Obernai, de la Révolution à 1815 : Différence entre versions

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= I. La Révolution =
 
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Venant après celles de la prise de la Bastille à Paris et du sac de l’Hôtel de Ville à Strasbourg, l’émeute du 26 juillet 1789 à Obernai et la fuite de ses magistrats, qui avaient passé les deux dernières années à défendre leurs privilèges, mettent fin à l’existence de la « ci-devant ville libre impériale ».
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Venant après celles de la prise de la Bastille à Paris et du sac de l’Hôtel de Ville à Strasbourg, l’émeute du 26 juillet 1789 à Obernai et la fuite de ses magistrats, qui avaient passé les deux dernières années à défendre leurs privilèges, mettent fin à l’existence de la « ci-devant ville libre impériale ».
  
En novembre 1789 et février 1790, la Constituante adopte le nouveau découpage institutionnel de la France : dans le département du Bas-Rhin, district de Benfeld, Obernai est chef-lieu du canton d’Obernai qui compte en 1790, 13 092 habitants et 2 182 citoyens actifs, 22 électeurs primaires, soit outre Obernai et Bernardswiller (6 438 h, 1 073 a.) 8 communes : Boersch (1416, 236 a.), Ober-Otrott (504, 84 a.), Nieder-Ottrott (606, 101 a.), Saint-Nabor (144, 24 a.), Innnenheim (522, 87 a.), Krautergersheim (852, 142 a.), Meistratzheim (1 524, 254 a.) et Niedernai (1 086, 181 a.) (''Almanach Oberlin'', 1792). Obernai est siège d’une justice de paix.
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En novembre 1789 et février 1790, la Constituante adopte le nouveau découpage institutionnel de la France : dans le département du Bas-Rhin, district de Benfeld, Obernai est chef-lieu du canton d’Obernai qui compte en 1790, 13 092 habitants et 2 182 citoyens actifs, 22 électeurs primaires, soit outre Obernai et Bernardswiller (6 438 h, 1 073 a.) 8 communes : Boersch (1416, 236 a.), Ober-Otrott (504, 84 a.), Nieder-Ottrott (606, 101 a.), Saint-Nabor (144, 24 a.), Innnenheim (522, 87 a.), Krautergersheim (852, 142 a.), Meistratzheim (1 524, 254 a.) et Niedernai (1 086, 181 a.) (''Almanach Oberlin'', 1792). Obernai est siège d’une justice de paix.
  
 
== Les premières élections au suffrage de tous les citoyens ==
 
== Les premières élections au suffrage de tous les citoyens ==
  
Les 26 et 27 février 1790, dans toute la France, se déroulent les premières élections au suffrage général des citoyens actifs (25 ans, payant une contribution modique). Assemblés dans l’église paroissiale, les électeurs votent à l’appel de leur nom, par bulletins pliés, écrits, placés dans une urne. 712 votants – soit 66 % de participation, chiffre généralement retenu pour ces élections (Marx, ''Recherches sur la vie politique'') – prennent part à l’élection de la première municipalité d’Obernai (maire, procureur, conseillers), qui est issue d’une notabilité qu’on retrouvera, avec les officiers de la garde nationale, tout au long de la période : artisans, commerçants, juristes, médecins et laboureurs (Gyss, II, p. 363).
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Les 26 et 27 février 1790, dans toute la France, se déroulent les premières élections au suffrage général des citoyens actifs (25 ans, payant une contribution modique). Assemblés dans l’église paroissiale, les électeurs votent à l’appel de leur nom, par bulletins pliés, écrits, placés dans une urne. 712 votants – soit 66 % de participation, chiffre généralement retenu pour ces élections (Marx, ''Recherches sur la vie politique'') – prennent part à l’élection de la première municipalité d’Obernai (maire, procureur, conseillers), qui est issue d’une notabilité qu’on retrouvera, avec les officiers de la garde nationale, tout au long de la période : artisans, commerçants, juristes, médecins et laboureurs (Gyss, II, p. 363).
  
Le 17 mai se tiennent les Assemblées primaires au chef-lieu de canton : elles désignent les électeurs des administrations départementales désignés le 26 mai, par l’assemblée départementale de 657 électeurs au Temple-Neuf à Strasbourg : parmi les conseillers départementaux élus, Reiss ancien maire d’Obernai, Horrer bailli de Wasselonne, l’auteur du ''Dictionnaire géographique, historique et politique de l’Alsace ''de 1787. Cette administration est suspendue dès janvier 1791, rétablie en août. De nouvelles assemblées primaires dans les cantons ont lieu, elles élisent les députés à la Législative et une nouvelle administration départementale.
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Le 17 mai se tiennent les Assemblées primaires au chef-lieu de canton : elles désignent les électeurs des administrations départementales désignés le 26 mai, par l’assemblée départementale de 657 électeurs au Temple-Neuf à Strasbourg : parmi les conseillers départementaux élus, Reiss ancien maire d’Obernai, Horrer bailli de Wasselonne, l’auteur du ''Dictionnaire géographique, historique et politique de l’Alsace ''de 1787. Cette administration est suspendue dès janvier 1791, rétablie en août. De nouvelles assemblées primaires dans les cantons ont lieu, elles élisent les députés à la Législative et une nouvelle administration départementale.
  
== La Garde nationale : l’adhésion à la Nation ==
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== La Garde nationale : l’adhésion à la Nation ==
  
À Obernai, aussi, on procède à la formation d’une garde nationale (v. Garde nationale). Le 8 juin 1790, tous les hommes du canton de 20 à 40 ans sont réunis au chef-lieu pour le tirage au sort : sont retenus 400 hommes répartis en 7 compagnies. Les officiers sont élus et l’officier réformé de Mars est élu commandant (v. Garde nationale). La garde tient, dans les jours qui suivent, sa fête au Ingmarsheimberg, qui prend désormais le nom de Mont-National. Une délégation de la garde obernoise participe le 17 juin à la Fête de la Fédération à Strasbourg (v. Fédération du Rhin) et le 14 juillet à la Fête parisienne (Gyss).
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À Obernai, aussi, on procède à la formation d’une garde nationale (v. Garde nationale). Le 8 juin 1790, tous les hommes du canton de 20 à 40 ans sont réunis au chef-lieu pour le tirage au sort : sont retenus 400 hommes répartis en 7 compagnies. Les officiers sont élus et l’officier réformé de Mars est élu commandant (v. Garde nationale). La garde tient, dans les jours qui suivent, sa fête au Ingmarsheimberg, qui prend désormais le nom de Mont-National. Une délégation de la garde obernoise participe le 17 juin à la Fête de la Fédération à Strasbourg (v. Fédération du Rhin) et le 14 juillet à la Fête parisienne (Gyss).
  
 
= II. Révolution et contre-révolution à Obernai =
 
= II. Révolution et contre-révolution à Obernai =
  
L’historien et archiviste de la ville, l’abbé Gyss, auteur d’une monumentale ''Histoire de la Ville d’Obernai'', distinguée en 1867 par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, a volontiers insisté sur la réputation que lui ont faite les autorités révolutionnaires strasbourgeoises, de « foyer d’aristocratie et de fanatisme ».
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L’historien et archiviste de la ville, l’abbé Gyss, auteur d’une monumentale ''Histoire de la Ville d’Obernai'', distinguée en 1867 par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, a volontiers insisté sur la réputation que lui ont faite les autorités révolutionnaires strasbourgeoises, de « foyer d’aristocratie et de fanatisme ».
  
Le vieux curé était mort en janvier 1790 et la nouvelle municipalité avait nommé son vicaire, l’abbé Schultz, à sa place. En 1791, ce dernier refuse de prêter le serment prescrit par la Constitution civile du Clergé du 12 juillet 1790. Obernai est accusé par le Département d’être un centre contre-révolutionnaire. Le Département décide de faire un exemple : envoi le 15 juillet de deux commissaires, avec de la cavalerie, de l’infanterie et la garde nationale de Strasbourg, qui se saisit des armes et du drapeau (avec l’aigle obernois !) de la garde nationale, très momentanément dissoute (Gyss). Obernai ne manque pourtant pas de partisans des temps nouveaux, puisque la ''Société des Amis de la Constitution'' est fondée ces jours-là dans la ville, avec le maire et le commandant de la garde comme correspondants du club strasbourgeois (communication de M. Betzinger).
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Le vieux curé était mort en janvier 1790 et la nouvelle municipalité avait nommé son vicaire, l’abbé Schultz, à sa place. En 1791, ce dernier refuse de prêter le serment prescrit par la Constitution civile du Clergé du 12 juillet 1790. Obernai est accusé par le Département d’être un centre contre-révolutionnaire. Le Département décide de faire un exemple : envoi le 15 juillet de deux commissaires, avec de la cavalerie, de l’infanterie et la garde nationale de Strasbourg, qui se saisit des armes et du drapeau (avec l’aigle obernois !) de la garde nationale, très momentanément dissoute (Gyss). Obernai ne manque pourtant pas de partisans des temps nouveaux, puisque la ''Société des Amis de la Constitution'' est fondée ces jours-là dans la ville, avec le maire et le commandant de la garde comme correspondants du club strasbourgeois (communication de M. Betzinger).
  
 
En octobre, les biens de l’Église, nombreux dans le canton, commencent à être vendus par enchères. Le curé assermenté ne sera nommé qu’en décembre 1790.
 
En octobre, les biens de l’Église, nombreux dans le canton, commencent à être vendus par enchères. Le curé assermenté ne sera nommé qu’en décembre 1790.
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Élue en août et septembre 1791, la Législative se décide à la guerre en avril 1792. L’armée du Rhin a été créée en décembre 1791. La Législative procède à l’appel de bataillons de volontaires. Obernai figure parmi les places de guerre désignées par la loi du 10 juillet 1791 et accueille le cantonnement du 3<sup>e</sup> bataillon des Volontaires des Vosges (''Almanach Oberlin'').
 
Élue en août et septembre 1791, la Législative se décide à la guerre en avril 1792. L’armée du Rhin a été créée en décembre 1791. La Législative procède à l’appel de bataillons de volontaires. Obernai figure parmi les places de guerre désignées par la loi du 10 juillet 1791 et accueille le cantonnement du 3<sup>e</sup> bataillon des Volontaires des Vosges (''Almanach Oberlin'').
  
En avril 1792, faute de candidat pour remplacer le maire, on recourt au conseiller départemental Philippe-Xavier Horrer (avril 1792). En août, l’armée prussienne se prépare à entrer en Lorraine pour marcher sur Paris ; des corps autrichiens et l’armée des émigrés se concentrent sur le Rhin. Le 10 août, c’est la chute de la Royauté. Le 13 août, le maire d’Obernai est convaincu d’intelligences avec l’armée des émigrés et passe le Rhin pour s’y engager (Mariotte, Notice « Horrer », ''NDBA''). Le 26 août, les boulangers d’Obernai refusent d’être payés en assignats, qui ont perdu 40 % de leur valeur (v. Assignat), par les Volontaires vosgiens : émeute ! Nouvelle municipalité. Les Prussiens sont repoussés à Valmy, l’armée du Rhin marche jusqu’à Mayence. La crise économique est aiguë : après la première loi sur le maximum (mars 1793), qui fixe le barème des prix et des salaires, une seconde loi intervient en septembre. À cela s’ajoutent les réquisitions pour l’armée. Les contrevenants sont durement sanctionnés (v. Assignat'', Lohn''-salaire). En novembre, l’église paroissiale est transformée en Temple de la Raison, les autres églises sont fermées.
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En avril 1792, faute de candidat pour remplacer le maire, on recourt au conseiller départemental Philippe-Xavier Horrer (avril 1792). En août, l’armée prussienne se prépare à entrer en Lorraine pour marcher sur Paris&nbsp;; des corps autrichiens et l’armée des émigrés se concentrent sur le Rhin. Le 10 août, c’est la chute de la Royauté. Le 13 août, le maire d’Obernai est convaincu d’intelligences avec l’armée des émigrés et passe le Rhin pour s’y engager (Mariotte, Notice «&nbsp;Horrer&nbsp;», ''NDBA''). Le 26 août, les boulangers d’Obernai refusent d’être payés en assignats, qui ont perdu 40 % de leur valeur (v. Assignat), par les Volontaires vosgiens&nbsp;: émeute ! Nouvelle municipalité. Les Prussiens sont repoussés à Valmy, l’armée du Rhin marche jusqu’à Mayence. La crise économique est aiguë&nbsp;: après la première loi sur le maximum (mars 1793), qui fixe le barème des prix et des salaires, une seconde loi intervient en septembre. À cela s’ajoutent les réquisitions pour l’armée. Les contrevenants sont durement sanctionnés (v. Assignat'', Lohn''-salaire). En novembre, l’église paroissiale est transformée en Temple de la Raison, les autres églises sont fermées.
  
En décembre 1793, Euloge Schneider procède à sa tournée répressive dans le piémont viticole : deux Obernois sont guillotinés sur la place du marché (un boulanger et un vigneron). Les controffensives françaises repoussent les Impériaux qui occupaient le nord de l’Alsace. Après la chute des Jacobins, le 9 thermidor (26 juillet 1794), les émigrés rentrent en Alsace. La Convention proclame, le 29 ventôse an III (21 février 1795), la liberté religieuse et, très vite, les municipalités rendent les églises au culte, et le presbytère aux curés et aux vicaires réfractaires. Ceux-ci seront sporadiquement encore poursuivis en 1796 et 1797, les municipalités dissoutes les unes après les autres pour manque de zèle à réprimer. Il y aura près de 23 prêtres et religieux réfractaires réfugiés à Obernai ! (Gyss).
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En décembre 1793, Euloge Schneider procède à sa tournée répressive dans le piémont viticole&nbsp;: deux Obernois sont guillotinés sur la place du marché (un boulanger et un vigneron). Les controffensives françaises repoussent les Impériaux qui occupaient le nord de l’Alsace. Après la chute des Jacobins, le 9 thermidor (26 juillet 1794), les émigrés rentrent en Alsace. La Convention proclame, le 29 ventôse an III (21 février 1795), la liberté religieuse et, très vite, les municipalités rendent les églises au culte, et le presbytère aux curés et aux vicaires réfractaires. Ceux-ci seront sporadiquement encore poursuivis en 1796 et 1797, les municipalités dissoutes les unes après les autres pour manque de zèle à réprimer. Il y aura près de 23 prêtres et religieux réfractaires réfugiés à Obernai ! (Gyss).
  
 
== Municipalités cantonales ==
 
== Municipalités cantonales ==
  
En octobre 1795, avec la Constitution de l’an III, l’ancien canton d’Obernai est divisé en deux cantons : le canton d’Obernai ''intra-muros'' comprenant Obernai et Bernardswiller, et le canton d’Obernai ''extra-muros'' comprenant les communes de Boersch, Ober-Ottrott, Nieder-Ottrott, Saint-Nabor, Innnenheim, Krautergersheim, Meistratzheim, Niedernai, mais dont le chef-lieu est à Boersch.
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En octobre 1795, avec la Constitution de l’an III, l’ancien canton d’Obernai est divisé en deux cantons&nbsp;: le canton d’Obernai ''intra-muros'' comprenant Obernai et Bernardswiller, et le canton d’Obernai ''extra-muros'' comprenant les communes de Boersch, Ober-Ottrott, Nieder-Ottrott, Saint-Nabor, Innnenheim, Krautergersheim, Meistratzheim, Niedernai, mais dont le chef-lieu est à Boersch.
  
 
La vie de la population est rythmée par le départ des contingents de conscrits – un tiers d’une classe d’âge –, appelés en vertu de la loi Jourdan qui institue la conscription obligatoire (5 septembre 1798).
 
La vie de la population est rythmée par le départ des contingents de conscrits – un tiers d’une classe d’âge –, appelés en vertu de la loi Jourdan qui institue la conscription obligatoire (5 septembre 1798).
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= III. Le consulat et l’Empire =
 
= III. Le consulat et l’Empire =
  
Le Consulat et l’Empire imposent de nouveaux cadres administratifs : préfets, sous-préfets, tribunaux. Obernai est siège d’une justice de paix. C’est aussi le siège d’une paroisse cantonale. Indice de conciliation religieuse : le curé Schultz, présent pendant toute la Révolution et se cachant par moments, protégé le plus souvent, accepte d’être muté à Reichshoffen.
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Le Consulat et l’Empire imposent de nouveaux cadres administratifs&nbsp;: préfets, sous-préfets, tribunaux. Obernai est siège d’une justice de paix. C’est aussi le siège d’une paroisse cantonale. Indice de conciliation religieuse&nbsp;: le curé Schultz, présent pendant toute la Révolution et se cachant par moments, protégé le plus souvent, accepte d’être muté à Reichshoffen.
  
Le canton d’Obernai est restructuré et ne fait plus qu’un seul canton. Les municipalités communales sont rétablies. Les communes de Bourgheim, Gertwiller, Goxwiller, Valff, Zellwiller, enlevés au canton de Barr lui sont attribués : les deux Ottrott, Saint-Nabor, Boersch sont donnés au canton de Rosheim (1802). Gertwiller est rendu au canton de Barr en 1828. Le premier consul (maires des villes de plus de 5 000 habitants) et les préfets nomment les maires et la municipalité. À Obernai est nommé Apprédéris, l’agent municipal de l’an III, mais destitué en l’an IV pour manque de zèle. Louis Bernard de Montbrison, officier en retraite et gendre de la baronne d’Oberkirch (née Waldner de Freundstein), dont il éditera plus tard les ''Mémoires'', est nommé en 1800 conseiller général et, en 1811, recteur de l’Académie de Strasbourg. Deux écoles primaires, qui avaient entrepris d’enseigner le français, fonctionnent à Obernai et Bernardswiller. En 1808, le curé d’Obernai fonde une école latine ; elle deviendra plus tard un collège municipal.
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Le canton d’Obernai est restructuré et ne fait plus qu’un seul canton. Les municipalités communales sont rétablies. Les communes de Bourgheim, Gertwiller, Goxwiller, Valff, Zellwiller, enlevés au canton de Barr lui sont attribués&nbsp;: les deux Ottrott, Saint-Nabor, Boersch sont donnés au canton de Rosheim (1802). Gertwiller est rendu au canton de Barr en 1828. Le premier consul (maires des villes de plus de 5 000 habitants) et les préfets nomment les maires et la municipalité. À Obernai est nommé Apprédéris, l’agent municipal de l’an III, mais destitué en l’an IV pour manque de zèle. Louis Bernard de Montbrison, officier en retraite et gendre de la baronne d’Oberkirch (née Waldner de Freundstein), dont il éditera plus tard les ''Mémoires'', est nommé en 1800 conseiller général et, en 1811, recteur de l’Académie de Strasbourg. Deux écoles primaires, qui avaient entrepris d’enseigner le français, fonctionnent à Obernai et Bernardswiller. En 1808, le curé d’Obernai fonde une école latine&nbsp;; elle deviendra plus tard un collège municipal.
  
 
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<span style="text-transform:uppercase">Marx</span> (Roland), ''Recherches sur la vie politique de l’Alsace prérévolutionnaire et révolutionnaire'', Strasbourg, 1966.
 
<span style="text-transform:uppercase">Marx</span> (Roland), ''Recherches sur la vie politique de l’Alsace prérévolutionnaire et révolutionnaire'', Strasbourg, 1966.
  
EYER (Fritz), « Les archives de la ville d’Obernai », ''Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach-la-Ville, Barr, Obernai'', 11, 1977, p. 151-156 (et introduction au Répertoire des Archives communales d’Obernai aux Archives départementales du Bas-Rhin).
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EYER (Fritz), «&nbsp;Les archives de la ville d’Obernai&nbsp;», ''Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach-la-Ville, Barr, Obernai'', 11, 1977, p. 151-156 (et introduction au Répertoire des Archives communales d’Obernai aux Archives départementales du Bas-Rhin).
  
SCHMUTZ-FOESSER (Séverine), « Des hommes au service d’une ville – la municipalité d’Obernai sous le Premier Empire », ''Annuaire de la Société d’histoire de Dambach, Barr, Obernai'', 2003.
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SCHMUTZ-FOESSER (Séverine), «&nbsp;Des hommes au service d’une ville – la municipalité d’Obernai sous le Premier Empire&nbsp;», ''Annuaire de la Société d’histoire de Dambach, Barr, Obernai'', 2003.
  
 
== Notices connexes ==
 
== Notices connexes ==
  
[[Académie|Académies]], [[Assemblée|Assemblées]], [[Clergé_séculier|Clergé]], [[Commissions_révolutionnaires_de_1793]] (condamnés d’Obernai 1793), [[Conseil_général_du_département|Conseil général]] (Consulat et Empire), [[Constitution_des_municipalités_1790]] (Obernai), [[Constitution_civile_du_clergé]] (puis Temple de la Raison à Obernai, 1793), [[Département]], [[District|Districts]] (districts de 1790), [[Écoles_latines]], [[États_généraux_de_1789_(députation_aux)|États généraux de 1789]]
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[[Académie|Académies]], [[Assemblée|Assemblées]], [[Clergé_séculier|Clergé]], [[Commissions_révolutionnaires_de_1793|Commissions_révolutionnaires_de_1793]] (condamnés d’Obernai 1793), [[Conseil_général_du_département|Conseil général]] (Consulat et Empire), [[Constitution_des_municipalités_1790|Constitution_des_municipalités_1790]] (Obernai), [[Constitution_civile_du_clergé|Constitution_civile_du_clergé]] (puis Temple de la Raison à Obernai, 1793), [[Département|Département]], [[District|Districts]] (districts de 1790), [[Écoles_latines|Écoles_latines]], [[États_généraux_de_1789_(députation_aux)|États généraux de 1789]]
<p class="9-Signature" style="text-align: right;">'''François Igersheim'''</p>
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<p class="9-Signature" style="text-align: right">'''François Igersheim'''</p>
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[[Category:O]][[Category:Droit (sources et pratique du droit) et Justice]][[Category:Etat et pouvoirs]][[Category:Villes et institutions urbaines]]

Version actuelle datée du 8 avril 2024 à 10:43

I. La Révolution

Venant après celles de la prise de la Bastille à Paris et du sac de l’Hôtel de Ville à Strasbourg, l’émeute du 26 juillet 1789 à Obernai et la fuite de ses magistrats, qui avaient passé les deux dernières années à défendre leurs privilèges, mettent fin à l’existence de la « ci-devant ville libre impériale ».

En novembre 1789 et février 1790, la Constituante adopte le nouveau découpage institutionnel de la France : dans le département du Bas-Rhin, district de Benfeld, Obernai est chef-lieu du canton d’Obernai qui compte en 1790, 13 092 habitants et 2 182 citoyens actifs, 22 électeurs primaires, soit outre Obernai et Bernardswiller (6 438 h, 1 073 a.) 8 communes : Boersch (1416, 236 a.), Ober-Otrott (504, 84 a.), Nieder-Ottrott (606, 101 a.), Saint-Nabor (144, 24 a.), Innnenheim (522, 87 a.), Krautergersheim (852, 142 a.), Meistratzheim (1 524, 254 a.) et Niedernai (1 086, 181 a.) (Almanach Oberlin, 1792). Obernai est siège d’une justice de paix.

Les premières élections au suffrage de tous les citoyens

Les 26 et 27 février 1790, dans toute la France, se déroulent les premières élections au suffrage général des citoyens actifs (25 ans, payant une contribution modique). Assemblés dans l’église paroissiale, les électeurs votent à l’appel de leur nom, par bulletins pliés, écrits, placés dans une urne. 712 votants – soit 66 % de participation, chiffre généralement retenu pour ces élections (Marx, Recherches sur la vie politique) – prennent part à l’élection de la première municipalité d’Obernai (maire, procureur, conseillers), qui est issue d’une notabilité qu’on retrouvera, avec les officiers de la garde nationale, tout au long de la période : artisans, commerçants, juristes, médecins et laboureurs (Gyss, II, p. 363).

Le 17 mai se tiennent les Assemblées primaires au chef-lieu de canton : elles désignent les électeurs des administrations départementales désignés le 26 mai, par l’assemblée départementale de 657 électeurs au Temple-Neuf à Strasbourg : parmi les conseillers départementaux élus, Reiss ancien maire d’Obernai, Horrer bailli de Wasselonne, l’auteur du Dictionnaire géographique, historique et politique de l’Alsace de 1787. Cette administration est suspendue dès janvier 1791, rétablie en août. De nouvelles assemblées primaires dans les cantons ont lieu, elles élisent les députés à la Législative et une nouvelle administration départementale.

La Garde nationale : l’adhésion à la Nation

À Obernai, aussi, on procède à la formation d’une garde nationale (v. Garde nationale). Le 8 juin 1790, tous les hommes du canton de 20 à 40 ans sont réunis au chef-lieu pour le tirage au sort : sont retenus 400 hommes répartis en 7 compagnies. Les officiers sont élus et l’officier réformé de Mars est élu commandant (v. Garde nationale). La garde tient, dans les jours qui suivent, sa fête au Ingmarsheimberg, qui prend désormais le nom de Mont-National. Une délégation de la garde obernoise participe le 17 juin à la Fête de la Fédération à Strasbourg (v. Fédération du Rhin) et le 14 juillet à la Fête parisienne (Gyss).

II. Révolution et contre-révolution à Obernai

L’historien et archiviste de la ville, l’abbé Gyss, auteur d’une monumentale Histoire de la Ville d’Obernai, distinguée en 1867 par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, a volontiers insisté sur la réputation que lui ont faite les autorités révolutionnaires strasbourgeoises, de « foyer d’aristocratie et de fanatisme ».

Le vieux curé était mort en janvier 1790 et la nouvelle municipalité avait nommé son vicaire, l’abbé Schultz, à sa place. En 1791, ce dernier refuse de prêter le serment prescrit par la Constitution civile du Clergé du 12 juillet 1790. Obernai est accusé par le Département d’être un centre contre-révolutionnaire. Le Département décide de faire un exemple : envoi le 15 juillet de deux commissaires, avec de la cavalerie, de l’infanterie et la garde nationale de Strasbourg, qui se saisit des armes et du drapeau (avec l’aigle obernois !) de la garde nationale, très momentanément dissoute (Gyss). Obernai ne manque pourtant pas de partisans des temps nouveaux, puisque la Société des Amis de la Constitution est fondée ces jours-là dans la ville, avec le maire et le commandant de la garde comme correspondants du club strasbourgeois (communication de M. Betzinger).

En octobre, les biens de l’Église, nombreux dans le canton, commencent à être vendus par enchères. Le curé assermenté ne sera nommé qu’en décembre 1790.

Élue en août et septembre 1791, la Législative se décide à la guerre en avril 1792. L’armée du Rhin a été créée en décembre 1791. La Législative procède à l’appel de bataillons de volontaires. Obernai figure parmi les places de guerre désignées par la loi du 10 juillet 1791 et accueille le cantonnement du 3e bataillon des Volontaires des Vosges (Almanach Oberlin).

En avril 1792, faute de candidat pour remplacer le maire, on recourt au conseiller départemental Philippe-Xavier Horrer (avril 1792). En août, l’armée prussienne se prépare à entrer en Lorraine pour marcher sur Paris ; des corps autrichiens et l’armée des émigrés se concentrent sur le Rhin. Le 10 août, c’est la chute de la Royauté. Le 13 août, le maire d’Obernai est convaincu d’intelligences avec l’armée des émigrés et passe le Rhin pour s’y engager (Mariotte, Notice « Horrer », NDBA). Le 26 août, les boulangers d’Obernai refusent d’être payés en assignats, qui ont perdu 40 % de leur valeur (v. Assignat), par les Volontaires vosgiens : émeute ! Nouvelle municipalité. Les Prussiens sont repoussés à Valmy, l’armée du Rhin marche jusqu’à Mayence. La crise économique est aiguë : après la première loi sur le maximum (mars 1793), qui fixe le barème des prix et des salaires, une seconde loi intervient en septembre. À cela s’ajoutent les réquisitions pour l’armée. Les contrevenants sont durement sanctionnés (v. Assignat, Lohn-salaire). En novembre, l’église paroissiale est transformée en Temple de la Raison, les autres églises sont fermées.

En décembre 1793, Euloge Schneider procède à sa tournée répressive dans le piémont viticole : deux Obernois sont guillotinés sur la place du marché (un boulanger et un vigneron). Les controffensives françaises repoussent les Impériaux qui occupaient le nord de l’Alsace. Après la chute des Jacobins, le 9 thermidor (26 juillet 1794), les émigrés rentrent en Alsace. La Convention proclame, le 29 ventôse an III (21 février 1795), la liberté religieuse et, très vite, les municipalités rendent les églises au culte, et le presbytère aux curés et aux vicaires réfractaires. Ceux-ci seront sporadiquement encore poursuivis en 1796 et 1797, les municipalités dissoutes les unes après les autres pour manque de zèle à réprimer. Il y aura près de 23 prêtres et religieux réfractaires réfugiés à Obernai ! (Gyss).

Municipalités cantonales

En octobre 1795, avec la Constitution de l’an III, l’ancien canton d’Obernai est divisé en deux cantons : le canton d’Obernai intra-muros comprenant Obernai et Bernardswiller, et le canton d’Obernai extra-muros comprenant les communes de Boersch, Ober-Ottrott, Nieder-Ottrott, Saint-Nabor, Innnenheim, Krautergersheim, Meistratzheim, Niedernai, mais dont le chef-lieu est à Boersch.

La vie de la population est rythmée par le départ des contingents de conscrits – un tiers d’une classe d’âge –, appelés en vertu de la loi Jourdan qui institue la conscription obligatoire (5 septembre 1798).

Le 17 prairial an IV (5 juin 1799), il est procédé à la séparation de la commune d’Obernai et de son annexe Bernardswiller, érigée en commune de plein droit, sans que les propriétés communales soient partagées, ce qui entraînera un long contentieux ultérieur.

III. Le consulat et l’Empire

Le Consulat et l’Empire imposent de nouveaux cadres administratifs : préfets, sous-préfets, tribunaux. Obernai est siège d’une justice de paix. C’est aussi le siège d’une paroisse cantonale. Indice de conciliation religieuse : le curé Schultz, présent pendant toute la Révolution et se cachant par moments, protégé le plus souvent, accepte d’être muté à Reichshoffen.

Le canton d’Obernai est restructuré et ne fait plus qu’un seul canton. Les municipalités communales sont rétablies. Les communes de Bourgheim, Gertwiller, Goxwiller, Valff, Zellwiller, enlevés au canton de Barr lui sont attribués : les deux Ottrott, Saint-Nabor, Boersch sont donnés au canton de Rosheim (1802). Gertwiller est rendu au canton de Barr en 1828. Le premier consul (maires des villes de plus de 5 000 habitants) et les préfets nomment les maires et la municipalité. À Obernai est nommé Apprédéris, l’agent municipal de l’an III, mais destitué en l’an IV pour manque de zèle. Louis Bernard de Montbrison, officier en retraite et gendre de la baronne d’Oberkirch (née Waldner de Freundstein), dont il éditera plus tard les Mémoires, est nommé en 1800 conseiller général et, en 1811, recteur de l’Académie de Strasbourg. Deux écoles primaires, qui avaient entrepris d’enseigner le français, fonctionnent à Obernai et Bernardswiller. En 1808, le curé d’Obernai fonde une école latine ; elle deviendra plus tard un collège municipal.

ABR

I L 53 – Fixation des sièges des districts.

I L 734 – Tableau du département du Bas-Rhin, Districts et Cantons.

I L 745 – Commissaires du pouvoir exécutif - dénonciations.

1 L 753-754 – Municipalités cantonales.

Répertoire des Archives communales d’Obernai déposées aux ABR (Introduction de Fritz Eyer).

Bibliographie

OBERLIN (Jérémie-Jacques), Almanach du Département du Bas-Rhin pour l’année bisextile 1792. La quatrième de la Liberté, Strasbourg, 1791.

FARGESde MERICOURT (Philippe Jacques), Annuaire historique et statistique du département du Bas-Rhin pour l’année 1811, Strasbourg-Paris, 1810.

GYSS (Joseph), Histoire de la Ville d’Obernai, t. II, Strasbourg, 1866.

Marx (Roland), Recherches sur la vie politique de l’Alsace prérévolutionnaire et révolutionnaire, Strasbourg, 1966.

EYER (Fritz), « Les archives de la ville d’Obernai », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach-la-Ville, Barr, Obernai, 11, 1977, p. 151-156 (et introduction au Répertoire des Archives communales d’Obernai aux Archives départementales du Bas-Rhin).

SCHMUTZ-FOESSER (Séverine), « Des hommes au service d’une ville – la municipalité d’Obernai sous le Premier Empire », Annuaire de la Société d’histoire de Dambach, Barr, Obernai, 2003.

Notices connexes

Académies, Assemblées, Clergé, Commissions_révolutionnaires_de_1793 (condamnés d’Obernai 1793), Conseil général (Consulat et Empire), Constitution_des_municipalités_1790 (Obernai), Constitution_civile_du_clergé (puis Temple de la Raison à Obernai, 1793), Département, Districts (districts de 1790), Écoles_latines, États généraux de 1789

François Igersheim