Heimburg

De DHIALSACE
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Heimburger, Heymburg, Tribuqus.

Au fil des siècles, le mot a passé de la terminologie colongère au vocabulaire communal. Le Heimburger était aux XIIIe-XIVe siècles (Dinghof de Marlenheim, colonge du couvent de Hohenburg à Rosheim) un employé colonger, aux attributions mal définies, désigné par le Meyer. Par la suite, en tant que membre du Conseil des échevins (Gericht) qui administre la communauté d’habitants, il voit ses fonctions se préciser. Au départ, elles étaient très variées (police villageoise, jugement de délits mineurs, contrôle des prix et des unités de mesure). Au XVIIIe siècle, le Heimburger, terme dont la déformation, dans les textes français, en « embourg », « heimbourg », « hombourg » ou « hautmaire » (AMS VI, 53/1 et 5) relève souvent d’une transcription déficiente des chartes médiévales, exerce des charges de collecteur ou de percepteur : il supervise l’établissement et la levée des impositions, en particulier des deniers royaux dont il établit le rôle ; responsable des comptes communaux, il est aussi le receveur des deniers patrimoniaux. La plupart des communautés ont un Heimburger unique à la fin du XVIIIe siècle ; celles qui en ont deux (Illfurth jusqu’en 1772), trois ou quatre (Ueberstrass jusqu’en 1775) dérogent à la règle du droit commun. D’après le premier statut municipal de Strasbourg, ils sont trois au XIIe siècle et s’occupent de l’organisation judiciaire et administrative de la Ville, sans plus de précision. Il apparaît parfois sous la dénomination de « Bürgermeister », de « Gewerfer » ou d’« Anwalt » (dans le nord de l’Alsace) et doit rendre des comptes soit au Schultheiss, soit, le cas échéant, au Reichsschultheiss impérial, lui-même qualifié occasionnellement d’« Oberheimburger » (Dorfordnung de Blienschwiller, 1468). Lorsque le Heimburger est mentionné aux côtés du Bürgermeister, on peut supposer que les attributions de l’un et de l’autre sont davantage spécialisées : au premier, les impôts et les comptes communaux, au second la voirie communale et les affaires courantes. Il est élu par la communauté villageoise et son mandat est limité à un an pour éviter les tentations de favoritisme ou de malversation. Les exceptions ne sont cependant pas rares : à Sainte-Croix, en 1774, il est permanent ; à Rouffach, en 1773, et à Traubach-le-Haut, en 1775, il est en fonction durant trois ans et à Hattstatt, en 1787, il est renouvelé tous les deux ans. À Strasbourg, au XIIe siècle, les trois Heimburger sont nommés par le Schultheiss.

Il occupe un poste à haute responsabilité, pas très prisé compte tenu des ennuis ou désagréments qu’il comporte, mais néanmoins fréquemment générateur d’envie, encore qu’il soit peu rémunéré. En principe la charge est gratuite, parce que relevant du service public et du devoir civique auquel nul ne saurait se soustraire ; souvent on concède au Heimburger quelques dizaines de livres tournois par an, si ces émoluments ne sont pas mis en adjudication au rabais… Mais la fonction procure une certaine considération sociale. Encore qu’il importe de ne pas le confondre avec le Schultheiss, le Heimburger apparaît parfois comme le véritable maître de l’administration communale. Le premier est un agent de l’autorité seigneuriale ; le second, parfait connaisseur des réalités locales et homme-clé de la communauté villageoise, fait fonction de « maire », dans la mesure où il finit par avoir la haute main sur l’administration en faisant appliquer la réglementation en usage.

Bibliographie

DE BOUG, Ordonnances d’Alsace, « Arrêt du Conseil d’Etat portant règlement pour la réddition et l’audition des comptes … des communautés de la Province d’Alsace » t. II, p. 768 (24 octobre 1767).

Procès verbaux de l’Assemblée provinciale d’Alsace, p. 54-56 (rapport de Schwendt du 21 novembre 1787).

HANAUER, Constitutions, p. 257-262.

Id., Paysans d’Alsace, p. 107.

HOFFMANN, t. II, p. 437-442.

BOEHLER, t. II, p. 1231 et 1261.

BISCHOFF (Georges), BOEHLER (Jean-Michel), « Un village à la fin du Moyen Âge et au début des temps modernes. La Dorfordnung de Blienschwiller », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach-Barr-Obernai, 37, 2003, p. 13-33.

BISCHOFF (Georges), La Guerre des Paysans. L’Alsace et la révolution du Bundschuh 1493-1525, Strasbourg, 2010, p. 305-309.

Notices connexes

Anwalt

Bürgermeister

Colonge

Communauté rurale

Dorfgericht

Échevin

Gewerfer

Schultheiss 

Jean-Michel Boehler