Hebammenstuhl
Chaise d’accouchement, Gebährstuhl, Gebährschemel, Geburtsstuhl.
Siège en bois, destiné à faciliter l’accouchement autant pour la sage-femme que pour la femme qui accouche. La chaise d’accouchement ressemble à un fauteuil, en bois, dont le siège est découpé en forme de fer à cheval permettant à la sage-femme de saisir l’enfant dès sa naissance.
Des dispositifs facilitant la naissance semblent avoir existé de tout temps. Déjà la Bible (Exode, 1, 16) évoque les femmes mettant au monde sur un siège de briques : « Wenn ihr die Hebräerinnen gebären lasst und auf den beiden Steinen seht… ». Par ailleurs l’usage du siège d’accouchement est déjà attesté dans l’Égypte ancienne, d’après divers bas-reliefs comme à Kom Ombo, sur le mur extérieur du Temple, ou dans le Temple de Mout à Karnak.
Plus près de nous, Eucharius Rösslin, dans son Rosengarten (p. 27) recommande l’usage d’un tel siège : « … auch in welsche lande habe die hebamme befond stül dar zu wen die frawe gebere solle ». Jean-Jacques Fried, Hebammenmeister à Strasbourg, fit évoluer la chaise d’accouchement en la rendant pliable, plus facilement transportable et plus confortable pour la femme qui accouche. Par ailleurs, il fait aussi évoluer la chaise en lit d’accouchement. Chaise et lit d’accouchement du XVIIIe siècle sont présentés au Conservatoire de la Santé en Alsace (Hôpital Civil de Strasbourg).
La chaise d’accouchement est un meuble acquis par la communauté et gardée par la sage-femme à son domicile. Elle la transporte au domicile de la parturiente. Son usage n’est cependant pas général.
En Alsace, l’usage de la chaise d’accouchement a perduré jusqu’au XXe siècle, alors qu’en France il décline au XVIIIe siècle, proscrit par Jean-Louis Baudelocque (1745-1810), accoucheur et professeur d’obstétrique parisien. Ce dernier considérait que la position assise pour accoucher est « indécente et quasi-bestiale ». Il milite dès lors pour l’utilisation du forceps, déjà amélioré par Levret et dont il développe un modèle, gage du confort de la femme qui accouche et de l’obstétricien qui applique l’instrument.
Bibliographie
ROESSLIN (Eucharius), Frauwen Rosengarten. Von vilfaltigen sorglichen Zufällen und Gebrechen der Mütter und Kinder, Strasbourg, 1513.
KLEIN (Georges), « Les chaises obstétricales. Un meuble communautaire autrefois en Alsace », Cahiers d’Art, d’Archéologie et d’Histoire, 1972, p. 161-204.
HERAN (Jacques) (Dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, 2e éd., Strasbourg, 1997, p. 83, 128-130.
Notices connexes
Élisabeth Guckert