Frühmesse

De DHIALSACE
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Primissairie, primissaria

Prébende dont le titulaire doit dire une messe à l’aurore (in ortu diei) pour les gens qui travaillent ou pour les pèlerins qui partent tôt. En 1299, une primissairie est fondée par les enfants de feu Wolfhard, schultheiß de Saverne, sur l’autel de la Vierge en l’église paroissiale de la ville, à l’usage des paysans (circa rem rusticam occupati, AEA 2, 1948, p. 149-150 d’après ABR G 6581). En 1480, le précepteur des Antonins d’Issenheim fonde une messe de l’aurore pour éviter qu’à l’avenir les pèlerins qui ont passé la nuit au couvent quittent Issenheim au lever du jour sans avoir entendu la messe (AHR 36H 4,4). Selon les stipulations de la fondation, le primissaire devait dire cette messe le dimanche ou tous les jours ou à des jours précisés. Ainsi, à Molsheim, un des deux primissaires ne pourra être dispensé de résidence et devra dire quatre messes par semaine, trois à Molsheim, avant l’ouverture des portes, et la quatrième au Dompeter. Les deux primissaires du lieu devront s’entendre de façon à assurer tous les jours cette messe matinale (ABR G 6579). En général, les primissaires devaient, en outre, aider le curé du lieu et chanter l’office (matines, vêpres, complies) avec lui le dimanche et les jours de fête (Pfleger, p. 208). La fondation d’une primissairie permet aussi de pallier l’absence d’une église paroissiale dans un village. C’est ainsi qu’en 1293, l’abbé de Neuwiller fonde une primissairie dans la chapelle de Zutzendorf, car l’église paroissiale de Betbur est trop loin du village. Dans certains villages non paroissiaux, le primissaire, parfois aussi appelé primissier, est le seul prêtre sur place. La plus ancienne primissairie – même si elle n’en porte pas encore le nom – apparaît en Alsace en 1199. À cette date, l’avoué de Honau y fonde une prébende. Le prébendier devra dire une messe tous les jours ouvrables, quand on aura sonné la cloche pour la première fois de la journée, donc tôt le matin (post primam campanam ter pulsatam : littéralement quand on aura sonné trois fois la première cloche, UBS I, p. 112 no 137). Les primissairies sont citées régulièrement dans les archives alsaciennes à partir des années 1280. Sur un ensemble d’environ 1 000 paroisses alsaciennes, plus de 270 primissairies ont pu être recensées du XIIIe siècle jusqu’au milieu du XVIIe. On en compte une dizaine pour la fin du XIIIe siècle. Environ 90 nouvelles primissairies sont attestées pour le XIVe, plus de 150 pour le XVe, une vingtaine pour le XVIe et 2 pour le XVIIe siècle. Dans certaines localités, voire dans certaines églises, il pouvait y en avoir plusieurs. C’est ainsi que Masevaux en compte trois : une à l’abbaye, une à l’église et une à l’hôpital. Il y en a aussi trois à Saverne : une à la Schlosskirche et deux à l’église paroissiale. Le cas le plus singulier est sans doute la primissairie du château de Sarrewerden (avant 1485 : AMS KS 5, f. 145).

Comme à Strasbourg et à Molsheim, les primissairies ont souvent été fondées par le Magistrat ou la communauté du lieu, parfois aussi par le curé, comme à Oberhoffen, où le vicaire perpétuel en fonde une en 1320, ou à Mackenheim, où le recteur Mendewin fait de même en 1310, au moment où il y résigne le rectorat. Elles peuvent également l’avoir été par de simples particuliers : ainsi, Ludwig Volde et ses deux soeurs ont fondé celle de Seltz en 1336 (ABR G 6492, 51v ; 12J 194) ; celle de Sainte-Aurélie à Strasbourg l’a été en 1325, grâce à un legs de Hartlieb Bapst, de Benfeld. Nul doute qu’à la longue, des abus se sont également introduits dans le fonctionnement de ces petites prébendes ; Diebold Bur, doyen de la collégiale de Haslach, primissaire à Kolbsheim de 1505 à 1512, y disait-il effectivement la première messe ? Ludwig Meler, également chanoine à Haslach, a-t-il célébré de bon matin à Heiligenberg entre 1518 et 1534 ? Primissaire à Altenheim depuis 1502, Johannes Monschein, chanoine à Saint-Thomas, arrente tout bonnement son bénéfice à Andreas Carpentarius pour trois ans en 1509, comme son homonyme l’avait déjà fait en 1449 pour celui de Dieffenbach (AMS KS 9 f. 42). Quand, par suite de l’inflation, les revenus du curé devenaient insuffisants, on incorporait les revenus de la primissairie à ceux du plébanat ou du rectorat, comme à Lupstein en 1551 (ABR 12J 384). À Molsheim, en 1554, les revenus étant trop modiques, les deux primissairies furent réunies par l’évêque Erasme, à condition que des revenus des deux primissairies fussent entretenus le primissaire et le maître d’école (ABR G 2682, 143). Il va de soi que, dans les paroisses passées à la Réforme, les bénéfices ont disparu et les revenus ont servi à d’autres fins. À Hatten, le maître d’école en poste en 1623 jouit depuis 48 ans du Frühmesserguth (ABR E 1779). Ultérieurement, notamment après la guerre de Trente Ans, les postes ne furent plus pourvus du fait de la pénurie de prêtres et de l’insuffisance des revenus.

Bibliographie

GRANDIDIER (Philippe André), Essais historiques et topographiques sur l’église cathédrale de Strasbourg, Strasbourg, 1782.

PFLEGER (Lucien), Die elsässiche Pfarrei : Ihre Entstehung und Entwicklung. Ein Beitrag zur kirchlichen Rechts- und Kulturgeschichte..., Strassburg, 1936.

Notices connexes

Chapelain

Chapellenie

Fondation

Élisabeth Clémentz, Louis Schlaefli