Gendarmerie

De DHIALSACE
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Le terme de gendarmerie vient de « gens d’armes » ou « d’homme d’armes » qui désigne la cavalerie lourde à la fin du Moyen Âge et au début de l’Époque moderne. Avant la Révolution, le contrôle des troupes et le service d’ordre dans les campagnes sont assurés par la maréchaussée, ancêtre de la gendarmerie.

La loi du 16 février 1791 retire à l’ancienne maréchaussée son titre de troupe spéciale des maréchaux pour lui conférer l’appellation de Gendarmerie nationale. L’institution est maintenue sous la Révolution pour des raisons conjoncturelles et par souci d’efficacité. La gendarmerie est intégrée à l’armée car l’Assemblée nationale estime qu’il faut la soustraire aux autorités municipales et aux luttes politiques locales. Ce rattachement permet de suppléer les municipalités défaillantes et d’établir une force de maintien de l’ordre distincte de la garde nationale. La justice prévôtale est abolie dans le cadre de la clarification des instances judiciaires du pays.

La gendarmerie nationale épouse le nouveau découpage départemental, mais conserve les structures et les missions de la défunte maréchaussée. Elle est placée sous les ordres d’un lieutenant-colonel qui commande deux compagnies. Chaque département comprend quinze brigades. En 1791, la première compagnie du Haut-Rhin comprend deux brigades à cheval stationnées à Colmar, une brigade à cheval à Cernay, Rouffach, Biesheim et Ensisheim et une brigade à pied à Sainte-Marie-aux-Mines et à Lapoutroie. La deuxième compagnie est formée des brigades à cheval de Belfort, Altkirch, Saint-Louis, Ferrette et Ottmarsheim, et des brigades à pied de Delle et de Saint-Amarin. Pour loger les deux brigades à cheval de Colmar, l’ancien couvent des Dominicains est transformé en caserne de gendarmerie de 1795 à 1870.

À la suite de la déclaration de guerre en avril 1792 et de la dégradation du climat social, l’insécurité augmente. Le nombre de brigades passe de quinze à dix-sept dans le Bas-Rhin. Le lieutenant-colonel Thurmann, commandant de la gendarmerie du Bas-Rhin, se plaint des difficultés de recrutement, des démissions et des difficultés matérielles quotidiennes de ses hommes.

Confronté à une pénurie de moyens, le Directoire réorganise la gendarmerie par la loi du 25 pluviose an V (13 février 1797). Le nombre de brigades et les effectifs globaux sont réduits. On passe ainsi de seize à treize brigades dans le Haut-Rhin avec la suppression des casernes de Rouffach, Soppe et Ferrette. La loi du 28 germinal an VI (17 avril 1798), jette les bases de la gendarmerie moderne. Elle dispose que « le corps de la gendarmerie nationale est une force instituée pour assurer dans l’intérieur de la République le maintien de l’ordre et l’exécution des lois ». La loi reprend les dispositions réglementaires antérieures de la maréchaussée. La gendarmerie est particulièrement destinée à la sécurité des campagnes et des grandes routes. L’institution est réorganisée avec une compagnie par département. Chaque brigade est dirigée par un brigadier avec quatre gendarmes sous ses ordres.

Sous le Consulat, le rétablissement de l’ordre public devient une priorité. La gendarmerie remplit une double mission. Elle est chargée de la police administrative par une surveillance active destinée à prévenir les troubles à l’ordre public comme la lutte contre le vagabondage, l’escorte des convois, le maintien de l’ordre lors des marchés, des foires, des fêtes et des rassemblements divers. Mais elle remplit également des missions de police judiciaire. Elle est habilitée à constater les délits et les crimes, elle rédige des procès-verbaux, elle reçoit les plaintes et les témoignages, elle arrête les criminels. La gendarmerie se renforce de façon significative (AHR, 5R 6-7). Le Premier Consul multiplie le nombre de brigades et augmente les effectifs. Dix-Neuf brigades sont prévues pour le Bas‑Rhin et vingt-sept pour le Haut-Rhin, où les garnisons sont moins importantes. La gendarmerie est placée sous l’autorité d’une inspection générale de la gendarmerie, indépendante du ministère de la Guerre et dirigée par un premier inspecteur général en la personne du général Bon-Adrien Jeannot de Moncey, nommé en 1801, maréchal en 1804 et duc de Conegliano en 1808. Napoléon Bonaparte met à la charge des départements casernement des gendarmes (AHR, 4N 68-115).

La gendarmerie est la principale force publique à la disposition du gouvernement pour la sécurité des campagnes, mais aussi pour l’ordre dans les armées. La gendarmerie nationale, puis impériale, patrouille dans les camps militaires, recherche les déserteurs et les espions. Des unités combattantes sont intégrées aux corps d’armée et utilisées sur les champs de bataille. Pourtant, sous le Premier Empire, la gendarmerie, en manque d’effectifs et mal formée, impose difficilement son autorité. Elle est notamment chargée, d’assurer le recrutement des conscrits, ce qui la rend particulièrement impopulaire en milieu rural dans le Midi, l’Ouest, le Nord et en Alsace. Le 15 mars 1804, une troupe de cinquante gendarmes du Bas-Rhin est chargée d’arrêter le duc d’Enghien à Ettenheim dans le Pays de Bade. Le gendarme à pied Pfersdorf, originaire de Bouxwiller, a la charge d’escorter le prisonnier au château de Vincennes.

La Restauration conserve la gendarmerie, mais celle-ci est victime d’une vaste épuration pour destituer les cadres bonapartistes. Néanmoins, le pouvoir royal entend utiliser cette force militaire pour faire régner l’ordre dans les provinces. En 1815, le pouvoir dispose en Alsace de 46 brigades, soit 380 hommes.

Sources - Bibliographie

ABR : série R (affaires militaires), classement provisoire : Rp 19a, 1121 : gendarmerie dans le Bas-Rhin, affaires générales (1801-1842) ; Rp 49 a, b, 70, 933, 950, 990, 1019, 1111 a et b, 1150, 1180 a, b, 196 : gendarmerie et compagnies de réserve (1800-1815).

AHR : 4N 68 : états de situation et propriété des locaux affectés au casernement de la gendarmerie (1803-1868) ; 4N 68-115 : casernes de gendarmerie, entretien et réparations (1800-1870) ; 5R 1 : réglementation générale (1810-1858) ; 5R 3 création de brigades (1800-1840) ; 5R 6-7 personnel et recrutement (1800-1870) ; 5R 12 logement de gendarmes chez des particuliers (1803-1836) ; 5R 14-15 approvisionnements en fourrage des brigades (1813-1830).

LARRIEU (Louis), Histoire de la gendarmerie des origines jusqu’à nos jours, 2 vol., Paris, 1927-1933.

LARRIEU (Louis), « En Alsace, sur les traces de la Maréchaussée », Revue d’études et d’informations de la Gendarmerie nationale, no 88, 2e trimestre 1971, p. 17-24, no 92, 2e trimestre 1972, p. 57-67.

GERTHOFFER (Antoine), « De la Maréchaussée à la Gendarmerie », Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne, 1992, p. 277-286.

VAQUETTE (William), Historique de la compagnie de gendarmerie départementale de Thann, Mulhouse, 2000.

BROUILLET (Pascal) (s. d.), De la maréchaussée à la gendarmerie, histoire et patrimoine, Maisons-Alfort, 2004.

ALARY (Éric), Histoire de la gendarmerie, Paris, 2011.

LUC (Jean-Noël), MÉDARD (Frédéric) (dir.), Histoire et dictionnaire de la gendarmerie : de la Maréchaussée à nos jours, Paris, 2013.

Notices connexes

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Philippe Jéhin