Pèlerinage, Pèlerin

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Pilger-Wallfahrer-peregrinus, Pèlerinage-peregrinatio-Pilgerfahrt-Wallfahrt (Moyen Âge)

Définition

Le pèlerinage est une démarche que l’on retrouve dans de nombreuses religions. En s’inspirant de Raymond Oursel (Les pèlerins, p. 9), on peut le définir comme un acte généralement volontaire par lequel un homme quitte ses lieux coutumiers pour se rendre dans un esprit religieux dans un sanctuaire, soit parce qu’il espère y voir exaucé quelque désir personnel légitime, soit parce qu’il attend de son voyage un approfondissement de sa vie personnelle. Le mot pèlerin vient du latin peregrinus,« étranger ». Le pèlerin est donc, à l’origine, quelqu’un qui s’exile volontairement et qui par là se retrouve étranger dans toutes les régions qu’il traverse. Dans la vie chrétienne en Occident au Moyen Âge, le pèlerinage tient une place considérable.

 

Le pèlerinage au Moyen Âge

Difficultés méthodologiques d’un inventaire des pèlerinages

Le repérage des pèlerinages à l’époque médiévale n’est pas aisé. Dans son projet d’inventaire des sanctuaires et lieux de pèlerinage chrétiens en France, Catherine Vincent évoque trois éléments constitutifs du pèlerinage. Tout d’abord l’objet de dévotion, qui peut être une tombe, une relique, une statue ou un tableau. Mais comme chaque église possède des reliques et des statues ou tableaux, leur mention n’est pas une preuve suffisante. La fréquentation du lieu (concursus populi) est un autre facteur à prendre en compte. La mention de miracles est le moyen le plus sûr pour déterminer si tel sanctuaire est un lieu de pèlerinage. Malheureusement, les miracles sont assez rarement cités dans les sources. Dans la partie alsacienne de l’ancien diocèse de Bâle, seuls 7 lieux de pèlerinage sur 31 ont conservé un livre relatant leurs miracles pour l’époque médiévale.

Le repérage des lieux de pèlerinage se heurte aussi au problème des sources. Certains pèlerinages médiévaux ne sont connus que par une seule mention, purement contingente. Ainsi, la seule mention médiévale du pèlerinage à saint Antoine d’Uffholtz est le paiement d’un homme qui y est allé pour accomplir le vœu d’un défunt. Il est donc fort probable qu’il ait existé en Alsace au Moyen Âge d’autres pèlerinages qui n’ont laissé aucune trace dans les archives.

Les motivations du pèlerinage

Le pèlerinage de pénitence

Le pèlerinage pouvait être imposé par l’Église, par exemple en cas de meurtre ou encore pour hérésie. On parle alors de pèlerinage de pénitence. À partir du IXe siècle et jusqu’au XVIIIe siècle, des Alsaciens ont été condamnés à aller en pèlerinage à Rome, Compostelle, Aix-la-Chapelle, Canterbury, Einsiedeln et Marienthal. En 1334, des paysans d’Uhlwiller et de Niederaltdorf tuent l’abbé de Neuburg, avec lequel ils étaient en conflit au sujet de terres. Les trois principaux coupables sont envoyés en pèlerinage à Rome pour expier leur crime, leurs deux complices à Saint-Jacques-de-Compostelle. En 1341, Johann von Rappoltstein, responsable de la mort de l’abbé de Moyenmoutier, qu’il avait enlevé, est condamné, entre autres, à un pèlerinage à Canterbury. Lorsqu’on découvre des hérétiques vaudois à Strasbourg en 1400, l’inquisiteur en condamne certains à faire un ou plusieurs pèlerinages à Notre-Dame d’Einsiedeln ou encore à Marienthal. En 1669 encore, un meurtrier de Guebwiller est condamné à faire un pèlerinage de pénitence à Rome, pour lequel il doit rapporter un certificat, et trois autres pèlerinages à Einsiedeln. Pour augmenter l’aspect pénitentiel de ces pèlerinages, le coupable pouvait être condamné à aller nu (en fait, simplement vêtu d’une chemise) et déchaussé (Nacktwallfahrten) ou alors décider de lui-même d’accomplir le pèlerinage dans cette tenue pour en renforcer la valeur et avoir plus de chances d’obtenir la grâce souhaitée. En 1254, l’archevêque de Besançon accorde une indulgence à la chapelle de Lieu-Croissant à Soultz. Il permet notamment à ceux qui ont coutume, pour des crimes affreux, de pèleriner seminudi et discalciati, s’ils arrivent à cette chapelle dans l’octave de Pâques, de pouvoir assister à la messe habillés et chaussés (Trouillat I, p. 616, no 429).

En cas d’impossibilité à accomplir le pèlerinage, la peine infligée pouvait être commuée. C’est ce qui est arrivé à Heinrich Blanghart, condamné à aller en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle pour un meurtre qu’il avait commis. Lorsqu’il arriva en Avignon, l’état de guerre était tel dans la région qu’il ne put poursuivre son périple. L’un des pénitenciers du pape lui accorda alors une dispense, à lui et à tous les autres pèlerins en route pour Saint-Jacques : il convertit la peine et les frais de leur pèlerinage en d’autres œuvres de miséricorde (ABR H 1383, avant 1372).

Autres motivations

L’homme médiéval vit dans un monde où l’insécurité est quotidienne, la guerre permanente, la maladie et la mort omniprésentes. Il est fréquent qu’il n’ait plus d’autre recours que le Ciel. Pour bien comprendre la démarche du pèlerin, il faut se souvenir que l’homme se représente le monde surnaturel sur le modèle du monde terrestre. Or sur terre, les rois sont inaccessibles au commun des mortels. Si l’on veut leur demander une grâce, il faut passer par un intermédiaire, un personnage bien en cour, mais facile d’accès. La plupart des gens considèrent qu’il en va de même avec le roi du Ciel, et que les saints, accessibles à tout un chacun et ayant l’oreille du Tout-Puissant, sont les intercesseurs par lesquels il convient de passer pour obtenir une grâce. Beaucoup d’entre eux ont une spécialité : saint Antoine guérit du feu sacré (ergotisme) et de toute forme de gangrène et protège du feu en général, saint Blaise des maux concernant la tête et des calculs rénaux, saint Sébastien est invoqué contre la peste, saint Fiacre contre la syphilis, saint Valentin contre l’épilepsie. Saint Christophe, un géant représenté en grand dans de nombreuses églises, protège de la mort subite et des dangers du voyage. Saint Wendelin est le saint protecteur du bétail, qui joue un rôle primordial dans l’économie domestique au Moyen Âge. En certains endroits privilégiés, l’action des saints intercesseurs se manifeste très efficacement à travers les reliques qui y sont conservées : il s’agit des lieux de pèlerinage. Ainsi, en Alsace, saint Antoine est invoqué à Issenheim, saint Blaise à Leimbach, saint Valentin à Rouffach, sainte Attale à Saint-Étienne de Strasbourg et saint Fiacre à Baumgarten. Saint Thibaud, invoqué à Thann, est un saint polyvalent. Les pèlerins ont recours à lui pour diverses affections (feu sacré, calculs rénaux, peste, épilepsie, enfants morts-nés) et en cas de naufrage, d’incendie ou de captivité. De nombreux sanctuaires à répit, c’est-à-dire des lieux de pèlerinage où les enfants morts-nés sont censés reprendre brièvement vie, le temps d’être baptisés, pour pouvoir être enterrés en terre consacrée et entrer au paradis, sont des pèlerinages dédiés à la Vierge, recours universel (Sewen, Thierenbach). Pour augmenter ses chances d’être exaucé, l’homme médiéval présente parfois sa requête à plusieurs intercesseurs célestes. Ainsi à Pâques 1473, un couple roman arrive à Thann pour remercier saint Thibaud du retour momentané à la vie d’un enfant mort-né, le temps de le baptiser. Pour obtenir la grâce requise, ils s’étaient également rendus au pèlerinage marial de Kientzheim et à Saint-Nicolas-de-Port en Lorraine. Les diverses motivations des pèlerins transparaissent dans les livres de miracles qui nous sont parvenus. Celui de saint Blaise à Leimbach contient le récit de 62 miracles qui ont eu lieu entre 1472 et 1584. Comme d’après sa Vita, saint Blaise a guéri miraculeusement un enfant qui avait avalé une arête de poisson, il est invoqué pour tous les maux concernant la tête. Son champ de compétences est plus étendu dans les pays germaniques où on a aussi recours à lui pour tous les problèmes urologiques. En effet, en allemand la vessie se dit Blase. Par homophonie, saint Blaise, Blasius en allemand, a été invoqué pour les maux relevant de cet organe. Le livre de miracles de Leimbach reflète les spécialisations du saint. À l’occasion, saint Blaise guérit aussi le bétail, vient en aide à une femme en couches ou punit celui qui s’est moqué d’un goîtreux en lui transférant son goître.

En cas d’impossibilité à réaliser le pèlerinage promis pour l’obtention d’une grâce, le vœu pouvait être remplacé par une somme d’argent. Ainsi, en 1365, Habelützel, bourgeois de Strasbourg, donne 5 livres aux pauvres en échange du pèlerinage à Rome qu’il n’a pas pu réaliser à cause de son grand âge (UBS VII, p. 351, no 1193). Par ailleurs, celui qui ne pouvait ou ne voulait pas faire le pèlerinage dont il avait fait vœu pouvait rémunérer quelqu’un pour le faire à sa place. Les pèlerinages par procuration sont fréquents au Moyen Âge. En 1397, Bruno von Rappoltstein, par son testament, demande qu’on fasse pour lui un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, Saint-Claude dans le Jura, Saint-Nicolas-de-Port, un autre à Saint-Antoine (probablement du Viennois), que son fils Smassmann devra effectuer, et un dernier à Mariental (RUB III, p. 555-556, no 1186). Dans 110 testaments conservés à Hambourg, les testateurs demandent qu’on fasse un pèlerinage à Saint-Thibaud de Thann en leur nom. Dans le cas de pèlerinages par procuration, le testateur imposait parfois la visite de plusieurs lieux saints. Le pèlerin par procuration chargé d’aller de Lübeck à Saint-Thiébaut de Thann touchait 10 marks de Lübeck, mais 12 s’il devait en plus visiter l’image miraculeuse dans l’église d’Einsiedeln.

Le pèlerin

Le pèlerinage est une entreprise risquée : le pèlerin pouvait mourir d’épuisement (cas de saint Ludan près de Hipsheim), il pouvait également, en cours de route faire de mauvaises rencontres, être obligé de traverser un territoire en guerre ou être victime d’une épidémie. Tous ces risques justifiaient qu’il fasse son testament avant de partir et que le costume, la sacoche et le bourdon soient bénis.

Les pèlerins ont un équipement adapté : manteau ample avec grand col, chapeau large protégeant de la pluie et du soleil, sac contenant du pain, du vin et de quoi faire du feu. Ils sont également munis de sauf-conduits délivrés par leur ville ou leur seigneur. En 1519, Sebastian Brant a écrit un sauf-conduit pour un pèlerin en partance pour Saint-Jacques-de-Compostelle. Des guides de voyage permettent à ceux qui savent lire de s’orienter. En 1495 paraît à Strasbourg un ouvrage intitulé Die strass und meilen zu sant Jacob qui décrit l’itinéraire pour arriver en Galice en partant d’Einsiedeln. Les pèlerins voyagent à pied, ils empruntent aussi les voies d’eau, plus rapides. En 1466, 24 pèlerins alsaciens de retour d’Einsiedeln vont en une journée de Zürich à Strasbourg en bateau et d’autres se noient dans le naufrage de leur bateau.

Tout le monde part en pèlerinage à l’époque médiévale : les religieux, les clercs, les laïcs, les pauvres, les riches, les hommes, les femmes et même les enfants. Le chroniqueur Eikhart Artzt rapporte qu’en 1458 une quarantaine de jeunes de Wissembourg se mettent spontanément en route pour accomplir un pèlerinage au Mont Saint-Michel. Quelques semaines auparavant, ils avaient vu passer dans leur ville, 1 117 enfants âgés de 10 à 18 ans, bannières au vent, se rendant au Mont malgré la neige et le grand froid. Des enfants venant de Sélestat, Colmar, Strasbourg, Bâle, Spire, Mayence et Kreuznach ont participé à cette expédition.

Le pèlerinage se fait souvent en groupe. En 1483, Schmasmann von Rappoltstein, Heinrich von Schauenburg, Kaspar Zorn von Bulach, Georg Marx et Peter Völtsch entament ensemble un pèlerinage à Jérusalem. En souvenir de la visite aux lieux saints, Schmasmann fit ériger un chemin de croix à Dusenbach. En 1350, 70 bourgeois de Strasbourg et 100 de Bâle participent au grand jubilé (grosse fahrt) d’Einsiedeln.

Rites

Arrivé sur place, le pèlerin accomplissait certains rites, variables selon les lieux, pour obtenir la guérison. À la chapelle du château de Haguenau, par exemple, on déposait de jeunes enfants souffrant de maux de tête dans une petite caisse que l’on poussait à travers l’autel principal « en l’honneur de la décollation de saint Jean-Baptiste » (in sant Johanns enthöubtung eren, AM Haguenau GG 13, 1503). Dans l’église du Dompeter près de Molsheim, un sarcophage du IIIe siècle était réputé être le tombeau de sainte Pétronille, fille présumée de saint Pierre. Des malades atteints de fièvre passaient une nuit couchés dans le tombeau. La guérison était obtenue pendant le sommeil (incubation), car on pensait que la sainte qui avait occupé le tombeau y avait laissé sa virtus (Beck, Wahrnehmung, p. 39-43). À Andlau, les pèlerins atteints de maux de jambes pratiquaient également un rite d’incubation. On avait coutume de les faire descendre dans le trou censé avoir été creusé par l’ourse pour désigner l’endroit où le couvent devait être construit. À Saint-Ludan, le malade passait sous le tombeau du saint dans l’espoir de recouvrer la santé. Dans l’église de Saint-Dizier-l’Évêque, possession de l’abbaye de Murbach au Moyen Âge, on peut encore observer aujourd’hui un cénotaphe médiéval, percé sur les deux façades longitudinales d’une ouverture cintrée par lesquelles se glissaient les fous.

Une fois exaucé, le pèlerin apportait une offrande qui pouvait être en nature : œufs, poules, chanvre, cire étaient déposés sur l’autel. En cas de libération miraculeuse, le pèlerin apportait les chaînes qui l’avaient entravé. L’ex voto offert en remerciement de la grâce obtenue pouvait être l’objet de la maladie (calcul rénal) ou avoir la forme de la partie du corps guérie, par exemple une main ou un pied, en cire ou en argent. Les comptes de la fin du Moyen Âge pour le pèlerinage de Dusenbach citent aussi des poupées de cire représentant sans doute l’Enfant Jésus. Ces comptes laissent encore entrevoir la diversité des dons apportés au Dusenbach : épées, cuirasse, arquebuses, bijoux, vêtements, voiles, ceintures, chapelets, couronnes, objets, linges et vêtements liturgiques (AHR E 2722). Certains de ces dons étaient accrochés devant la statue de la Vierge. À la fin du XVe siècle et au début du XVIe, l’église du pèlerinage de Dusenbach a pu être agrandie et embellie grâce à cette manne. En 1526, la balance comptable du pèlerinage enregistre un excédent de 500 florins. Il en allait de même pour d’autres lieux. D’après une source de 1418, le pèlerinage de Biesheim rapportait en moyenne 200 florins par an. Dans les années 1230, la naissance d’un pèlerinage à saint Nicolas dans une chapelle d’Ebersmunster dédiée à ce saint a permis d’éponger les dettes de l’abbaye qui se montaient à plus de 250 marcs d’argent.

Le pèlerin ramenait souvent de son pèlerinage une image ou un insigne, petit objet métallique, sur lequel le saint était représenté. Pour l’Alsace, des insignes du pèlerinage du Mont Sainte-Odile, de Niedermünster, des Trois-Épis et de Thann sont conservés. On a retrouvé des insignes de saint Thiébaud de Thann en Allemagne du Nord jusqu’au Danemark, preuve de la dimension internationale de ce pèlerinage. À la fin du Moyen Âge, ces insignes sont produits en masse. En 1428, 6 000 insignes à l’intention des pèlerins de l’Image triste – une représentation du Christ des douleurs – que l’on pouvait vénérer à la cathédrale de Strasbourg, sont fondus et distribués par l’Œuvre Notre-Dame. En 1466, pour la fête de la consécration des anges (Engelweihefest) d’Einsiedeln, 130 000 insignes ont été vendus aux pèlerins. Les insignes sont pour les gens du Moyen Âge bien plus que des objets de publicité ou de simples souvenirs de voyage : de par leur provenance d’un lieu sacré, ils sont devenus des reliques par contact dont la vertu salutaire agit durablement, indépendamment du lieu où l’on se trouve. On avait également coutume de mettre les insignes de divers pèlerinages sur les cloches. On croyait alors que lorsque les cloches se mettaient à sonner, elles distribuaient sur les contrées environnantes les grâces que l’on pouvait recueillir dans les divers lieux de pèlerinage. C’est ainsi que l’on a trouvé sur les cloches de deux villages de la Hesse l’insigne du pèlerinage de Niedermünster, au pied du Mont Sainte-Odile.

Nombre et évolution des pèlerinages au Moyen Age

Les pèlerinages lointains

Jérusalem est le premier et le plus important lieu de pèlerinage de la chrétienté. C’est là que se trouvent le tombeau du Christ et tous les lieux de son martyre. La découverte, en 326, de la Vraie Croix par Hélène, mère de l’empereur Constantin le Grand, attire de nombreux pèlerins. Jérusalem devient alors la véritable capitale religieuse de l’Empire romain et se dote de nombreuses églises, entre autres de la basilique du Saint-Sépulcre. Divers récits de pèlerinage à Jérusalem nous sont parvenus. Celui réalisé en 1460 par un noble de la région de Bâle, Hans Bernhard von Eptingen, évoque les problèmes matériels liés à une telle entreprise, le port d’embarquement de Venise, les escales à Chania en Crête et à Rhodes. Il décrit aussi l’inlassable quête des indulgences qui lui vaudra 24 fois 7 ans et 40 jours (presque 169 ans) de remise de peine au purgatoire. Il relate qu’après la messe dans l’église du Saint Sépulcre, les Franciscains distribuaient de nombreuses reliques aux pèlerins. Un autre temps fort du pèlerinage de ce noble est le fait d’avoir été armé chevalier dans l’église du Saint Sépulcre, cérémonie très recherchée. À l’occasion, les pèlerins rapportaient de Terre sainte des reliques qui donnaient lieu à un nouveau pèlerinage. C’est ainsi que Claus von Saarburg a offert en 1449 à la chapelle du Bruderbach près de Westhoffen nouvellement fondée les reliques qu’il avait rapportées de Jérusalem et Constantinople (ABR H 548).

Rome a été très tôt visitée par de nombreux fidèles qui se mettaient en route pour visiter les tombeaux de saint Pierre et de saint Paul et ramener des reliques de la ville sainte. Depuis le IXe siècle au plus tard, le nom de Rome évoque aussi le pardon, la remise de peine. Des pèlerinages pénitentiels à Rome étaient imposés à des pécheurs en réparation de leur crime. Rome va attirer d’autant plus de pèlerins à la fin du Moyen Âge qu’à partir de 1300, une indulgence plénière est accordée à ceux qui, pendant 15 jours de suite, visiteraient les basiliques de Saint-Pierre du Vatican et de Saint-Paul hors les murs. C’est sous la pression de la foule, qui s’était massée à Rome dans l’attente d’indulgences, que Boniface VIII cède et décrète l’indulgence plénière de 1300. Pour éviter que les gens ne bénéficient de deux indulgences plénières dans leur vie, le délai est fixé à 100 ans. Mais cette formule a du succès. Dès 1350, le pape décrète une autre année sainte, qui attire beaucoup de monde malgré la peste. L’intervalle séparant deux années saintes est réduit à 33 ans en 1389, puis à 25 ans en 1468.

La découverte au IXe siècle du présumé tombeau de saint Jacques le Majeur à Compostelle déclencha une vénération de l’apôtre Jacques à travers toute l’Europe. Très vite, Compostelle devient l’une des trois principales destinations de pèlerinage chrétien et son attrait dépasse même, durant un certain temps, celui des villes saintes de Rome et de Jérusalem. L’essor du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle a entraîné l’introduction de figures de saint Jacques dans l’iconographie chrétienne. Depuis le XIIIe siècle, il apparaît dans la tenue typique du pèlerin avec gourde, sacoche, bourdon et chapeau. La représentation de saint Jacques en pèlerin est d’autant plus intéressante qu’au départ saint Jacques lui-même n’a jamais été pèlerin. Il s’est donc produit une confusion entre le rôle que lui ont assigné les chrétiens du XIIe / XIIIe siècle et sa biographie. La statue de saint Jacques de Kaysersberg (qui initialement couronnait deux pèlerins) porte sur son chapeau la célèbre coquille, insigne que toute personne ayant accompli ce rite portait à son couvre-chef. Celle de Gueberschwihr couronne un pèlerin (à l’origine deux) et porte la coquille sur son manteau. Lors de fouilles opérées en Alsace, des coquilles Saint-Jacques ont été retrouvées dans des sépultures, preuve que le défunt avait fait le pèlerinage en Galice.

Les pèlerinages de proximité

Mais de telles démarches qui supposaient une absence de plusieurs mois, voire de plusieurs années, n’étaient pas à la portée de tout le monde. Un paysan ou un artisan ne pouvait se permettre d’abandonner ses champs ou son atelier. À partir du XIVe siècle, les pèlerinages de proximité accessibles au plus grand nombre se multiplient. En effet, après 1300, une foule de pèlerinages locaux apparaissent dans notre région et ailleurs. Pour l’ancien diocèse de Strasbourg, qui, au Moyen Âge, s’étend jusqu’à la crête de la Forêt Noire, Francis Rapp a repéré six pèlerinages au tombeau d’un saint avant 1300 et 34 nouveaux pèlerinages après cette date, dont 18 sont dédiés à la Vierge. Pour la partie alsacienne de l’ancien diocèse de Bâle comprenant grosso modo la Haute Alsace, l’évolution est similaire : avant 1300, quatre pèlerinages au tombeau ou à la relique d’un saint sont connus. Après 1300, 27 nouveaux pèlerinages apparaissent, dont 15 sont dédiés à la Vierge. Cette évolution est classique. La prépondérance de la Vierge pour les lieux de pèlerinage qui apparaissent après 1300 s’explique par le fait qu’elle se trouve au sommet de la hiérarchie céleste, au-dessus de la cohorte des saints. Elle est le recours universel, alors que les saints ont chacun des compétences limitées. Ces petits pèlerinages que Raymond Oursel appelle les « pèlerinages à bon compte » jouent un rôle important dans la vie religieuse de l’homme médiéval à cause de leur proximité. Pour la plupart d’entre eux, leur naissance n’est pas documentée par des sources d’archives, mais relatée par des histoires merveilleuses. Dans la partie alsacienne de l’ancien diocèse de Bâle, l’origine du pèlerinage n’est connue que dans deux cas : en 1466, la statue de la Vierge, transférée de Sigolsheim à Kienzheim à la suite de l’incendie de l’église de Sigolsheim, se met à pleurer. Immédiatement, les pèlerins affluent. En 1491, la Vierge apparaît à un forgeron d’Orbey se rendant au marché à Ammerschwihr. C’est le début du pèlerinage des Trois-Épis.

Conclusion

Mais à la fin du Moyen Âge, les autorités religieuses sont de plus en plus sceptiques à l’égard des miracles et des nouveaux pèlerinages qui apparaissent en grand nombre. Dans les statuts synodaux de 1503, l’évêque de Bâle, Christoph von Uttenheim, défend aux prêtres de publier en chaire des miracles dont il n’aurait vérifié l’authenticité lui-même. En 1509, Uttenheim ordonne aussi aux prêtres de son diocèse de lui signaler tout concours de peuple dans un nouveau lieu de culte. Désormais, ces rassemblements sont suspects. Geiler de Kaysersberg, le célèbre prédicateur de la cathédrale, est également très critique à l’égard de la croyance aux miracles, qui est l’essence même du pèlerinage. À la fin du Moyen Âge, sous l’influence de la Devotio moderna, le pèlerinage peut être réalisé sans quitter sa chambre, les milles du voyage étant remplacés par des prières. On pouvait pèleriner vers le Mont Sainte-Odile « avec la bouche », en priant 2 000 Pater Noster et autant d’Ave Maria. Cette évolution montre qu’un fossé s’est creusé entre le clergé et les croyants en ce qui concerne les miracles et les pèlerinages. Malgré cela, ces derniers continueront d’exister à l’époque moderne.

Élisabeth Clementz

Les pèlerinages ruraux à l’époque moderne

Bien intégrés dans les pratiques du christianisme depuis le Moyen Âge, les pèlerinages n’ont rien perdu de leur prestige à l’époque moderne, car ils restent avec les confréries, en Alsace comme ailleurs, l’une des manifestations privilégiées de la piété baroque et l’une des expressions favorites de la dévotion populaire entre la fin du XVIIe et la fin du XVIIIe siècle. Contribuent à leur essor la quête des indulgences, le culte des reliques et la recherche du merveilleux à travers l’espoir que suscitent les miracles. Ni la Réforme protestante, ni la Révolution française n’ont réussi à les éradiquer. Dans les limites de l’ancien diocèse de Strasbourg, Louis Châtellier en dénombre plus de 300 entre 1750 et 1950 : témoignage d’une remarquable permanence dans l’Histoire au même titre que ce placard bilingue, daté du 11 floréal an IV et émanant de l’administration départementale, qui enjoint aux autorités municipales, d’autoriser à nouveau le pèlerinage à Mariastein : permanence ou résurgence d’un phénomène multiséculaire ?

Typologie des lieux de pèlerinage

Les historiens ont cherché à établir un classement des lieux de pèlerinage tantôt en fonction de leur ancienneté – mais la date de création ne nous est pas toujours connue –, tantôt en raison du succès qu’ils ont remporté au fil des siècles (nombre de confessions ou de communions administrées si elles sont dûment consignées), tantôt selon la notoriété du saint auquel ils sont dédiés. Aucune classification n’étant idéale, la typologie la plus simple repose sur le nombre d’heures ou de journées de marche parcourues pour y accéder :

Les pèlerinages lointains accueillent les « marcheurs de Dieu » (A. Sigal, Paris, 1974) venus de l’Europe rhénane et méridionale (le tombeau de saint Pierre à Rome ou le sanctuaire de Saint-Jacques de Compostelle) ; n’étant accessibles qu’au bout de plusieurs journées de marche, ils sont réservés à la partie de la population à la fois la plus favorisée économiquement, donc capable d’assumer les frais occasionnés par son entretien et son hébergement, et la plus cultivée : c’est en effet à cette élite que s’adressent les guides spirituels inspirés par celui du diocèse de Strasbourg (1495).

Les pèlerinages régionaux de proximité, y compris ceux qui sont situés au-delà de la frontière (Einsiedeln, Mariastein), se trouvent à une ou plusieurs journées de marche et connaissent un grand rayonnement ; l’avènement du chemin-de-fer les rendra encore plus accessibles. Parmi eux se détachent en Basse-Alsace ceux de Marienthal, à la lisière de la Forêt Sainte, d’Oberhaslach sur le piémont des Vosges, du Mont Sainte-Odile et, en Haute-Alsace, de Thierenbach et des Trois-Épis.

Les pèlerinages locaux, à une ou plusieurs heures de marche et à fort succès dans la mesure où ils répondent aux besoins du quotidien, s’appuient sur un semis dense de chapelles parfois isolées en pleine campagne ou en forêt. Ils connaissent un remarquable essor aux XVe et XVIe siècles sans que les troubles consécutifs à la Réforme et aux guerres du XVIIe siècle n’y mettent un terme et en attendant l’extraordinaire résurgence de la Contre-Réforme.

L’évolution de la notion de pèlerinage

Les pèlerinages n’étant pas à l’abri des superstitions, on comprend la distance prise par les autorités ecclésiastiques qui cherchent à en réduire le nombre tout en spiritualisant les pratiques et en rationalisant un tant soit peu l’expression religieuse. Les agendas diocésains et les statuts synodaux témoignent d’une constante vigilance à leur égard : si on ne leur reproche pas leur filiation avec d’anciens cultes païens construits autour des eaux et des pierres (un rocher, un arbre ou une source), il arrive que l’on conteste l’authenticité de la tombe de tel saint, voire celle de tel miracle pour un autre. Se pose par ailleurs le problème des offrandes très païennes destinées au saint qu’on vient solliciter en vertu du principe romain du « do ut des » relevant d’un contrat tacite donnant-donnant entre le pèlerin et le saint protecteur, l’offrande se voulant être la contrepartie de la protection accordée. Aux offrandes en nature ou en numéraire s’ajoutent des objets en cire, qui renvoient tantôt à l’identité du pèlerinage lui-même (les trois épis de la Vierge ou les yeux de sainte Odile), tantôt à la forme du membre guéri, ce qui n’est pas sans rappeler les ex voto gratulatoires. S’ils n’obtiennent pas l’aval de l’Église officielle, ces pèlerinages, loin de disparaître, auront tendance à revêtir une « forme anti-ecclésiale » (Albert Dupront), de façon à assouvir l’exigence de sacré et la quête du mystique, moyennant parfois de curieux compromis ou accommodements entre culture savante et traditions populaires au sein d’une religiosité qui n’a rien de monolithique.

Force est de constater d’ailleurs que les protestants n’échappent pas à l’immense besoin de miraculeux véhiculé par les pèlerinages (G. Gromer, p. 245-252 et 272 ; L. Châtellier, p. 199-201) et cela de plusieurs façons :

Certains d’entre eux se situent en territoire luthérien (Notre-Dame du Chêne à Goersdorf et à Plobsheim, Saint-Léger à Reinhardsmunster) ou, au mieux, ne sont accessibles qu’en traversant ce dernier : c’est ainsi que les pèlerins catholiques du vignoble doivent passer par Heiligenstein pour se rendre au Mont Sainte-Odile, ce qui provoque la protestation du Magistrat de Strasbourg le 12 mai 1666 ; à la même époque, les habitants de la Wantzenau et de Reichstett n’ont pas d’autre choix pour se rendre à Marienthal que de traverser les villages protestants.

Bien plus, des luthériens figurent parmi les miraculés (guérisons dans la chapelle Saint-Quirin et Saint-Wendelin près de Dingsheim en 1764 ; jusqu’à 10 % de non-catholiques guéris à Marienthal à la fin du XVIIIe siècle) et le saint guérisseur, dont l’irascibilité s’avère être aussi redoutable que son pouvoir, se montre intraitable à l’égard de ceux qui osent contester le miracle : une récidive du mal les guette.

Enfin certains de ces « hérétiques » finissent par être touchés par la grâce du pèlerinage au point de se convertir (Trois-Épis, XVIe et XVIIe siècles). Mais gare aux relaps et à tous ceux qui ne respectent pas leurs engagements !

Les petits pèlerinages restent en général fidèles à leur vocation première lorsque science et médecine sont arrivés à la limite de leurs compétences : à savoir guérir les corps et répondre aux difficultés de l’existence terrestre moyennant parfois une association entre, d’une part, l’étymologie supposée du nom du saint, tel épisode de sa vie terrestre ou les circonstances de sa mort, et, d’autre part, la spécialité thérapeutique qui lui est attribuée. Certains rapprochements sont certes sujets à caution : Wolfgang protégerait contre les loups (Weyersheim) ; Augustin est invoqué à Crastatt contre les maladies des yeux ; le culte de Valentin renverrait à l’épilepsie (fallende Krankheit) et Sébastien (Dambach, Burnhaupt-le-Haut, Pfastatt) est l’intercesseur antipesteux par excellence, à l’instar de Roch en pays roman, les flèches de la peste rappelant, par leur soudaineté et leur impact, les terribles épidémies de peste jusqu’au XVIIe siècle… On se rendra à Hohengoeft pour trouver un conjoint, à Wiwersheim ou Niederhaslach (saint Florent, protecteur du cheptel) pour implorer la fin d’une épizootie, à Avenheim où saint Ulrich guérit les cas de consomption, à Haegen où saint Quirin est invoqué contre les paralysies, les scrofules et les rhumatismes. Une place à part revient aux pèlerinages spécialisés dans la guérison des maladies d’enfants. Les saints thaumaturges ou apotropéens, en principe au nombre de 14 – en réalité bien plus nombreux en tant que saints guérisseurs, car nécessité fait loi –, apparaissent d’abord comme les indispensables avocats auprès du Christ ou de la Vierge dont on connaît les qualités d’omnipraticienne et l’efficace pouvoir intercesseur : après Marienthal, Dusenbach, les Trois‑Épis dès 1491 – Notre-Dame, « Unsere liebe Frau » – et, en 1590, le Bischenberg, pèlerinage marqué d’une connotation doloriste, « Unsere liebe frau von Mitleyden », puis Monswiller (D. Fischer, J. Friedel). Seuls les pèlerinages de la Sainte-Croix peuvent prétendre à un tel succès (J. Levy).

À mesure que l’on remonte dans la hiérarchie des lieux, on passe progressivement, au XVIIIe siècle, à la suite des efforts d’épuration entrepris par l’Église, du pèlerinage-recours ou « pèlerinage-panique » (Albert Dupront) au pèlerinage-conversion dont la préoccupation n’est plus la recherche immédiate d’une guérison miraculeuse du corps, mais, via les indulgences, l’assurance de l’allègement des peines temporelles dans l’au-delà par le dépouillement des biens matériels, la libération du péché, l’expiation dans la perspective de la crainte de l’enfer, ce qui fait du pèlerinage un remède efficace contre la damnation suprême. Quant aux sanctuaires à répit, ils mettent l’accent sur l’importance du baptême en tant que passeport pour l’au-delà.

La culture savante rejoint la sensibilité populaire tout en cherchant à canaliser cette dernière. L’étape suivante, s’inscrivant dans le passage du pèlerinage-conversion au pèlerinage-mission doit beaucoup à l’activité des Jésuites, principaux artisans de la Contre-Réforme, tant dans la région de Molsheim (Altbronn) que dans celle de Haguenau (Marienthal). Certes, ce n’est pas une innovation (les Guillemites ayant précédé les Jésuites à Haguenau, les Récollets franciscains de Bischoffsheim, les Prémontrés du Mont Sainte-Odile, les Bénédictins de Thierenbach), mais l’esprit de reconquête donne à ce zèle pastoral une nouvelle dimension.

Rituel spectaculaire ou dévotion individuelle ?

En se fondant sur un certain nombre de descriptions, les historiens ont voulu faire de cette dévotion itinérante un phénomène massif et festif, ce qui ne suffit pas à conclure au pèlerinage-évasion. Derrière les bannières (Ablassfähnlein) et au son des cantiques, on voit certes des communautés entières gravir les pentes du Mont Sainte-Odile, mues par un puissant sentiment de solidarité, celui-là même qui reliait traditionnellement entre eux les membres des confréries. Mais cela se produit occasionnellement aux temps forts de la liturgie : entre autres, aux fêtes mariales, à Pâques ou à la Pentecôte. Par ailleurs, les routes de l’Occident chrétien sont jalonnées non seulement de chapelles et d’oratoires, mais également d’hospices, de relais, d’auberges et de lieux de foire : en tant que fait social, le pèlerinage, loin d’être une abstraction, mettra donc le pèlerin en contact avec le marchand, le brigand de grand chemin, le miséreux désireux de se faire un peu de monnaie, voire le faux pèlerin et le moine en rupture de règle. La dimension proprement religieuse du pèlerinage s’en trouve considérablement élargie.

Après la mise en scène, l’introspection : c’est après avoir pénétré dans l’espace sacré que le pèlerin se laisse envahir par une piété individuelle en se prêtant à un rituel codifié fait de prières, de supplications et de sacrements et établissant une relation personnelle, voire un lien affectif, entre la divinité et le croyant. Les livrets de pèlerinage en portent témoignage.

Conclusion : une précieuse source d’informations pour l’historien

Au-delà d’une histoire des sensibilités religieuses, esquissée dans les années 1970-1980 pour s’en tenir au seul espace français, par d’éminents spécialistes qui nous ont apporté leur analyse et leur interprétation, tels que Robert Mandrou, Albert Dupront, Bernard Plongeron, Yves-Marie Hilaire, Michel Vovelle ou Jean Delumeau, l’analyse des pèlerinages apporte un éclairage précieux non seulement sur les mentalités populaires, mais également, à l’instar des ex-voto qui en constituent souvent le complément, sur les gestes de la vie quotidienne. Les livres des miracles (Thann, Trois-Épis, Kientzheim) méritent une étude en creux dans la mesure où, derrière la maladie ou l’accident, se profilent les usages et les activités de la population : lenteur des déplacements à pied et risques d’égarement, travaux en forêt ou dans la vigne, mauvaises prévisions de moisson en raison de la nielle, activités de l’artisanat domestique générateur d’accidents… Tel est le cas de celui des Trois-Épis, conservé au couvent des Rédemptoristes du pèlerinage et qui couvre une période allant de la fin du XVe au XVIIIe siècle. S’il est présomptueux de vouloir établir une quelconque nosologie propre à une médecine savante et classificatrice, compte tenu de l’incertitude qui entoure l’identification de la maladie elle-même (lange, schwere Krankheit), on cerne cependant son contexte (fragilité de l’existence, aléas d’une grossesse, exposition des enfants aux dangers de la première enfance, etc.), ce qui justifie le recours permanent et sécuritaire au saint intercesseur capable de guérir, voire de rendre la vie.

Jean-Michel Boehler

Bibliographie

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Sitographie

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Notices connexes

Abbayes ; Artz-médecin

Bain ; Bannritt ; Bettelbrief

Calvaire ; Chapitres ; Chapelle ; Chevalerie ; Clergé régulier ; Clergé_séculier ; Confession (billet de) ; Croix (chemin de la)

Herrgotswinkel ; Hut

Kirchengesang

Images ; Indulgences

Jésuites

Langues de l’Alsace ; Léproserie ; Lorraine (pèlerinages) ; Liturgie (catholique) ; Louis (Saint)

Nicolas (Saint) ; Nothelfer

Odilienberg-Sainte-Odile

Processions

Élisabeth Clementz, Jean-Michel Boehler