Clergé séculier

De DHIALSACE
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Weltklerus

Partie du clergé qui vit dans le siècle et non dans des abbayes ou des couvents, constituée exclusivement d’hommes auxquels l’évêque a conféré un ordre, mineur ou majeur.

Pour les premiers siècles du christianisme, on ignore pratiquement tout du recrutement du clergé et de sa formation.

Il se subdivise, de fait, en haut et bas clergé. Le premier comporte les évêques, les chanoines des divers chapitres ou collégiales, le second les desservants des paroisses (recteurs, plébans, vicaires, vicaires perpétuels), leurs remplaçants (Mietlinge) et la foule des prébendiers et des chapelains.

Pour des raisons d’organisation pratique, le clergé paroissial était regroupé en chapitres ruraux (diocèse de Strasbourg) ou doyennés (diocèse de Bâle), qui ont longtemps été placés sous la tutelle des archidiacres.

Le clergé paroissial est chargé de la tenue des registres paroissiaux.

Pour décider de questions importantes, disciplinaires ou économiques, les évêques réunissaient parfois le clergé en synodes.

Pour les affaires juridiques, il relevait obligatoirement du tribunal de l’officialité et, pour l’administration, de la curie épiscopale (vicaire général, chancelier, pénitencier, promoteur fiscal …). Les nominations, mutations, renvois étaient décidés par le Conseil ecclésiastique, dont les précédents faisaient généralement partie. Les évêques-suffragants jouaient un rôle éminent en l’absence de l’évêque ou quand celui-ci n’était pas prêtre, comme Léopold d’Autriche.

 

Révolution

La « Constitution civile du clergé » entraîna un grand bouleversement : les uns prêtèrent serment, d’autres, réfractaires ou insermentés, furent persécutés ou durent partir en exil.

 

Concordat et Articles organiques (1801-1802)

Le Concordat plaça toute l’Alsace sous la direction d’un seul évêque, Saurine, qui réorganisa de façon magistrale le nouveau diocèse ; il réussit à amalgamer les réfractaires et les anciens jureurs et, du fait qu’il a pu disposer d’un grand nombre de religieux, dont les couvents avaient été supprimés, il a pourvu la majorité des paroisses de desservants.

 

Formation

Au Moyen Âge, ce clergé se formait dans les écoles établies près des chapitres, sous la houlette de l’écolâtre. Celle de la cathédrale de Strasbourg fut florissante jusqu’au XIe siècle, mais déclina lorsque les chanoines quittèrent la vie commune. D’autres fréquentaient les écoles monastiques ouvertes dans les abbayes et les couvents, notamment des franciscains ou des dominicains, voire les écoles latines de certaines églises paroissiales urbaines, comme à Haguenau ou à Sélestat. D’autres enfin « apprenaient le métier » auprès de leur curé. Cette formation est souvent restée rudimentaire.

Des fils de bonne famille allaient se former dans des universités proches (Bâle, Fribourg-en-Brisgau) ou lointaines (Paris, Rome, Bologne). Ce n’est que tardivement, sur les injonctions du Concile de Trente, que s’ouvrirent les séminaires de Porrentruy (1588) et de Molsheim (1607). Mais les guerres du XVIIe siècle entravèrent leur bonne marche. L’Académie de Molsheim, ouverte en 1617, se transforma en Université épiscopale lors de son transfert à Strasbourg en 1702.

Après la Révolution, le recrutement du clergé fut entravé par le fait qu’il n’existait plus de collège épiscopal. Avant la création des « écoles secondaires ecclésiastiques » (Petits séminaires), les écoles latines, ouvertes par des curés, contribuèrent, non sans entraves administratives, à inculquer les rudiments aux futurs clercs. Le Grand Séminaire dut vivre d’expédients, puisque, malgré les stipulations du Concordat, les bâtiments du Grand Séminaire ne furent restitués qu’en 1823.

 

Condition matérielle

Les chanoines touchaient des prébendes variables selon les chapitres, mais, jusqu’à la Réforme, même ceux du Grand Chapitre cumulaient parfois de multiples bénéfices jusqu’à de simples chapellenies : ainsi, en 1366, l’évêque est chargé de démettre Georges de Geroldseck, des 9 rectorats et d’autres bénéfices qu’il détenait contre le droit, puisqu’il n’était même pas sous-diacre.

La compétence des curés était également variable selon les paroisses. Quant au bas clergé, il était – au mieux – réduit à la « portion congrue » ; les simples chapelains n’avaient pas toujours de quoi subsister.

 

Moralité

Des abus de toute sorte avaient fini par gangrener le clergé, ne serait-ce que par la pratique des provisions apostoliques ou des octrois de prébendes par prières impériales. En 1463, Pantaléon de Flachslanden, âgé de 7 ans, obtint dispense papale pour détenir des bénéfices dans des collégiales dès l’âge de 8 ans et dans des chapitres à l’âge de 12 ans.

Il est un fait que certains de ces clercs, mal dégrossis, se conduisaient en rustres. Trop souvent, il est question entre eux et leurs ouailles d’altercations et de bagarres, dont certaines finissent mal. Certains disposaient d’une arme, dont ils ne faisaient pas toujours le meilleur usage. Des cas d’ivrognerie sont signalés, mais ils ne semblent pas plus nombreux que dans le reste de la population.

D’innombrables cas de concubinage sont signalés dans les registres de l’officialité ou dans les rapports de visite pastorale. Beaucoup de clercs ont laissé des héritiers, parfois en nombre ; faut-il s’en étonner quand, à certaines périodes, le mauvais exemple était donné par l’évêque du diocèse ?

« Négligence, inconduite, intempérance, ergotage et avarice, tels sont les défauts qu’on leur reproche. Le célibat leur était devenu insupportable et bien des fois le peuple ne voyait pas avec déplaisir le concubinage des curés, le favorisait même, pour éviter pis » (Burg).

Cette situation a évidemment contribué à l’implantation de la Réforme. Elle s’est améliorée singulièrement grâce à la création des séminaires et à l’œuvre des jésuites.

 

Bibliographie

HOFFMANN (Charles), L’Alsace au XVIIIe siècle, 1906, t. IV, p. 130-285.

HAHN (Karl), « Visitationen und Visitationsberichte aus dem Bistum Strassburg in der zweiten Hälfte des 16. Jahrhunderts », ZGO, 1911, p. 204-249, 501-543, 573-598.

PFLEGER (Lucien), Die elsässische Pfarrei, Ihre Entstehung und Entwicklung. Ein Beitrag zur kirchlichen Rechts- und Kulturgeschichte, Strasbourg, 1936.

BURG (André Marcel), Histoire de l’Église d’Alsace, Colmar, 1945, p. 153

RAPP (Francis), Réformes et Réformation à Strasbourg. Église et société dans le diocèse de Strasbourg (1450-1525), Paris, 1974.

KAMMERER (Louis), « Le clergé constitutionnel en Alsace (1791-1803) », AEA, XLVIII, 1989, p. 1-55.

BURG (André Marcel), « Clergé catholique séculier », EA, p. 1767-1768.

 

 

Notices connexes

Académie

Archidiacre

Articles organiques

Baptême

Chanoine

Chapelain

Chapitre

Chapitre rural

Clergé (Constitution civile du)

Clergé réfractaire

Concordat

Concubinage (des clercs)

Congrue (Portion)

Curé

Desservant

Diocèse

Doyenné

Ecoles latines

Evêché

Evêque-suffragant

Jésuites

Officialité

Pastorale

Prébende

Prière impériale

Provisions apostoliques

Registres paroissiaux

Séminaire

Séminaire (Petit)

Synode

Université épiscopale

Louis Schlaefli