Méteil

De DHIALSACE
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Mélange de grains (froment, seigle, orge, épeautre, avoine) qui sont semés et récoltés ensemble, bousculant parfois la répartition entre céréales d’hiver et céréales de printemps et la théorique homogénéité des sols. Le mélange, parfois réalisé de façon empirique, se fait dans des proportions variables mais, le plus souvent, avec une dominante froment dans un rapport de 2/3 pour le blé et 1/3 pour les autres grains : certains textes distinguent, par exemple, le Weizenmahlkorn du Dinkelmahlkorn et la boige du Sundgau et du pays de Belfort accorde une place privilégiée à l’avoine. Les termes de Mahlkorn, de Mühlkorn ou de Mühlenmolzter proviendraient du fait qu’un tel mélange servait à acquitter le droit de mouture et les canons exigés du meunier, ce qui, par extension aurait donné son nom à la farine qu’on en tirait.

Le méteil présente en définitive deux avantages :  

  • agronomique : le méteil couvre mieux le sol que le froment, en le préservant plus efficacement de la prolifération des mauvaises herbes, en partie du fait de sa composante seigle (paille résistante qui, en servant d’appui, le rend moins sensible à la verse, croissance rapide et maturation précoce qui entravent autant la rouille que l’échaudage estival) ; il offre par ailleurs une meilleure résistance aux accidents climatiques : si l’une de ses composantes dépérit, l’autre a toutes le chances de réussir ;
  • socio-économique : celui de fournir un pain moins cher. Les mercuriales le placent généralement, dans la liste des prix, entre le froment et le seigle : c’est que, donnant un pain moins lourd que l’orge et moins cher que le froment, il joue un rôle capital dans l’alimentation populaire d’autant plus que, le seigle venant à maturité deux ou trois semaines avant le blé, on le moissonne en général avant que ce dernier soit entièrement mûr. Voilà qui ne manque pas d’intérêt au moment où les greniers sont vides (problème de la « soudure ») et la moisson peut être étalée sur une période plus longue dès lors que le calendrier agricole est exceptionnellement chargé.

Pour toutes ces raisons, le méteil occupe entre le cinquième et le quart des surfaces consacrées aux céréales dans les collines du Sundgau et du Vignoble sans pour autant bouder les finages de la plaine, avec parfois un avantage accordé à l’orge. Voici ce qu’écrit à ce sujet en 1810 le maire de Fessenheim-le-Bas, porte-parole du canton de Truchtersheim, au préfet du Bas-Rhin : «  Il est de coutume dans ce canton, et cela se pratique partout, qu’on prend 2/3 d’orge et 1/3 de froment pour faire le pain de ménage. » (ADBR 11 M 36).  

Bibliographie

BNUS Ms 630, «  Kurze, doch wahrhafte und gründliche Beschreibung deren Früchten und Getreidt … welche absonderlich in der Provintz Elsass gebauen werden …von Christian Haenlé, der Stadt Strassburg Kornmeister », 1747, p. 226-228.  

BOEHLER, Paysannerie (1994), t. I, p. 722.   LACHIVER, Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, 1, p. 1127-1128.  

Notices connexes

Ma(h)lfrucht  

Ma(h)lkorn  

Manzelkorn  

Mengkorn  

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Mischelkorn  

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Miltzer  

Molter  

Moltzer  

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Jean-Michel Boehler