Oberkirchenpfleger : Différence entre versions
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<p class="9-Signature" style="text-align: right;">'''Jean-Georges Guth'''</p> | <p class="9-Signature" style="text-align: right;">'''Jean-Georges Guth'''</p> |
Version du 3 janvier 2024 à 22:40
Depuis l’introduction de la Réforme par le Magistrat en 1529, l’Église est devenue une Église territoriale. Dès 1531, le Magistrat avait délégué ses pouvoirs religieux au Convent ecclésiastique (assemblée générale du corps pastoral qui comprend aussi les professeurs de théologie). L’autorité de son président n’avait cessé de croître : il avait réussi à s’imposer au Magistrat jusqu’en 1681. Après 1681, le rattachement de Strasbourg au royaume de France et la rentrée du catholicisme dans Strasbourg, le Magistrat entend isoler l’administration de son Église protestante de l’influence d’un Conseil auquel est imposé l’alternative et l’entrée des catholiques à partir de 1687 (v. Alternative, Parité). Dès 1683, le Magistrat confie la direction effective de l’Église aux « membres du Magistrat préposés au culte évangélique ». Membres des Conseils des XV ou des XIII, ils sont élus à vie par le Conseil et les XXI. Ils forment un collège de sept membres et représentent chacun l’une des paroisses luthériennes et le Magistrat dans celle-ci. Ils sont flanqués d’un conseiller juridique désigné sous le nom de Rechtsconsultent. La périodicité des réunions du collège dépend du doyen d’âge, qui convoque les membres et qui préside les séances. Au début du XVIIIe siècle, il prend la dénomination de Collège des Oberkirchenpfleger ou Conseil archipresbytéral (dénomination des archives de Saint-Thomas). Il a un droit de regard sur les activités du Convent, où trois Oberkirchenpfleger peuvent siéger. Le veto d’un seul suffit pour annuler une résolution du Convent, qui n’est donc plus qu’une assemblée consultative.
Le Collège desOberkirchenpfleger possède des compétences très larges. Il statue dans un certain nombre de domaines comme l’organisation du culte, la nomination aux postes de pasteur ou de vicaire ainsi que la désignation des prédicateurs. Ses décisions ont valeur réglementaire pour l’ensemble du clergé luthérien strasbourgeois. Parfois, les mesures édictées sont contraignantes et donnent lieu à des amendes en cas de non-observance. Le décret du 9 avril 1757 limite la durée des sermons à une demi-heure, sous peine d’une contravention de 15 schillings. Le collège s’occupe aussi de la dignité et de la tenue des ecclésiastiques avec le port obligatoire du costume. Les séminaristes aspirants au pastorat qui se promènent en ville doivent porter un manteau long et noir (règlement de 1734). Au milieu du XVIIIe siècle, encore, le collège impose aux pasteurs le port de la robe et de la fraise (décret du 12 septembre 1744).
Le Collège soutient l’action entreprise par le Convent contre le piétisme. Ce mouvement religieux, fondé en Allemagne en 1670 par Philipp Jacob Spener, pasteur luthérien alsacien installé à Francfort-sur-le-Main, met l’accent sur la transformation personnelle par le renouveau spirituel, la dévotion individuelle. Il insiste aussi sur le rôle des femmes dans la vie religieuse, se préoccupe du rôle social de l’Église et développe le mysticisme. Les adeptes se réunissent par groupes, sous l’appellation de conventicules. La réunion des conventicules est formellement interdite. Tous les pasteurs et prédicateurs qui participent à de telles réunions sont considérés comme dangereux et doivent être dénoncés aux autorités (décret du 11 juin 1755). L’éducation des enfants fait l’objet d’une vigilance constante, tout au long de la première moitié du XVIIIe siècle. Citons, par exemple, le décret du 1er décembre 1740 : il y est fortement conseillé aux pasteurs et aux vicaires de signaler les précepteurs non orthodoxes au Convent et de mettre en garde leurs paroissiens contre le choix de tels hommes. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’opposition s’atténue. Mais les piétistes ne peuvent pas encore se rassembler ouvertement et librement, sous peine de se voir infliger des amendes : plusieurs arrêtés le rappellent entre 1769 et 1775.
Le Collège des Oberkirchenpfleger réglemente les relations avec les réformés, nom donné aux calvinistes. Il exige l’application stricte de l’arrêté du 17 octobre 1659 pris par le Conseil et les XXI et confirmé le 28 mars 1663 : les réformés doivent faire baptiser leurs enfants à Wolfisheim et un enfant né d’un mariage mixte luthérien-réformé devra être baptisé et élevé dans la foi luthérienne, surtout si son père réformé est bourgeois de Strasbourg. Ces derniers peuvent, en effet, accéder à la bourgeoisie par mariage célébré dans un temple protestant et en s’engageant à élever les enfants dans la foi luthérienne. Au début du XVIIIe siècle, cet arrêté n’est pas toujours respecté car le Collège des Oberkirchenpfleger doit souvent statuer sur des plaintes émanant du Convent. Il prend alors une mesure plus contraignante : le 17 mars 1713, il décide l’interdiction de la publication des bans, tant que le fiancé réformé ne s’est pas engagé, par acte notarié, à faire élever ses futurs enfants dans la foi luthérienne. Les calvinistes continuent à ignorer superbement les différents arrêtés. Le Collège propose au Conseil et aux XXI d’établir un règlement plus précis et plus répressif. Ce dernier l’édicte, le 28 août 1734 : l’arrêté de 1663 doit être appliqué d’une manière rigoureuse ; tout réformé bourgeois doit s’engager devant le notaire à élever ses enfants dans la foi luthérienne ; un luthérien qui se marie avec une réformée ne pourra occuper un emploi public au service de la ville ; le pasteur de Wolfisheim et tout autre pasteur de cette confession ne devront plus célébrer de tels baptêmes sous peine d’une amende de 50 livres ; les sage-femmes ne devront pas aider les parents d’un mariage mixte à porter les enfants sur les fonts baptismaux de Wolfisheim sous peine d’une amende de 10 livres ; tout délit ou non-application de ce décret sera considéré comme une affaire judiciaire relevant du Conseil et des XXI. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les pasteurs et les fidèles réformés se montrent plus précautionneux, en se conformant à la réglementation.
Dans le domaine des relations avec les catholiques, le Collège des Oberkirchenpfleger a adopté une attitude de prudence, voire de conciliation, mais en refusant toute compromission. Il ne fallait pas déplaire au gouvernement royal ou lui fournir des arguments qui puissent compromettre les garanties obtenues par le traité de Capitulation de 1681. En 1698, il rappelle, à deux reprises, au Convent les termes de l’ordonnance royale du 5 juin 1686 : l’enseignement catholique doit être dispensé aux enfants des nouveaux convertis, même si l’un des parents est resté luthérien ; une mère luthérienne est obligée, après le décès de son mari catholique, d’envoyer ses enfants à l’école et au catéchisme catholiques. Le Collège recommande aux ministres luthériens d’user de modération, en soutenant la controverse avec les prédicateurs catholiques. Par contre, le Collège veut éviter tous les abus de la part des autorités catholiques. Un exemple peut être fourni par l’interprétation de l’ordonnance royale du 1er mars 1727 dénoncée par l’opinion protestante qui l’appelle le « nouveau code noir » : les luthériens devaient à l’avenir respecter les fêtes catholiques (chômées) ; les enfants des nouveaux convertis devenaient catholiques en même temps que leurs parents ; les ministres du culte luthérien devaient être recrutés parmi les régnicoles, sujets du roi. Ces nouvelles mesures sont plus ou moins acceptées. Une seule a scandalisé le Collège et l’ensemble de la population luthérienne : les enfants illégitimes, même nés des parents tous deux luthériens, devaient être élevés dans la religion catholique. Le Collège déclare que cette ordonnance n’est pas rétroactive : en effet, les autorités catholiques obligeaient des personnes nées avant 1727 à embrasser le catholicisme. Il réagit auprès du prêteur royal, qui obtient, en 1739, du ministre Le Blanc l’assurance orale qu’il n’aura plus aucune poursuite contre les bâtards nés avant cette ordonnance. Mais il faut attendre 1746 pour que la situation soit clarifiée. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les remontrances du Collège au Convent disparaissent.
Les registres des procès-verbaux du Collège desOberkirchenpfleger sont classés dans les archives de Saint-Thomas conservées aux AMS sous la forme de 7 volumes. Ceux-ci couvrent la fin du XVIIe siècle et le XVIIIe siècle (1695-1791) : AST no 215 à 221. Il existe aussi 2 volumes de répertoire : AST no 222 et 223.
Bibliographie
REUSS (Rodolphe), L’église luthérienne de Strasbourg au dix-huitième siècle, Paris, 1892.
HORNING (Wilhelm),Zur strassburger Kirchengeschichte im XVIII Jht, Strasbourg, 1907.
VOGLER (Bernard),Histoire des Chrétiens d’Alsace, Strasbourg, 1994.
GUTH (Jean-Georges), Les protestants de Strasbourg sous la monarchie française (de 1681 à la veille de la Révolution) : une communauté religieuse distincte'?, 2 tomes, Strasbourg, 1997.
STROHL (Henri), Le protestantisme en Alsace, Strasbourg, 2e édition, 2000.
Notices connexes
Archives (des Églises protestantes)
Articles organiques des cultes protestants
Église (propriété et entretien)
Kirche (Kirchenpfleger, Kirchenschaffnei)
Kirchenordnungen (ordonnance ecclésiastique)
Jean-Georges Guth