Ministériel : Différence entre versions

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''Ministerialis'', ''Serviens'', ''Cliens'', ''Dienestman'', ''Ministeriale'', ''Dienstmann''
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== Définition ==
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''Ministerialis ''est un adjectif substantivé, fondé sur ''minister ''(serviteur) ou ''ministerium ''(service), et qui apparaît au XI<sup>e</sup>&nbsp;siècle. Les ministériaux sont donc des hommes de service, des non-libres, mais, à la différence des serfs ordinaires, affectés à un service spécialisé. S’il y a aussi parmi eux des artisans (leur seule mention en Alsace&nbsp;: ''AD ''I, p.&nbsp;213 n°262, faux du XII<sup>e</sup>&nbsp;siècle), ceux que les sources nous fontconnaître sont des guerriers et des agents seigneuriaux. Les ministériaux forment l’essentiel de l’ost des princes et des seigneurs et de la garnison de leurs châteaux (''Burgmannen'', voir&nbsp;: ''[[Burgmann|Burgmann]]''). Dans leur administration centrale, ce sont eux qui occupent notamment les quatre grands [[Offices_et_officiers|offices]]&nbsp;de cour (''Hofämter'', voir&nbsp;:&nbsp;''[[Hof_(curia,_cour)|Hof curia]]'')&nbsp;: ceux de camérier (''camerarius'', ''kämmerer'', voir&nbsp;:&nbsp;[[Camérier|Camérier]]), chargé des finances, maréchal (''marescalcus'', ''marschalk'', voir&nbsp;:&nbsp;''[[Marschalk|Marschalk]]''), chargé de la cavalerie, échanson (''pincerna'', ''schenk'', voir&nbsp;: ''[[Pincerna|pincerna]]''), chargé du vin, et sénéchal (''dapifer'', ''truchsess'', voir&nbsp;:&nbsp;''[[Dapifer|Dapifer]]''), chargé de la table. Certains princes ont encore d’autres offices centraux, comme un ''Vitztum''/''vicedominus'', un panetier (''brotmeister''), un maître de cuisine (''magister coquine'', ''küchenmeister''), un maître des forêts (''forestarius'', ''forstmeister''), etc. Il est d’ailleurs fréquent que le titulaire d’un tel office soit employé à de tout autres tâches que celles qui correspondent à son titre. Dans l’administration locale, ce sont aussi des ministériaux qui sont bailli (''advocatus'', ''vogt''), [[Schultheiss|Schultheiss]] (''causidicus'', ''scultetus'', voir&nbsp;: ''[[Prévot|Prévot]]''), receveur (''procurator'', ''schaffner''), [[Maire|maire]]&nbsp;(''villicus'', ''[[Meyer|meyer]]''), cellérier (''cellerarius'', ''keller'', voir&nbsp;:&nbsp;[[Cellérier|Cellérier]]), etc. À Strasbourg, c’est sur quatre ministériaux que repose l’administration de la ville (''UBS ''I p.&nbsp;467- 73)&nbsp;: le Schultheiß, le Burggraf (''prefectus'', ''burgravius'', voir&nbsp;:&nbsp;''[[Burggraf|Burggraf]]''), le tonloyer (''thelonearius'', ''zoller'', voir&nbsp;: ''[[Tonloyer|Tonloyer]]'') et le maître de la monnaie (''magister monete'', ''monetarius'', ''münzmeister'', voir&nbsp;:&nbsp;[[Monnaie|Monnaie]]). Il n’y a pas deux sortes de ministériaux différents, les administrateurs et les militaires&nbsp;: ce sont les mêmes qui exercent les deux fonctions.
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La ministérialité existe en France comme en Allemagne&nbsp;; en revanche, la ministérialité chevaleresque, dont, pour l’essentiel, il sera question ci-dessous, s’arrête à la frontière linguistique, à quelques exceptions près sur les marges lorraines, comtoises et romandes –&nbsp;tout comme le poêle de chauffage et la [[Choucroute|choucroute]].
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Comme toujours lorsqu’apparaît une réalité nouvelle, il faut lui trouver un nom&nbsp;; si le néologisme ''ministerialis ''a fini par s’imposer, on a également eu recours à des termes déjà connus, mais avec un autre sens, comme ''serviens'', ''cliens'', parfois aussi ''minister'', ''officialis'', ''famulus ''et même ''servus&nbsp;''; ou alors on a employé des périphrases pour exprimer leur appartenance à un groupe privilégié à l’intérieur de la ''familia ''de leur maître&nbsp;&nbsp;: ''servientes ''… ''ceteris digniores ''(''AD ''I p.&nbsp;174 n°221, 1070), ''majores homines comitis'' (''ibid''. p. 192 n°243, 1117), ''optimates ecclesie pertinentes'' (''ibid''. p.&nbsp;193 n°244, 1118), ''miles … ex nobiliori familia'' (''ibid''. p.&nbsp;254 n°308, 1162).
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== Du XI<sup>e</sup> au XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle ==
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Au XI<sup>e</sup>&nbsp;siècle, les ministériaux sont encore de trop minces personnages pour apparaître dans les chartesou dans les chroniques –&nbsp;sauf exceptions&nbsp;: en&nbsp;1089, l’un d’eux dirige le chantier du château de Thanvillé, et deux autres assassinent le comte d’Eguisheim en présence de l’évêque de Strasbourg, à son instigation ou contre sa volonté, on l’ignore (Jean de Bayon in BELHOMME, Hist. ''Mediani monasterii'', 1724, p.&nbsp;264-66). Au XII<sup>e</sup>&nbsp;siècle, certains d’entre eux commencent à apparaître dans les listes de témoins des chartes, d’abord sous leur seul prénom, puis certains aussi avec des noms de fonction, qui deviendront parfois des patronymes (Burggraf, Schultheiß von Straßburg), quelques-uns avec des sobriquets ([[Kind|Kind]], Krapf), beaucoup avec le nom du village où, suppose-t-on, ils résident –&nbsp;et ceci dès&nbsp;1097 (RBS I 355), mais dans une charte rédigée bien plus tard (WEIß, 72). Cependant, ces ministériaux dont on connaît le nom ne sont qu’une petite partie de leur groupe, qui semble avoir été très nombreux&nbsp;&nbsp;: ils étaient cent à dépendre du château de Badenweiler en&nbsp; 1158 (''MGH DD'' X/1, p.&nbsp; 333 n°199), et les Obrigheim, des barons de l’Odenwald, en avaient 184 en&nbsp;1142 (FLECKENSTEIN, p.&nbsp;97 n°27, p.&nbsp;99&nbsp;; autres ex. in ARNOLD, p.&nbsp;48 & 61). Le souverain, tous les princes laïcs et ecclésiastiques, les comtes, les barons –&nbsp;même aussi modestes qu’Anselm von Ringelstein (''AEA ''20, 1952, p.&nbsp;81)&nbsp;– beaucoup d’abbayes bénédictines (mais non cisterciennes) avaient des ministériaux.
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Les historiens ont longtemps affirmé que les seigneurs ont réagi à l’émancipation de leurs vassaux –&nbsp;qui, tout en conservant leurs fiefs, ne rendaient plus le service qui en était la contrepartie&nbsp;– en confiant ce service à des ministériaux, réputés plus fiables parce que non-libres&nbsp;&nbsp;; et qu’alors que les vassaux leur prêtaient l’hommage et avaient des fiefs, les ministériaux leur prêtaient un serment de fidélité et avaient des ''Dienstlehen'', soumis à d’autres règles que les [[Fief|fiefs]] (''Manlehen''). Ces thèses sont aujourd’hui rejetées&nbsp;: la ministérialité est aussi ancienne que la vassalité, et la différence entre ''Dienstlehen ''et ''Manlehen ''ne se vérifie pas&nbsp;; en particulier, on ne voit pas que les fiefs des ministériaux alsaciens (''beneficia'', ''lehen'') aient été différents de ceux des libres.
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Comme non-libres, les ministériaux peuvent être donnés (''RBS ''I 299, 401, 477, 665), vendus (''RBS ''I 711), échangés (''RBS ''II 1057&nbsp;: 1238) par leurs maîtres, à qui ils appartiennent corps et biens, de sorte qu’ils ne peuvent disposer librement de leurs alleux (appelés pour cette raison ''Inwärtseigen'')&nbsp;: il leur faut l’autorisation de leur maître pour les céder à une personne étrangère à sa ''familia'', ou à une maison religieuse (''AD ''I p.&nbsp; 195 n°246, faux du XII<sup>e</sup>&nbsp;siècle)&nbsp;; les comtes de Ferrette donnent de telles autorisations jusqu’en&nbsp;1284 (TROUILLAT I p.&nbsp;519, 651, II p.&nbsp;407), alors que des ministériaux de l’évêque de Strasbourg s’en passent dès&nbsp;1199 (''RBS ''I 707). Comme les enfants d’une femme non-libre appartiennent à son maître et non à celui de son mari, les ministériaux ne peuvent en principe se marier qu’à l’intérieur de leur ''familia'', mais il y a tôt eu des exceptions&nbsp;: en&nbsp;1117, le comte de Dabo et celui de Montbéliard se partagent les enfants d’un ministériel du premier et d’une ministérielle du second (''AD ''I p.&nbsp;192 n°243). À partir de la 2<sup>e</sup>&nbsp;moitié du XII<sup>e</sup>&nbsp;siècle, on voit même quelques ministériaux épouser des femmes nobles (''RBS ''I 595, bien avant&nbsp;1180&nbsp;; TROUILLAT I p.&nbsp;415 n°270, bien avant&nbsp;1188). En&nbsp;1241, un Scharrach est veuf d’une Ochsenstein, d’une grande famille baroniale (''ZGO ''15, 1863, p. 153). Un [[Maréchal|maréchal]] épiscopal, dit de Hüneburg, épouse la fille d’un comte de Sarrewerden avant&nbsp; 1262 (H.W. HERRMANN, ''Gesch. Saarwerden'' I, n°141, 146, 157), et un Fleckenstein la fille d’un comte de Lützelstein avant&nbsp;1271 (MÜLLER, p.&nbsp;450 n°19).
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== Aspects d’une ascension sociale ==
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Ce qui précède suggère déjà que les ministériaux ont fini par s’émanciper. Comment y sont-ils parvenus? Tout d’abord, ils ont obtenu un statut privilégié à l’intérieur de la ''familia ''(''UBS ''I n°1&nbsp;; ''MGH ''''SS ''23, p.&nbsp;433 l. 35). Des éléments de ce statut (''Dienstrecht'') ont été mis par écrit, à l’intérieur de fausses chartes de souverains très anciens plus souvent que dans un écrit ''ad hoc''. Ensuite, ils ont obtenu l’hérédité tant de ce statut (un fils de ministériel n’a à servir que comme ministériel) que de leurs fiefs. Peut-être dès le XI<sup>e</sup>&nbsp;siècle, mais en Alsace de façon sûre après&nbsp;1130, certains ministériaux –&nbsp;et ce sont justement ceux que l’on trouve dans les sources&nbsp;– accèdent à la chevalerie, à l’intérieur de laquelle ils sont sur un pied d’égalité avec les nobles. Comme chevaliers, ils ont droit au titre de ''dominus''/''herr ''(dès&nbsp;1117&nbsp;: ''AD ''I p.&nbsp;192 n°243), ce qui montre bien que, quoique toujours non-libres, ils font partie des dominants et non des dominés. L’adoubement est donc très important pour leur prestige et leur ascension sociale.
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Celle-ci, en revanche, ne dépend guère en Alsace des offices de cour (''Hofämter''), auxquels certains auteurs attribuent un grand rôle à cet égard. Car parmi les familles qui en ont exercé un, seuls les maréchaux de Strasbourg, et dans une moindre mesure ceux de [[Haguenau_(ville_de)|Haguenau]]&nbsp;(ancêtres des Wasigenstein) et les Schoenau, sénéchaux de l’évêque de Strasbourg, ont connu une belle ascension, tandis que les familles les plus brillantes de la ministérialité alsacienne –&nbsp; Fleckenstein, Wangen, Andlau, Rathsamhausen, Hattstatt, Hus, Moersberg&nbsp;– n’en ont exercé aucun.
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Un autre facteur de l’ascension des ministériaux serait, selon certains, l’entrée dans la ministérialité de nobles motivés par les perspectives de carrière qu’elle offrirait. Ce phénomène a existé –&nbsp; Petra Skoda le montre pour le Brisgau&nbsp;– mais en Alsace on n’en trouve aucun exemple sûr, bien qu’on puisse se demander si les Moersberg ne descendent pas des nobles de Larg.
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En tout cas, à partir du milieu du XII<sup>e</sup>&nbsp;siècle (''RBS ''I 541), on voit de plus en plus souvent les ministériaux donner leur consentement aux actes de leur maître, et on a bien l’impression que leur obligation de conseil se mue peu à peu, en tout cas pour les ministériaux abbatiaux, en un droit de regard sur la gestion de la seigneurie.
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Certains ministériaux n’ont pas seulement des fiefs de leur maître (bien avant 1117&nbsp;: ''AD ''I p.&nbsp;192 n°243), mais aussi d’autres seigneurs (dès avant 1105&nbsp;: ''RBS ''I 376), ce qui tend à réduire fortement leur dépendance envers leur maître. Les Ferrette, ministériaux des comtes du même nom, ont un fief des Pleujouse avant&nbsp;1187 (AHR 10H 155/4) et des Tierstein jusqu’en&nbsp;1213 (''Solothurner ''UB I p.&nbsp;166 n°294)&nbsp;; les Hattstatt, sans doute ministériaux des comtes d’Eguisheim, sont vassaux des Horburg avant&nbsp;1188 (''RBS ''I 641) et des Asuel avant&nbsp;1241 (TROUILLAT I p.&nbsp; 557 n°378). Bien plus, quelques ministériaux ont eux-mêmes des vassaux, à l’exemple des Dahn, dès&nbsp;1148 (''Wirtembergisches ''UB II p.&nbsp;43-45 n°327), et des Bolanden, qui, à la fin du XIIe &nbsp;siècle, appellent leurs [[Burgmann|''Burgmannen'']]''&nbsp;''à la fois ''inbeneficiati ''et ''homines proprii''. Un chevalier est vassal des zu Rhein, ministériaux de l’Église de Bâle, avant&nbsp; 1190 (TROUILLAT I p.&nbsp; 420 n°273), et un autre l’est du maréchal de l’évêque de Strasbourg avant&nbsp;1234 (''AD ''I p.&nbsp;423 n°576). Ainsi, non seulement les ministériaux trouvent leur place dans le ''Heerschild ''(la «&nbsp;pyramide féodale&nbsp;»), mais tous n’y occupent plus le dernier rang.
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Avoir un sceau permet de prendre des engagements sans contrôle extérieur. Or des ministériaux en ont un dès le début du XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle&nbsp;&nbsp;: Walter Schultheiss von Strassburg dès&nbsp;1200 (''AD ''I p.&nbsp;311 n°370), le maréchal Werner en&nbsp;1221 (''RBS ''II 867), un Andlau et un Rathsamhausen en&nbsp;1227 (ABR G 3070/2), un Landsberg en&nbsp;1230 (''UBS ''I p.&nbsp;172 n°218). Le maréchal Werner, en&nbsp; 1225 (ABR G 4213/3b), ses successeurs Egenolf, en&nbsp;1236 (''ZGO ''28, 1876, p.&nbsp;97), Walter Schultheiss, en&nbsp;1248 (AMS 3AST 3/58), et son frère Eberhard, en&nbsp;1253 (AMS AH-C 724), ainsi que Rudolf von Batzendorf, en&nbsp;1264 (Ch. WITTMER, ''Inv. des sceaux des AMS ''n°174) ont même un sceau équestre, qui sinon est un attribut de la haute noblesse. Il arrive que plusieurs ministériaux de la même famille –&nbsp; le plus souvent des frères – aient un sceau commun&nbsp;: les Schaler, de Bâle, en&nbsp; 1238, Wangen en&nbsp; 1240, Rathsamhausen en&nbsp; 1242, Schnell, de Sélestat, en&nbsp;1249, Beger en&nbsp;1252, etc.
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== Les ministériaux et l’Église ==
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L’attitude des ministériaux envers l’[[Église|Église]] ne diffère guère de celle des nobles. Ils lui font des donations, notamment pour leur anniversaire (dès&nbsp;1105&nbsp;: ''RBS ''I 376), fondent des prébendes (le maréchal Werner à Honau en&nbsp; 1199, son successeur à Hohenburg en&nbsp;1230&nbsp;: ''RBS ''I 707, II 959) et des chapelles –&nbsp;à Strasbourg le Schultheiss Rudolf en&nbsp;1189 et Reimbold Stubenweg en 1198 (''RBS ''I 647, II 2460a), à Katzenthal et Wihr-au-Val les Girsberg en&nbsp;1234 (GÖSSI, p.&nbsp;185-86 n°34-35)&nbsp;– mais ont rarement les moyens de fonder un monastère. En&nbsp;1181, Günter von Vienhege, ancêtre des Landsberg, contribue à la fondation par l’abbesse Herrade de la prévôté augustine de Truttenhausen (''AD ''I p.&nbsp;275 n°327). Le maréchal Werner fonde en&nbsp;1225/26 celle de la Trinité à Strasbourg (''MGH SS rer. germ.'' 9, p.&nbsp;91), qui, sans doute trop peu dotée, périclitera rapidement. Un parent des maréchaux de Haguenau fonde Marienthal en&nbsp;1257 avec leur soutien (GRANDIDIER, ''Œuvres hist''. III p.&nbsp;404-406 n°481). À Haguenau et Sélestat, des ministériaux favoriseront par leurs donations l’implantation des ordres mendiants.
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Comme les nobles, les ministériaux ont sans doute cherché à placer leurs cadets dans l’Église. Il est difficile de savoir dans quelle mesure ils y sont parvenus, car le patronyme des religieux est très rarement indiqué avant le XIV<sup>e</sup>&nbsp;siècle. Deux fils de ministériaux étaient chanoines avant&nbsp;1117, l’un d’eux est devenu moine de Marmoutier (''AD ''I p. 192 n°243). À Murbach, aucun moine d’origine ministérielle n’est attesté avant le début du XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle, et aucun abbé avant le XIV<sup>e</sup> (WAGNER p.&nbsp;31-32). Parmi les chanoinesses de Hohenburg du dernier tiers du XIV<sup>e</sup>&nbsp;siècle, deux au moins étaient de familles ministérielles (''ibid''. p.&nbsp;68). Mais Hildegard de Bingen se refusait à recevoir des ministérielles dans son couvent, arguant qu’on ne met pas des bêtes de deux espèces dans la même étable, et le [[Grand_Chapitre|Grand_Chapitre]] de Strasbourg, plus tard fermé à la petite noblesse, l’était sans doute aux ministériaux, bien qu’on trouve au moins une exception au début du XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle (''AEKG ''16, 1943, p.&nbsp;29-38).
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Lorsqu’au XIII<sup>e</sup> siècle un ministériel acquiert l’avouerie d’une maison religieuse, il l’exploite aussi durement que le font à la même époque les Salm à Senones ou les Geroldseck à Marmoutier. C’est en particulier le cas du maréchal Werner à Honau (''RBS ''II 867), des Hattstatt à Lautenbach (GÖSSI p.&nbsp;188 n°62, ''CAOU ''I p.&nbsp;28 n°20) et des&nbsp;Windeck à Schwarzach. Mais ce sont là, avec les Staufen à St. Trudpert, les rares cas d’avoueries générales aux mains de ministériaux&nbsp;; plus souvent, ils ont l’avouerie des biens de telle maison dans tel village, comme les Wangen celle des biens de Saint-Étienne à Wangen et à Schiltigheim. Peut-être aussi les Hattstatt étaient-ils avoués locaux de Marbach&nbsp;; en tout cas, ils ont mené la vie dure au couvent.
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== Châteaux de ministériaux ==
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Mais rien ne favorise autant l’ascension sociale d’un ministériel que la possession d’un château, car si les [[Château_fort|châteaux]] sont devenus le symbole de la puissance, c’est qu’au départ ils en étaient l’instrument. Celui qui détient un château peut à moindre risque se soustraire à l’autorité de son maître, guerroyer contre ses semblables et exploiter les paysans. Or, dès le XII<sup>e</sup>&nbsp;siècle, on trouve des ministériaux en possession d’un château de montagne&nbsp;; les Fleckenstein (1174) en sont le premier exemple sûr, six autres suivent avant&nbsp;1200, et une douzaine de plus avant&nbsp;1250. Bien plus nombreux étaient probablement les châteaux de plaine tenus par des ministériaux&nbsp;; mais il est impossible d’en faire la preuve, car lorsque l’un de ceux-ci porte le nom d’un village, il peut y habiter aussi bien dans une ''curtis ''non fortifiée que dans un château. Néanmoins, en plus de Hungerstein (1179) et Angreth (1214) –&nbsp;châteaux de ministériaux en plaine, qui par exception ne portent pas le nom d’un village&nbsp;– on peut supposer, par exemple, que les mottes de Rathsamhausen, Schoenau, Gundolsheim et Meyenheim sont l’œuvre des ministériaux de ces noms, et que les châteaux des Hattstatt ou des Wangen dans les villages de ces noms sont bien antérieurs à leur première mention (1282 et 1306/07). Au total, il est probable que les châteaux de ministériaux aient déjà été assez nombreux au XII<sup>e</sup>&nbsp;siècle, et que parmi ceux qui naissent au XIII<sup>e</sup> siècle, une bonne moitié ait été l’œuvre de ce groupe social. Que ces châteaux aient été bâtis à l’initiative et dans l’intérêt des ministériaux plutôt que de leurs maîtres se vérifie dans les Vosges du Nord, région sans intérêt particulier pour les Staufen, où pourtant leurs ministériaux multiplient les forteresses, et pour les ministériaux des abbayes de femmes (les Wangen, Scharrach, Stein, Landsberg, etc.), car celles-ci, ne pratiquant ni guerres privées ni politique territoriale, n’avaient pas besoin de châteaux pour elles-mêmes.
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== La ministérialité urbaine ==
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Lorsqu’apparaît la ministérialité, il n’y a encore en Alsace d’autre ville que Strasbourg. Les ministériaux urbains sont donc une petite minorité,&nbsp;mais qui profite largement de l’essor économique de la ville, dont ils assurent l’administration pour l’évêque. Lorsqu’un [[Conseil|Conseil]]&nbsp;apparaît à Strasbourg vers&nbsp;1200, il est peuplé de ministériaux. Il faut attendre le milieu du XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle pour voir apparaître des divergences d’intérêt entre le prélat et le Conseil. À cette époque, les ministériaux strasbourgeois apparaissent divisés en une minorité à caractère plus féodal, possédant des biens à la campagne –&nbsp;y compris sans doute déjà des châteaux, bien que ceux-ci n’apparaissent qu’à partir de&nbsp;1262&nbsp;– et une majorité plus liée à l’économie urbaine. La rupture entre ces deux groupes éclate au grand jour en&nbsp; 1261&nbsp;&nbsp;: le second prend la tête de la révolte qui triomphe à Hausbergen, tandis que le premier –&nbsp;les Beger, Kage, Schultheiss von Strassburg (qui prennent alors le nom de Hüneburg), Burggraf, etc.&nbsp;– quitte la ville avec l’évêque Walter et n’y reviendra pas, résidant désormais dans ses châteaux et se fondant dans la noblesse rurale.
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Dans les villes qui apparaissent dans la première moitié du XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle, les ministériaux tiennent aussi le haut du pavé. C’est parmi eux que s’y recrutent les Schultheißen et une partie au moins des membres du Conseil, sauf à Haguenau, où les échevins sont bourgeois. Mais ces ministériaux sont souvent d’origine rurale et gardent un pied à la campagne&nbsp;; au Conseil de Colmar, on trouve par exemple des Girsberg et des Schultheißen de Türkheim. La spécificité de la ministérialité strasbourgeoise n’a donc pas d’équivalent dans les autres villes.
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== La fin de la ministérialité ==
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Dans la première moitié du XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle, le terme de ''ministerialis ''est de moins en moins employé. Les intéressés préfèrent être présentés comme chevaliers. À partir de&nbsp;1246 au plus tard, Frédéric&nbsp;II a trop besoin des ministériaux d’Empire –&nbsp;dont certains passent à l’ennemi (''RBS ''II 1152)&nbsp;– pour avoir encore quelque autorité sur eux. En&nbsp;1261, c’est au tour de l’évêque de Strasbourg d’être dans la même situation. À cette date, les ministériaux abbatiaux avaient sans doute déjà acquis depuis quelque temps une indépendance de fait (WAGNER, p.&nbsp;66). Les Habsburg et les [[Ferrette|Ferrette]]&nbsp;semblent avoir gardé plus longtemps un certain contrôle sur les leurs (''Regesta Habsburgica ''I 416, 473, 587&nbsp;; UB Basel II n°41, TROUILLAT II n°314). Rodolphe de Habsbourg a réduit à l’obéissance ses ministériaux de Butenheim, qui avaient tenté en&nbsp;1269, en passant dans le camp de l’évêque de Bâle, de s’émanciper et de faire de Landser une ville. Mais, devenu roi, il n’a pas inclus les ministériaux dans son programme de récupération des biens de l’Empire.
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Depuis 1138 (''UBS ''I n°86), des ministériaux sont parfois dits nobles. Au XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle, ce qualificatif devient de plus en plus fréquent. À partir du moment où les ministériaux non adoubés sont appelés ''edelkneht ''(en Alsace dans le 3<sup>e</sup>&nbsp;quart du XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle), l’entrée de la ministérialité chevaleresque dans la noblesse est acquise. Il faut souligner qu’elle se fait tacitement, non par un décret du souverain.
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Pour autant, les ci-devant ministériaux ne deviennent pas les égaux des barons. Il y a désormais deux ordres dans la noblesse, la haute et la petite, ''Hoch- und Niederadel'', ou dans la langue du XIV<sup>e</sup>&nbsp;siècle ''die herren et die ritter und [edel]knechte''. La haute noblesse comprend les comtes et les barons, en Alsace guère plus d’une vingtaine de familles. La petite noblesse, beaucoup plus nombreuse, est au départ composée surtout d’anciens ministériaux. Il y aura bien quelques reclassements (les Greifenstein tombés de la haute dans la petite noblesse avant&nbsp;1300, les Fleckenstein, Moersberg et Reinach élevés au rang de barons au XV<sup>e</sup>&nbsp;siècle), mais ils resteront très rares. Il s’agit d’une différence d’ordre (''Stand''), non de niveau social&nbsp;: certains ci-devant ministériaux (les Fleckenstein, Andlau, Hattstatt, Moersberg) sont plus riches et plus puissants que certains barons (les Ettendorf, Dicke, Feldkirch, Steinbrunn), mais ils restent d’un rang inférieur au leur, qui se traduit par le fait que les barons donnent des femmes aux petits nobles, mais n’en reçoivent presque jamais d’eux –&nbsp;et si par exception ils le font, ils demandent parfois au roi, au XIV<sup>e</sup>&nbsp;siècle encore, d’affranchir formellement leur épouse, prétendant qu’ils ignoraient qu’elle n’était pas de naissance libre (GLADIß, p.&nbsp;5).
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== Que reste-t-il de la ministérialité après le Grand Interrègne&nbsp;? ==
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Le mot même de ''ministerialis ''n’est plus employé qu’exceptionnellement, pour ceux des comtes de Ferrette jusqu’en&nbsp; 1284 (TROUILLAT II p.&nbsp; 407 n°314), des margraves de Bade jusqu’en 1289 (RÖSENER, p.&nbsp;60), de l’évêque de Strasbourg jusqu’en&nbsp;1290 (GLAK 67/1315 p.&nbsp;381). Le mot de ''dienstman ''reste parfois employé jusqu’au milieu du XIV<sup>e</sup>&nbsp;siècle (''ZGO ''4, 1853, p.&nbsp;468&nbsp;; ''Acta imperii inedita'' II p.&nbsp;518 n°821&nbsp;; ''UBS ''V p.&nbsp;352), notamment pour désigner des vassaux ou officiers d’un prince d’Église (''gotzhus dienestman''). Mais ces survivances n’ont plus d’importance, car les ci-devant ministériaux ne servent plus uniquement, ni même prioritairement leur ancien maître. Ils ont désormais, pour le meilleur et pour le pire, la liberté qui leur faisait défaut à l’origine&nbsp;: ils peuvent servir qui ils veulent, ou ne plus servir personne. Mais ceux qui&nbsp;font ce dernier choix, par exemple les Wasigenstein et les Winstein, risquent fort d’être victimes de la crise du XIV<sup>e</sup>&nbsp;siècle. Et ceux qui recherchent un service n’ont aucune garantie d’en trouver un&nbsp;: ils sont en concurrence avec tous les autres, car les princes, eux aussi, sont libres de choisir leurs officiers en-dehors de leur ci-devant ministérialité. C’est ainsi que les Fleckenstein, ministériaux d’Empire, font carrière au service de l’Électeur Palatin, les Andlau, ministériaux abbatiaux, au service de l’évêque de Strasbourg, et les Hus, ministériaux épiscopaux, au service des Habsbourg et de Murbach. En résumé, c’est par le service que les ministériaux se sont élevés, et par le service que certains de leurs descendants ont prospéré.
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== Les vraies causes d’une ascension ==
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Quand il s’agit de montrer que la société médiévale n’est pas figée, qu’une ascension sociale y est possible, c’est la ministérialité que les historiens allemands montrent en exemple. Il faut toutefois rappeler que ce n’est pas la totalité de ce groupe qui entre dans la noblesse, mais uniquement la ministérialité chevaleresque, et encore n’est-on pas sûr que ce soit en totalité. Comme cause de cette ascension néanmoins remarquable du servage à la noblesse, ni les offices de cour, ni l’entrée de libres en ministérialité, ni les mariages de ministériaux avec des femmes nobles ne semblent convaincants. La vraie cause est apparemment que les seigneurs avaient un tel besoin de leurs ministériaux, principalement pour leurs [[Guerres_et_armées|guerres]], qu’ils ont souvent été obligés de leur faire des concessions. Les preuves de ce besoin sont d’une part l’interdiction du formariage des ministériaux, qui montre que le [[Maître|maître]] tient à ne pas perdre leur descendance, et la façon dont des seigneurs se débauchent mutuellement leurs ministériaux, révélée par les traités passés entre l’Empire et l’évêque de Strasbourg entre&nbsp;1221 et&nbsp;1236 (''RBS ''II 868, 886, 1043)&nbsp;: on y apprend notamment que des ministériaux de l’un ont été reçus comme [[Bourgeois,_bourgeoisie|bourgeois]] ou ''mansionarius ''(''Burgmann'') dans des villes de l’autre (par exemple un Schoenau et un Pfaffenheim à Colmar en&nbsp; 1214&nbsp;: ''Colmarer Stadtrechte'', p.&nbsp; 21 n°19). On voit aussi des ministériaux abbatiaux comme les Landsberg, les Andlau, les Bergheim passer au service qui de l’évêque, qui de l’empereur, et changer de camp dans le conflit entre ceux-ci. Les traités entre l’Empire et l’évêque interdisent aussi de citer les ministériaux de l’un devant le tribunal de l’autre, ce qui souligne l’importance de la juridiction dont ils relèvent, sujet particulièrement disputé dans le cas des ministériaux abbatiaux. En effet, du XI<sup>e</sup>&nbsp;au XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle les maisons religieuses sont aux prises avec leurs avoués, qui cherchent&nbsp;à s’approprier le plus possible de leurs revenus et leur imposer leur autorité. Contre eux, elles s’appuient sur leurs ministériaux, qui «&nbsp;sont tenus de défendre l’honneur et la liberté de l’église&nbsp;» [dont ils dépendent] (''AD ''I, p.&nbsp;107 n°132) –&nbsp;sans espoir de succès si ceux-ci, comme le reste de la ''familia ''du couvent, sont soumis à la juridiction de l’avoué. Aussi les [[Abbaye|abbayes]]&nbsp;ont-elles soin de se faire confirmer par l’[[Empereur|empereur]], au besoin par des faux, que leurs ministériaux sont soustraits à cette juridiction (''MGH DD'' VI/2, p.&nbsp;642-644 n°473). Mais les avoués ont d’autres atouts dans leur jeu&nbsp;: ils peuvent proposer aux ministériaux abbatiaux de belles carrières à leur service ou des mariages avantageux. À ce jeu, nul n’est mieux placé que le souverain et sa famille. C’est ainsi qu’Otte de Bourgogne, frère de Henri&nbsp;VI, confère en fief à Rüdiger von Uffholtz, ministériel de Murbach, un bien qu’il a extorqué à cette abbaye (''AD ''I p.&nbsp;310 n°369), et fait pression sur l’abbesse de Niedermünster pour qu’elle concède à Conrad von Vienhege, ministériel de Hohenburg, le terrain sur lequel il a déjà bâti son château de Landsberg (ABR G 2923/3). Les ministériaux abbatiaux profitent de ce qu’ils sont ainsi courtisés des deux côtés pour augmenter leur marge de manœuvre. Ils peuvent se permettre d’être indociles, comme Bernher, ministériel d’Andlau, qui, condamné à six&nbsp; reprises, sans effet, pour détournement de fonds et usurpation de biens, est soupçonné d’avoir, ''in fine'', incendié l’abbaye (WÜRDTWEIN, ''Nova subsidia'' IX, p.&nbsp;372 n°90&nbsp;: vers&nbsp;1161). Bien plus, dès&nbsp;1073, l’abbé de Gengenbach est tué par un ministériel auquel il voulait retirer son fief (''MGH SS'' 5, 276 l. 43), et l’abbé de la Reichenau a connu le même sort en&nbsp; 1135. Les abbayes de femmes redoutent les guerres privées auxquels leurs ministériaux ont coutume de se livrer (''AD ''I 28 n°24&nbsp;; ''ZGO ''43, 1889, 298), et le Grand Chapitre de Strasbourg aussi (''UBS ''I 116 n°141). Dans ces domaines et d’autres, l’indocilité est aussi le fait de ministériaux épiscopaux et même comtaux (BOSL I, p.&nbsp;35-48). Ceux de Strasbourg, en&nbsp;1192, capturent leur évêque, on ignore pourquoi et avec quelle suite (''RBS ''I 672). Les Girbaden, ministériaux des Dagsburg, ont longtemps usurpé un domaine donné à une abbaye lorraine par leur maître, sans réaction de celui-ci (F.&nbsp;LEGL, ''Dagsburg-Egisheim'', 1998, p.&nbsp;571 n°2&nbsp;: 1172). Le maréchal de l’évêque de Strasbourg peut longtemps pressurer le chapitre de Honau, dont il est l’avoué, avant que le prélat n’intervienne –&nbsp;non pour le sanctionner, mais pour arbitrer le conflit, sans donner tort au prédateur (''RBS ''II 867&nbsp;: 1221). Bref, si, bien avant de devenir la petite noblesse dans le 3<sup>e</sup>&nbsp;quart du XIII<sup>e</sup>&nbsp;siècle, les ministériaux sont déjà souvent qualifiés de nobiles, c’est qu’ils se comportent déjà impunément comme tels.
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== Notices connexes ==
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[[Anniversaire_(messe)|Anniversaire]]
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[[Avouerie|Avouerie]]
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[[Bailli|Bailli]]
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''[[Hof_(curia,_cour)|Hof curtis]]''
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''[[Marschalk|Marsschalk]]''
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''[[Meier|Meier]]''
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Version du 15 novembre 2022 à 10:10

Ministerialis, Serviens, Cliens, Dienestman, Ministeriale, Dienstmann  

Définition

  Ministerialis est un adjectif substantivé, fondé sur minister (serviteur) ou ministerium (service), et qui apparaît au XIe siècle. Les ministériaux sont donc des hommes de service, des non-libres, mais, à la différence des serfs ordinaires, affectés à un service spécialisé. S’il y a aussi parmi eux des artisans (leur seule mention en Alsace : AD I, p. 213 n°262, faux du XIIe siècle), ceux que les sources nous fontconnaître sont des guerriers et des agents seigneuriaux. Les ministériaux forment l’essentiel de l’ost des princes et des seigneurs et de la garnison de leurs châteaux (Burgmannen, voir : Burgmann). Dans leur administration centrale, ce sont eux qui occupent notamment les quatre grands offices de cour (Hofämter, voir : Hof curia) : ceux de camérier (camerarius, kämmerer, voir : Camérier), chargé des finances, maréchal (marescalcus, marschalk, voir : Marschalk), chargé de la cavalerie, échanson (pincerna, schenk, voir : pincerna), chargé du vin, et sénéchal (dapifer, truchsess, voir : Dapifer), chargé de la table. Certains princes ont encore d’autres offices centraux, comme un Vitztum/vicedominus, un panetier (brotmeister), un maître de cuisine (magister coquine, küchenmeister), un maître des forêts (forestarius, forstmeister), etc. Il est d’ailleurs fréquent que le titulaire d’un tel office soit employé à de tout autres tâches que celles qui correspondent à son titre. Dans l’administration locale, ce sont aussi des ministériaux qui sont bailli (advocatus, vogt), Schultheiss (causidicus, scultetus, voir : Prévot), receveur (procurator, schaffner), maire (villicus, meyer), cellérier (cellerarius, keller, voir : Cellérier), etc. À Strasbourg, c’est sur quatre ministériaux que repose l’administration de la ville (UBS I p. 467- 73) : le Schultheiß, le Burggraf (prefectus, burgravius, voir : Burggraf), le tonloyer (thelonearius, zoller, voir : Tonloyer) et le maître de la monnaie (magister monete, monetarius, münzmeister, voir : Monnaie). Il n’y a pas deux sortes de ministériaux différents, les administrateurs et les militaires : ce sont les mêmes qui exercent les deux fonctions.   La ministérialité existe en France comme en Allemagne ; en revanche, la ministérialité chevaleresque, dont, pour l’essentiel, il sera question ci-dessous, s’arrête à la frontière linguistique, à quelques exceptions près sur les marges lorraines, comtoises et romandes – tout comme le poêle de chauffage et la choucroute.   Comme toujours lorsqu’apparaît une réalité nouvelle, il faut lui trouver un nom ; si le néologisme ministerialis a fini par s’imposer, on a également eu recours à des termes déjà connus, mais avec un autre sens, comme serviens, cliens, parfois aussi minister, officialis, famulus et même servus ; ou alors on a employé des périphrases pour exprimer leur appartenance à un groupe privilégié à l’intérieur de la familia de leur maître  : servientes ceteris digniores (AD I p. 174 n°221, 1070), majores homines comitis (ibid. p. 192 n°243, 1117), optimates ecclesie pertinentes (ibid. p. 193 n°244, 1118), miles … ex nobiliori familia (ibid. p. 254 n°308, 1162).  

Du XIe au XIIIe siècle

  Au XIe siècle, les ministériaux sont encore de trop minces personnages pour apparaître dans les chartesou dans les chroniques – sauf exceptions : en 1089, l’un d’eux dirige le chantier du château de Thanvillé, et deux autres assassinent le comte d’Eguisheim en présence de l’évêque de Strasbourg, à son instigation ou contre sa volonté, on l’ignore (Jean de Bayon in BELHOMME, Hist. Mediani monasterii, 1724, p. 264-66). Au XIIe siècle, certains d’entre eux commencent à apparaître dans les listes de témoins des chartes, d’abord sous leur seul prénom, puis certains aussi avec des noms de fonction, qui deviendront parfois des patronymes (Burggraf, Schultheiß von Straßburg), quelques-uns avec des sobriquets (Kind, Krapf), beaucoup avec le nom du village où, suppose-t-on, ils résident – et ceci dès 1097 (RBS I 355), mais dans une charte rédigée bien plus tard (WEIß, 72). Cependant, ces ministériaux dont on connaît le nom ne sont qu’une petite partie de leur groupe, qui semble avoir été très nombreux  : ils étaient cent à dépendre du château de Badenweiler en  1158 (MGH DD X/1, p.  333 n°199), et les Obrigheim, des barons de l’Odenwald, en avaient 184 en 1142 (FLECKENSTEIN, p. 97 n°27, p. 99 ; autres ex. in ARNOLD, p. 48 & 61). Le souverain, tous les princes laïcs et ecclésiastiques, les comtes, les barons – même aussi modestes qu’Anselm von Ringelstein (AEA 20, 1952, p. 81) – beaucoup d’abbayes bénédictines (mais non cisterciennes) avaient des ministériaux.   Les historiens ont longtemps affirmé que les seigneurs ont réagi à l’émancipation de leurs vassaux – qui, tout en conservant leurs fiefs, ne rendaient plus le service qui en était la contrepartie – en confiant ce service à des ministériaux, réputés plus fiables parce que non-libres  ; et qu’alors que les vassaux leur prêtaient l’hommage et avaient des fiefs, les ministériaux leur prêtaient un serment de fidélité et avaient des Dienstlehen, soumis à d’autres règles que les fiefs (Manlehen). Ces thèses sont aujourd’hui rejetées : la ministérialité est aussi ancienne que la vassalité, et la différence entre Dienstlehen et Manlehen ne se vérifie pas ; en particulier, on ne voit pas que les fiefs des ministériaux alsaciens (beneficia, lehen) aient été différents de ceux des libres.   Comme non-libres, les ministériaux peuvent être donnés (RBS I 299, 401, 477, 665), vendus (RBS I 711), échangés (RBS II 1057 : 1238) par leurs maîtres, à qui ils appartiennent corps et biens, de sorte qu’ils ne peuvent disposer librement de leurs alleux (appelés pour cette raison Inwärtseigen) : il leur faut l’autorisation de leur maître pour les céder à une personne étrangère à sa familia, ou à une maison religieuse (AD I p.  195 n°246, faux du XIIe siècle) ; les comtes de Ferrette donnent de telles autorisations jusqu’en 1284 (TROUILLAT I p. 519, 651, II p. 407), alors que des ministériaux de l’évêque de Strasbourg s’en passent dès 1199 (RBS I 707). Comme les enfants d’une femme non-libre appartiennent à son maître et non à celui de son mari, les ministériaux ne peuvent en principe se marier qu’à l’intérieur de leur familia, mais il y a tôt eu des exceptions : en 1117, le comte de Dabo et celui de Montbéliard se partagent les enfants d’un ministériel du premier et d’une ministérielle du second (AD I p. 192 n°243). À partir de la 2e moitié du XIIe siècle, on voit même quelques ministériaux épouser des femmes nobles (RBS I 595, bien avant 1180 ; TROUILLAT I p. 415 n°270, bien avant 1188). En 1241, un Scharrach est veuf d’une Ochsenstein, d’une grande famille baroniale (ZGO 15, 1863, p. 153). Un maréchal épiscopal, dit de Hüneburg, épouse la fille d’un comte de Sarrewerden avant  1262 (H.W. HERRMANN, Gesch. Saarwerden I, n°141, 146, 157), et un Fleckenstein la fille d’un comte de Lützelstein avant 1271 (MÜLLER, p. 450 n°19).  

Aspects d’une ascension sociale

  Ce qui précède suggère déjà que les ministériaux ont fini par s’émanciper. Comment y sont-ils parvenus? Tout d’abord, ils ont obtenu un statut privilégié à l’intérieur de la familia (UBS I n°1 ; MGH 'SS 23, p. 433 l. 35). Des éléments de ce statut (Dienstrecht) ont été mis par écrit, à l’intérieur de fausses chartes de souverains très anciens plus souvent que dans un écrit ad hoc. Ensuite, ils ont obtenu l’hérédité tant de ce statut (un fils de ministériel n’a à servir que comme ministériel) que de leurs fiefs. Peut-être dès le XIe siècle, mais en Alsace de façon sûre après 1130, certains ministériaux – et ce sont justement ceux que l’on trouve dans les sources – accèdent à la chevalerie, à l’intérieur de laquelle ils sont sur un pied d’égalité avec les nobles. Comme chevaliers, ils ont droit au titre de dominus/herr (dès 1117 : AD I p. 192 n°243), ce qui montre bien que, quoique toujours non-libres, ils font partie des dominants et non des dominés. L’adoubement est donc très important pour leur prestige et leur ascension sociale.   Celle-ci, en revanche, ne dépend guère en Alsace des offices de cour (Hofämter), auxquels certains auteurs attribuent un grand rôle à cet égard. Car parmi les familles qui en ont exercé un, seuls les maréchaux de Strasbourg, et dans une moindre mesure ceux de Haguenau (ancêtres des Wasigenstein) et les Schoenau, sénéchaux de l’évêque de Strasbourg, ont connu une belle ascension, tandis que les familles les plus brillantes de la ministérialité alsacienne –  Fleckenstein, Wangen, Andlau, Rathsamhausen, Hattstatt, Hus, Moersberg – n’en ont exercé aucun.   Un autre facteur de l’ascension des ministériaux serait, selon certains, l’entrée dans la ministérialité de nobles motivés par les perspectives de carrière qu’elle offrirait. Ce phénomène a existé –  Petra Skoda le montre pour le Brisgau – mais en Alsace on n’en trouve aucun exemple sûr, bien qu’on puisse se demander si les Moersberg ne descendent pas des nobles de Larg.   En tout cas, à partir du milieu du XIIe siècle (RBS I 541), on voit de plus en plus souvent les ministériaux donner leur consentement aux actes de leur maître, et on a bien l’impression que leur obligation de conseil se mue peu à peu, en tout cas pour les ministériaux abbatiaux, en un droit de regard sur la gestion de la seigneurie.   Certains ministériaux n’ont pas seulement des fiefs de leur maître (bien avant 1117 : AD I p. 192 n°243), mais aussi d’autres seigneurs (dès avant 1105 : RBS I 376), ce qui tend à réduire fortement leur dépendance envers leur maître. Les Ferrette, ministériaux des comtes du même nom, ont un fief des Pleujouse avant 1187 (AHR 10H 155/4) et des Tierstein jusqu’en 1213 (Solothurner UB I p. 166 n°294) ; les Hattstatt, sans doute ministériaux des comtes d’Eguisheim, sont vassaux des Horburg avant 1188 (RBS I 641) et des Asuel avant 1241 (TROUILLAT I p.  557 n°378). Bien plus, quelques ministériaux ont eux-mêmes des vassaux, à l’exemple des Dahn, dès 1148 (Wirtembergisches UB II p. 43-45 n°327), et des Bolanden, qui, à la fin du XIIe  siècle, appellent leurs Burgmannen à la fois inbeneficiati et homines proprii. Un chevalier est vassal des zu Rhein, ministériaux de l’Église de Bâle, avant  1190 (TROUILLAT I p.  420 n°273), et un autre l’est du maréchal de l’évêque de Strasbourg avant 1234 (AD I p. 423 n°576). Ainsi, non seulement les ministériaux trouvent leur place dans le Heerschild (la « pyramide féodale »), mais tous n’y occupent plus le dernier rang.   Avoir un sceau permet de prendre des engagements sans contrôle extérieur. Or des ministériaux en ont un dès le début du XIIIe siècle  : Walter Schultheiss von Strassburg dès 1200 (AD I p. 311 n°370), le maréchal Werner en 1221 (RBS II 867), un Andlau et un Rathsamhausen en 1227 (ABR G 3070/2), un Landsberg en 1230 (UBS I p. 172 n°218). Le maréchal Werner, en  1225 (ABR G 4213/3b), ses successeurs Egenolf, en 1236 (ZGO 28, 1876, p. 97), Walter Schultheiss, en 1248 (AMS 3AST 3/58), et son frère Eberhard, en 1253 (AMS AH-C 724), ainsi que Rudolf von Batzendorf, en 1264 (Ch. WITTMER, Inv. des sceaux des AMS n°174) ont même un sceau équestre, qui sinon est un attribut de la haute noblesse. Il arrive que plusieurs ministériaux de la même famille –  le plus souvent des frères – aient un sceau commun : les Schaler, de Bâle, en  1238, Wangen en  1240, Rathsamhausen en  1242, Schnell, de Sélestat, en 1249, Beger en 1252, etc.  

Les ministériaux et l’Église

  L’attitude des ministériaux envers l’Église ne diffère guère de celle des nobles. Ils lui font des donations, notamment pour leur anniversaire (dès 1105 : RBS I 376), fondent des prébendes (le maréchal Werner à Honau en  1199, son successeur à Hohenburg en 1230 : RBS I 707, II 959) et des chapelles – à Strasbourg le Schultheiss Rudolf en 1189 et Reimbold Stubenweg en 1198 (RBS I 647, II 2460a), à Katzenthal et Wihr-au-Val les Girsberg en 1234 (GÖSSI, p. 185-86 n°34-35) – mais ont rarement les moyens de fonder un monastère. En 1181, Günter von Vienhege, ancêtre des Landsberg, contribue à la fondation par l’abbesse Herrade de la prévôté augustine de Truttenhausen (AD I p. 275 n°327). Le maréchal Werner fonde en 1225/26 celle de la Trinité à Strasbourg (MGH SS rer. germ. 9, p. 91), qui, sans doute trop peu dotée, périclitera rapidement. Un parent des maréchaux de Haguenau fonde Marienthal en 1257 avec leur soutien (GRANDIDIER, Œuvres hist. III p. 404-406 n°481). À Haguenau et Sélestat, des ministériaux favoriseront par leurs donations l’implantation des ordres mendiants.   Comme les nobles, les ministériaux ont sans doute cherché à placer leurs cadets dans l’Église. Il est difficile de savoir dans quelle mesure ils y sont parvenus, car le patronyme des religieux est très rarement indiqué avant le XIVe siècle. Deux fils de ministériaux étaient chanoines avant 1117, l’un d’eux est devenu moine de Marmoutier (AD I p. 192 n°243). À Murbach, aucun moine d’origine ministérielle n’est attesté avant le début du XIIIe siècle, et aucun abbé avant le XIVe (WAGNER p. 31-32). Parmi les chanoinesses de Hohenburg du dernier tiers du XIVe siècle, deux au moins étaient de familles ministérielles (ibid. p. 68). Mais Hildegard de Bingen se refusait à recevoir des ministérielles dans son couvent, arguant qu’on ne met pas des bêtes de deux espèces dans la même étable, et le Grand_Chapitre de Strasbourg, plus tard fermé à la petite noblesse, l’était sans doute aux ministériaux, bien qu’on trouve au moins une exception au début du XIIIe siècle (AEKG 16, 1943, p. 29-38).   Lorsqu’au XIIIe siècle un ministériel acquiert l’avouerie d’une maison religieuse, il l’exploite aussi durement que le font à la même époque les Salm à Senones ou les Geroldseck à Marmoutier. C’est en particulier le cas du maréchal Werner à Honau (RBS II 867), des Hattstatt à Lautenbach (GÖSSI p. 188 n°62, CAOU I p. 28 n°20) et des Windeck à Schwarzach. Mais ce sont là, avec les Staufen à St. Trudpert, les rares cas d’avoueries générales aux mains de ministériaux ; plus souvent, ils ont l’avouerie des biens de telle maison dans tel village, comme les Wangen celle des biens de Saint-Étienne à Wangen et à Schiltigheim. Peut-être aussi les Hattstatt étaient-ils avoués locaux de Marbach ; en tout cas, ils ont mené la vie dure au couvent.  

Châteaux de ministériaux

  Mais rien ne favorise autant l’ascension sociale d’un ministériel que la possession d’un château, car si les châteaux sont devenus le symbole de la puissance, c’est qu’au départ ils en étaient l’instrument. Celui qui détient un château peut à moindre risque se soustraire à l’autorité de son maître, guerroyer contre ses semblables et exploiter les paysans. Or, dès le XIIe siècle, on trouve des ministériaux en possession d’un château de montagne ; les Fleckenstein (1174) en sont le premier exemple sûr, six autres suivent avant 1200, et une douzaine de plus avant 1250. Bien plus nombreux étaient probablement les châteaux de plaine tenus par des ministériaux ; mais il est impossible d’en faire la preuve, car lorsque l’un de ceux-ci porte le nom d’un village, il peut y habiter aussi bien dans une curtis non fortifiée que dans un château. Néanmoins, en plus de Hungerstein (1179) et Angreth (1214) – châteaux de ministériaux en plaine, qui par exception ne portent pas le nom d’un village – on peut supposer, par exemple, que les mottes de Rathsamhausen, Schoenau, Gundolsheim et Meyenheim sont l’œuvre des ministériaux de ces noms, et que les châteaux des Hattstatt ou des Wangen dans les villages de ces noms sont bien antérieurs à leur première mention (1282 et 1306/07). Au total, il est probable que les châteaux de ministériaux aient déjà été assez nombreux au XIIe siècle, et que parmi ceux qui naissent au XIIIe siècle, une bonne moitié ait été l’œuvre de ce groupe social. Que ces châteaux aient été bâtis à l’initiative et dans l’intérêt des ministériaux plutôt que de leurs maîtres se vérifie dans les Vosges du Nord, région sans intérêt particulier pour les Staufen, où pourtant leurs ministériaux multiplient les forteresses, et pour les ministériaux des abbayes de femmes (les Wangen, Scharrach, Stein, Landsberg, etc.), car celles-ci, ne pratiquant ni guerres privées ni politique territoriale, n’avaient pas besoin de châteaux pour elles-mêmes.  

La ministérialité urbaine

  Lorsqu’apparaît la ministérialité, il n’y a encore en Alsace d’autre ville que Strasbourg. Les ministériaux urbains sont donc une petite minorité, mais qui profite largement de l’essor économique de la ville, dont ils assurent l’administration pour l’évêque. Lorsqu’un Conseil apparaît à Strasbourg vers 1200, il est peuplé de ministériaux. Il faut attendre le milieu du XIIIe siècle pour voir apparaître des divergences d’intérêt entre le prélat et le Conseil. À cette époque, les ministériaux strasbourgeois apparaissent divisés en une minorité à caractère plus féodal, possédant des biens à la campagne – y compris sans doute déjà des châteaux, bien que ceux-ci n’apparaissent qu’à partir de 1262 – et une majorité plus liée à l’économie urbaine. La rupture entre ces deux groupes éclate au grand jour en  1261  : le second prend la tête de la révolte qui triomphe à Hausbergen, tandis que le premier – les Beger, Kage, Schultheiss von Strassburg (qui prennent alors le nom de Hüneburg), Burggraf, etc. – quitte la ville avec l’évêque Walter et n’y reviendra pas, résidant désormais dans ses châteaux et se fondant dans la noblesse rurale.   Dans les villes qui apparaissent dans la première moitié du XIIIe siècle, les ministériaux tiennent aussi le haut du pavé. C’est parmi eux que s’y recrutent les Schultheißen et une partie au moins des membres du Conseil, sauf à Haguenau, où les échevins sont bourgeois. Mais ces ministériaux sont souvent d’origine rurale et gardent un pied à la campagne ; au Conseil de Colmar, on trouve par exemple des Girsberg et des Schultheißen de Türkheim. La spécificité de la ministérialité strasbourgeoise n’a donc pas d’équivalent dans les autres villes.  

La fin de la ministérialité

  Dans la première moitié du XIIIe siècle, le terme de ministerialis est de moins en moins employé. Les intéressés préfèrent être présentés comme chevaliers. À partir de 1246 au plus tard, Frédéric II a trop besoin des ministériaux d’Empire – dont certains passent à l’ennemi (RBS II 1152) – pour avoir encore quelque autorité sur eux. En 1261, c’est au tour de l’évêque de Strasbourg d’être dans la même situation. À cette date, les ministériaux abbatiaux avaient sans doute déjà acquis depuis quelque temps une indépendance de fait (WAGNER, p. 66). Les Habsburg et les Ferrette semblent avoir gardé plus longtemps un certain contrôle sur les leurs (Regesta Habsburgica I 416, 473, 587 ; UB Basel II n°41, TROUILLAT II n°314). Rodolphe de Habsbourg a réduit à l’obéissance ses ministériaux de Butenheim, qui avaient tenté en 1269, en passant dans le camp de l’évêque de Bâle, de s’émanciper et de faire de Landser une ville. Mais, devenu roi, il n’a pas inclus les ministériaux dans son programme de récupération des biens de l’Empire.   Depuis 1138 (UBS I n°86), des ministériaux sont parfois dits nobles. Au XIIIe siècle, ce qualificatif devient de plus en plus fréquent. À partir du moment où les ministériaux non adoubés sont appelés edelkneht (en Alsace dans le 3e quart du XIIIe siècle), l’entrée de la ministérialité chevaleresque dans la noblesse est acquise. Il faut souligner qu’elle se fait tacitement, non par un décret du souverain.   Pour autant, les ci-devant ministériaux ne deviennent pas les égaux des barons. Il y a désormais deux ordres dans la noblesse, la haute et la petite, Hoch- und Niederadel, ou dans la langue du XIVe siècle die herren et die ritter und [edel]knechte. La haute noblesse comprend les comtes et les barons, en Alsace guère plus d’une vingtaine de familles. La petite noblesse, beaucoup plus nombreuse, est au départ composée surtout d’anciens ministériaux. Il y aura bien quelques reclassements (les Greifenstein tombés de la haute dans la petite noblesse avant 1300, les Fleckenstein, Moersberg et Reinach élevés au rang de barons au XVe siècle), mais ils resteront très rares. Il s’agit d’une différence d’ordre (Stand), non de niveau social : certains ci-devant ministériaux (les Fleckenstein, Andlau, Hattstatt, Moersberg) sont plus riches et plus puissants que certains barons (les Ettendorf, Dicke, Feldkirch, Steinbrunn), mais ils restent d’un rang inférieur au leur, qui se traduit par le fait que les barons donnent des femmes aux petits nobles, mais n’en reçoivent presque jamais d’eux – et si par exception ils le font, ils demandent parfois au roi, au XIVe siècle encore, d’affranchir formellement leur épouse, prétendant qu’ils ignoraient qu’elle n’était pas de naissance libre (GLADIß, p. 5).  

Que reste-t-il de la ministérialité après le Grand Interrègne ?

  Le mot même de ministerialis n’est plus employé qu’exceptionnellement, pour ceux des comtes de Ferrette jusqu’en  1284 (TROUILLAT II p.  407 n°314), des margraves de Bade jusqu’en 1289 (RÖSENER, p. 60), de l’évêque de Strasbourg jusqu’en 1290 (GLAK 67/1315 p. 381). Le mot de dienstman reste parfois employé jusqu’au milieu du XIVe siècle (ZGO 4, 1853, p. 468 ; Acta imperii inedita II p. 518 n°821 ; UBS V p. 352), notamment pour désigner des vassaux ou officiers d’un prince d’Église (gotzhus dienestman). Mais ces survivances n’ont plus d’importance, car les ci-devant ministériaux ne servent plus uniquement, ni même prioritairement leur ancien maître. Ils ont désormais, pour le meilleur et pour le pire, la liberté qui leur faisait défaut à l’origine : ils peuvent servir qui ils veulent, ou ne plus servir personne. Mais ceux qui font ce dernier choix, par exemple les Wasigenstein et les Winstein, risquent fort d’être victimes de la crise du XIVe siècle. Et ceux qui recherchent un service n’ont aucune garantie d’en trouver un : ils sont en concurrence avec tous les autres, car les princes, eux aussi, sont libres de choisir leurs officiers en-dehors de leur ci-devant ministérialité. C’est ainsi que les Fleckenstein, ministériaux d’Empire, font carrière au service de l’Électeur Palatin, les Andlau, ministériaux abbatiaux, au service de l’évêque de Strasbourg, et les Hus, ministériaux épiscopaux, au service des Habsbourg et de Murbach. En résumé, c’est par le service que les ministériaux se sont élevés, et par le service que certains de leurs descendants ont prospéré.  

Les vraies causes d’une ascension

  Quand il s’agit de montrer que la société médiévale n’est pas figée, qu’une ascension sociale y est possible, c’est la ministérialité que les historiens allemands montrent en exemple. Il faut toutefois rappeler que ce n’est pas la totalité de ce groupe qui entre dans la noblesse, mais uniquement la ministérialité chevaleresque, et encore n’est-on pas sûr que ce soit en totalité. Comme cause de cette ascension néanmoins remarquable du servage à la noblesse, ni les offices de cour, ni l’entrée de libres en ministérialité, ni les mariages de ministériaux avec des femmes nobles ne semblent convaincants. La vraie cause est apparemment que les seigneurs avaient un tel besoin de leurs ministériaux, principalement pour leurs guerres, qu’ils ont souvent été obligés de leur faire des concessions. Les preuves de ce besoin sont d’une part l’interdiction du formariage des ministériaux, qui montre que le maître tient à ne pas perdre leur descendance, et la façon dont des seigneurs se débauchent mutuellement leurs ministériaux, révélée par les traités passés entre l’Empire et l’évêque de Strasbourg entre 1221 et 1236 (RBS II 868, 886, 1043) : on y apprend notamment que des ministériaux de l’un ont été reçus comme bourgeois ou mansionarius (Burgmann) dans des villes de l’autre (par exemple un Schoenau et un Pfaffenheim à Colmar en  1214 : Colmarer Stadtrechte, p.  21 n°19). On voit aussi des ministériaux abbatiaux comme les Landsberg, les Andlau, les Bergheim passer au service qui de l’évêque, qui de l’empereur, et changer de camp dans le conflit entre ceux-ci. Les traités entre l’Empire et l’évêque interdisent aussi de citer les ministériaux de l’un devant le tribunal de l’autre, ce qui souligne l’importance de la juridiction dont ils relèvent, sujet particulièrement disputé dans le cas des ministériaux abbatiaux. En effet, du XIe au XIIIe siècle les maisons religieuses sont aux prises avec leurs avoués, qui cherchent à s’approprier le plus possible de leurs revenus et leur imposer leur autorité. Contre eux, elles s’appuient sur leurs ministériaux, qui « sont tenus de défendre l’honneur et la liberté de l’église » [dont ils dépendent] (AD I, p. 107 n°132) – sans espoir de succès si ceux-ci, comme le reste de la familia du couvent, sont soumis à la juridiction de l’avoué. Aussi les abbayes ont-elles soin de se faire confirmer par l’empereur, au besoin par des faux, que leurs ministériaux sont soustraits à cette juridiction (MGH DD VI/2, p. 642-644 n°473). Mais les avoués ont d’autres atouts dans leur jeu : ils peuvent proposer aux ministériaux abbatiaux de belles carrières à leur service ou des mariages avantageux. À ce jeu, nul n’est mieux placé que le souverain et sa famille. C’est ainsi qu’Otte de Bourgogne, frère de Henri VI, confère en fief à Rüdiger von Uffholtz, ministériel de Murbach, un bien qu’il a extorqué à cette abbaye (AD I p. 310 n°369), et fait pression sur l’abbesse de Niedermünster pour qu’elle concède à Conrad von Vienhege, ministériel de Hohenburg, le terrain sur lequel il a déjà bâti son château de Landsberg (ABR G 2923/3). Les ministériaux abbatiaux profitent de ce qu’ils sont ainsi courtisés des deux côtés pour augmenter leur marge de manœuvre. Ils peuvent se permettre d’être indociles, comme Bernher, ministériel d’Andlau, qui, condamné à six  reprises, sans effet, pour détournement de fonds et usurpation de biens, est soupçonné d’avoir, in fine, incendié l’abbaye (WÜRDTWEIN, Nova subsidia IX, p. 372 n°90 : vers 1161). Bien plus, dès 1073, l’abbé de Gengenbach est tué par un ministériel auquel il voulait retirer son fief (MGH SS 5, 276 l. 43), et l’abbé de la Reichenau a connu le même sort en  1135. Les abbayes de femmes redoutent les guerres privées auxquels leurs ministériaux ont coutume de se livrer (AD I 28 n°24 ; ZGO 43, 1889, 298), et le Grand Chapitre de Strasbourg aussi (UBS I 116 n°141). Dans ces domaines et d’autres, l’indocilité est aussi le fait de ministériaux épiscopaux et même comtaux (BOSL I, p. 35-48). Ceux de Strasbourg, en 1192, capturent leur évêque, on ignore pourquoi et avec quelle suite (RBS I 672). Les Girbaden, ministériaux des Dagsburg, ont longtemps usurpé un domaine donné à une abbaye lorraine par leur maître, sans réaction de celui-ci (F. LEGL, Dagsburg-Egisheim, 1998, p. 571 n°2 : 1172). Le maréchal de l’évêque de Strasbourg peut longtemps pressurer le chapitre de Honau, dont il est l’avoué, avant que le prélat n’intervienne – non pour le sanctionner, mais pour arbitrer le conflit, sans donner tort au prédateur (RBS II 867 : 1221). Bref, si, bien avant de devenir la petite noblesse dans le 3e quart du XIIIe siècle, les ministériaux sont déjà souvent qualifiés de nobiles, c’est qu’ils se comportent déjà impunément comme tels.  

Bibliographie

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Notices connexes

  Anniversaire   Avouerie   Bailli   Baron   Burggraf   Burgmann   Chapitre   Château   Chevalerie   Dapifer   Écuyer   Fief   Formariage   Hof curtis   Marsschalk   Meier   Noblesse   Prévôt   Sceau   Schultheiß   Servage   Vassal   Ville

Bernhard Metz