Lehrverding

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Lehrvertrag, contrat d’apprentissage.

L’apprentissage d’un métier artisanal est la première étape à franchir avant de devenir compagnon. Il s’adresse à des jeunes gens de 14 à 24 ans.

Un contrat d’apprentissage (Lehrvertrag ou Lehrverding), est parfois établi par le maître d’une corporation au moment du paiement de la taxe d’apprentissage, lors de la cérémonie d’accueil de l’apprenti en présence des maîtres ou de leurs représentants (AMS, Corporation des tanneurs, I, f°5v-6).

Il peut faire l’objet contrat passé devant notaire, entre le père ou le tuteur du jeune homme et le maître artisan. La fin de l’apprentissage donne lieu à un autre contrat, Lehrbrief, plus rarement repérable dans les minutes notariales, sorte de certificat de fin d’études.

Ce n’est qu’à partir du 2e tiers du XVIe siècle que les contrats d’apprentissage apparaissent habituellement dans les sources. Ils renseignent sur un certain nombre de modalités concernant l’engagement d’un apprenti. Par exemple, chez les tisserands bâlois, un contrat de 1534 précise que le montant du lehrgeld s’élève à 15 livres, payables au terme de l’apprentissage (STA Basel, Webernzunft 42, f°2). D’autres contrats, chez ces mêmes tisserands, précisent que les maîtres versent une somme à l’apprenti une fois sa formation achevée. Sinon, les contrats se résument aux obligations du maître, entre autres la fourniture de vêtements. D’autres contrats, plus tardifs, indiquent la gratuité de l’apprentissage, selon la formule usuelle : es gibt kein theil dem anderen nichts.

L’apprentissage se déroule tantôt dans la localité de résidence du jeune, tantôt au loin. Ainsi, la réputation des boutonniers et passementiers de Sainte-Marie-aux-Mines attire de nombreux jeunes Suisses. Sur les 110 contrats conclus avec des boutonniers et passementiers de cette ville de 1662 à 1711, 57 concernent des étrangers à la localité. Des contacts préalables entre pères et maîtres peuvent s’être noués lors des foires, comme on peut le supposer pour Sebastian Hammerer, marchand strasbourgeois, qui prend en 1552 un apprenti de Châlons, résidant alors à Épinal, ou encore pour son concitoyen Hans Herlin, pêcheur, chargé en 1555 avec sa femme d’apprendre à un jeune de « Muritz bey Blanckenburg » (probablement Saint-Maurice-aux Forges, entre Blâmont et Badonviller), à la fois son métier et l’allemand.

La durée prévue par le contrat varie selon le métier enseigné, de 2 ans (pêcheur, tisserand, cloutier…), 3 ans (drapier), 4 ans (passementier, boutonnier) à 5 ans (marchand). Cette indication est toutefois sujette à caution, car les deux années citées dans un Lehrbrief de 1620 pour l’apprentissage de la tonnellerie paraissent insuffisantes. Un apprenti peut en effet se former successivement auprès de deux maîtres. C’est le cas explicite de Hans Weckle, de Badenweiler, qui a séjourné à Riquewihr de 1617 à 1621, chez deux cordonniers différents. En revanche, un maître n’a pas le droit d’accueillir plus d’un apprenti à la fois, selon la règle observée dans tout le Saint-Empire. En décembre 1669, la maîtrise des boutonniers et passementiers de Strasbourg se plaint auprès de celle de Sainte-Marie-aux-Mines que des maîtres ne la respectent pas. En 1673 encore, Bâle ne reconnaît plus comme compagnons les anciens apprentis admis à Sainte-Marie, parce qu’ils ne sont pas redlich. Strasbourg et d’autres villes adoptent alors la même attitude.

Dans un contrat de « louage d’apprentif », passé devant notaire à Sainte-Marie le 27 septembre 1670 entre un marchand de Montbéliard et un passementier, il est précisé que l’apprentissage de son fils durera 4 ans à partir du 15 juin écoulé. Le père s’engage à payer 63 florins, monnaie de Bâle, pour la pension et 2 ducats « pour les vins de la femme » (expression équivalant à « épingles », terme utilisé ailleurs pour qualifier le pourboire), moitié comptant immédiatement, moitié à la fin de la formation. En échange, le maître promet « par sa foy pour ce donnée corporellement en lieu de serment » d’instruire le jeune « sans luy rien céder ny cacher ». Et le garçon de s’engager à son tour d’être fidèle et obéissant à son maître et de se comporter honnêtement. Deux maîtres passementiers jurés sont témoins au contrat (AHR, 1E83/160).

Bibliographie

SCHULZ (Knut), Handwerksgesellen und Lohnarbeiter. Untersuchungen zur oberrheinischen und oberdeutschen Stadtgeschichte des 14. bis 17. Jahrhunderts, Sigmaringen, 1985, p. 262-263.

WOLFF (Christian), « Contrats d’apprentissage et autres à Sainte-Marie-aux-Mines, 1662-1711 », Bulletin du Cercle généalogique d’Alsace, 106, 1994, à 11, 1995.

Notices connexes

Compagnon

Lehrknabe

Monique Debus Kehr, Christian Wolff