Ban-Banlieue
Bann, Bahn, Gemarkung
Mots désignant, à l’époque moderne, l’ensemble des terres exploitées, de façon individuelle ou collective, par les habitants d’une même communauté villageoise, et renvoyant tantôt aux aptitudes naturelles, donc à la production de ces terres, tantôt à des droits de juridiction sur l’espace concerné. On oppose parfois le terroir, qui est cultivé, au communal qui ne l’est pas (ABR E 1841, « Bann und gemeines Feld », Hatten, début XVIIIe siècle). Plus explicite, la langue française distingue « terroir » (espace réellement cultivé) et « finage » (espace exploité d’une façon ou d’une autre, de fines, limites). Ce dernier était traditionnellement délimité par des bornes (Bannsteine) qu’on plantait avec plus ou moins de solennité sur la Bannscheide, frontière avec le finage voisin, ce qui sous-entend des préoccupations de protection ou de mise en défens (cf. Bannholz, forêt interdite). Le terme de Bann, qui vient de « bannen » ou « bannir », revêt originellement une connotation coercitive ou, pour le moins, juridictionnelle (Zwing und Bann, antique droit seigneurial de contraindre et d’ordonner ; Kirchbann, excommunication ; Blutbann, droit de vie et de mort). Par extension, il s’applique au territoire (« im gantzen Bann », « guter, schlechter Bann », « allhiesiger, fremder Bann ») sur lequel le seigneur, puis la communauté, exercent des droits de juridiction (Zwingbann, territoire de justice). Sous son acception territoriale, le terme de « ban » n’est guère utilisé dans la langue française, qui lui préfère ceux de « terroir », de « finage » ou de « banlieue », mais est couramment employé dans le latin des curés, quand ils évoquent les Bannprozessionen (« circum » ou « per bannum ») et dans le langage populaire.
Sources - Bibliographie
GRIMM (Jacob), Weisthümer. I. [... Oberelsass ; Unterelsass.], Goettingen, 1840, t. I, p. 670 (XIVe siècle), 690 et 702 (XVe siècle).
BOEHLER (Jean-Michel), La paysannerie de la plaine d’Alsace (1648-1789), 3 vol., Strasbourg, 1994, t. I, p. 264‑911, t. II, p. 1920 et 1926.
Notices connexes
Jean-Michel Boehler