Mai (premier mai)

De DHIALSACE
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Maibaum, Maïestecke, Meyen.

Coutume païenne répandue dans toute l’Europe, en particulier dans les pays rhénans, en Souabe et en Bavière, mais que l’on retrouve aussi dans les pays celtes. L’Église tenta de la déraciner. C’était un rite de fécondité lié à l’arrivée du printemps qui connut différentes déclinaisons.

L’usage le plus répandu en Alsace consiste en ce que les garçons placent dans la nuit du 30 avril au 1er mai un Maïe, une branche d’arbre ou un arbrisseau, sur la façade ou devant la fenêtre d’une jeune fille à marier ou de leur bien-aimée. Dans le Sundgau allemand (dans la vallée de la Largue par exemple), c’était un rite pastoral : le premier mai, les bergers et les bergères choisissaient parmi eux une reine qui était couverte de guirlandes et de feuillages, puis qui parcourait le village en chantant des chansons. La fête se terminait par un repas dans la maison de la reine.

Dans le Sundgau français, seuls les bergers, garçons et filles, y participaient. Les garçons claquaient du fouet sur un rythme endiablé, pendant que les jeunes filles collectaient de la farine et des œufs pour confectionner un repas.

Dans certains territoires, tels ceux du nord de l’Alsace (région de Niederbronn par exemple), le Maïestecke prend autre aspect. Pour contrer le pouvoir maléfique des sorcières, les villageois fixent une branche de hêtre au-dessus de l’entrée des maisons ou des étables. Comme dans de nombreuses parties de l’ancienne Germanie, les gens croyaient qu’en cette nuit du 30 avril au 1er mai, les divinités païennes se déplaçaient dans la nature pour chasser l’hiver. Afin de fêter l’événement, les hommes se rendaient dans la nuit dans la forêt pour couper des arbres qu’ils plantaient ensuite dans différents endroits du village. Certains auteurs font un rapprochement entre ce rite et le sabbat de sorcières, la Waldpurgis Nacht.

Les archives municipales de Rouffach fournissent des données plus précises sur cette tradition : « Item, den banwarten deren drei alhier, geben so mi Meÿtag den Waldt in Hohenberg, dass kein Schaden darin beschehe, verhüeten sollen, 12 schilling. » Les mêmes recommandations sont réitérées pour les années 1591, 1593, 1595 (Weiters, Michel LENTZEN Balthasar HAUCKEN, beeden Banwarten geben sollen für ihr Besoldung, dass sie am Meÿtag in Hochberg wegen überlässiger Niederhauwung Stangen und jungem Holtz gehütet und sorg haben sollen 13 Schilling), 1606 et 1610, signes de leur difficile application. Le Magistrat de Rouffach, soucieux de préserver la forêt communale, veut interdire ces coupes sauvages en dépêchant dans la nuit du 30 avril au 1er mai des gardes champêtres pour poursuivre les coupables. De son côté, l’Église catholique tenta, mais en vain, de proscrire cette tradition et de mettre fin à ces rites lors du cinquième concile de Milan en 1579. Un des articles interdit de « couper des arbres avec leurs branches et de les promener dans les rues, les carrefours et de les planter ensuite au cours de cérémonies folles et ridicules ». Afin de maintenir les populations éveillées au long de ces folles nuits, l’Église ordonna de sonner les cloches. À Rouffach ainsi, on sonnait les trois grandes cloches à partir de minuit (Am Meyen abendt von Mitternacht abend (AMR, BB 265).

Bibliographie

Archives Municipales de Rouffach A/CC 108, Waldtmeister Register ; BB 265.

TALLON (P. J.), « Coutumes populaires », Revue d’Alsace, 1885, p. 392-399.

Notices connexes

Arbre de la Liberté-Freiheitsbaum

Danse

Fêtes : Fêtes du mois de mai (premier Empire)

Fête-Dieu

Fronleichnamstag

Feu de la Saint-Jean - bûcher-Maia

Industrie

François Uberfill