Pasteurs réformés d’Alsace : Différence entre versions

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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Dans les villes de Strasbourg, avec une communauté fondée par Calvin et qui existe jusqu’en 1563, Mulhouse, Sainte-Marie-aux-Mines et Bischwiller ainsi que dans la seigneurie de Cleebourg, des pasteurs réformés sont à l’œuvre. À Mulhouse, cela tient aux liens étroits établis avec Bâle (alliance de 1506) et les XIII cantons helvétiques (1515). En d’autres lieux comme Bischwiller, c’est l’arrivée de réfugiés réformés français ou lorrains (Phalsbourg et les villages welches) ou encore les orientations de certaines autorités politiques, comme celles du Palatinat, qui ont suscité des communautés réformées.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L’adhésion à la foi réformée s’exprime notamment par certaines confessions de foi, comme la première Confession de Bâle (1534), signée par Mulhouse, le catéchisme de Heidelberg et la Confession helvétique de 1566 à Bischwiller et dans la seigneurie de Cleebourg.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Pendant des siècles, les pasteurs réformés sont surtout d’origine suisse et / ou formés à Bâle et à Zurich.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;">Dans les villes de Strasbourg, avec une communauté fondée par Calvin et qui existe jusqu’en 1563, Mulhouse, Sainte-Marie-aux-Mines et Bischwiller ainsi que dans la seigneurie de Cleebourg, des pasteurs réformés sont à l’œuvre. À Mulhouse, cela tient aux liens étroits établis avec Bâle (alliance de 1506) et les XIII cantons helvétiques (1515). En d’autres lieux comme Bischwiller, c’est l’arrivée de réfugiés réformés français ou lorrains (Phalsbourg et les villages welches) ou encore les orientations de certaines autorités politiques, comme celles du Palatinat, qui ont suscité des communautés réformées.</p> <p style="text-align: justify;">L’adhésion à la foi réformée s’exprime notamment par certaines confessions de foi, comme la première Confession de Bâle (1534), signée par Mulhouse, le catéchisme de Heidelberg et la Confession helvétique de 1566 à Bischwiller et dans la seigneurie de Cleebourg.</p> <p style="text-align: justify;">Pendant des siècles, les pasteurs réformés sont surtout d’origine suisse et / ou formés à Bâle et à Zurich.</p>  
= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''La Réformation à Mulhouse''</span> =
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= ''La Réformation à Mulhouse'' =
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Comme à Strasbourg et à Bâle, certains clercs diffusent les idées luthériennes au début des années 1520. En juillet 1523, c’est le Magistrat de la ville qui prend les choses en main. En juillet 1523, il charge Prugner de prêcher à l’église paroissiale. En même temps, il publie un édit enjoignant aux prédicateurs de n’annoncer que le saint Évangile, librement et publiquement. Ils doivent se fonder sur «&nbsp;la vraie Écriture sainte, à savoir l’Ancien et le Nouveau Testament&nbsp;».</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Des avis sollicités par le Magistrat auprès des prédicateurs, ou que ceux-là avaient émis de leur propre initiative concernant en particulier le culte, les sacrements, les jours fériés, les écoles, le mariage et le divorce, s’inspirent le plus souvent des textes et pratiques de l’Église de Bâle.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;">Comme à Strasbourg et à Bâle, certains clercs diffusent les idées luthériennes au début des années 1520. En juillet 1523, c’est le Magistrat de la ville qui prend les choses en main. En juillet 1523, il charge Prugner de prêcher à l’église paroissiale. En même temps, il publie un édit enjoignant aux prédicateurs de n’annoncer que le saint Évangile, librement et publiquement. Ils doivent se fonder sur «&nbsp;la vraie Écriture sainte, à savoir l’Ancien et le Nouveau Testament&nbsp;».</p> <p style="text-align: justify;">Des avis sollicités par le Magistrat auprès des prédicateurs, ou que ceux-là avaient émis de leur propre initiative concernant en particulier le culte, les sacrements, les jours fériés, les écoles, le mariage et le divorce, s’inspirent le plus souvent des textes et pratiques de l’Église de Bâle.</p>  
= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''Le Magistrat et les pasteurs''</span> =
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= ''Le Magistrat et les pasteurs'' =
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">À la fin de l’année 1523, une Ordonnance disciplinaire est destinée à réprimer les déviations par rapport à le loi divine telles que l’abus du jeûne, l’inconduite, les jurons. Une partie du texte reprend un édit paru peu de temps auparavant, et non conservé, qui incitait les clercs à renvoyer leurs concubines ou à les épouser. Cela incite Prugner et d’autres prédicateurs évangéliques à se marier en bonne et due forme.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Un décret de 1537 reprend de manière plus concise les stipulations de 1523. Il s’adresse maintenant aux prédicateurs et diacres mis en place par le Magistrat et non plus à des plébans ou des clercs réguliers. Ce n’est plus le temps d’une dispute ouverte, mais d’un appel aux pasteurs pour rendre des comptes au Magistrat. Il n’est plus question d’adultère ou de concubinage. À l’instar de ce qui se faisait à Bâle, le Magistrat souhaite la mise en place de synodes réguliers pour débattre des affaires de l’Église. Mais les pasteurs de Mulhouse vont prendre position contre certaines stipulations ou orientations de l’Ordonnance synodale de Bâle.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Au cours d’un synode réuni à Bâle le 11 mai 1525, un examen de la vie et du ministère des pasteurs a eu lieu. Il était prévu également que les fidèles qui s’écartaient de la doctrine de l’Église ou qui scandalisaient la communauté par leur mode de vie pouvaient être punis par les plébans et les diacres. Les pasteurs devaient d’abord les exhorter et les mettre en garde fraternellement. S’ils persévéraient dans leur péché, ils devaient être excommuniés et exclus de la sainte cène. Ces dispositions irritèrent les bourgeois de la ville. Le Conseil de la ville a modifié alors l’Ordonnance concernant l’excommunication. Trois laïcs devaient être nommés pour surveiller, avec les pasteurs, les fidèles. En fait, les pasteurs ne devaient plus faire partie de cette instance, mais y être adjoints ponctuellement.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">C’étaient ces dispositions qui irritèrent les pasteurs de Mulhouse qui, dans un mémoire du 25 décembre 1540, récusent le transfert de l’excommunication à l’autorité civile. Ils revendiquent le retour à l’excommunication par les pasteurs comme instrument de la discipline ecclésiastique. Les pasteurs et diacres critiquent aussi les limites fixées aux synodes, dont les délibérations devaient porter exclusivement sur des problèmes d’Église. À l’instar des prophètes et des apôtres, les pasteurs voulaient être libres de critiquer aussi les conseillers de la ville. Par ailleurs, ils voulaient aussi citer en chaire les noms des pécheurs. Mais ils n’eurent pas gain de cause !</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Cela dit, un consistoire allait voir le jour à Mulhouse pour traiter de la vie ecclésiale, conformément à l’ecclésiologie réformée mise en place par Calvin à Genève et se composant à la fois de pasteurs et de laïcs.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les pasteurs continuent à être nommés par les autorités civiles de la ville, mais les pasteurs en place ou des autorités extérieures peuvent faire des propositions. Au moment de leur engagement, les pasteurs doivent prêter serment. À Mulhouse, selon un texte de 1551, ils doivent promettre d’être toujours obéissants et bien disposés à l’égard du Magistrat de la ville, de promouvoir le bien des habitants, d’être zélés dans la prédication, dans l’administration des sacrements, dans la visite des malades, de s’en tenir à la confession de la ville, de ne pas introduire de nouveautés, d’annoncer l’Évangile avec douceur et sans colère ni invectives, et de mener une vie exemplaire.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Dans les directives qu’il adresse en 1557 aux pasteurs, le Conseil de Mulhouse souligne qu’il n’entend pas leur dicter ce qu’ils doivent enseigner pour susciter une vie chrétienne. Il ne veut pas non plus s’opposer à la stigmatisation des vices par les pasteurs, mais il critique un zèle malvenu de certains d’entre eux, enclins à prêcher avec colère, à calomnier et à condamner. Le même texte reproche aussi à certains prédicateurs soit de faire un éloge mal venu des défunts dont ils célèbrent les obsèques, soit de les condamner au lieu de laisser le jugement à Dieu.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;">À la fin de l’année 1523, une Ordonnance disciplinaire est destinée à réprimer les déviations par rapport à le loi divine telles que l’abus du jeûne, l’inconduite, les jurons. Une partie du texte reprend un édit paru peu de temps auparavant, et non conservé, qui incitait les clercs à renvoyer leurs concubines ou à les épouser. Cela incite Prugner et d’autres prédicateurs évangéliques à se marier en bonne et due forme.</p> <p style="text-align: justify;">Un décret de 1537 reprend de manière plus concise les stipulations de 1523. Il s’adresse maintenant aux prédicateurs et diacres mis en place par le Magistrat et non plus à des plébans ou des clercs réguliers. Ce n’est plus le temps d’une dispute ouverte, mais d’un appel aux pasteurs pour rendre des comptes au Magistrat. Il n’est plus question d’adultère ou de concubinage. À l’instar de ce qui se faisait à Bâle, le Magistrat souhaite la mise en place de synodes réguliers pour débattre des affaires de l’Église. Mais les pasteurs de Mulhouse vont prendre position contre certaines stipulations ou orientations de l’Ordonnance synodale de Bâle.</p> <p style="text-align: justify;">Au cours d’un synode réuni à Bâle le 11 mai 1525, un examen de la vie et du ministère des pasteurs a eu lieu. Il était prévu également que les fidèles qui s’écartaient de la doctrine de l’Église ou qui scandalisaient la communauté par leur mode de vie pouvaient être punis par les plébans et les diacres. Les pasteurs devaient d’abord les exhorter et les mettre en garde fraternellement. S’ils persévéraient dans leur péché, ils devaient être excommuniés et exclus de la sainte cène. Ces dispositions irritèrent les bourgeois de la ville. Le Conseil de la ville a modifié alors l’Ordonnance concernant l’excommunication. Trois laïcs devaient être nommés pour surveiller, avec les pasteurs, les fidèles. En fait, les pasteurs ne devaient plus faire partie de cette instance, mais y être adjoints ponctuellement.</p> <p style="text-align: justify;">C’étaient ces dispositions qui irritèrent les pasteurs de Mulhouse qui, dans un mémoire du 25 décembre 1540, récusent le transfert de l’excommunication à l’autorité civile. Ils revendiquent le retour à l’excommunication par les pasteurs comme instrument de la discipline ecclésiastique. Les pasteurs et diacres critiquent aussi les limites fixées aux synodes, dont les délibérations devaient porter exclusivement sur des problèmes d’Église. À l’instar des prophètes et des apôtres, les pasteurs voulaient être libres de critiquer aussi les conseillers de la ville. Par ailleurs, ils voulaient aussi citer en chaire les noms des pécheurs. Mais ils n’eurent pas gain de cause !</p> <p style="text-align: justify;">Cela dit, un consistoire allait voir le jour à Mulhouse pour traiter de la vie ecclésiale, conformément à l’ecclésiologie réformée mise en place par Calvin à Genève et se composant à la fois de pasteurs et de laïcs.</p> <p style="text-align: justify;">Les pasteurs continuent à être nommés par les autorités civiles de la ville, mais les pasteurs en place ou des autorités extérieures peuvent faire des propositions. Au moment de leur engagement, les pasteurs doivent prêter serment. À Mulhouse, selon un texte de 1551, ils doivent promettre d’être toujours obéissants et bien disposés à l’égard du Magistrat de la ville, de promouvoir le bien des habitants, d’être zélés dans la prédication, dans l’administration des sacrements, dans la visite des malades, de s’en tenir à la confession de la ville, de ne pas introduire de nouveautés, d’annoncer l’Évangile avec douceur et sans colère ni invectives, et de mener une vie exemplaire.</p> <p style="text-align: justify;">Dans les directives qu’il adresse en 1557 aux pasteurs, le Conseil de Mulhouse souligne qu’il n’entend pas leur dicter ce qu’ils doivent enseigner pour susciter une vie chrétienne. Il ne veut pas non plus s’opposer à la stigmatisation des vices par les pasteurs, mais il critique un zèle malvenu de certains d’entre eux, enclins à prêcher avec colère, à calomnier et à condamner. Le même texte reproche aussi à certains prédicateurs soit de faire un éloge mal venu des défunts dont ils célèbrent les obsèques, soit de les condamner au lieu de laisser le jugement à Dieu.</p>  
= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''Sainte-Marie-aux-Mines''</span> =
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= ''Sainte-Marie-aux-Mines'' =
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La situation des paroisses de cette ville était différente de celle de Mulhouse. Pour l’essentiel, les membres étaient issus de Saxe ou de France, luthériens dans le premier cas et réformés dans l’autre. Les pasteurs étaient désignés par les comtes de Ribeaupierre. La paroisse réformée était menacée par les autorités impériales qui rappelaient que seul le luthéranisme était toléré par les traités en vigueur. Comme à Mulhouse et dans d’autres Églises réformées, le pasteur et les autorités civiles ne sont pas seuls à diriger la vie de l’Église, mais il y avait à Eschery et à Sainte-Marie deux consistoires. «&nbsp;C’étaient des corps autonomes qui administraient les dons volontaires des personnes pour l’entretien de l’église et l’école et [ils] étaient investis du droit d’administrer ou même d’exclure de la cène les fidèles négligents ou ayant enfreint la règle d’observer la sobriété et de s’abstenir du jeu et de la danse. Quand il y avait eu un scandale public, une réparation publique était exigée avant la réadmission dans la communauté.&nbsp;» (Strohl, p. 165)</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Une ordonnance disciplinaire analogue à d’autres textes du même genre du XVI<sup>e</sup> siècle prévoyait de punir ceux qui fréquentaient irrégulièrement le culte, ne participaient pas à la cène ou se moquaient des cérémonies chrétiennes, sans oublier les vices traditionnellement dénoncés.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;">La situation des paroisses de cette ville était différente de celle de Mulhouse. Pour l’essentiel, les membres étaient issus de Saxe ou de France, luthériens dans le premier cas et réformés dans l’autre. Les pasteurs étaient désignés par les comtes de Ribeaupierre. La paroisse réformée était menacée par les autorités impériales qui rappelaient que seul le luthéranisme était toléré par les traités en vigueur. Comme à Mulhouse et dans d’autres Églises réformées, le pasteur et les autorités civiles ne sont pas seuls à diriger la vie de l’Église, mais il y avait à Eschery et à Sainte-Marie deux consistoires. «&nbsp;C’étaient des corps autonomes qui administraient les dons volontaires des personnes pour l’entretien de l’église et l’école et [ils] étaient investis du droit d’administrer ou même d’exclure de la cène les fidèles négligents ou ayant enfreint la règle d’observer la sobriété et de s’abstenir du jeu et de la danse. Quand il y avait eu un scandale public, une réparation publique était exigée avant la réadmission dans la communauté.&nbsp;» (Strohl, p. 165)</p> <p style="text-align: justify;">Une ordonnance disciplinaire analogue à d’autres textes du même genre du XVI<sup>e</sup> siècle prévoyait de punir ceux qui fréquentaient irrégulièrement le culte, ne participaient pas à la cène ou se moquaient des cérémonies chrétiennes, sans oublier les vices traditionnellement dénoncés.</p>  
= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''Bischwiller''</span> =
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= ''Bischwiller'' =
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Dans cette ville, il y avait, à côté d’une communauté luthérienne, deux communautés réformées, l’une d’expression française, l’autre d’expression allemande. À côté des pasteurs, des diacres sont à l’œuvre au XVII<sup>e</sup> siècle, ainsi que des instituteurs et un administrateur (''Kirchenschaffner''). L’ordonnance ecclésiastique du duché de Deux-Ponts présente, dans son édition de 1721, les diverses institutions. Il y est question en particulier d’un inspecteur ou surintendant qui constitue, avec les conseillers laïcs, le consistoire. Celui-ci est chargé de la juridiction ecclésiastique, des visites (inspections), de la surveillance des écoles et de la censure des manuscrits destinés à être imprimés. Il doit encourager les pasteurs à accomplir consciencieusement leur devoir et veiller à ce que soient supprimés les abus dans la vie de l’Église. À sa demande, les pasteurs sont tenus de lui remettre les textes de leurs prédications et de prendre en compte ses observations. Il a aussi le droit de proposer des candidats pour les postes de pasteurs et d’instituteurs. En ce qui concerne la rémunération des pasteurs, le pasteur de la communauté réformée de langue allemande reçoit, vers 1710, 150 florins auxquels s’ajoutent diverses attributions en nature. Le pasteur de la communauté réformée de langue française reçoit, en 1755, 300 florins et bénéficie lui aussi d’avantages en nature.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">En Alsace Bossue, les villages appelés welches ont été colonisés à partir de 1559 par un afflux de réfugiés huguenots lorrains, champenois et du nord de la France actuelle. Après la guerre de Trente Ans, l’arrivée progressive des immigrés suisses a aussi donné naissance aux paroisses de Cosswiller-Rosenwiller près de Dettwiller (1685) et les annexes de Daubensand et Klingenthal de la paroisse de Strasbourg-Wolfisheim.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">À part les pasteurs recrutés en Suisse (souvent seuls capables d’être bilingues !), on fit aussi appel à Bischwiller et en Alsace Bossue à des Palatins formés à Heidelberg.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;">Dans cette ville, il y avait, à côté d’une communauté luthérienne, deux communautés réformées, l’une d’expression française, l’autre d’expression allemande. À côté des pasteurs, des diacres sont à l’œuvre au XVII<sup>e</sup> siècle, ainsi que des instituteurs et un administrateur (''Kirchenschaffner''). L’ordonnance ecclésiastique du duché de Deux-Ponts présente, dans son édition de 1721, les diverses institutions. Il y est question en particulier d’un inspecteur ou surintendant qui constitue, avec les conseillers laïcs, le consistoire. Celui-ci est chargé de la juridiction ecclésiastique, des visites (inspections), de la surveillance des écoles et de la censure des manuscrits destinés à être imprimés. Il doit encourager les pasteurs à accomplir consciencieusement leur devoir et veiller à ce que soient supprimés les abus dans la vie de l’Église. À sa demande, les pasteurs sont tenus de lui remettre les textes de leurs prédications et de prendre en compte ses observations. Il a aussi le droit de proposer des candidats pour les postes de pasteurs et d’instituteurs. En ce qui concerne la rémunération des pasteurs, le pasteur de la communauté réformée de langue allemande reçoit, vers 1710, 150 florins auxquels s’ajoutent diverses attributions en nature. Le pasteur de la communauté réformée de langue française reçoit, en 1755, 300 florins et bénéficie lui aussi d’avantages en nature.</p> <p style="text-align: justify;">En Alsace Bossue, les villages appelés welches ont été colonisés à partir de 1559 par un afflux de réfugiés huguenots lorrains, champenois et du nord de la France actuelle. Après la guerre de Trente Ans, l’arrivée progressive des immigrés suisses a aussi donné naissance aux paroisses de Cosswiller-Rosenwiller près de Dettwiller (1685) et les annexes de Daubensand et Klingenthal de la paroisse de Strasbourg-Wolfisheim.</p> <p style="text-align: justify;">À part les pasteurs recrutés en Suisse (souvent seuls capables d’être bilingues !), on fit aussi appel à Bischwiller et en Alsace Bossue à des Palatins formés à Heidelberg.</p>  
= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Bibliographie</span> =
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= Bibliographie =
  
<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="DE">CULLMANN (Friedrich Wilhelm), ''Geschichte von Bischweiler'', Strasbourg, 1826.</span></span>
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<span lang="DE">CULLMANN (Friedrich Wilhelm), ''Geschichte von Bischweiler'', Strasbourg, 1826.</span>
  
<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">DRION (Charles), ''Notice historique sur l’église réformée de Sainte-Marie-aux-Mines'', Colmar, 1858.</span>
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DRION (Charles), ''Notice historique sur l’église réformée de Sainte-Marie-aux-Mines'', Colmar, 1858.
  
<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">MÜHLENBECK (Eugène), ''Une église calviniste au XVI<sup>e</sup> siècle, 1550-1581. Histoire de la communauté réformée de Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace''), Paris, Strasbourg, 1881.</span>
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MÜHLENBECK (Eugène), ''Une église calviniste au XVI<sup>e</sup> siècle, 1550-1581. Histoire de la communauté réformée de Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace''), Paris, Strasbourg, 1881.
  
<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">MEININGER (Ernest), ''Les Pasteurs de Mulhouse'', Mulhouse, 1924.</span>
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MEININGER (Ernest), ''Les Pasteurs de Mulhouse'', Mulhouse, 1924.
  
<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="DE">ADAM (Johann), ''Evangelische Kirchengeschichte der Elsaessischen Territorien bis zur Französischen Revolution'', Strasbourg, 1928.</span></span>
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<span lang="DE">ADAM (Johann), ''Evangelische Kirchengeschichte der Elsaessischen Territorien bis zur Französischen Revolution'', Strasbourg, 1928.</span>
  
 
MIEG (Philippe), ''La Réforme à Mulhouse, 1518-1538'', Strasbourg, 1948.
 
MIEG (Philippe), ''La Réforme à Mulhouse, 1518-1538'', Strasbourg, 1948.
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[[Paroisse|Paroisse]]&nbsp;;&nbsp;[[Protestantisme|Protestantisme]]&nbsp;; [[Piétisme|Piétisme]]&nbsp;; [[Paroisses_de_Strasbourg|Paroisses et consistoires de Strasbourg]]&nbsp;; [[Presbytère_protestant|Presbytère protestant]] (v. aussi&nbsp;: [[Baptême|Baptême]], [[Confession|Confession]], [[Confirmation|Confirmation]], [[Divorce|Divorce]], [[Mariage|''Ehe''-Mariage]])
 
<p style="text-align: right;">'''<span style="font-family:">Marc Lienhard, Christian Wolff</span>'''</p>   
 
<p style="text-align: right;">'''<span style="font-family:">Marc Lienhard, Christian Wolff</span>'''</p>   
[[Category:P]][[Category:Eglises et cultes]]
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[[Category:P]] [[Category:Eglises et cultes]]

Version du 22 octobre 2024 à 09:36

Dans les villes de Strasbourg, avec une communauté fondée par Calvin et qui existe jusqu’en 1563, Mulhouse, Sainte-Marie-aux-Mines et Bischwiller ainsi que dans la seigneurie de Cleebourg, des pasteurs réformés sont à l’œuvre. À Mulhouse, cela tient aux liens étroits établis avec Bâle (alliance de 1506) et les XIII cantons helvétiques (1515). En d’autres lieux comme Bischwiller, c’est l’arrivée de réfugiés réformés français ou lorrains (Phalsbourg et les villages welches) ou encore les orientations de certaines autorités politiques, comme celles du Palatinat, qui ont suscité des communautés réformées.

L’adhésion à la foi réformée s’exprime notamment par certaines confessions de foi, comme la première Confession de Bâle (1534), signée par Mulhouse, le catéchisme de Heidelberg et la Confession helvétique de 1566 à Bischwiller et dans la seigneurie de Cleebourg.

Pendant des siècles, les pasteurs réformés sont surtout d’origine suisse et / ou formés à Bâle et à Zurich.

La Réformation à Mulhouse

Comme à Strasbourg et à Bâle, certains clercs diffusent les idées luthériennes au début des années 1520. En juillet 1523, c’est le Magistrat de la ville qui prend les choses en main. En juillet 1523, il charge Prugner de prêcher à l’église paroissiale. En même temps, il publie un édit enjoignant aux prédicateurs de n’annoncer que le saint Évangile, librement et publiquement. Ils doivent se fonder sur « la vraie Écriture sainte, à savoir l’Ancien et le Nouveau Testament ».

Des avis sollicités par le Magistrat auprès des prédicateurs, ou que ceux-là avaient émis de leur propre initiative concernant en particulier le culte, les sacrements, les jours fériés, les écoles, le mariage et le divorce, s’inspirent le plus souvent des textes et pratiques de l’Église de Bâle.

Le Magistrat et les pasteurs

À la fin de l’année 1523, une Ordonnance disciplinaire est destinée à réprimer les déviations par rapport à le loi divine telles que l’abus du jeûne, l’inconduite, les jurons. Une partie du texte reprend un édit paru peu de temps auparavant, et non conservé, qui incitait les clercs à renvoyer leurs concubines ou à les épouser. Cela incite Prugner et d’autres prédicateurs évangéliques à se marier en bonne et due forme.

Un décret de 1537 reprend de manière plus concise les stipulations de 1523. Il s’adresse maintenant aux prédicateurs et diacres mis en place par le Magistrat et non plus à des plébans ou des clercs réguliers. Ce n’est plus le temps d’une dispute ouverte, mais d’un appel aux pasteurs pour rendre des comptes au Magistrat. Il n’est plus question d’adultère ou de concubinage. À l’instar de ce qui se faisait à Bâle, le Magistrat souhaite la mise en place de synodes réguliers pour débattre des affaires de l’Église. Mais les pasteurs de Mulhouse vont prendre position contre certaines stipulations ou orientations de l’Ordonnance synodale de Bâle.

Au cours d’un synode réuni à Bâle le 11 mai 1525, un examen de la vie et du ministère des pasteurs a eu lieu. Il était prévu également que les fidèles qui s’écartaient de la doctrine de l’Église ou qui scandalisaient la communauté par leur mode de vie pouvaient être punis par les plébans et les diacres. Les pasteurs devaient d’abord les exhorter et les mettre en garde fraternellement. S’ils persévéraient dans leur péché, ils devaient être excommuniés et exclus de la sainte cène. Ces dispositions irritèrent les bourgeois de la ville. Le Conseil de la ville a modifié alors l’Ordonnance concernant l’excommunication. Trois laïcs devaient être nommés pour surveiller, avec les pasteurs, les fidèles. En fait, les pasteurs ne devaient plus faire partie de cette instance, mais y être adjoints ponctuellement.

C’étaient ces dispositions qui irritèrent les pasteurs de Mulhouse qui, dans un mémoire du 25 décembre 1540, récusent le transfert de l’excommunication à l’autorité civile. Ils revendiquent le retour à l’excommunication par les pasteurs comme instrument de la discipline ecclésiastique. Les pasteurs et diacres critiquent aussi les limites fixées aux synodes, dont les délibérations devaient porter exclusivement sur des problèmes d’Église. À l’instar des prophètes et des apôtres, les pasteurs voulaient être libres de critiquer aussi les conseillers de la ville. Par ailleurs, ils voulaient aussi citer en chaire les noms des pécheurs. Mais ils n’eurent pas gain de cause !

Cela dit, un consistoire allait voir le jour à Mulhouse pour traiter de la vie ecclésiale, conformément à l’ecclésiologie réformée mise en place par Calvin à Genève et se composant à la fois de pasteurs et de laïcs.

Les pasteurs continuent à être nommés par les autorités civiles de la ville, mais les pasteurs en place ou des autorités extérieures peuvent faire des propositions. Au moment de leur engagement, les pasteurs doivent prêter serment. À Mulhouse, selon un texte de 1551, ils doivent promettre d’être toujours obéissants et bien disposés à l’égard du Magistrat de la ville, de promouvoir le bien des habitants, d’être zélés dans la prédication, dans l’administration des sacrements, dans la visite des malades, de s’en tenir à la confession de la ville, de ne pas introduire de nouveautés, d’annoncer l’Évangile avec douceur et sans colère ni invectives, et de mener une vie exemplaire.

Dans les directives qu’il adresse en 1557 aux pasteurs, le Conseil de Mulhouse souligne qu’il n’entend pas leur dicter ce qu’ils doivent enseigner pour susciter une vie chrétienne. Il ne veut pas non plus s’opposer à la stigmatisation des vices par les pasteurs, mais il critique un zèle malvenu de certains d’entre eux, enclins à prêcher avec colère, à calomnier et à condamner. Le même texte reproche aussi à certains prédicateurs soit de faire un éloge mal venu des défunts dont ils célèbrent les obsèques, soit de les condamner au lieu de laisser le jugement à Dieu.

Sainte-Marie-aux-Mines

La situation des paroisses de cette ville était différente de celle de Mulhouse. Pour l’essentiel, les membres étaient issus de Saxe ou de France, luthériens dans le premier cas et réformés dans l’autre. Les pasteurs étaient désignés par les comtes de Ribeaupierre. La paroisse réformée était menacée par les autorités impériales qui rappelaient que seul le luthéranisme était toléré par les traités en vigueur. Comme à Mulhouse et dans d’autres Églises réformées, le pasteur et les autorités civiles ne sont pas seuls à diriger la vie de l’Église, mais il y avait à Eschery et à Sainte-Marie deux consistoires. « C’étaient des corps autonomes qui administraient les dons volontaires des personnes pour l’entretien de l’église et l’école et [ils] étaient investis du droit d’administrer ou même d’exclure de la cène les fidèles négligents ou ayant enfreint la règle d’observer la sobriété et de s’abstenir du jeu et de la danse. Quand il y avait eu un scandale public, une réparation publique était exigée avant la réadmission dans la communauté. » (Strohl, p. 165)

Une ordonnance disciplinaire analogue à d’autres textes du même genre du XVIe siècle prévoyait de punir ceux qui fréquentaient irrégulièrement le culte, ne participaient pas à la cène ou se moquaient des cérémonies chrétiennes, sans oublier les vices traditionnellement dénoncés.

Bischwiller

Dans cette ville, il y avait, à côté d’une communauté luthérienne, deux communautés réformées, l’une d’expression française, l’autre d’expression allemande. À côté des pasteurs, des diacres sont à l’œuvre au XVIIe siècle, ainsi que des instituteurs et un administrateur (Kirchenschaffner). L’ordonnance ecclésiastique du duché de Deux-Ponts présente, dans son édition de 1721, les diverses institutions. Il y est question en particulier d’un inspecteur ou surintendant qui constitue, avec les conseillers laïcs, le consistoire. Celui-ci est chargé de la juridiction ecclésiastique, des visites (inspections), de la surveillance des écoles et de la censure des manuscrits destinés à être imprimés. Il doit encourager les pasteurs à accomplir consciencieusement leur devoir et veiller à ce que soient supprimés les abus dans la vie de l’Église. À sa demande, les pasteurs sont tenus de lui remettre les textes de leurs prédications et de prendre en compte ses observations. Il a aussi le droit de proposer des candidats pour les postes de pasteurs et d’instituteurs. En ce qui concerne la rémunération des pasteurs, le pasteur de la communauté réformée de langue allemande reçoit, vers 1710, 150 florins auxquels s’ajoutent diverses attributions en nature. Le pasteur de la communauté réformée de langue française reçoit, en 1755, 300 florins et bénéficie lui aussi d’avantages en nature.

En Alsace Bossue, les villages appelés welches ont été colonisés à partir de 1559 par un afflux de réfugiés huguenots lorrains, champenois et du nord de la France actuelle. Après la guerre de Trente Ans, l’arrivée progressive des immigrés suisses a aussi donné naissance aux paroisses de Cosswiller-Rosenwiller près de Dettwiller (1685) et les annexes de Daubensand et Klingenthal de la paroisse de Strasbourg-Wolfisheim.

À part les pasteurs recrutés en Suisse (souvent seuls capables d’être bilingues !), on fit aussi appel à Bischwiller et en Alsace Bossue à des Palatins formés à Heidelberg.

Bibliographie

CULLMANN (Friedrich Wilhelm), Geschichte von Bischweiler, Strasbourg, 1826.

DRION (Charles), Notice historique sur l’église réformée de Sainte-Marie-aux-Mines, Colmar, 1858.

MÜHLENBECK (Eugène), Une église calviniste au XVIe siècle, 1550-1581. Histoire de la communauté réformée de Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace), Paris, Strasbourg, 1881.

MEININGER (Ernest), Les Pasteurs de Mulhouse, Mulhouse, 1924.

ADAM (Johann), Evangelische Kirchengeschichte der Elsaessischen Territorien bis zur Französischen Revolution, Strasbourg, 1928.

MIEG (Philippe), La Réforme à Mulhouse, 1518-1538, Strasbourg, 1948.

STROHL (Henri), Le protestantisme en Alsace, Strasbourg, 1950, rééd. 2000.

LIVET (Georges), Histoire de Mulhouse des origines à nos jours, Strasbourg, 1972.

STAUFFER (Richard), « La confession de foi de Bâle et de Mulhouse »,Bulletin de la société de l’histoire du protestantisme français, 125 (1979), p. 265-287.

MAGDELAINE (Michelle), « La Confession de foi de la communauté française de Sainte-Marie-aux-Mines, Bulletin de la société de l’histoire du protestantisme français, 126 (1980), p. 327-346.

DENIS (Philippe), Les Églises d’étrangers en pays rhénan (1538-1564), Presses Universitaires de Liège, 1986.

SEHLING (Emil), WOLGAST (Eike), DÖNNER (Gerald), Die evangelischen Kirchenordnungen des XVI. Jahrhunderts, LXX, 2 : Elsass. Die Territorien und die Reichsstädte (außer Straßburg), Tübingen, 2013.

Notices connexes

Articles organiques du culte protestant

Calviniste ; Corps pastoral

Droit ecclésiastique protestant

Fabrique protestante

Inspection - Inspecteur ecclésiastique

Kirchenordnungen

Liturgie protestante

Oberkirchenpfleger ; Ordination

Paroisse ; Protestantisme ; Piétisme ; Paroisses et consistoires de Strasbourg ; Presbytère protestant (v. aussi : Baptême, Confession, Confirmation, Divorce, Ehe-Mariage)

Marc Lienhard, Christian Wolff