Mundat (Haut)
Mundat supérieur, Obermundat, Mundat de Rouffach
Seigneurie ecclésiastique, territoire détaché de la juridiction des comtes royaux, donnée comme terre affranchie (immunitas, mundatum) au siège épiscopal de Strasbourg. Les évêques de Strasbourg le possèdent en tant que seigneurs temporels.
Le territoire autour de Rouffach est donné aux évêques de Strasbourg au milieu du VIIe siècle. Cette donation repose sur une anecdote historique. Sigisbert, fils du roi Dagobert II, qui séjournait dans son château d’Isenbourg à Rouffach, partit à la chasse. Il fit étape dans le monastère bâti par saint Materne sur l’île de Novietum. Là, le prince et ses compagnons commirent plusieurs excès et désordres, insultèrent les moines et dormirent dans l’église. Le lendemain, Sigisbert fut mortellement blessé par un sanglier. Son père eut recours aux prières de saint Arbogast, évêque de Strasbourg, et Sigisbert revint à la vie. Dagobert II, en signe de reconnaissance, offrit à l’évêque de Strasbourg le territoire autour de Rouffach qui devint ainsi l’Obermundat. L’historien de Rouffach, Thiébaut Walter, a démontré que ce diplôme de Dagobert est un faux évoqué au XIVe siècle. D’ailleurs, Arbogast et Dagobert ne furent pas contemporains, plus d’un siècle les sépare.
Le territoire de Soultz intègre le Haut Mundat en 1015 et Eguisheim y est rattaché en 1225, après l’extinction des comtes de Dagsbourg. Dans les observations précédant son inventaire des titres des bailliages, Duboys note en 1758 (AHR 3 G évêché de Strasbourg) « Suivant une description de l’Obermundat du XIVe siècle, le don que le roi Dagobert fit à l’évêché de Strasbourg comprenait la ville de Rouffach, le village de Westhalten, la ville de Soultz, le bourg de Jungholtz, le village de Rimbach-Zell, la ville de Sainte-Croix, le village d’Ungersheim, la ville d’Eguisheim, les villages de Husseren, Vœgtlinshoffen, Morschwiller [Obermorschwihr], quelques droits à Hattstatt et à Meyenheim, le village de Hartmannswiller, Orwiler [Ollwiller], le bourg de Soultzmatt, la vallée de Soultzmatt comprenant Osenbach, Danviler [Thannwiller] et Wintzfelden, les villages de Gundolsheim, Pfaffenheim, Gueberschwihr, Zellenberg, Bennwihr et la ville de Neuburg-en-Brisgau [ancien village aujourd’hui englobé par Fribourg-en-Brisgau] ».
Au fil des dénombrements successifs, l’étendue de ses possessions s’est considérablement réduite. Au début du XVIIIe siècle, il est composé du bailliage de Rouffach, du bailliage de Soultz et de la prévôté d’Eguisheim. La ville de Rouffach, capitale administrative du Haut Mundat. Un bailli représentant de l’évêque de Strasbourg réside au château d’Isenbourg. En revanche, le Haut Mundat reste placé sous l’autorité spirituelle de l’évêché de Bâle.
Le Haut Mundat, en tant que seigneurie ecclésiastique, disparaît lors de la Révolution.
Bibliographie
GRANDIDIER (Philippe André), Histoire de l’Église et des princes-évêques de Strasbourg, Strasbourg, 1776-1778.
SCHOEPFLIN (Jean Daniel),Histoire des villes, villages et hameaux de la Haute Alsace, t. 2, Strasbourg, 1828, p. 228-253.
REUSS (Rodolphe), L’Alsace au XVIIIe siècle, Paris, 1897- 1898, t. 1, p. 386.
WALTER (Thiébaut), Abrégé de l’histoire de Rouffach, 1920.
LA GRANGE (Jacques de), L’Alsace en 1700, Colmar, 1975, p. 113-114.
Notices connexes
Philippe Jéhin