Paroisse (Moyen Âge) : Différence entre versions

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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Au Moyen Âge, la paroisse s’est peu à peu imposée comme le cadre essentiel de la vie religieuse des chrétiens. L’évêque étant considéré comme le curé de tout le diocèse, paroisse et diocèse sont d’abord synonymes, au moins jusqu’en 728, date à laquelle une source épiscopale mentionne la fondation de l’abbaye de Murbach dans la «&nbsp;paroisse&nbsp;» de l’évêque. Peu à peu, à partir des vi<sup>e</sup> et vii<sup>e</sup> siècles, la «&nbsp;''parochia''&nbsp;» se définit comme l’assemblée locale des fidèles et le pôle constitué par l’église paroissiale et son cimetière. À partir des ix<sup>e</sup>-x<sup>e</sup> siècles, la paroisse devient une subdivision territoriale du diocèse au sein de laquelle le curé assure la liturgie et la ''cura animarum'' pour les fidèles et prélève la dîme. La réforme grégorienne marque un tournant en entérinant clairement cette définition de la paroisse comme territoire.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Les sources disponibles pour écrire l’histoire des paroisses alsaciennes sont certes nombreuses, mais éparpillées dans divers fonds d’archives, encore peu exploités (notamment du fait de l’inventorisation tardive de certains d’entre eux) et très hétérogènes. Certaines paroisses sont par conséquent bien mieux connues que d’autres et les sources sont plus abondantes à partir des xiv<sup>e</sup>-xv<sup>e</sup> siècles. Les fouilles archéologiques récentes permettent néanmoins de combler quelques lacunes des sources manuscrites concernant les origines des paroisses en particulier.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Au Moyen Âge, la paroisse s’est peu à peu imposée comme le cadre essentiel de la vie religieuse des chrétiens. L’évêque étant considéré comme le curé de tout le diocèse, paroisse et diocèse sont d’abord synonymes, au moins jusqu’en 728, date à laquelle une source épiscopale mentionne la fondation de l’abbaye de Murbach dans la «&nbsp;paroisse&nbsp;» de l’évêque. Peu à peu, à partir des vi<sup>e</sup> et vii<sup>e</sup> siècles, la «&nbsp;''parochia''&nbsp;» se définit comme l’assemblée locale des fidèles et le pôle constitué par l’église paroissiale et son cimetière. À partir des ix<sup>e</sup>-x<sup>e</sup> siècles, la paroisse devient une subdivision territoriale du diocèse au sein de laquelle le curé assure la liturgie et la ''cura animarum'' pour les fidèles et prélève la dîme. La réforme grégorienne marque un tournant en entérinant clairement cette définition de la paroisse comme territoire.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les sources disponibles pour écrire l’histoire des paroisses alsaciennes sont certes nombreuses, mais éparpillées dans divers fonds d’archives, encore peu exploités (notamment du fait de l’inventorisation tardive de certains d’entre eux) et très hétérogènes. Certaines paroisses sont par conséquent bien mieux connues que d’autres et les sources sont plus abondantes à partir des xiv<sup>e</sup>-xv<sup>e</sup> siècles. Les fouilles archéologiques récentes permettent néanmoins de combler quelques lacunes des sources manuscrites concernant les origines des paroisses en particulier.</span></p>  
= ''<span style="font-family:">La lente mise en place du réseau paroissial alsacien</span>'' =
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= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''La lente mise en place du réseau paroissial alsacien''</span> =
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Le réseau paroissial alsacien résulte d’un long processus de plusieurs siècles. D’une seule paroisse équivalente au diocèse, on aboutit progressivement à un maillage de plus en plus dense et resserré. Les historiens ont longtemps cherché à établir une chronologie de l’implantation des paroisses à partir des noms de saints patrons des églises paroissiales médiévales, mais cette méthode s’avère hasardeuse du fait des changements de patron et surtout de la popularité de certains saints qui donnent leur nom à des églises durant tout le Moyen Âge. C’est donc grâce à l’étude approfondie des sources et des fouilles archéologiques que l’on peut dessiner les différentes étapes de la mise en place du réseau de paroisses en Alsace.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Dès la fin de l’Empire romain, des églises apparaissent sur le territoire des cinq diocèses de Spire, de Metz, de Strasbourg, de Bâle et de Besançon auxquels appartient l’Alsace. L’une des premières églises est fondée dans le camp d’Argentoratum dès le iv<sup>e</sup> siècle, à la même époque que certaines églises de Cologne, Bonn, Trêves, Metz et Toul, signe de la diffusion du christianisme dans la vallée rhénane.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Aux v<sup>e</sup>-vi<sup>e</sup> siècles, on distingue déjà les églises dans lesquelles on baptise et on célèbre les grandes fêtes religieuses et les autres, sans que l’on puisse parler de paroisse puisque ces églises ne disposent pas d’un territoire précis. Le choix de leur saint patron (saint Jean-Baptiste, saint Étienne, saint Martin) montre l’influence des églises des Gaules. La présence de certaines tombes privilégiées dans des nécropoles incite à construire de nouvelles églises. Ainsi, deux chapelles sont édifiées dans le faubourg ouest de Strasbourg, le long de la route vers Koenigshoffen et elles semblent avoir incité des habitants à s’installer autour d’elles&nbsp;: d’une part la chapelle Saint-Michel, attestée en 778, d’autre part l’église Saint-Maurice, attestée en 801. Cette dernière s’affirme rapidement comme un embryon d’église paroissiale ''extra muros'' et devient au x<sup>e</sup> siècle l’église Sainte-Aurélie.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Apparaissent aussi les ''Feldkirchen'', parfois appelées par la suite églises-mères (v. [[Mutterkirche|''Mutterkirchen'']]). Souvent isolées sur une hauteur, elles rassemblaient des fidèles de plusieurs villages. Aux vii<sup>e</sup>-viii<sup>e</sup> siècles, l’église Saint-Martin, située sur le Bollenberg, servait de lieu de culte aux villageois de Bergholtz, Orschwihr, Soultzmatt, Westhalten, Rouffach, Pfaffenheim et Gundolsheim. Certaines églises-mères donnent naissance à un village qui prend son nom, par exemple l’église de la Feldkirch qui réunit initialement les communautés de Bollwiller, Raedersheim, Ungersheim et Pulversheim et devient l’église paroissiale du village de Feldkirch édifié autour d’elle.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">La population locale n’eut pas l’initiative des fondations d’églises, contrairement à ce qu’en dit Lucien Pfleger en évoquant les ''freie Landkirchen''. En revanche, dès l’époque mérovingienne, naissent des ''Eigenkirchen'', des églises privées fondées par la famille royale, des seigneurs laïques ainsi que des monastères ou l’évêque au sein de leurs cours domaniales. Appartiennent à cette catégorie des ''Eigenkirchen'' l’église fondée en 590 dans le domaine royal de Marlenheim, l’église de Bischoffsheim fondée à l’époque mérovingienne par les évêques de Strasbourg, l’église de Rimbach-Zell fondée par l’abbaye d’Ebersmünster et celle de Zellenberg fondée par l’abbaye de Luxeuil. Les Étichonides firent édifier les églises Saint-Martin d’Ebersheim, de Nordhouse et de Masevaux. Les fondateurs offrent un terrain pour édifier l’église et aménager son cimetière, ainsi qu’un lieu pour le curé, et ils prennent en charge l’entretien de l’église. En contrepartie, ils exigent de l’évêque le droit de nomination du curé et l’obtention des droits paroissiaux&nbsp;: le droit de baptiser, de marier, d’enterrer et, surtout, de prélever la dîme rendue obligatoire en 779. Les fondations sont particulièrement nombreuses au ix<sup>e</sup> siècle et en 900, il existe plus d’une centaine de paroisses dans le diocèse de Strasbourg. Le droit canonique tente de contrôler ces pratiques grâce au patronage, mais l’évêque perd malgré tout une grande part de son autorité sur ces paroisses, ce qui explique en partie la réforme carolingienne, puis la réforme grégorienne.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Si, au début du xi<sup>e</sup> siècle, le réseau paroissial alsacien est constitué dans ses grandes lignes, il continue néanmoins à se densifier dans les siècles suivants, du fait de la mise en valeur de nouveaux espaces, par exemple dans les marches, de la création de nouvelles paroisses dans des cours domaniales, et par démembrement de paroisses existantes, trop étendues ou trop peuplées.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Le mouvement de fondations de paroisse par des seigneurs ecclésiastiques ou laïques se poursuit. Dans les cours domaniales dotées d’une église paroissiale, l’église et le ''Dinghof'' sont souvent très proches l’un de l’autre et les habitants fréquentent l’église de la cour domaniale dont ils relèvent, même lorsqu’elle ne se trouve pas dans le village. Certains villages et villes comme Westhoffen, Dambach-la-Ville, Guémar, Andolsheim possèdent deux églises et deux paroisses relevant chacune d’un seigneur différent, signe d’une concurrence forte entre seigneurs pour obtenir la dîme. On constate par ailleurs la lente désaffectation d’églises-mères. Entre le xi<sup>e</sup> et le xvi<sup>e</sup> siècle, les fidèles de Bergholtz et des autres villages abandonnèrent ainsi l’église Saint-Martin au Bollenberg et construisirent leur propre église avec laquelle ils conservèrent néanmoins des liens grâce à une procession annuelle. Certaines filiales trop éloignées de l’église-mère, par exemple celle d’Elmerforst dépendant de la paroisse de Westhoffen, obtiennent à leur tour les droits paroissiaux.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Aux xii<sup>e</sup>-xiii<sup>e</sup> siècles, l’essor urbain aboutit à la sectorisation des villes et par conséquent à la création de paroisses urbaines. Haguenau qui ne possédait qu’une seule paroisse, celle de Saint-Georges, créée en 1143, obtient en 1208 une seconde paroisse, celle de Saint-Nicolas. Wissembourg se divise elle aussi en deux paroisses. Ce démantèlement de grandes paroisses pour en créer de nouvelles ne se produit toutefois pas partout. Colmar et Sélestat, par exemple, ne constituent qu’une seule paroisse.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">La relative stabilisation du maillage paroissial alsacien à partir du xiii<sup>e</sup> siècle ne signifie pas l’arrêt complet du processus de formation de paroisses. Les limites de certaines paroisses, encore floues, sont clairement fixées aux xiv<sup>e</sup>-xv<sup>e</sup> siècles. Par exemple, les limites entre la paroisse Sainte-Aurélie de Strasbourg et la paroisse Saint-Pierre-le-Jeune ne sont établies qu’en 1390, après des années de querelles entre les clercs revendiquant chacun certains quartiers limitrophes. Les évolutions de répartition de la population poussent parfois à transférer le siège de certaines paroisses ou à créer des filiales.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le réseau paroissial alsacien résulte d’un long processus de plusieurs siècles. D’une seule paroisse équivalente au diocèse, on aboutit progressivement à un maillage de plus en plus dense et resserré. Les historiens ont longtemps cherché à établir une chronologie de l’implantation des paroisses à partir des noms de saints patrons des églises paroissiales médiévales, mais cette méthode s’avère hasardeuse du fait des changements de patron et surtout de la popularité de certains saints qui donnent leur nom à des églises durant tout le Moyen Âge. C’est donc grâce à l’étude approfondie des sources et des fouilles archéologiques que l’on peut dessiner les différentes étapes de la mise en place du réseau de paroisses en Alsace.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Dès la fin de l’Empire romain, des églises apparaissent sur le territoire des cinq diocèses de Spire, de Metz, de Strasbourg, de Bâle et de Besançon auxquels appartient l’Alsace. L’une des premières églises est fondée dans le camp d’Argentoratum dès le iv<sup>e</sup> siècle, à la même époque que certaines églises de Cologne, Bonn, Trêves, Metz et Toul, signe de la diffusion du christianisme dans la vallée rhénane.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Aux v<sup>e</sup>-vi<sup>e</sup> siècles, on distingue déjà les églises dans lesquelles on baptise et on célèbre les grandes fêtes religieuses et les autres, sans que l’on puisse parler de paroisse puisque ces églises ne disposent pas d’un territoire précis. Le choix de leur saint patron (saint Jean-Baptiste, saint Étienne, saint Martin) montre l’influence des églises des Gaules. La présence de certaines tombes privilégiées dans des nécropoles incite à construire de nouvelles églises. Ainsi, deux chapelles sont édifiées dans le faubourg ouest de Strasbourg, le long de la route vers Koenigshoffen et elles semblent avoir incité des habitants à s’installer autour d’elles&nbsp;: d’une part la chapelle Saint-Michel, attestée en 778, d’autre part l’église Saint-Maurice, attestée en 801. Cette dernière s’affirme rapidement comme un embryon d’église paroissiale ''extra muros'' et devient au x<sup>e</sup> siècle l’église Sainte-Aurélie.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Apparaissent aussi les ''Feldkirchen'', parfois appelées par la suite églises-mères (v. [[Mutterkirche|''Mutterkirchen'']]). Souvent isolées sur une hauteur, elles rassemblaient des fidèles de plusieurs villages. Aux vii<sup>e</sup>-viii<sup>e</sup> siècles, l’église Saint-Martin, située sur le Bollenberg, servait de lieu de culte aux villageois de Bergholtz, Orschwihr, Soultzmatt, Westhalten, Rouffach, Pfaffenheim et Gundolsheim. Certaines églises-mères donnent naissance à un village qui prend son nom, par exemple l’église de la Feldkirch qui réunit initialement les communautés de Bollwiller, Raedersheim, Ungersheim et Pulversheim et devient l’église paroissiale du village de Feldkirch édifié autour d’elle.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La population locale n’eut pas l’initiative des fondations d’églises, contrairement à ce qu’en dit Lucien Pfleger en évoquant les ''freie Landkirchen''. En revanche, dès l’époque mérovingienne, naissent des ''Eigenkirchen'', des églises privées fondées par la famille royale, des seigneurs laïques ainsi que des monastères ou l’évêque au sein de leurs cours domaniales. Appartiennent à cette catégorie des ''Eigenkirchen'' l’église fondée en 590 dans le domaine royal de Marlenheim, l’église de Bischoffsheim fondée à l’époque mérovingienne par les évêques de Strasbourg, l’église de Rimbach-Zell fondée par l’abbaye d’Ebersmünster et celle de Zellenberg fondée par l’abbaye de Luxeuil. Les Étichonides firent édifier les églises Saint-Martin d’Ebersheim, de Nordhouse et de Masevaux. Les fondateurs offrent un terrain pour édifier l’église et aménager son cimetière, ainsi qu’un lieu pour le curé, et ils prennent en charge l’entretien de l’église. En contrepartie, ils exigent de l’évêque le droit de nomination du curé et l’obtention des droits paroissiaux&nbsp;: le droit de baptiser, de marier, d’enterrer et, surtout, de prélever la dîme rendue obligatoire en 779. Les fondations sont particulièrement nombreuses au ix<sup>e</sup> siècle et en 900, il existe plus d’une centaine de paroisses dans le diocèse de Strasbourg. Le droit canonique tente de contrôler ces pratiques grâce au patronage, mais l’évêque perd malgré tout une grande part de son autorité sur ces paroisses, ce qui explique en partie la réforme carolingienne, puis la réforme grégorienne.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Si, au début du xi<sup>e</sup> siècle, le réseau paroissial alsacien est constitué dans ses grandes lignes, il continue néanmoins à se densifier dans les siècles suivants, du fait de la mise en valeur de nouveaux espaces, par exemple dans les marches, de la création de nouvelles paroisses dans des cours domaniales, et par démembrement de paroisses existantes, trop étendues ou trop peuplées.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le mouvement de fondations de paroisse par des seigneurs ecclésiastiques ou laïques se poursuit. Dans les cours domaniales dotées d’une église paroissiale, l’église et le ''Dinghof'' sont souvent très proches l’un de l’autre et les habitants fréquentent l’église de la cour domaniale dont ils relèvent, même lorsqu’elle ne se trouve pas dans le village. Certains villages et villes comme Westhoffen, Dambach-la-Ville, Guémar, Andolsheim possèdent deux églises et deux paroisses relevant chacune d’un seigneur différent, signe d’une concurrence forte entre seigneurs pour obtenir la dîme. On constate par ailleurs la lente désaffectation d’églises-mères. Entre le xi<sup>e</sup> et le xvi<sup>e</sup> siècle, les fidèles de Bergholtz et des autres villages abandonnèrent ainsi l’église Saint-Martin au Bollenberg et construisirent leur propre église avec laquelle ils conservèrent néanmoins des liens grâce à une procession annuelle. Certaines filiales trop éloignées de l’église-mère, par exemple celle d’Elmerforst dépendant de la paroisse de Westhoffen, obtiennent à leur tour les droits paroissiaux.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Aux xii<sup>e</sup>-xiii<sup>e</sup> siècles, l’essor urbain aboutit à la sectorisation des villes et par conséquent à la création de paroisses urbaines. Haguenau qui ne possédait qu’une seule paroisse, celle de Saint-Georges, créée en 1143, obtient en 1208 une seconde paroisse, celle de Saint-Nicolas. Wissembourg se divise elle aussi en deux paroisses. Ce démantèlement de grandes paroisses pour en créer de nouvelles ne se produit toutefois pas partout. Colmar et Sélestat, par exemple, ne constituent qu’une seule paroisse.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La relative stabilisation du maillage paroissial alsacien à partir du xiii<sup>e</sup> siècle ne signifie pas l’arrêt complet du processus de formation de paroisses. Les limites de certaines paroisses, encore floues, sont clairement fixées aux xiv<sup>e</sup>-xv<sup>e</sup> siècles. Par exemple, les limites entre la paroisse Sainte-Aurélie de Strasbourg et la paroisse Saint-Pierre-le-Jeune ne sont établies qu’en 1390, après des années de querelles entre les clercs revendiquant chacun certains quartiers limitrophes. Les évolutions de répartition de la population poussent parfois à transférer le siège de certaines paroisses ou à créer des filiales.</span></p>  
== <span style="font-family:">L’extinction d’une paroisse, conséquence du déclin démographique&nbsp;: les villages disparus</span> ==
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== <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L’extinction d’une paroisse, conséquence du déclin démographique&nbsp;: les villages disparus</span> ==
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Le recul démographique et la perte de revenus qu’il engendre pour le curé, amène parfois à modifier le réseau paroissial. Mais le plus souvent, lors de la désertion ou de la disparition d’un village, l’église paroissiale conserve son statut pendant quelques décennies et souvent plusieurs siècles&nbsp;; elle est en effet souvent le dernier bâtiment à rester debout. André Humm distingue trois scénarios&nbsp;: le transfert des droits paroissiaux à l’une des filiales, la réunion à la cure voisine, la suppression de la paroisse et son incorporation à une paroisse voisine ou à un monastère. Alors que le village de Betbur disparut à la fin du Moyen Âge, la paroisse ne fut transférée à Kleingoeft qu’en 1758. En revanche, la paroisse de Biblenheim fut réunie à celle de Soultz-les-Bains dès le xvi<sup>e</sup> siècle. Après que le village de Neukirch eut été emporté par une crue du Rhin en 1480, son territoire paroissial fut divisé en 1492 entre les paroisses d’Offendorf, de Herrlisheim et de Rohrwiller. La disparition du village de Greffenhoffen avant 1442 entraîna l’incorporation de l’église paroissiale, pourtant en ruines, à l’abbaye de Seltz en 1480. D’autres communautés, pourtant peuplées, peinent à faire élever leur chapelle en église paroissiale. Les fidèles de La Wantzenau n’obtiennent une paroisse qu’en 1468, bien que leur participation à la liturgie et leur accès aux sacrements soient compromis depuis que le Rhin, ayant changé son cours, séparait La Wantzenau de Honau, son église-mère. De tous les villages qui se rendaient à l’église Saint-Martin du Bollenberg, Orschwihr a été le dernier village à obtenir sa propre église paroissiale au milieu du xvi<sup>e</sup> siècle. Mais certaines localités n’obtinrent jamais d’église paroissiale&nbsp;; les fidèles devaient se rendre dans l’église-mère pour assister à la messe dominicale et recevoir les sacrements. Le nombre de paroisses par diocèse a donc augmenté plus faiblement, mais il continue à augmenter. Par exemple, le diocèse de Besançon possédait seize paroisses de l’actuel Territoire de Belfort en 1275, vingt-et-une au xiv<sup>e</sup> siècle et vingt-cinq au xv<sup>e</sup> siècle. Entre 1779 et 1782, un échange de paroisses du Territoire entre l’évêque de Besançon et celui de Bâle (qui possédait déjà dix-huit paroisses en 1441) modifia le tracé de la frontière entre les deux diocèses et amena à créer de nouvelles paroisses.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le recul démographique et la perte de revenus qu’il engendre pour le curé, amène parfois à modifier le réseau paroissial. Mais le plus souvent, lors de la désertion ou de la disparition d’un village, l’église paroissiale conserve son statut pendant quelques décennies et souvent plusieurs siècles&nbsp;; elle est en effet souvent le dernier bâtiment à rester debout. André Humm distingue trois scénarios&nbsp;: le transfert des droits paroissiaux à l’une des filiales, la réunion à la cure voisine, la suppression de la paroisse et son incorporation à une paroisse voisine ou à un monastère. Alors que le village de Betbur disparut à la fin du Moyen Âge, la paroisse ne fut transférée à Kleingoeft qu’en 1758. En revanche, la paroisse de Biblenheim fut réunie à celle de Soultz-les-Bains dès le xvi<sup>e</sup> siècle. Après que le village de Neukirch eut été emporté par une crue du Rhin en 1480, son territoire paroissial fut divisé en 1492 entre les paroisses d’Offendorf, de Herrlisheim et de Rohrwiller. La disparition du village de Greffenhoffen avant 1442 entraîna l’incorporation de l’église paroissiale, pourtant en ruines, à l’abbaye de Seltz en 1480. D’autres communautés, pourtant peuplées, peinent à faire élever leur chapelle en église paroissiale. Les fidèles de La Wantzenau n’obtiennent une paroisse qu’en 1468, bien que leur participation à la liturgie et leur accès aux sacrements soient compromis depuis que le Rhin, ayant changé son cours, séparait La Wantzenau de Honau, son église-mère. De tous les villages qui se rendaient à l’église Saint-Martin du Bollenberg, Orschwihr a été le dernier village à obtenir sa propre église paroissiale au milieu du xvi<sup>e</sup> siècle. Mais certaines localités n’obtinrent jamais d’église paroissiale&nbsp;; les fidèles devaient se rendre dans l’église-mère pour assister à la messe dominicale et recevoir les sacrements. Le nombre de paroisses par diocèse a donc augmenté plus faiblement, mais il continue à augmenter. Par exemple, le diocèse de Besançon possédait seize paroisses de l’actuel Territoire de Belfort en 1275, vingt-et-une au xiv<sup>e</sup> siècle et vingt-cinq au xv<sup>e</sup> siècle. Entre 1779 et 1782, un échange de paroisses du Territoire entre l’évêque de Besançon et celui de Bâle (qui possédait déjà dix-huit paroisses en 1441) modifia le tracé de la frontière entre les deux diocèses et amena à créer de nouvelles paroisses.</span></p>  
== <span style="font-family:">À la fin du Moyen Âge, une grande diversité</span> ==
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== <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">À la fin du Moyen Âge, une grande diversité</span> ==
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">À la fin du Moyen Âge, Francis Rapp recense 22 paroisses alsaciennes dans le diocèse de Spire, 370 dans celui de Strasbourg, 423 dans celui de Bâle. Ces paroisses se caractérisent par leur grande diversité. La lente élaboration du maillage paroissial a conduit à de fortes différences de taille entre les paroisses. Certaines sont très étendues alors que d’autres, surtout urbaines, possèdent un territoire restreint&nbsp;; certaines sont très peuplées tandis que d’autres le sont très peu. Si toutes les paroisses se trouvent sous l’autorité spirituelle de l’évêque, elles se trouvent souvent sous la tutelle directe d’un seigneur, d’un monastère ou d’un chapitre qui en perçoit les revenus. L’abbaye de Masevaux contrôle onze paroisses au XV<sup>e</sup> siècle, tandis que toutes les paroisses strasbourgeoises et l’unique paroisse colmarienne dépendent alors d’un chapitre de la ville. Enfin, les différences de richesse entre les paroisses ne sont pas négligeables, du fait de la qualité des terroirs et du nombre de fidèles&nbsp;; la paroisse de Rouffach est ainsi l’une des plus riches d’Alsace à la fin du Moyen Âge.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">À la fin du Moyen Âge, Francis Rapp recense 22 paroisses alsaciennes dans le diocèse de Spire, 370 dans celui de Strasbourg, 423 dans celui de Bâle. Ces paroisses se caractérisent par leur grande diversité. La lente élaboration du maillage paroissial a conduit à de fortes différences de taille entre les paroisses. Certaines sont très étendues alors que d’autres, surtout urbaines, possèdent un territoire restreint&nbsp;; certaines sont très peuplées tandis que d’autres le sont très peu. Si toutes les paroisses se trouvent sous l’autorité spirituelle de l’évêque, elles se trouvent souvent sous la tutelle directe d’un seigneur, d’un monastère ou d’un chapitre qui en perçoit les revenus. L’abbaye de Masevaux contrôle onze paroisses au XV<sup>e</sup> siècle, tandis que toutes les paroisses strasbourgeoises et l’unique paroisse colmarienne dépendent alors d’un chapitre de la ville. Enfin, les différences de richesse entre les paroisses ne sont pas négligeables, du fait de la qualité des terroirs et du nombre de fidèles&nbsp;; la paroisse de Rouffach est ainsi l’une des plus riches d’Alsace à la fin du Moyen Âge.</span></p>  
= ''<span style="font-family:">Paroisse, vie liturgique et encadrement de la communauté</span>'' =
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= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''Paroisse, vie liturgique et encadrement de la communauté''</span> =
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Initialement lieu de baptême, la paroisse s’impose, lors de la réforme grégorienne et avec le concile de Latran III (1179), comme le lieu essentiel de l’encadrement des fidèles par l’Église. Les fidèles y sont baptisés, s’y marient, y sont – en théorie du moins – inhumés, y reçoivent les autres sacrements, entre autres la communion (au moins lors des grandes fêtes). Le développement de la confession auriculaire après le concile Latran iv joue un rôle clef dans l’importance de la paroisse dans l’encadrement des fidèles. Les synodes, qui se tiennent à partir de la réforme grégorienne, précisent dans les statuts synodaux les missions des clercs encadrant les paroissiens.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Le calendrier liturgique, reprenant en partie celui des travaux des champs, s’impose aux paroissiens. La communauté paroissiale se retrouve dans son église lors des messes&nbsp;: la messe dominicale bien sûr, les messes célébrées lors des grandes fêtes liturgiques, mais aussi, à la fin du Moyen Âge, la ''Frühmesse'' (messe du matin) célébrée chaque matin au lever du jour quand une prébende a été fondée sur un autel de l’église, par exemple depuis 1325 dans l’église Sainte-Aurélie de Strasbourg. La fête du saint patron de l’église paroissiale est l’occasion d’une grande fête (v''. [[Kilbe|Kilbe]]''). La paroisse se rassemble pour des processions relevant de la liturgie officielle, pour des processions demandées par les paroissiens eux-mêmes (pour protéger leurs champs par exemple) ou pour des bénédictions, par exemple celle des récoltes. Au bas Moyen Âge, s’ajoutent également les messes anniversaires fondées par des défunts pour garantir leur salut. Elles prenaient la forme de messes supplémentaires et individualisées ou d’une évocation du défunt lors de la ''Frühmesse'' du jour, selon les volontés et les revenus du défunt. Certaines églises paroissiales accueillaient par ailleurs des pèlerinages locaux&nbsp;; depuis le xi<sup>e</sup> siècle, l’église Sainte-Aurélie accueillait des pèlerins dans sa crypte où se trouvait le tombeau de la sainte. Leimbach accueillait des pèlerins venus prier Saint-Blaise au XV<sup>e</sup> siècle.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Le cimetière paroissial s’impose à partir du xi<sup>e</sup> siècle à la fois comme un espace consacré, mais aussi un espace social, comme l’atteste l’exemple du cimetière Saint-Georges de Haguenau. Il est de plus en plus investi par les pratiques liturgiques à mesure que la commémoration des défunts se développe. Au xv<sup>e</sup> siècle, la procession au cimetière lors de la messe des morts du lundi et de la Toussaint, mais aussi de certains anniversaires se généralise.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Les rites paroissiaux suivaient, comme toute la liturgie, des règles de plus en plus codifiées et consignées dans les rituels (v. [[Liturgie_catholique|Liturgie]]) et ils reposaient sur les ouvrages contenant leur description des gestes et le texte des formules, prières, chants scandant les différentes célébrations. Bien que les paroisses les plus riches et les plus grandes soient mieux dotées que les autres, on constate une augmentation générale du nombre de livres, entre autres à cause de la spécialisation croissante de ces ouvrages. ''A minima'', chaque paroisse détenait un missel, un psautier, un obituaire, une agende. L’évêque ayant imposé à chaque paroisse d’en posséder une, les agendes font partie des premiers livres imprimés. Aux environs de 1450, la paroisse Sainte-Hélène de Schiltigheim possède ainsi dans son trésor trois missels, deux livres pour les matines et un psautier, un graduel, trois antiphonaires, des livres rassemblant évangiles et lectures, deux agendes, un ouvrage pour «&nbsp;les vigiles des morts&nbsp;», un processionnal ainsi que deux obituaires (l’ancien que l’on conserve et le nouveau utilisé pour les offices).</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Si la paroisse s’est imposée comme le cadre premier et fondamental de la vie religieuse, elle subit également, à partir du milieu du xiii<sup>e</sup> siècle, la concurrence des Mendiants, très présents en contexte urbain. Nombre de fidèles assistent en effet à leurs prédications, leur font des dons, décident de se faire inhumer dans un couvent franciscain ou dominicain et d’y faire célébrer des messes anniversaires. Ce sont alors autant de revenus qui échappent à la paroisse&nbsp;; mais le clergé séculier ne parvient pas à freiner le succès des Mendiants auprès des paroissiens. Les conflits furent donc nombreux dès 1220-1240. Les tentatives répétées des autorités urbaines – le Magistrat de Strasbourg par exemple, dans un but de contrôle du patrimoine des familles bourgeoises – et du pape n’empêchèrent pas les tensions, plus ou moins vives, de perdurer tout au long du bas Moyen Âge. La querelle entre les paroisses (contrôlées par les chapitres) et les Mendiants de Strasbourg au sujet de la confession fut ravivée à plusieurs reprises par les uns ou les autres en 1365-1373, en 1451-1457, enfin en 1517-1518.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Les confréries, elles aussi très prisées des fidèles, s’imposent elles aussi toujours plus comme un cadre important des pratiques religieuses&nbsp;; elles paraissent souvent plus dynamiques que les paroisses au milieu du xv<sup>e</sup> siècle, y compris dans les espaces ruraux.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Initialement lieu de baptême, la paroisse s’impose, lors de la réforme grégorienne et avec le concile de Latran III (1179), comme le lieu essentiel de l’encadrement des fidèles par l’Église. Les fidèles y sont baptisés, s’y marient, y sont – en théorie du moins – inhumés, y reçoivent les autres sacrements, entre autres la communion (au moins lors des grandes fêtes). Le développement de la confession auriculaire après le concile Latran iv joue un rôle clef dans l’importance de la paroisse dans l’encadrement des fidèles. Les synodes, qui se tiennent à partir de la réforme grégorienne, précisent dans les statuts synodaux les missions des clercs encadrant les paroissiens.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le calendrier liturgique, reprenant en partie celui des travaux des champs, s’impose aux paroissiens. La communauté paroissiale se retrouve dans son église lors des messes&nbsp;: la messe dominicale bien sûr, les messes célébrées lors des grandes fêtes liturgiques, mais aussi, à la fin du Moyen Âge, la ''Frühmesse'' (messe du matin) célébrée chaque matin au lever du jour quand une prébende a été fondée sur un autel de l’église, par exemple depuis 1325 dans l’église Sainte-Aurélie de Strasbourg. La fête du saint patron de l’église paroissiale est l’occasion d’une grande fête (v''. [[Kilbe|Kilbe]]''). La paroisse se rassemble pour des processions relevant de la liturgie officielle, pour des processions demandées par les paroissiens eux-mêmes (pour protéger leurs champs par exemple) ou pour des bénédictions, par exemple celle des récoltes. Au bas Moyen Âge, s’ajoutent également les messes anniversaires fondées par des défunts pour garantir leur salut. Elles prenaient la forme de messes supplémentaires et individualisées ou d’une évocation du défunt lors de la ''Frühmesse'' du jour, selon les volontés et les revenus du défunt. Certaines églises paroissiales accueillaient par ailleurs des pèlerinages locaux&nbsp;; depuis le xi<sup>e</sup> siècle, l’église Sainte-Aurélie accueillait des pèlerins dans sa crypte où se trouvait le tombeau de la sainte. Leimbach accueillait des pèlerins venus prier Saint-Blaise au XV<sup>e</sup> siècle.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le cimetière paroissial s’impose à partir du xi<sup>e</sup> siècle à la fois comme un espace consacré, mais aussi un espace social, comme l’atteste l’exemple du cimetière Saint-Georges de Haguenau. Il est de plus en plus investi par les pratiques liturgiques à mesure que la commémoration des défunts se développe. Au xv<sup>e</sup> siècle, la procession au cimetière lors de la messe des morts du lundi et de la Toussaint, mais aussi de certains anniversaires se généralise.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les rites paroissiaux suivaient, comme toute la liturgie, des règles de plus en plus codifiées et consignées dans les rituels (v. [[Liturgie_catholique|Liturgie]]) et ils reposaient sur les ouvrages contenant leur description des gestes et le texte des formules, prières, chants scandant les différentes célébrations. Bien que les paroisses les plus riches et les plus grandes soient mieux dotées que les autres, on constate une augmentation générale du nombre de livres, entre autres à cause de la spécialisation croissante de ces ouvrages. ''A minima'', chaque paroisse détenait un missel, un psautier, un obituaire, une agende. L’évêque ayant imposé à chaque paroisse d’en posséder une, les agendes font partie des premiers livres imprimés. Aux environs de 1450, la paroisse Sainte-Hélène de Schiltigheim possède ainsi dans son trésor trois missels, deux livres pour les matines et un psautier, un graduel, trois antiphonaires, des livres rassemblant évangiles et lectures, deux agendes, un ouvrage pour «&nbsp;les vigiles des morts&nbsp;», un processionnal ainsi que deux obituaires (l’ancien que l’on conserve et le nouveau utilisé pour les offices).</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Si la paroisse s’est imposée comme le cadre premier et fondamental de la vie religieuse, elle subit également, à partir du milieu du xiii<sup>e</sup> siècle, la concurrence des Mendiants, très présents en contexte urbain. Nombre de fidèles assistent en effet à leurs prédications, leur font des dons, décident de se faire inhumer dans un couvent franciscain ou dominicain et d’y faire célébrer des messes anniversaires. Ce sont alors autant de revenus qui échappent à la paroisse&nbsp;; mais le clergé séculier ne parvient pas à freiner le succès des Mendiants auprès des paroissiens. Les conflits furent donc nombreux dès 1220-1240. Les tentatives répétées des autorités urbaines – le Magistrat de Strasbourg par exemple, dans un but de contrôle du patrimoine des familles bourgeoises – et du pape n’empêchèrent pas les tensions, plus ou moins vives, de perdurer tout au long du bas Moyen Âge. La querelle entre les paroisses (contrôlées par les chapitres) et les Mendiants de Strasbourg au sujet de la confession fut ravivée à plusieurs reprises par les uns ou les autres en 1365-1373, en 1451-1457, enfin en 1517-1518.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les confréries, elles aussi très prisées des fidèles, s’imposent elles aussi toujours plus comme un cadre important des pratiques religieuses&nbsp;; elles paraissent souvent plus dynamiques que les paroisses au milieu du xv<sup>e</sup> siècle, y compris dans les espaces ruraux.</span></p>  
= ''<span style="font-family:">L’organisation paroissiale</span>'' =
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= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''L’organisation paroissiale''</span> =
  
== <span style="font-family:">Le clergé et la ''cura animarum''</span> ==
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== <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le clergé et la ''cura animarum''</span> ==
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">La ''cura animarum'' incombe au curé. Il est présenté par le patron de l’église et nommé par l’évêque qui peut en théorie contester le choix du patron (v. [[Eigenkirche|Eigenkirche]], [[Mutterkirche|Mutterkirche]], [[Patronat|Patronat]]). Il doit, à partir de la réforme grégorienne, être validé par l’archidiacre au cours d’un ''placitum christianitatis'' ou ''sendgericht'' (v. [[Placitum_christianitatis|Placitum christianitatis]]). Le seigneur n’est alors plus que patron de la paroisse, ce qui ne change souvent pas grand-chose dans la pratique. La première mention de ce patronage, datant de 1162, concerne l’église paroissiale de Dauendorf. À partir du xiv<sup>e</sup> siècle, la nomination du curé est en théorie confirmée par le pape. Le curé appartient à un chapitre rural qui se réunit à intervalle régulier (v. [[Chapitre_rural]])&nbsp;; le chapitre rural de Betbur réunit les curés de nombreuses paroisses dont Marmoutier, Maennolsheim et Saverne. Le siège du chapitre est transféré à Saverne en 1504.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Deux termes désignent le curé dans les sources&nbsp;: ''rector ecclesie'' réservé en général au détenteur du bénéfice et ''plebanus'' désignant le prêtre desservant une paroisse qu’il soit bénéficier ou salarié (par exemple vicaire perpétuel) (v. [[Pléban|Pléban]]). Lorsqu’il est détenteur d’un bénéfice, le curé perçoit une partie des revenus de la paroisse, c’est-à-dire le casuel, les offrandes, des fondations d’anniversaires (quand elles existent), la dîme. Il n’en tire pourtant pas toujours des revenus importants. Le patron de la paroisse – seigneur laïc, monastère ou chapitre – perçoit en effet la dîme et le casuel dans leur intégralité ou en partie. Or, chapitres et monastères eurent fréquemment recours aux incorporations de paroisses pour résoudre leurs difficultés financières&nbsp;; les chanoines ou les moines assurent alors en théorie la liturgie dans ces églises, mais ils s’en approprient aussi les revenus. Les incorporations ne constituent pas un phénomène récent – comme l’atteste l’incorporation de la paroisse de Marmoutier en 1220 par l’abbaye de Marmoutier –, mais elles se multiplient à la fin du Moyen Âge.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Le curé est souvent secondé par des chapelains ou des vicaires (''Helfer'', ''Mietlinge'') qui célèbrent les messes à sa place. Les chapelains possèdent un bénéfice après la fondation de la chapellenie. Quant aux vicaires, souvent originaires de Souabe au xv<sup>e</sup> siècle, ils sont choisis et souvent très peu payés par le curé. Le cumul de plusieurs charges ecclésiastiques (curé, chapelain et chanoine par exemple) amène en effet nombre de curés à ne pas résider dans la paroisse et à leur déléguer ses fonctions&nbsp;; le curé remet alors une part de son revenu, la portion congrue, aux clercs desservant la paroisse à sa place (v. [[Portion_congrue|Portion congrue]]).</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Les sources de la fin du Moyen Âge témoignent des nombreuses dérives des membres du clergé – non-respect de la discipline ecclésiastique, liturgie approximative, absentéisme, concubinage. L’évêque semble tenter de remédier à la situation. Les statuts synodaux du diocèse de Bâle énumèrent en 1434 divers manquements que seul l’évêque peut juger&nbsp;: concubinage, adultère, simonie, incendie volontaire, homicide. Les amendes versées par les coupables sont enregistrées dans les comptes du procureur fiscal de l’évêque de Bâle entre 1441 et 1500. Mais les tentatives épiscopales de contrôle du clergé local restent trop timides pour remédier réellement à la situation. Les travaux récents tendent néanmoins à prouver que les chiffres que l’on a pu donner du nombre de clercs dévoyés méritaient d’être revus à la baisse ou d’être réinterprétés. Les prédicateurs réformateurs tardo-médiévaux accentuèrent en effet la description des abus pour inciter à la réforme.&nbsp; L’absentéisme ou le remplacement du curé par un vicaire, évalué à un tiers des curés dans le diocèse de Strasbourg et dans le Sundgau dans les années 1470, est en fait variable d’une paroisse à l’autre (seule une minorité de paroisses souffre d’un absentéisme de longue durée), d’une décennie à l’autre et il peut s’expliquer en partie par le contexte général, en particulier dans le Sundgau, le cumul des bénéfices, mais surtout par la hausse des incorporations. Il faut certes tenir compte de l’effet de sources et des variations géographiques, mais les actes de délinquance sont aussi moins nombreux que ce que l’on a longtemps cru si l’on en croit les études faites à propos du clergé sundgauvien. Dans ce doyenné, on ne compte en effet que 20 % de prêtres condamnés entre 1441 et 1500, dont deux tiers pour cause de rupture du vœu de chasteté. Ces derniers chiffres révèlent les efforts faits par l’évêque pour s’attaquer à ce problème plus qu’à d’autres. Mais, si les prêtres concernés payent une amende, ils restent en place dans leur paroisse.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">L’instruction de nombreux curés, souvent minimale, s’améliore néanmoins avec l’essor des études universitaires et de l’imprimerie au xv<sup>e</sup> siècle, garantissant un encadrement un peu meilleur des fidèles.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">D’autres acteurs que le clergé de la paroisse à proprement parler interviennent parfois dans la vie liturgique à la fin du Moyen Âge&nbsp;: le maître d’école et les écoliers (pour le chant), l’organiste (souvent un chapelain), les ''knechte'' de la paroisse, le fossoyeur, des béguines payées pour assister aux messes anniversaires.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La ''cura animarum'' incombe au curé. Il est présenté par le patron de l’église et nommé par l’évêque qui peut en théorie contester le choix du patron (v. [[Eigenkirche|Eigenkirche]], [[Mutterkirche|Mutterkirche]], [[Patronat|Patronat]]). Il doit, à partir de la réforme grégorienne, être validé par l’archidiacre au cours d’un ''placitum christianitatis'' ou ''sendgericht'' (v. [[Placitum_christianitatis|Placitum christianitatis]]). Le seigneur n’est alors plus que patron de la paroisse, ce qui ne change souvent pas grand-chose dans la pratique. La première mention de ce patronage, datant de 1162, concerne l’église paroissiale de Dauendorf. À partir du xiv<sup>e</sup> siècle, la nomination du curé est en théorie confirmée par le pape. Le curé appartient à un chapitre rural qui se réunit à intervalle régulier (v. [[Chapitre_rural|Chapitre_rural]])&nbsp;; le chapitre rural de Betbur réunit les curés de nombreuses paroisses dont Marmoutier, Maennolsheim et Saverne. Le siège du chapitre est transféré à Saverne en 1504.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Deux termes désignent le curé dans les sources&nbsp;: ''rector ecclesie'' réservé en général au détenteur du bénéfice et ''plebanus'' désignant le prêtre desservant une paroisse qu’il soit bénéficier ou salarié (par exemple vicaire perpétuel) (v. [[Pléban|Pléban]]). Lorsqu’il est détenteur d’un bénéfice, le curé perçoit une partie des revenus de la paroisse, c’est-à-dire le casuel, les offrandes, des fondations d’anniversaires (quand elles existent), la dîme. Il n’en tire pourtant pas toujours des revenus importants. Le patron de la paroisse – seigneur laïc, monastère ou chapitre – perçoit en effet la dîme et le casuel dans leur intégralité ou en partie. Or, chapitres et monastères eurent fréquemment recours aux incorporations de paroisses pour résoudre leurs difficultés financières&nbsp;; les chanoines ou les moines assurent alors en théorie la liturgie dans ces églises, mais ils s’en approprient aussi les revenus. Les incorporations ne constituent pas un phénomène récent – comme l’atteste l’incorporation de la paroisse de Marmoutier en 1220 par l’abbaye de Marmoutier –, mais elles se multiplient à la fin du Moyen Âge.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le curé est souvent secondé par des chapelains ou des vicaires (''Helfer'', ''Mietlinge'') qui célèbrent les messes à sa place. Les chapelains possèdent un bénéfice après la fondation de la chapellenie. Quant aux vicaires, souvent originaires de Souabe au xv<sup>e</sup> siècle, ils sont choisis et souvent très peu payés par le curé. Le cumul de plusieurs charges ecclésiastiques (curé, chapelain et chanoine par exemple) amène en effet nombre de curés à ne pas résider dans la paroisse et à leur déléguer ses fonctions&nbsp;; le curé remet alors une part de son revenu, la portion congrue, aux clercs desservant la paroisse à sa place (v. [[Portion_congrue|Portion congrue]]).</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les sources de la fin du Moyen Âge témoignent des nombreuses dérives des membres du clergé – non-respect de la discipline ecclésiastique, liturgie approximative, absentéisme, concubinage. L’évêque semble tenter de remédier à la situation. Les statuts synodaux du diocèse de Bâle énumèrent en 1434 divers manquements que seul l’évêque peut juger&nbsp;: concubinage, adultère, simonie, incendie volontaire, homicide. Les amendes versées par les coupables sont enregistrées dans les comptes du procureur fiscal de l’évêque de Bâle entre 1441 et 1500. Mais les tentatives épiscopales de contrôle du clergé local restent trop timides pour remédier réellement à la situation. Les travaux récents tendent néanmoins à prouver que les chiffres que l’on a pu donner du nombre de clercs dévoyés méritaient d’être revus à la baisse ou d’être réinterprétés. Les prédicateurs réformateurs tardo-médiévaux accentuèrent en effet la description des abus pour inciter à la réforme.&nbsp; L’absentéisme ou le remplacement du curé par un vicaire, évalué à un tiers des curés dans le diocèse de Strasbourg et dans le Sundgau dans les années 1470, est en fait variable d’une paroisse à l’autre (seule une minorité de paroisses souffre d’un absentéisme de longue durée), d’une décennie à l’autre et il peut s’expliquer en partie par le contexte général, en particulier dans le Sundgau, le cumul des bénéfices, mais surtout par la hausse des incorporations. Il faut certes tenir compte de l’effet de sources et des variations géographiques, mais les actes de délinquance sont aussi moins nombreux que ce que l’on a longtemps cru si l’on en croit les études faites à propos du clergé sundgauvien. Dans ce doyenné, on ne compte en effet que 20 % de prêtres condamnés entre 1441 et 1500, dont deux tiers pour cause de rupture du vœu de chasteté. Ces derniers chiffres révèlent les efforts faits par l’évêque pour s’attaquer à ce problème plus qu’à d’autres. Mais, si les prêtres concernés payent une amende, ils restent en place dans leur paroisse.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L’instruction de nombreux curés, souvent minimale, s’améliore néanmoins avec l’essor des études universitaires et de l’imprimerie au xv<sup>e</sup> siècle, garantissant un encadrement un peu meilleur des fidèles.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">D’autres acteurs que le clergé de la paroisse à proprement parler interviennent parfois dans la vie liturgique à la fin du Moyen Âge&nbsp;: le maître d’école et les écoliers (pour le chant), l’organiste (souvent un chapelain), les ''knechte'' de la paroisse, le fossoyeur, des béguines payées pour assister aux messes anniversaires.</span></p>  
== <span style="font-family:">L’administration de la paroisse</span> ==
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== <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L’administration de la paroisse</span> ==
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Au bas Moyen Âge, le clergé paroissial ne peut néanmoins remplir ses devoirs liturgiques sans l’aide de la fabrique tenue par des laïcs et désormais chargée à la place du curé de l’administration de la paroisse, hormis dans de petites paroisses dans lesquelles le curé remplit encore la fonction de responsable de la fabrique. Sa réglementation et ses statuts se sont peu à peu précisés à partir du xii<sup>e</sup> siècle (v. [[Fabrique|Fabrique]]). À la fabrique revient la tâche d’entretenir le bâtiment ecclésial (v. [[Église_(propriété_et_entretien)|Église, propriété et entretien]]), mais aussi d’acheter tout ce qui s’avère indispensable au culte (vêtements liturgiques, cierges, encens, hosties, livres liturgiques, orgue, etc.). C’est donc elle qui tient les comptes (attestant la diffusion de l’écrit dans toute la société médiévale). La fabrique s’impose par conséquent comme un acteur fondamental de la vie paroissiale&nbsp;: sans elle, point d’accomplissement de la liturgie.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:">Le contrôle de la paroisse et de ses revenus ont fait l’objet de multiples conflits tout au long du Moyen Âge&nbsp;: conflit entre seigneur et clergé aux xi<sup>e</sup>-xiii<sup>e </sup>siècles, conflit entre clergé et fabrique au xv<sup>e</sup> siècle, notamment dans les paroisses urbaines, par exemple celle de Saint-Georges à Haguenau, sur lesquels le Conseil de la ville cherche à obtenir un droit de regard afin de réguler le patrimoine des familles bourgeoises. On sait par exemple que la prébende de Jean Geiler de Kaysersberg était financée par le Magistrat. La paroisse est donc également devenue un cadre essentiel de la vie sociale des individus et un enjeu dans la redéfinition des autorités religieuses et politiques, entre clercs et laïcs. L’élection du curé et la perception de la dîme sont d’ailleurs des enjeux non négligeables lors de la guerre des Paysans. La paroisse s’impose par ailleurs avec la Réformation comme le lieu du culte par excellence dans les espaces convertis au protestantisme, par exemple dans toutes les paroisses strasbourgeoises dont les prédicateurs, obligés de posséder le droit de bourgeoisie, sont désormais nommés par le Magistrat.</span></p>  
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Au bas Moyen Âge, le clergé paroissial ne peut néanmoins remplir ses devoirs liturgiques sans l’aide de la fabrique tenue par des laïcs et désormais chargée à la place du curé de l’administration de la paroisse, hormis dans de petites paroisses dans lesquelles le curé remplit encore la fonction de responsable de la fabrique. Sa réglementation et ses statuts se sont peu à peu précisés à partir du xii<sup>e</sup> siècle (v. [[Fabrique|Fabrique]]). À la fabrique revient la tâche d’entretenir le bâtiment ecclésial (v. [[Église_(propriété_et_entretien)|Église, propriété et entretien]]), mais aussi d’acheter tout ce qui s’avère indispensable au culte (vêtements liturgiques, cierges, encens, hosties, livres liturgiques, orgue, etc.). C’est donc elle qui tient les comptes (attestant la diffusion de l’écrit dans toute la société médiévale). La fabrique s’impose par conséquent comme un acteur fondamental de la vie paroissiale&nbsp;: sans elle, point d’accomplissement de la liturgie.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le contrôle de la paroisse et de ses revenus ont fait l’objet de multiples conflits tout au long du Moyen Âge&nbsp;: conflit entre seigneur et clergé aux xi<sup>e</sup>-xiii<sup>e </sup>siècles, conflit entre clergé et fabrique au xv<sup>e</sup> siècle, notamment dans les paroisses urbaines, par exemple celle de Saint-Georges à Haguenau, sur lesquels le Conseil de la ville cherche à obtenir un droit de regard afin de réguler le patrimoine des familles bourgeoises. On sait par exemple que la prébende de Jean Geiler de Kaysersberg était financée par le Magistrat. La paroisse est donc également devenue un cadre essentiel de la vie sociale des individus et un enjeu dans la redéfinition des autorités religieuses et politiques, entre clercs et laïcs. L’élection du curé et la perception de la dîme sont d’ailleurs des enjeux non négligeables lors de la guerre des Paysans. La paroisse s’impose par ailleurs avec la Réformation comme le lieu du culte par excellence dans les espaces convertis au protestantisme, par exemple dans toutes les paroisses strasbourgeoises dont les prédicateurs, obligés de posséder le droit de bourgeoisie, sont désormais nommés par le Magistrat.</span></p>  
= <span style="font-family:">Bibliographie</span> =
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= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Bibliographie</span> =
  
<span style="font-family:">Burckle (Jean), ''Les chapitres ruraux des anciens évêchés de Strasbourg et de Bâle'', Colmar, 1935.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Burckle (Jean), ''Les chapitres ruraux des anciens évêchés de Strasbourg et de Bâle'', Colmar, 1935.</span>
  
<span lang="DE" style="font-family:">Pfleger (Lucien), ''Die elsässische Pfarrei. Ihre Entstehung und Entwicklung. Ein Beitrag zur kirchlichen Rechts- und Kulturgeschichte'', Strasbourg, 1936.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="DE">Pfleger (Lucien), ''Die elsässische Pfarrei. Ihre Entstehung und Entwicklung. Ein Beitrag zur kirchlichen Rechts- und Kulturgeschichte'', Strasbourg, 1936.</span></span>
  
<span lang="DE" style="font-family:">Barth (Médard), «&nbsp;Quellen und Untersuchungen zur Geschichte der Pfarreien des Bistums Strassburg im Mittelalter&nbsp;», ''Archives de l’Église d’Alsace'', NS 2, 1947-1948, p. 63-172.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="DE">Barth (Médard), «&nbsp;Quellen und Untersuchungen zur Geschichte der Pfarreien des Bistums Strassburg im Mittelalter&nbsp;», ''Archives de l’Église d’Alsace'', NS 2, 1947-1948, p. 63-172.</span></span>
  
<span lang="DE" style="font-family:">Barth (Médard), ''Handbuch der elsässischen Kirchen im Mittelalter'', Strasbourg, 1960-1963 (= ''Archives de l’Église d’Alsace'', 27-29).</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="DE">Barth (Médard), ''Handbuch der elsässischen Kirchen im Mittelalter'', Strasbourg, 1960-1963 (= ''Archives de l’Église d’Alsace'', 27-29).</span></span>
  
<span style="font-family:">Humm (André), ''Villages et hameaux disparus en Basse-Alsace. Contribution à l’histoire de l’habitat rural (xii<sup>e</sup>-xviii<sup>e</sup> siècles)'', Strasbourg, 1971.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Humm (André), ''Villages et hameaux disparus en Basse-Alsace. Contribution à l’histoire de l’habitat rural (xii<sup>e</sup>-xviii<sup>e</sup> siècles)'', Strasbourg, 1971.</span>
  
<span style="font-family:">Rapp (Francis), ''Réformes et Réformation à Strasbourg. Église et société dans le diocèse de Strasbourg (1450-1525)'', Paris, 1974.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rapp (Francis), ''Réformes et Réformation à Strasbourg. Église et société dans le diocèse de Strasbourg (1450-1525)'', Paris, 1974.</span>
  
<span style="font-family:">Rapp (Francis), «&nbsp;Notes sur les paroisses et les communes rurales dans le diocèse de Strasbourg à la fin du Moyen Âge&nbsp;», ''Revue de droit canonique'', 175, 1975, p. 113-120.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rapp (Francis), «&nbsp;Notes sur les paroisses et les communes rurales dans le diocèse de Strasbourg à la fin du Moyen Âge&nbsp;», ''Revue de droit canonique'', 175, 1975, p. 113-120.</span>
  
<span style="font-family:">Rapp (Francis), «&nbsp;La vie quotidienne d’un curé de campagne alsacien au début du xvi<sup>e</sup> siècle&nbsp;», ''Annuaire de la Société d’histoire de Molsheim'', 1977, p. 35-44.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rapp (Francis), «&nbsp;La vie quotidienne d’un curé de campagne alsacien au début du xvi<sup>e</sup> siècle&nbsp;», ''Annuaire de la Société d’histoire de Molsheim'', 1977, p. 35-44.</span>
  
<span style="font-family:">Rapp (Francis), «&nbsp;La fortune d’un curé de campagne en Alsace au début du XVI<sup>e</sup> siècle&nbsp;», ''Mémoire de la Société d’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romans'', 39, 1982, p. 153-159.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rapp (Francis), «&nbsp;La fortune d’un curé de campagne en Alsace au début du XVI<sup>e</sup> siècle&nbsp;», ''Mémoire de la Société d’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romans'', 39, 1982, p. 153-159.</span>
  
<span style="font-family:">Burg (André-Marcel), «&nbsp;La paroisse [St Georges de Haguenau] des origines à 1535&nbsp;», ''Études haguenoviennes'', 9, 1983, p. 3-78.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Burg (André-Marcel), «&nbsp;La paroisse [St Georges de Haguenau] des origines à 1535&nbsp;», ''Études haguenoviennes'', 9, 1983, p. 3-78.</span>
  
<span style="font-family:">Rapp (Francis), «&nbsp;Paroisses&nbsp;», ''Encyclopédie de l’Alsace'', Strasbourg, 10, 1985, p. 5854-5858.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rapp (Francis), «&nbsp;Paroisses&nbsp;», ''Encyclopédie de l’Alsace'', Strasbourg, 10, 1985, p. 5854-5858.</span>
  
<span style="font-family:">Pegeot (Pierre), Prongué (Jean-Paul), «&nbsp;Contribution à l’étude du clergé paroissial rural à la fin du Moyen Âge&nbsp;: les prêtres du Sundgau (1441-1500)&nbsp;», ''RA'', 115, 1989, p. 3-36.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Pegeot (Pierre), Prongué (Jean-Paul), «&nbsp;Contribution à l’étude du clergé paroissial rural à la fin du Moyen Âge&nbsp;: les prêtres du Sundgau (1441-1500)&nbsp;», ''RA'', 115, 1989, p. 3-36.</span>
  
<span style="font-family:">Rapp (Francis), «&nbsp;La vie religieuse des campagnes alsaciennes du milieu du xv<sup>e</sup> au début du xvi<sup>e</sup> siècle, ''Revue d’histoire de l’Église de France'', 77/198, 1991, p. 207-220.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rapp (Francis), «&nbsp;La vie religieuse des campagnes alsaciennes du milieu du xv<sup>e</sup> au début du xvi<sup>e</sup> siècle, ''Revue d’histoire de l’Église de France'', 77/198, 1991, p. 207-220.</span>
  
<span style="font-family:">Fiétier (Roland), Colney (Michel), ''Les paroisses du territoire de Belfort, des origines au début du 19<sup>e</sup> siècle&nbsp;: dictionnaire de géographie et d’histoire religieuses'', Paris, 1993.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Fiétier (Roland), Colney (Michel), ''Les paroisses du territoire de Belfort, des origines au début du 19<sup>e</sup> siècle&nbsp;: dictionnaire de géographie et d’histoire religieuses'', Paris, 1993.</span>
  
<span style="font-family:">Staub (Martial), ''Les Paroisses et la cité&nbsp;: Nuremberg du xiii<sup>e</sup> siècle à la Réforme'', Paris, 2003.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Staub (Martial), ''Les Paroisses et la cité&nbsp;: Nuremberg du xiii<sup>e</sup> siècle à la Réforme'', Paris, 2003.</span>
  
<span style="font-family:">Creutz (Joël), «&nbsp;La cathédrale de Strasbourg et sa paroisse&nbsp;», ''Chantiers historiques en Alsace'', 7, 2004, p. 181-199.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Creutz (Joël), «&nbsp;La cathédrale de Strasbourg et sa paroisse&nbsp;», ''Chantiers historiques en Alsace'', 7, 2004, p. 181-199.</span>
  
<span style="font-family:">Lauwers (Michel), ''Naissance du cimetière&nbsp;: lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval'', Paris, 2005.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Lauwers (Michel), ''Naissance du cimetière&nbsp;: lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval'', Paris, 2005.</span>
  
<span lang="DE" style="font-family:">Reitemeier (Arnd), ''Pfarrkirchen in der Stadt des späten Mittelalters: Politik, Wirtschaft und Verwaltung'', Stuttgart, 2005.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="DE">Reitemeier (Arnd), ''Pfarrkirchen in der Stadt des späten Mittelalters: Politik, Wirtschaft und Verwaltung'', Stuttgart, 2005.</span></span>
  
<span style="font-family:">Blaizot (Frédérique), Flotté (Pascal), Baudoux (Juliette), Macabéo (Ghislaine), «&nbsp;Évolution de la topographie funéraire du faubourg occidental de Strasbourg (Bas-Rhin) dans l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge&nbsp;», ''Revue archéologique de l’Est'', 54, 2005, mis en ligne le 07 septembre 2008, consulté le 01 mai 2019. URL&nbsp;: [http://journals.openedition.org/rae/489 http://journals.openedition.org/rae/489].</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Blaizot (Frédérique), Flotté (Pascal), Baudoux (Juliette), Macabéo (Ghislaine), «&nbsp;Évolution de la topographie funéraire du faubourg occidental de Strasbourg (Bas-Rhin) dans l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge&nbsp;», ''Revue archéologique de l’Est'', 54, 2005, mis en ligne le 07 septembre 2008, consulté le 01 mai 2019. URL&nbsp;: [http://journals.openedition.org/rae/489 http://journals.openedition.org/rae/489].</span>
  
<span style="font-family:">Bischoff (Georges), ''La guerre des Paysans. L’Alsace et la révolution du Bundschuh. 1493-1525'', Strasbourg, 2010.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Bischoff (Georges), ''La guerre des Paysans. L’Alsace et la révolution du Bundschuh. 1493-1525'', Strasbourg, 2010.</span>
  
<span style="font-family:">Kopp-Drion (Marie-Noëlle), ''La paroisse Sainte-Aurélie de Strasbourg des origines à 1525&nbsp;: caractéristiques et enjeux d’une des plus anciennes paroisses strasbourgeoises'', mémoire de master, Université de Strasbourg, 2011.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Kopp-Drion (Marie-Noëlle), ''La paroisse Sainte-Aurélie de Strasbourg des origines à 1525&nbsp;: caractéristiques et enjeux d’une des plus anciennes paroisses strasbourgeoises'', mémoire de master, Université de Strasbourg, 2011.</span>
  
<span style="font-family:">Yante (Jean-Marie), éd., ''Autour du «&nbsp;village&nbsp;». Établissements humains, finages et communautés rurales entre Seine et Rhin (iv<sup>e</sup>-xii<sup>e</sup> siècles)'', Louvain-la-Neuve, 2011.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Yante (Jean-Marie), éd., ''Autour du «&nbsp;village&nbsp;». Établissements humains, finages et communautés rurales entre Seine et Rhin (iv<sup>e</sup>-xii<sup>e</sup> siècles)'', Louvain-la-Neuve, 2011.</span>
  
<span style="font-family:">Lauwers (Michel), éd., ''La Dîme, l’Église et la société féodale'', Turnhout, 2012.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Lauwers (Michel), éd., ''La Dîme, l’Église et la société féodale'', Turnhout, 2012.</span>
  
<span style="font-family:">Grasser (Jean-Paul), Traband (Gérard), ''Haguenau. 1115-2015. Histoire de Haguenau des origines à nos jours'', Haguenau, 2014.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Grasser (Jean-Paul), Traband (Gérard), ''Haguenau. 1115-2015. Histoire de Haguenau des origines à nos jours'', Haguenau, 2014.</span>
  
''<span style="font-family:">La paroisse. Genèse d’une forme territoriale</span>''<span style="font-family:">, dir. Iognat-Prat Dominique et Zadora-Rio (Elisabeth), ''Médiévales'', 49, 2005. URL&nbsp;: [https://journals.openedition.org/medievales/3132 https://journals.openedition.org/medievales/3132], consulté le 4 mars 2014.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''La paroisse. Genèse d’une forme territoriale'', dir. Iognat-Prat Dominique et Zadora-Rio (Elisabeth), ''Médiévales'', 49, 2005. URL&nbsp;: [https://journals.openedition.org/medievales/3132 https://journals.openedition.org/medievales/3132], consulté le 4 mars 2014.</span>
  
<span style="font-family:">Clementz (Élisabeth), «&nbsp;Le cimetière Saint-Georges de Haguenau, séjour des morts, lieu de vie&nbsp;», ''1115-2015. Haguenau. 900 ans d’histoire'', éd. Élisabeth Clementz, Claude Muller et Richard Weibel, Haguenau, 2015, p. 39-60.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Clementz (Élisabeth), «&nbsp;Le cimetière Saint-Georges de Haguenau, séjour des morts, lieu de vie&nbsp;», ''1115-2015. Haguenau. 900 ans d’histoire'', éd. Élisabeth Clementz, Claude Muller et Richard Weibel, Haguenau, 2015, p. 39-60.</span>
  
<span style="font-family:">Rapp (Francis), «&nbsp;Ce que les comptes de la paroisse Saint-Georges de Haguenau nous apprennent sur le culte eucharistique&nbsp;», ''1115-2015. Haguenau. 900 ans d’histoire'', éd. Élisabeth Clementz, Claude Muller et Richard Weibel, Haguenau, 2015, p. 125-135.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rapp (Francis), «&nbsp;Ce que les comptes de la paroisse Saint-Georges de Haguenau nous apprennent sur le culte eucharistique&nbsp;», ''1115-2015. Haguenau. 900 ans d’histoire'', éd. Élisabeth Clementz, Claude Muller et Richard Weibel, Haguenau, 2015, p. 125-135.</span>
  
<span style="font-family:">Rauner (Anne), «&nbsp;Tenir les comptes d’anniversaires dans les paroisses du diocèse de Strasbourg à la fin du Moyen Âge&nbsp;», ''Comptabilité(s). Revue d’histoire des comptabilités'', 11, 2018, revue électronique, URL&nbsp;: [https://journals.openedition.org/comptabilites/2996 https://journals.openedition.org/comptabilites/2996].</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rauner (Anne), «&nbsp;Tenir les comptes d’anniversaires dans les paroisses du diocèse de Strasbourg à la fin du Moyen Âge&nbsp;», ''Comptabilité(s). Revue d’histoire des comptabilités'', 11, 2018, revue électronique, URL&nbsp;: [https://journals.openedition.org/comptabilites/2996 https://journals.openedition.org/comptabilites/2996].</span>
  
<span style="font-family:">Rauner (Anne), «&nbsp;Des exemplaires multiples de l’obituaire au cœur du conflit entre clercs et laïcs dans la paroisse Saint-Georges de Haguenau (début du xv<sup>e</sup> siècle)&nbsp;», ''RA'', 148, 2022, p. 33-55.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rauner (Anne), «&nbsp;Des exemplaires multiples de l’obituaire au cœur du conflit entre clercs et laïcs dans la paroisse Saint-Georges de Haguenau (début du xv<sup>e</sup> siècle)&nbsp;», ''RA'', 148, 2022, p. 33-55.</span>
  
= <span style="font-family:">Notices connexes</span> =
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[[Admission_à_la_charge_d'âmes|<span style="font-family:">Admission à la charge d’âme</span>]]
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Version actuelle datée du 24 octobre 2024 à 13:51

Au Moyen Âge, la paroisse s’est peu à peu imposée comme le cadre essentiel de la vie religieuse des chrétiens. L’évêque étant considéré comme le curé de tout le diocèse, paroisse et diocèse sont d’abord synonymes, au moins jusqu’en 728, date à laquelle une source épiscopale mentionne la fondation de l’abbaye de Murbach dans la « paroisse » de l’évêque. Peu à peu, à partir des vie et viie siècles, la « parochia » se définit comme l’assemblée locale des fidèles et le pôle constitué par l’église paroissiale et son cimetière. À partir des ixe-xe siècles, la paroisse devient une subdivision territoriale du diocèse au sein de laquelle le curé assure la liturgie et la cura animarum pour les fidèles et prélève la dîme. La réforme grégorienne marque un tournant en entérinant clairement cette définition de la paroisse comme territoire.

Les sources disponibles pour écrire l’histoire des paroisses alsaciennes sont certes nombreuses, mais éparpillées dans divers fonds d’archives, encore peu exploités (notamment du fait de l’inventorisation tardive de certains d’entre eux) et très hétérogènes. Certaines paroisses sont par conséquent bien mieux connues que d’autres et les sources sont plus abondantes à partir des xive-xve siècles. Les fouilles archéologiques récentes permettent néanmoins de combler quelques lacunes des sources manuscrites concernant les origines des paroisses en particulier.

La lente mise en place du réseau paroissial alsacien

Le réseau paroissial alsacien résulte d’un long processus de plusieurs siècles. D’une seule paroisse équivalente au diocèse, on aboutit progressivement à un maillage de plus en plus dense et resserré. Les historiens ont longtemps cherché à établir une chronologie de l’implantation des paroisses à partir des noms de saints patrons des églises paroissiales médiévales, mais cette méthode s’avère hasardeuse du fait des changements de patron et surtout de la popularité de certains saints qui donnent leur nom à des églises durant tout le Moyen Âge. C’est donc grâce à l’étude approfondie des sources et des fouilles archéologiques que l’on peut dessiner les différentes étapes de la mise en place du réseau de paroisses en Alsace.

Dès la fin de l’Empire romain, des églises apparaissent sur le territoire des cinq diocèses de Spire, de Metz, de Strasbourg, de Bâle et de Besançon auxquels appartient l’Alsace. L’une des premières églises est fondée dans le camp d’Argentoratum dès le ive siècle, à la même époque que certaines églises de Cologne, Bonn, Trêves, Metz et Toul, signe de la diffusion du christianisme dans la vallée rhénane.

Aux ve-vie siècles, on distingue déjà les églises dans lesquelles on baptise et on célèbre les grandes fêtes religieuses et les autres, sans que l’on puisse parler de paroisse puisque ces églises ne disposent pas d’un territoire précis. Le choix de leur saint patron (saint Jean-Baptiste, saint Étienne, saint Martin) montre l’influence des églises des Gaules. La présence de certaines tombes privilégiées dans des nécropoles incite à construire de nouvelles églises. Ainsi, deux chapelles sont édifiées dans le faubourg ouest de Strasbourg, le long de la route vers Koenigshoffen et elles semblent avoir incité des habitants à s’installer autour d’elles : d’une part la chapelle Saint-Michel, attestée en 778, d’autre part l’église Saint-Maurice, attestée en 801. Cette dernière s’affirme rapidement comme un embryon d’église paroissiale extra muros et devient au xe siècle l’église Sainte-Aurélie.

Apparaissent aussi les Feldkirchen, parfois appelées par la suite églises-mères (v. Mutterkirchen). Souvent isolées sur une hauteur, elles rassemblaient des fidèles de plusieurs villages. Aux viie-viiie siècles, l’église Saint-Martin, située sur le Bollenberg, servait de lieu de culte aux villageois de Bergholtz, Orschwihr, Soultzmatt, Westhalten, Rouffach, Pfaffenheim et Gundolsheim. Certaines églises-mères donnent naissance à un village qui prend son nom, par exemple l’église de la Feldkirch qui réunit initialement les communautés de Bollwiller, Raedersheim, Ungersheim et Pulversheim et devient l’église paroissiale du village de Feldkirch édifié autour d’elle.

La population locale n’eut pas l’initiative des fondations d’églises, contrairement à ce qu’en dit Lucien Pfleger en évoquant les freie Landkirchen. En revanche, dès l’époque mérovingienne, naissent des Eigenkirchen, des églises privées fondées par la famille royale, des seigneurs laïques ainsi que des monastères ou l’évêque au sein de leurs cours domaniales. Appartiennent à cette catégorie des Eigenkirchen l’église fondée en 590 dans le domaine royal de Marlenheim, l’église de Bischoffsheim fondée à l’époque mérovingienne par les évêques de Strasbourg, l’église de Rimbach-Zell fondée par l’abbaye d’Ebersmünster et celle de Zellenberg fondée par l’abbaye de Luxeuil. Les Étichonides firent édifier les églises Saint-Martin d’Ebersheim, de Nordhouse et de Masevaux. Les fondateurs offrent un terrain pour édifier l’église et aménager son cimetière, ainsi qu’un lieu pour le curé, et ils prennent en charge l’entretien de l’église. En contrepartie, ils exigent de l’évêque le droit de nomination du curé et l’obtention des droits paroissiaux : le droit de baptiser, de marier, d’enterrer et, surtout, de prélever la dîme rendue obligatoire en 779. Les fondations sont particulièrement nombreuses au ixe siècle et en 900, il existe plus d’une centaine de paroisses dans le diocèse de Strasbourg. Le droit canonique tente de contrôler ces pratiques grâce au patronage, mais l’évêque perd malgré tout une grande part de son autorité sur ces paroisses, ce qui explique en partie la réforme carolingienne, puis la réforme grégorienne.

Si, au début du xie siècle, le réseau paroissial alsacien est constitué dans ses grandes lignes, il continue néanmoins à se densifier dans les siècles suivants, du fait de la mise en valeur de nouveaux espaces, par exemple dans les marches, de la création de nouvelles paroisses dans des cours domaniales, et par démembrement de paroisses existantes, trop étendues ou trop peuplées.

Le mouvement de fondations de paroisse par des seigneurs ecclésiastiques ou laïques se poursuit. Dans les cours domaniales dotées d’une église paroissiale, l’église et le Dinghof sont souvent très proches l’un de l’autre et les habitants fréquentent l’église de la cour domaniale dont ils relèvent, même lorsqu’elle ne se trouve pas dans le village. Certains villages et villes comme Westhoffen, Dambach-la-Ville, Guémar, Andolsheim possèdent deux églises et deux paroisses relevant chacune d’un seigneur différent, signe d’une concurrence forte entre seigneurs pour obtenir la dîme. On constate par ailleurs la lente désaffectation d’églises-mères. Entre le xie et le xvie siècle, les fidèles de Bergholtz et des autres villages abandonnèrent ainsi l’église Saint-Martin au Bollenberg et construisirent leur propre église avec laquelle ils conservèrent néanmoins des liens grâce à une procession annuelle. Certaines filiales trop éloignées de l’église-mère, par exemple celle d’Elmerforst dépendant de la paroisse de Westhoffen, obtiennent à leur tour les droits paroissiaux.

Aux xiie-xiiie siècles, l’essor urbain aboutit à la sectorisation des villes et par conséquent à la création de paroisses urbaines. Haguenau qui ne possédait qu’une seule paroisse, celle de Saint-Georges, créée en 1143, obtient en 1208 une seconde paroisse, celle de Saint-Nicolas. Wissembourg se divise elle aussi en deux paroisses. Ce démantèlement de grandes paroisses pour en créer de nouvelles ne se produit toutefois pas partout. Colmar et Sélestat, par exemple, ne constituent qu’une seule paroisse.

La relative stabilisation du maillage paroissial alsacien à partir du xiiie siècle ne signifie pas l’arrêt complet du processus de formation de paroisses. Les limites de certaines paroisses, encore floues, sont clairement fixées aux xive-xve siècles. Par exemple, les limites entre la paroisse Sainte-Aurélie de Strasbourg et la paroisse Saint-Pierre-le-Jeune ne sont établies qu’en 1390, après des années de querelles entre les clercs revendiquant chacun certains quartiers limitrophes. Les évolutions de répartition de la population poussent parfois à transférer le siège de certaines paroisses ou à créer des filiales.

L’extinction d’une paroisse, conséquence du déclin démographique : les villages disparus

Le recul démographique et la perte de revenus qu’il engendre pour le curé, amène parfois à modifier le réseau paroissial. Mais le plus souvent, lors de la désertion ou de la disparition d’un village, l’église paroissiale conserve son statut pendant quelques décennies et souvent plusieurs siècles ; elle est en effet souvent le dernier bâtiment à rester debout. André Humm distingue trois scénarios : le transfert des droits paroissiaux à l’une des filiales, la réunion à la cure voisine, la suppression de la paroisse et son incorporation à une paroisse voisine ou à un monastère. Alors que le village de Betbur disparut à la fin du Moyen Âge, la paroisse ne fut transférée à Kleingoeft qu’en 1758. En revanche, la paroisse de Biblenheim fut réunie à celle de Soultz-les-Bains dès le xvie siècle. Après que le village de Neukirch eut été emporté par une crue du Rhin en 1480, son territoire paroissial fut divisé en 1492 entre les paroisses d’Offendorf, de Herrlisheim et de Rohrwiller. La disparition du village de Greffenhoffen avant 1442 entraîna l’incorporation de l’église paroissiale, pourtant en ruines, à l’abbaye de Seltz en 1480. D’autres communautés, pourtant peuplées, peinent à faire élever leur chapelle en église paroissiale. Les fidèles de La Wantzenau n’obtiennent une paroisse qu’en 1468, bien que leur participation à la liturgie et leur accès aux sacrements soient compromis depuis que le Rhin, ayant changé son cours, séparait La Wantzenau de Honau, son église-mère. De tous les villages qui se rendaient à l’église Saint-Martin du Bollenberg, Orschwihr a été le dernier village à obtenir sa propre église paroissiale au milieu du xvie siècle. Mais certaines localités n’obtinrent jamais d’église paroissiale ; les fidèles devaient se rendre dans l’église-mère pour assister à la messe dominicale et recevoir les sacrements. Le nombre de paroisses par diocèse a donc augmenté plus faiblement, mais il continue à augmenter. Par exemple, le diocèse de Besançon possédait seize paroisses de l’actuel Territoire de Belfort en 1275, vingt-et-une au xive siècle et vingt-cinq au xve siècle. Entre 1779 et 1782, un échange de paroisses du Territoire entre l’évêque de Besançon et celui de Bâle (qui possédait déjà dix-huit paroisses en 1441) modifia le tracé de la frontière entre les deux diocèses et amena à créer de nouvelles paroisses.

À la fin du Moyen Âge, une grande diversité

À la fin du Moyen Âge, Francis Rapp recense 22 paroisses alsaciennes dans le diocèse de Spire, 370 dans celui de Strasbourg, 423 dans celui de Bâle. Ces paroisses se caractérisent par leur grande diversité. La lente élaboration du maillage paroissial a conduit à de fortes différences de taille entre les paroisses. Certaines sont très étendues alors que d’autres, surtout urbaines, possèdent un territoire restreint ; certaines sont très peuplées tandis que d’autres le sont très peu. Si toutes les paroisses se trouvent sous l’autorité spirituelle de l’évêque, elles se trouvent souvent sous la tutelle directe d’un seigneur, d’un monastère ou d’un chapitre qui en perçoit les revenus. L’abbaye de Masevaux contrôle onze paroisses au XVe siècle, tandis que toutes les paroisses strasbourgeoises et l’unique paroisse colmarienne dépendent alors d’un chapitre de la ville. Enfin, les différences de richesse entre les paroisses ne sont pas négligeables, du fait de la qualité des terroirs et du nombre de fidèles ; la paroisse de Rouffach est ainsi l’une des plus riches d’Alsace à la fin du Moyen Âge.

Paroisse, vie liturgique et encadrement de la communauté

Initialement lieu de baptême, la paroisse s’impose, lors de la réforme grégorienne et avec le concile de Latran III (1179), comme le lieu essentiel de l’encadrement des fidèles par l’Église. Les fidèles y sont baptisés, s’y marient, y sont – en théorie du moins – inhumés, y reçoivent les autres sacrements, entre autres la communion (au moins lors des grandes fêtes). Le développement de la confession auriculaire après le concile Latran iv joue un rôle clef dans l’importance de la paroisse dans l’encadrement des fidèles. Les synodes, qui se tiennent à partir de la réforme grégorienne, précisent dans les statuts synodaux les missions des clercs encadrant les paroissiens.

Le calendrier liturgique, reprenant en partie celui des travaux des champs, s’impose aux paroissiens. La communauté paroissiale se retrouve dans son église lors des messes : la messe dominicale bien sûr, les messes célébrées lors des grandes fêtes liturgiques, mais aussi, à la fin du Moyen Âge, la Frühmesse (messe du matin) célébrée chaque matin au lever du jour quand une prébende a été fondée sur un autel de l’église, par exemple depuis 1325 dans l’église Sainte-Aurélie de Strasbourg. La fête du saint patron de l’église paroissiale est l’occasion d’une grande fête (v. Kilbe). La paroisse se rassemble pour des processions relevant de la liturgie officielle, pour des processions demandées par les paroissiens eux-mêmes (pour protéger leurs champs par exemple) ou pour des bénédictions, par exemple celle des récoltes. Au bas Moyen Âge, s’ajoutent également les messes anniversaires fondées par des défunts pour garantir leur salut. Elles prenaient la forme de messes supplémentaires et individualisées ou d’une évocation du défunt lors de la Frühmesse du jour, selon les volontés et les revenus du défunt. Certaines églises paroissiales accueillaient par ailleurs des pèlerinages locaux ; depuis le xie siècle, l’église Sainte-Aurélie accueillait des pèlerins dans sa crypte où se trouvait le tombeau de la sainte. Leimbach accueillait des pèlerins venus prier Saint-Blaise au XVe siècle.

Le cimetière paroissial s’impose à partir du xie siècle à la fois comme un espace consacré, mais aussi un espace social, comme l’atteste l’exemple du cimetière Saint-Georges de Haguenau. Il est de plus en plus investi par les pratiques liturgiques à mesure que la commémoration des défunts se développe. Au xve siècle, la procession au cimetière lors de la messe des morts du lundi et de la Toussaint, mais aussi de certains anniversaires se généralise.

Les rites paroissiaux suivaient, comme toute la liturgie, des règles de plus en plus codifiées et consignées dans les rituels (v. Liturgie) et ils reposaient sur les ouvrages contenant leur description des gestes et le texte des formules, prières, chants scandant les différentes célébrations. Bien que les paroisses les plus riches et les plus grandes soient mieux dotées que les autres, on constate une augmentation générale du nombre de livres, entre autres à cause de la spécialisation croissante de ces ouvrages. A minima, chaque paroisse détenait un missel, un psautier, un obituaire, une agende. L’évêque ayant imposé à chaque paroisse d’en posséder une, les agendes font partie des premiers livres imprimés. Aux environs de 1450, la paroisse Sainte-Hélène de Schiltigheim possède ainsi dans son trésor trois missels, deux livres pour les matines et un psautier, un graduel, trois antiphonaires, des livres rassemblant évangiles et lectures, deux agendes, un ouvrage pour « les vigiles des morts », un processionnal ainsi que deux obituaires (l’ancien que l’on conserve et le nouveau utilisé pour les offices).

Si la paroisse s’est imposée comme le cadre premier et fondamental de la vie religieuse, elle subit également, à partir du milieu du xiiie siècle, la concurrence des Mendiants, très présents en contexte urbain. Nombre de fidèles assistent en effet à leurs prédications, leur font des dons, décident de se faire inhumer dans un couvent franciscain ou dominicain et d’y faire célébrer des messes anniversaires. Ce sont alors autant de revenus qui échappent à la paroisse ; mais le clergé séculier ne parvient pas à freiner le succès des Mendiants auprès des paroissiens. Les conflits furent donc nombreux dès 1220-1240. Les tentatives répétées des autorités urbaines – le Magistrat de Strasbourg par exemple, dans un but de contrôle du patrimoine des familles bourgeoises – et du pape n’empêchèrent pas les tensions, plus ou moins vives, de perdurer tout au long du bas Moyen Âge. La querelle entre les paroisses (contrôlées par les chapitres) et les Mendiants de Strasbourg au sujet de la confession fut ravivée à plusieurs reprises par les uns ou les autres en 1365-1373, en 1451-1457, enfin en 1517-1518.

Les confréries, elles aussi très prisées des fidèles, s’imposent elles aussi toujours plus comme un cadre important des pratiques religieuses ; elles paraissent souvent plus dynamiques que les paroisses au milieu du xve siècle, y compris dans les espaces ruraux.

L’organisation paroissiale

Le clergé et la cura animarum

La cura animarum incombe au curé. Il est présenté par le patron de l’église et nommé par l’évêque qui peut en théorie contester le choix du patron (v. Eigenkirche, Mutterkirche, Patronat). Il doit, à partir de la réforme grégorienne, être validé par l’archidiacre au cours d’un placitum christianitatis ou sendgericht (v. Placitum christianitatis). Le seigneur n’est alors plus que patron de la paroisse, ce qui ne change souvent pas grand-chose dans la pratique. La première mention de ce patronage, datant de 1162, concerne l’église paroissiale de Dauendorf. À partir du xive siècle, la nomination du curé est en théorie confirmée par le pape. Le curé appartient à un chapitre rural qui se réunit à intervalle régulier (v. Chapitre_rural) ; le chapitre rural de Betbur réunit les curés de nombreuses paroisses dont Marmoutier, Maennolsheim et Saverne. Le siège du chapitre est transféré à Saverne en 1504.

Deux termes désignent le curé dans les sources : rector ecclesie réservé en général au détenteur du bénéfice et plebanus désignant le prêtre desservant une paroisse qu’il soit bénéficier ou salarié (par exemple vicaire perpétuel) (v. Pléban). Lorsqu’il est détenteur d’un bénéfice, le curé perçoit une partie des revenus de la paroisse, c’est-à-dire le casuel, les offrandes, des fondations d’anniversaires (quand elles existent), la dîme. Il n’en tire pourtant pas toujours des revenus importants. Le patron de la paroisse – seigneur laïc, monastère ou chapitre – perçoit en effet la dîme et le casuel dans leur intégralité ou en partie. Or, chapitres et monastères eurent fréquemment recours aux incorporations de paroisses pour résoudre leurs difficultés financières ; les chanoines ou les moines assurent alors en théorie la liturgie dans ces églises, mais ils s’en approprient aussi les revenus. Les incorporations ne constituent pas un phénomène récent – comme l’atteste l’incorporation de la paroisse de Marmoutier en 1220 par l’abbaye de Marmoutier –, mais elles se multiplient à la fin du Moyen Âge.

Le curé est souvent secondé par des chapelains ou des vicaires (Helfer, Mietlinge) qui célèbrent les messes à sa place. Les chapelains possèdent un bénéfice après la fondation de la chapellenie. Quant aux vicaires, souvent originaires de Souabe au xve siècle, ils sont choisis et souvent très peu payés par le curé. Le cumul de plusieurs charges ecclésiastiques (curé, chapelain et chanoine par exemple) amène en effet nombre de curés à ne pas résider dans la paroisse et à leur déléguer ses fonctions ; le curé remet alors une part de son revenu, la portion congrue, aux clercs desservant la paroisse à sa place (v. Portion congrue).

Les sources de la fin du Moyen Âge témoignent des nombreuses dérives des membres du clergé – non-respect de la discipline ecclésiastique, liturgie approximative, absentéisme, concubinage. L’évêque semble tenter de remédier à la situation. Les statuts synodaux du diocèse de Bâle énumèrent en 1434 divers manquements que seul l’évêque peut juger : concubinage, adultère, simonie, incendie volontaire, homicide. Les amendes versées par les coupables sont enregistrées dans les comptes du procureur fiscal de l’évêque de Bâle entre 1441 et 1500. Mais les tentatives épiscopales de contrôle du clergé local restent trop timides pour remédier réellement à la situation. Les travaux récents tendent néanmoins à prouver que les chiffres que l’on a pu donner du nombre de clercs dévoyés méritaient d’être revus à la baisse ou d’être réinterprétés. Les prédicateurs réformateurs tardo-médiévaux accentuèrent en effet la description des abus pour inciter à la réforme.  L’absentéisme ou le remplacement du curé par un vicaire, évalué à un tiers des curés dans le diocèse de Strasbourg et dans le Sundgau dans les années 1470, est en fait variable d’une paroisse à l’autre (seule une minorité de paroisses souffre d’un absentéisme de longue durée), d’une décennie à l’autre et il peut s’expliquer en partie par le contexte général, en particulier dans le Sundgau, le cumul des bénéfices, mais surtout par la hausse des incorporations. Il faut certes tenir compte de l’effet de sources et des variations géographiques, mais les actes de délinquance sont aussi moins nombreux que ce que l’on a longtemps cru si l’on en croit les études faites à propos du clergé sundgauvien. Dans ce doyenné, on ne compte en effet que 20 % de prêtres condamnés entre 1441 et 1500, dont deux tiers pour cause de rupture du vœu de chasteté. Ces derniers chiffres révèlent les efforts faits par l’évêque pour s’attaquer à ce problème plus qu’à d’autres. Mais, si les prêtres concernés payent une amende, ils restent en place dans leur paroisse.

L’instruction de nombreux curés, souvent minimale, s’améliore néanmoins avec l’essor des études universitaires et de l’imprimerie au xve siècle, garantissant un encadrement un peu meilleur des fidèles.

D’autres acteurs que le clergé de la paroisse à proprement parler interviennent parfois dans la vie liturgique à la fin du Moyen Âge : le maître d’école et les écoliers (pour le chant), l’organiste (souvent un chapelain), les knechte de la paroisse, le fossoyeur, des béguines payées pour assister aux messes anniversaires.

L’administration de la paroisse

Au bas Moyen Âge, le clergé paroissial ne peut néanmoins remplir ses devoirs liturgiques sans l’aide de la fabrique tenue par des laïcs et désormais chargée à la place du curé de l’administration de la paroisse, hormis dans de petites paroisses dans lesquelles le curé remplit encore la fonction de responsable de la fabrique. Sa réglementation et ses statuts se sont peu à peu précisés à partir du xiie siècle (v. Fabrique). À la fabrique revient la tâche d’entretenir le bâtiment ecclésial (v. Église, propriété et entretien), mais aussi d’acheter tout ce qui s’avère indispensable au culte (vêtements liturgiques, cierges, encens, hosties, livres liturgiques, orgue, etc.). C’est donc elle qui tient les comptes (attestant la diffusion de l’écrit dans toute la société médiévale). La fabrique s’impose par conséquent comme un acteur fondamental de la vie paroissiale : sans elle, point d’accomplissement de la liturgie.

Le contrôle de la paroisse et de ses revenus ont fait l’objet de multiples conflits tout au long du Moyen Âge : conflit entre seigneur et clergé aux xie-xiiie siècles, conflit entre clergé et fabrique au xve siècle, notamment dans les paroisses urbaines, par exemple celle de Saint-Georges à Haguenau, sur lesquels le Conseil de la ville cherche à obtenir un droit de regard afin de réguler le patrimoine des familles bourgeoises. On sait par exemple que la prébende de Jean Geiler de Kaysersberg était financée par le Magistrat. La paroisse est donc également devenue un cadre essentiel de la vie sociale des individus et un enjeu dans la redéfinition des autorités religieuses et politiques, entre clercs et laïcs. L’élection du curé et la perception de la dîme sont d’ailleurs des enjeux non négligeables lors de la guerre des Paysans. La paroisse s’impose par ailleurs avec la Réformation comme le lieu du culte par excellence dans les espaces convertis au protestantisme, par exemple dans toutes les paroisses strasbourgeoises dont les prédicateurs, obligés de posséder le droit de bourgeoisie, sont désormais nommés par le Magistrat.

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Notices connexes

Admission à la charge d’âme

Cimetière ; Clergé séculier

Dinghof

Église (propriété et entretien) ; Eigenkirche

Fabrique ; Fruhmesse

Kilbe ; Kirchenpfleger

Leutpreister - Pléban

Werk

Anne Rauner