagnée de la remise d’un fétu de paille («&nbsp;''mit dem Halmen übergeben''&nbsp;») symbolisant le bien immobilier en question. En général peu considéré, l’homme de paille (''Strohmann'') désigne celui qui pratique, sous un prête-nom, une opération commerciale pour le compte d’autrui. C’est coiffée d’une couronne de paille que la jeune fille coupable de relations prénuptiales suivies d’une conception hors-mariage est soumise, surtout dans les paroisses protestantes du duché de Wurtemberg et du comté de Hanau-Lichtenberg aux XVII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles, à une pénitence publique avec admonestation (''Kirchenbusse'') en présence tantôt des membres de la paroisse réunis, tantôt du conseil presbytéral ou encore du seul pasteur. Si un tel étau se desserre au milieu du XVIII<sup>e</sup> siècle, il reste parfois le traitement réservé aux filles ayant fauté dont le parcours emprunté par le cortège nuptial a été au préalable malicieusement jalonné… de paille.</span>
 
 
 
 
= <span style="font-family:">Notices connexes</span> =
 
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Version du 15 octobre 2024 à 09:45

Stroh, Streu  

Le mot désigne l’ensemble des tiges des céréales, récupérées après battage pour être employées à différents usages : litière ou nourriture du bétail ; incorporation dans le fumier animal ; confection des toits de chaume, du torchis des maisons ou des liens servant à nouer les gerbes (en particulier la paille de seigle appréciée pour sa longueur, sa souplesse et sa résistance), enfin fabrication de chapeaux de paille…  

La valeur économique de la paille

Au XVIIIe siècle, on évalue à trois kilos de paille par jour la consommation minimale d’un bovin adulte en stabulation, en dehors du prélèvement éventuellement opéré sur le pâturage communal. C’est par souci d’économie qu’on mélange la paille au foin, puis aux betteraves fourragères, après l’avoir fait passer dans la « machine à hacher » (B. Maugue, BN. Ms. fr. 8246, t. II, p. 1046).

À condition que les chaumes ne restent pas sur pied ou que les tiges ne soient pas « sciées » trop haut à la faucille, de sorte que la production de paille se trouve compromise, l’apport de la paille dans le « fumier de ferme » (Hofbesserung) est capital. Son prix pèse sur celui du précieux engrais : entre 4 et 5 livres tournois le chariot pour 1 ½ à 2 livres pour le chariot de fumier dans la ferme seigneuriale de Hettenschlag entre 1730 et 1743 (AHR E 1279 et 1350).

La signification symbolique de la paille

Pourtant, une fois dégarnie de ses épis, la paille revêt une signification parfois négative, toujours hautement symbolique. Au Moyen Âge, la transmission d’une terre est parfois accompagnée de la remise d’un fétu de paille (« mit dem Halmen übergeben ») symbolisant le bien immobilier en question. En général peu considéré, l’homme de paille (Strohmann) désigne celui qui pratique, sous un prête-nom, une opération commerciale pour le compte d’autrui. C’est coiffée d’une couronne de paille que la jeune fille coupable de relations prénuptiales suivies d’une conception hors-mariage est soumise, surtout dans les paroisses protestantes du duché de Wurtemberg et du comté de Hanau-Lichtenberg aux XVIIe et XVIIIe siècles, à une pénitence publique avec admonestation (Kirchenbusse) en présence tantôt des membres de la paroisse réunis, tantôt du conseil presbytéral ou encore du seul pasteur. Si un tel étau se desserre au milieu du XVIIIe siècle, il reste parfois le traitement réservé aux filles ayant fauté dont le parcours emprunté par le cortège nuptial a été au préalable malicieusement jalonné… de paille.

Notices connexes

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Carnaval Chaume ; Colombage Concubinage (couronne de paille)

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