Einlager

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Geiselschaftleistung, obstagium

Ces noms désignent une pratique répandue dès le XIIe siècle (AD I 247 n° 298), mais surtout aux XIIIe et XIVe siècles : lorsque quelqu’un prend des engagements contractuels, on peut lui demander des garants (bürgen) qui, s’il ne fait pas ce qu’il a promis de faire, devront se rendre dans une localité nommée (ou l’une de plusieurs au choix), et y rester à leurs frais dans une auberge – ce qu’on appelle leisten – comme otages (g(e)isel), jusqu’à ce que les engagements en question soient remplis. Celui pour qui ils sont otages est tenu de leur rembourser tous leurs frais, ce qui peut vite devenir ruineux pour lui – le but étant de l’obliger de cette manière à faire rapidement ce qu’il a promis.

Avec le temps, les règles de l’Einlager sont précisées : il appartient au bénéficiaire de l’engagement de sommer (manen) les garants de se rendre dans une auberge dans un délai qu’il leur fixe, souvent avec un valet et un ou plusieurs chevaux « qui ne doivent pas servir à l’aubergiste ». Les garants de haut lignage ont en général la possibilité de se faire remplacer, mais il faut que ce soit par un noble, voire plusieurs. En allemand, Geiselmahl a pris le sens de bombance, ce qui montre que les otages profitaient volontiers de ce que tous leurs frais étaient payés par le débiteur pour mener grande vie.

À de très rares exceptions près, les lieux dans lesquels des garants sont susceptibles d’être otages sont des villes entourées d’une enceinte de pierre. Cela tient sans doute au fait que les garants sont le plus souvent des nobles qui, chroniquement engagés dans des guerres privées, auraient jugé trop risqué de séjourner dans une localité ouverte. De ce fait, la mention d’un Einlager à tenir dans tel ou tel lieu est un excellent indice de l’existence de son enceinte, à condition de ne pas s’y fier aveuglément. La pratique de l’Einlager est interdite par la Reichspolizeiordnung de 1577 ; en Alsace, elle semble tombée en désuétude dès le XVe siècle.

Bibliographie

WERMINGHOFF (Albert), « Zur Rechtsgeschichte des Einlagers in Südwestdeutschland », ZGO 52, 1898, p. 67-78.

SCHULER (Peter Johannes), « Einlager », Lexikon des Mittelalters, c. 1743.

Notice connexe

Geisel

Leistung

Bernhard Metz