Hebammenschule

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École des sages-femmes.

École de sages-femmes ou École d’accouchement intégrée au Service de la Maternité de l’Hôpital des Bourgeois à Strasbourg dès 1728.

Cette Institution destinée à la formation des sages-femmes fut fondée par l’Ordonnance du Conseil des XV en date du 13 mars 1728 qui constitue l’Acte fondateur de l’École de sages-femmes de Strasbourg et dont Jean-Jacques Fried est le Maître, Hebammenmeister.

Les méthodes pédagogiques apportées par Fried sont des plus modernes : donner un enseignement clinique et pratique aux sages-femmes et à leurs élèves (Lehrtöchter) ainsi qu’aux étudiants en médecine. De nombreuses écoles de sages-femmes sont créées sur ce modèle. « Der Stadt Strassburg gebührt die Ehre, unter den Städten teutscher Zunge die erste gewesen zu sein, welchen in ihren Mauern eine dem geburtshülflichen Unterrichte gewidmete Anstalt gegründet hatte » (Von Siebold, p. 414).

La renommée de l’école de sages-femmes de Strasbourg gagne toute l’Europe mais son influence s’étendait bien plus loin. Ainsi en 1754, sur l’ordre de l’Impératrice Petrowna, furent fondées à Moscou et à Saint-Peterbourg des écoles semblables à celles de Fried.

En 1734, le Magistrat de la Ville de Strasbourg fit établir dans les salles de l’Hôpital des Bourgeois, une véritable école destinée aux sages-femmes et aux étudiants en médecine. Jean-Jacques Fried est reconduit dans la fonction qu’il occupe depuis 1728.

Malgré le nombre important de sages-femmes formées par l’école de Fried, ces dernières ne répondent pas aux besoins de la province. Seule la ville de Strasbourg peut s’enorgueillir de disposer de sages-femmes compétences, autorisées officiellement à exercer en ville et à former des élèves. L’École de sages-femmes de l’Hôpital forme des sages-femmes protestantes de la ville et de ses bailliages ruraux alors qu’ailleurs les villages restent pourvus de sages-femmes peu expérimentées souvent élues sous l’autorité du curé.

L’Intendant de la Province, Antoine Martin de Chaumont de la Galaizière (1779-1789) déplore l’impéritie des sages-femmes des campagnes. Dès 1779, il fait installer à l’Hôpital Militaire, seul hôpital qui relevait de l’autorité royale, une école de sages-femmes ainsi qu’un service de maternité. Dans les campagnes, les curés étaient chargés de proposer des candidates à cette formation choisies parmi les femmes de leurs paroisses. Elles étaient logées et nourries aux frais de l’administration et les cours étaient gratuits. L’instruction durait trois mois. Jean Silberling (1724-1797) en était le directeur, assisté de son adjoint, Joseph Jacquerez.

Le nombre peu important de parturientes dans cette maternité, service nouvellement créé, ne permettait d’assurer que des cours théoriques, les démonstrations pratiques se faisant sur des mannequins. Dérives et dérapages se font jour rapidement. Les parturientes sont accouchées gratuitement mais les examens obstétricaux – Touchierübungen – sont rémunérés. La discipline qui règne dans cette maternité est toute relative et contestable. Des conflits avec les médecins de la ville surgissent, si bien que devant tant de difficultés et faute d’objectif atteint, cette école fusionnera avec celle de l’Hôpital des Bourgeois, le 15 floréal an IV (4 mai 1796).

À l’Hôpital des Bourgeois, reconstruit en 1724 après l’incendie de 1716, deux salles de trente lits étaient affectées aux femmes enceintes et accouchées. En 1783, sous la direction du Hebammenmeister Georges Adolphe Ostertag (1742-1794), la maternité-école est agrandie. Elle occupera désormais toute la largeur du bâtiment principal avec :

  • une grande salle avec 25 lits pour les femmes enceintes et les accouchées ;
  • une petite salle de 8 lits pour les « Convalescentes » ;
  • une chambre spacieuse pour 4 post-opératoires ou isolement pour fièvre contagieuse ;
  • une salle de cours « Conferenzzimmer » où se réunissent les élèves en attendant de passer la visite avec le Maître, tous les jours de 11 heures à midi et de suivre deux fois par semaine le cours sur les examens obstétricaux, « Touchierkurs » ;
  • une salle d’accouchement avec deux lits d’accouchement.

La loi du 19 Ventôse de l’an XI (10 mars 1803), réglemente tout ce qui est du domaine médical ou qui fait partie de la pratique des accouchements. L’enseignement devient alors obligatoire pour toutes les sages-femmes, partout en France. Chaque département doit dorénavant installer une école pour sages-femmes.

L’École de sages-femmes de Strasbourg gérée par la Municipalité deviendra en 1814 École départementale d’accouchement du Bas-Rhin. Elle deviendra École Hospitalière dès le 1er octobre 1971 et sera rattachée à la Faculté de Médecine (Reg. des Délibérations de la Commission Administrative ; séance du 28 juin 1971, N°4). Colmar disposera de son école pour les sages-femmes dès 1804. Troisième école de France après Strasbourg et Paris, elle a été fondée par la loi du 19 Ventôse de l’an XI. Les premiers cours commencent le 1er pluviôse de l’an XIII (21 janvier 1805).

Bibliographie

AMS, 1MR 34, n°51 (1728) ; Ordnung der Hebammenmeister : AMS 1MR 34 n°61 (1728), 1MR 36, n°13 (1757).

SIEBOLD (Édouard Caspar Jacob von -), Versuch einer Geschichte der Geburtshülfe, Zweiter Band, Berlin, 1845.

FREUND (Hermann), Die Geschichte der Strassburger Hebammen Schule, Strassburg, 1912.

HAVE (Paul), Sages-femmes et École d’accouchement à Colmar, Colmar, 1934.

LEFFTZ (Jean-Pierre), L’art des accouchements à Strasbourg de la Renaissance au Siècle des Lumières, Strasbourg, 1985.

VETTER (Théodore), « Fried Jean-Jacques », Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne, 1988, p. 1042-43.

HAEFELÉ (Marie-Madeleine), « L’école de sages-femmes : vers la tutelle universitaire », HERAN (Jacques) (Dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, 2e éd., Strasbourg, 1997, p. 276-278.

Notices connexes

Hebamme

Hebammenstuhl

Élisabeth Guckert