Feu

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Foyer, Herdstätte

Utilisés à l’origine à des fins fiscales (v. Dénombrement), les mots de « feu » ou de « feu allumant » désignent la plus petite unité économique des sociétés traditionnelles, à savoir la famille, nucléaire ou élargie, vivant autour d’un même foyer. On admet que le « feu » compte en moyenne entre 4 et 6 personnes. L’intendant de La Grange proposait en 1697 le coefficient de 5 (ABR 13J 19) qui sera repris, au milieu du XVIIIe siècle, par Jean-Daniel Schoepflin, puis, à la veille de la Révolution, par Philippe Horrer. Depuis les travaux de Wiebach, les historiens démographes, à l’affût de ce genre d’information, ont pris l’habitude d’adopter, en Alsace, le coefficient de 4,6, postulat qui ne repose cependant que sur un échantillon limité à une vingtaine de communautés de Basse-Alsace à une date précise, d’une représentativité contestable (1794), mais qui permettait la péréquation entre « feux » et nombre d’habitants grâce aux sources révolutionnaires (AN F16 972, Comité de mendicité, 1790) applicables aux données des dénombrements. Mais l’erreur consisterait à vouloir affecter, par extrapolation, un coefficient standard, qui serait considéré comme unique et invariable, à une réalité évoluant dans le temps et dans l’espace. En effet, le nombre de personnes par « feu » ne cesse d’augmenter entre la fin du Moyen Âge et la Révolution pour des raisons d’ordre démographique. Par ailleurs, dans les communautés rurales de la plaine d’Alsace, contrairement à celles du vignoble, des vallées vosgiennes et de la ville, la nombreuse domesticité est susceptible de gonfler la composition du « feu ». Il en va de même, à l’intérieur des villages, où les « feux » de laboureurs, incluant les domestiques qui vivent « à feu et à pot » avec leurs maîtres, pèsent plus lourd que ceux des manouvriers, parfois appelés « pionniers » ou « brassiers ».

Bibliographie

BNUS, Ms. 1451, État de dénombrement des villes et communautés d’Alsace, 1760, p. 1-61.

SCHOEPFLIN, Als. illustr. (1751-1761), t. II, p. 734, 747.

HORRER, Dictionnaire géographique (1787), t. I, p. 30. WIEBACH (Ernest), Beiträge zur Kenntnis der Volksdichtänderung im Unterelsass von 1723 bis 1910, Tübingen, 1910, p. 22.

HIMLY (François Jacques), « Les conséquences de la guerre de Trente Ans dans les campagnes alsaciennes », Deux siècles d’Alsace française, 1648-1848, Strasbourg-Paris, 1948, p. 15-50.

JUILLARD (Étienne), « Pour une étude démographique de l’Alsace au XIXe siècle », L’Alsace contemporaine, Strasbourg, 1950, p. 208, note 4.

JUILLARD (Étienne), La vie rurale dans la plaine de Basse-Alsace. Essai de géographie sociale, Paris, 1953, p. 59.

SPISSER (Marcel), Statistique démographique du Bas-Rhin de la fin du Moyen Âge à 1723, mémoire de DES dactyl., Strasbourg, 1963.

WERNER (Paul), Recherches sur la démographie de la Basse-Alsace au XVIIIe siècle, mémoire de DES dactyl., 2 tomes, Strasbourg, 1966.

KINTZ (Jean-Pierre), Paroisses et communes de France. Bas‑Rhin, Paris, 1977.

KINTZ (Jean-Pierre), Paroisses et communes de France. Haut-Rhin et Territoire de Belfort, Paris, 1994.

BOEHLER,Paysannerie (1994), t. I, p. 16-17, 262-263.

 

Notices connexes

Dénombrement (de la population)

Dénombrement (du fief)

Recensement

Jean-Michel Boehler