Faisanderie

De DHIALSACE
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Fasanengarten, Tiergarten

Réserve de chasse pour la pratique exclusive de la chasse ou terrain d’élevage, généralement clos, destiné à repeupler en gibier les domaines de chasse.

Au XVIIIe siècle, les faisanderies constituent le joyau des territoires de chasse de quelques grands seigneurs alsaciens. Aux portes de Saverne, les cardinaux de Rohan, grands amateurs de plaisirs cynégétiques, créent et entretiennent un immense parc appelé faisanderie. Face au château, dans le prolongement du canal, Louis de Rohan fait construire une véritable réserve de chasse. Il annexe à ses jardins la métairie, les terres et les prés du hameau de Zornhoffen. En 1765, la faisanderie occupe 308 arpents, dont 280 arpents de bois (ABR G 2023). La faisanderie des Rohan est aménagée pour les différents types de chasse et, en particulier, la plus noble, la chasse à courre. Le cardinal de Rohan y établit un haras et une maison de chasse où il entretient des meutes de chiens courants et de lévriers. La forêt de Monzau, entourée d’un mur, est traversée par des allées aboutissant à des ronds-points qui permettent de voir passer le gibier poursuivi par les chiens. Chaque allée porte le nom des plus grandes familles aristocratiques de France : l’allée de Conti, l’allée de Rohan, l’allée de La Trémoille, l’allée d’Estrée. Elles aboutissent à une longue avenue, bordée d’une double rangée de marronniers. Deux étangs pour le gibier d’eau ponctuent cette succession de bosquets. Les cardinaux peuplent le parc de nombreuses espèces. Ils importent des faisans d’Allemagne et décident d’y introduire des daims et des cerfs pour les livrer à leurs plaisirs cynégétiques. La faisanderie permet aussi d’élever des animaux qui sont ensuite relâchés sur les terres épiscopales. Ainsi, un règlement de 1723 précise que des biches nées à la faisanderie ont été libérées dans les forêts de l’évêché (ABR G 946).

À côté de la faisanderie épiscopale de Saverne, celle du prince de Hesse-Darmstadt, comte de Hanau-Lichtenberg, à Bouxwiller, paraît bien modeste. Pourtant, elle figure parmi les plus importantes d’Alsace. Elle ne semble être destinée qu’au gibier à plume. Tout au long du XVIIIe siècle, des travaux fort coûteux sont engagés pour l’agrandir et la développer. En 1728, elle est entourée d’un long mur pour empêcher les intrus, des prédateurs de toute espèce, mais aussi pour éviter la fuite du gibier élevé avec attention (ABR E 1425). Le terrain est aménagé pour recréer un « cadre naturel » avec des arbres et des rochers. Des pruniers sont plantés dans l’enceinte vers 1740. Une auge de pierre est placée dans la faisanderie, alimentée par une pompe à eau. Il s’agit d’un vaste terrain que le propriétaire souhaite sans cesse aménager et étendre. De continuels travaux sont entrepris pour son entretien. Les portes et les murs d’enceinte sont reconstruits entre 1753 et 1772 (ABR E 1430). Une maisonnette abrite les jeunes faisans. La faisanderie princière dispose de deux couvoirs pour les poules faisanes. Un espace plus restreint, entouré de planches, est aussi prévu pour les oiseaux durant l’hiver. En outre, on y trouve un poulailler pour les dindes et une maison qui subit régulièrement des réparations (ABR E 1429-1431). De 1766 à 1781, le prince de Hesse-Darmstadt procède à l’acquisition de plusieurs parcelles boisées pour l’agrandissement de sa faisanderie (ABR E 1421-1422).

Malgré toutes les précautions, les faisanderies seigneuriales subissent souvent des vols, des dégradations et surtout des intrusions. Ces terrains très giboyeux ne peuvent qu’attirer les personnes mal intentionnées. Les braconniers tentent de s’y introduire pour y prélever un gibier captif. La faisanderie de Saverne est peuplée de lièvres et de perdrix qui attirent les braconniers au grand dam du cardinal, comme le souligne son secrétaire en avril 1723 : « Il serait bien douloureux à M. le cardinal de voir détruire tout ce gibier qu’il a fait élever sous ses yeux. » Alerté par la multiplication des délits, le cardinal de Rohan prend un nouveau décret, le 22 avril 1727, contre le braconnage. Il donne l’ordre aux habitants des villages de Waldolwisheim, Steinbourg, Monswiller, Zornhoffen et Otterswiller qui avoisinent la faisanderie, de mieux surveiller leurs enfants et leurs domestiques. En effet, en cette période printanière, les gardes-chasse ont surpris plusieurs jeunes en train de ramasser des oeufs de faisans et de capturer de jeunes oiseaux dans la faisanderie et dans la forêt voisine. Tout contrevenant sera désormais puni d’une amende de 15 florins (ABR G 946). De même, de nombreux délits sont commis dans la faisanderie de Bouxwiller entre 1760 et 1762 (ABR E 1428), ainsi qu’à la fin de l’Ancien Régime où les vols et des dégradations se multiplient de 1778 à 1789 (ABR E 1431).

 

Bibliographie

JÉHIN (Philippe), TITEUX (Gilbert), Livre d’or de la chasse en Alsace, Strasbourg, 2008.

 

Notices connexes

Chasse

Garde

Loisirs (Jeux, sport, fêtes, divertissement)

Philippe Jéhin