Bannritt

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Bannumritt, Flurumritt, Dorfumritt, Grenzritten, Pfingstumritt, Umritt, chevauchée

Dans son acception la plus courante, Bannritt désigne l’inspection à cheval des pierres bornes d’un finage, d’un ban. Cependant, dans ses formes les plus anciennes, le Bannritt apparaît d’abord comme une simple course de chevaux (Wettritt) à travers le ban, entre jeunes gens. On en retrouve des témoignages dans diverses localités d’Alsace, et l’on ne peut circonscrire cette coutume à des régions bien précises.

Le Bannritt a généralement lieu autour de la Pentecôte ou au cours de la semaine suivant cette fête, d’où parfois sa désignation de Pfingstritt, Pfingsmontagritt. À Turckheim, en 1540, la chevauchée a lieu le mercredi après la Pentecôte (Pfingstmittwoch).

Au cours du Moyen Âge, le traditionnel Bannritt s’accompagne progressivement de cérémonies religieuses et s’ouvre plus largement à la population. D’après la coutume de Rouffach, en 1349, on porte le Saint Sacrement (Heiltüm) autour du ban. En 1477, à Ammerschwihr, le curé participe au Bannritt. Avec la christianisation de la pratique, on constate aussi un glissement du Bannritt de la Pentecôte vers la semaine de l’Ascension (Himmelfahrtstag, Bittwoche). D’aucuns y voient l’origine des Rogations (Bannprozession), bien que les deux traditions aient souvent coexisté.

La chevauchée autour du ban était aussi l’occasion pour les anciens de transmettre aux jeunes générations leur connaissance des limites du finage. Il s’agissait autant de vérifier la présence et la conformité des jalons de la limite que de partager un savoir précis sur la limite elle-même. Afin d’en assurer la mémorisation par les jeunes, des moyens mnémotechniques appropriés (fessées, gifles, coups de canne…) venaient parfois ponctuer les explications des aînés.

Dans des circonstances particulières, comme durant la Guerre de Trente Ans, le Bannritt, ou simplement Umritt, était parfois réduit au strict contrôle des pierres bornes (Bannsteine) par quelques fonctionnaires municipaux, avec éventuellement abandon du caractère annuel de l’opération. En revanche, au XVIIIe siècle, des récits de Bannritt, comme ceux de Colmar (1726) et de Mulhouse (1736), laissent entrevoir des cérémonies assez pompeuses au cours desquelles une assistance nombreuse, en habits de cérémonie, à pied et à cheval, fait le tour du ban en plusieurs étapes, dans une ambiance festive.

 

Bibliographie

PFLEGER (Alfred), « Der alte Bannritt », in : Elsassland-Lothringer Heimat, t. VII, 1927, p. 177.

KARLESKIND (Eugène), « Vom Lochen und von alten Grenzsteinen im Rheingebiet », in : Elsassland-Lothringerheimat, t. XV, 1935, p. 337.

KARLESKIND (Eugène), « Alte Pfingstbräuche zu Obenheim und Friesenheim », Elsassland, t. XVI, 1936, p. 142.

J.S., « L’ancien Bannritt à Colmar (1726) », in : Elsassland, t. XVII, 1937, p. 129.

KOLLNIG (Karl Rudolf), Elsässische Weistümer, Francfort-am-Main, 1941, p. 140‑144.

LEFFTZ (Joseph), Elsässische Dorfbilder, 2e éd., Woerth, 1960, p. 147.

HIMLY (François-Jacques), Dictionnaire ancien Alsacien - français. XIIIe-XVIIIe siècles, Strasbourg, 1983.

MEININGER (Ernest), OBERLE (Raymond), Dictionnaire des toponymes et des vieux termes mulhousiens, Mulhouse, 1985.

« Les bornes armoriées du ban de Ribeauvillé. Pierres remarquables et histoires insolites », La revue historique de Ribeauvillé et environs, pub. du Cercle de Recherches Historiques de Ribeauvillé et environs, n° 15, 2006.

 

Notices connexes

Bannprozession

Borne

Jean‑Marie Holderbach