Nom

De DHIALSACE
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Name  

Le nom est le terme employé pour désigner une personne. Le nom d’une famille ou patronyme se transmet de père en fils de génération en génération et passe à tous les descendants de toutes les branches. Il est d’usage que les femmes mariées prennent le nom de leur mari. Tel est le principe généralement observé.  

Les Romains ont introduit dans la Gaule leur système qui distingue entre le nomen, nom de famille donné à toute la race, un cognomen différent, attribué à chaque branche, pour les distinguer entre elles, le praenomen propre à chaque individu, qui précède le nomen, et pour finir, l’agnamen, donné parfois en surnom (Ferrière, II, p. 265). L’esclave ne portait qu’un seul nom.  

Après la fin de l’Empire romain, ce système disparaît peu à peu sous l’influence prédominante et combinée des nouveaux maîtres germaniques du pays qui, eux, ne portent qu’un nom et du christianisme qui, lui aussi, se contente du nom au baptême.  

Formation du patronyme et particularités linguistiques

On peut dire que désormais ce nom de baptême sert à la fois de prénom et de nom. Avec le temps, même si une tradition s’établit parfois de transmettre le même nom de baptême dans une lignée, on constate que, pour distinguer entre eux des individus sans parenté entre eux, mais nommés identiquement, l’habitude s’impose d’y ajouter un surnom. Ce surnom est, dans l’ensemble, puisé dans quatre grandes catégories : le nom du père de cet individu, celui du métier qu’il exerce lui-même, celui de son lieu d’origine ou relatif à sa résidence et enfin emprunté à un trait de son caractère ou à une de ses particularités physiques. Ainsi ces surnoms deviennent progressivement héréditaires et sont à l’origine de la plupart des patronymes.  

Ce phénomène se manifeste en Alsace d’abord à partir du XIIIe siècle dans les villes, où il se généralise dès la fin du siècle suivant, à l’exemple de ce qu’on observe à Strasbourg dans les actes de l’Urkundenbuch, également à Sélestat, Colmar… À la campagne, il s’installe plus lentement et inégalement, de sorte qu’au XVIe, voire encore au XVIIe siècle, il est fréquent de rencontrer dans les documents des hommes désignés par des groupes de deux à quatre noms de baptême ou prénoms successifs, mis au génitif, sauf le dernier qui est alors à considérer comme leur véritable nom de baptême. Ainsi Hansen Clauss désigne Niclaus, fils de Hans (Mittelhausen, 1664), Luxen Veltins Lux se traduit Lux, fils de Veltin, fils de de Lux et Mathis Webers Jacob se lit Jacob, fils de Mathis Weber (Wingersheim, 1558). Si aucun de ces prénoms juxtaposés n’est mis au génitif, il est difficile de déterminer lequel sert de patronyme : on hésite pour le pêcheur strasbourgeois à comprendre Vix Diebolt ou Diebolt Vix quand il est nommé en 1558 dans les actes (AVES, KS 97 III/2, fol. 25 et 99 I, fol. 223).  

Les femmes sont, elles, désignées par leur seul nom de baptême, suivi des prénoms et nom de leur père ou de leur mari, même quand elles sont veuves. À partir du XVIe siècle, leur patronyme de naissance est parfois indiqué, surtout si elles appartiennent aux classes dirigeantes.  

Jusqu’au XVIIe siècle, tant dans les textes en latin que ceux en allemand, les noms de personne se déclinent comme les noms communs. En outre, les patronymes des femmes sont systématiquement féminisés dans les textes allemands par l’adjonction du suffixe in et ce jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, par exemple Schmittin, Rothin. Wolff peut être infléchi en Wölffin. Les noms se terminant par lin, comme Spenlin ou Wölfflin se féminisent soit en Spenlinin, Wölfflinin, soit en Spenlerin et Wölfflerin. Il en résulte que, ayant sous les yeux le féminin Ringlerin, on hésite à le rétablir en Ringel, Ringlin, Ringler ou Ringelé tant qu’on n’a pas trouvé l’équivalent masculin (voir : Femme, nom de la).  

Changements et altérations du nom

Comme les mots de la langue parlée, les noms de famille s’usent et peuvent se modifier avec le temps, à la campagne plus souvent qu’en ville, jusqu’au XVIIIe siècle, bien que l’ouverture généralisée des registres paroissiaux en Alsace a, en 1685, concouru à fixer ces noms. Cette usure se manifeste d’abord par une tendance à les raccourcir (Humann en Humm, Jungerlieb en Jung, dans le Kochersberg, Wilhelm en Willm à Heiligenstein, Etterbechtold en Bechtold à Marlenheim), ou à les altérer (Umbdenstock en Unterstock, à Guémar, Kuhschlaeger en Kirschleger, à Schiltigheim et Strasbourg). Le messager de Ribeauvillé, Peter Regisrada, cité en 1615, apparaît en 1616 sous le nom de Rada. À l’inverse, un prolongement du nom peut être dû à la tendance assez typique du dialecte d’appeler les gens par un diminutif qui rallonge le nom. Ainsi les nobles Boecklin sont une branche des Bock, les Weckel de Fessenheum-le-Bas sont d’anciens Wack, Bastian Rab de Truchtersheim est nommé Raeppel en 1766.  

On relève aussi des substitutions de patronymes par le nom du métier exercé par leur titulaire : pour le pasteur de Pfaffenhoffen au XVIe siècle, tous les bouchers, y compris les Stoskopf, sont systématiquement appelés Metzger dans son registre paroissial. Michel Olman, à La Wantzenau, est cité dans un acte de 1560 aux côtés de son père Veltin Claus, der Olman.  

Dans les régions traversées par la frontière linguistique romano-germanique (par exemple la vallée de la Bruche) et dans les localités germanophones où viennent habiter des immigrés de langue française ; leurs noms sont tantôt simplement traduits, tantôt déformés ou même adaptés au parler courant. Un cas typique est celui du Savoyard nommé de Ruat à son arrivée à Châtenois, dont le nom évolue en Duroy, puis en Koenig au XVIIe siècle. Inversement, on rencontre à Schirmeck des Fongond, anciens von Gunten venus de Suisse, à Scherwiller des Vonderscheer devenus de la Chaire. À Bourg-Bruche, les anabaptistes Gerber sont désignés sous les noms Carber, Kerbe, Karbre et même Cabaret.  

Sous l’Ancien Régime, toute personne qui désire changer officiellement de nom doit, en application d’une ordonnance de 1555, en obtenir la permission expresse du roi par des lettres de la Chancellerie (Ferrière, ibid., p. 264).  

Sous la Révolution et l’Empire

Avec l’introduction de l’état civil à partir de 1793, l’orthographe des noms se stabilise et toutes ces mutations et ces changements disparaissent. Les quelques variantes d’un nom qui peuvent se constater par la suite sont le plus souvent du fait de l’officier de l’état civil d’une mairie. S’il y a lieu, la rectification d’un nom peut être accordée par le procureur de la République, sur la base de pièces justificatives. Un changement relève de la compétence de la Chancellerie du Ministère de la Justice. Si la demande aboutit, le résultat en est publié dans le Bulletin des lois. C’est l’officier de l’état civil qui attribue, jusqu’en plein XIXe siècle, un patronyme de son cru à un enfant trouvé après son abandon et présenté à la mairie.  

Le décret impérial du 20 juillet 1808, suivi de la circulaire d’application du 8 septembre 1808, prescrit aux israélites de France de choisir un prénom et un patronyme pour eux, leur femme et leurs enfants, à l’image des autres citoyens. La plupart d’entre eux qui n’avaient pas auparavant de nom de famille héréditaire ont alors changé complètement d’état civil, par rapport à celui qui les désigne dans les actes de 1793 à 1808. Les registres de prise de nom des juifs ont été dès lors tenus en double exemplaire dans les mairies.  

Avant 1808, chaque individu de confession israélite portait généralement un prénom suivi de celui de son père décédé ou de l’aïeul, selon l’usage prévalant dans le judaïsme septentrional (Ashkénaze), avec la particularité fréquente qu’un équivalent judéo-alsacien remplaçait dans la vie courante le nom hébraïque. Par exemple, Nephtali fils d’Aser était connu comme Hirsch (ou variantes), un cervidé étant traditionnellement l’emblème de la tribu de Nephtali (Genèse 9, 21), Loew, le lion étant celui de la tribu de Juda (Genèse 49, 9). Les filles portaient le plus souvent un prénom judéo-alsacien, tel Reisel pour Rose.  

Bibliographie

HALPHEN (Achille  Edmond), Recueil des lois, décrets… concernant les israélites depuis la Révolution de 1789, Paris, 1851, p. 48 et 50.  

GINSBURGER (Moses), « Die Namen der Juden im Elsass », Elsassland, t. 4, 1924, p. 237-242.  

DAUZAT (Albert), Les noms de personnes, origine et évolution, Paris, 1925, plusieurs fois réédité.  

MENDEL (Pierre), «  Les noms des juifs français modernes », Revue des études juives, 1949-1950, p. 15-65.  

BAHLOW (Hans), Deutsches Namenlexikon. Familien- und Vornamen nach Ursprung und Sinn erklärt, 2e éd., Bayreuth, 1980, p. 14-24.  

MORLET (Marie-Thérèse), Dictionnaire étymologique des noms de famille, Paris, 1991, p. 7-12.  

MULLER (Véronique), WOLFF (Christian), Les particularités de la généalogie en Alsace, Cercle généalogique d’Alsace, Strasbourg, 2017, p. 24-32.  

Notices connexes

Baptême  

Baptême (jeton de)  

Baptême (registres de)  

Famille (nomination)  

Femme (nom de la femme)  

Mutter (nom de la femme)  

Prénom

Christian Wolff