Constofler

De DHIALSACE
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Le terme de Constofler (Constofeler, Constaf(e)ler) apparaît à Strasbourg vers 1310 (UBS IV/2, p. 36) ; il dérive de constabularii, « utilisateurs de la même écurie », à ne pas confondre avec le mot connétable, qui désigne un grand officier chargé de la cavalerie, qui vient, quant à lui, de comes stabuli. Les Constofeler sont répartis en Constafeln, des subdivisions spatiales de la ville (Alioth, p. 167), dont ne sont à l’origine membres, sans doute, que ceux des bourgeois qui entretiennent des chevaux et effectuent leur service à cheval. Ce critère apparaît cependant moins clair dès le courant du XIVe siècle, où l’on trouve des Constofler servant à pied et des gens de métier le faisant à cheval (la nature du service dépendant de la fortune). Les Constafeln, dirigées par un Constafelmeister, sont encore mal connues ; leur nombre passerait d’une quinzaine au début du XIVe siècle à huit au début du XVe siècle. Sans que l’on sache exactement par quels mécanismes, elles jouent aussi le rôle de sociétés patriciennes. Plusieurs historiens leur associent un poêle (Trinkstube) ainsi que des pratiques de distinction (vêtements distinctifs notamment, Dollinger, p. 54) ; cette assimilation a été critiquée depuis (Alioth, p. 175). En tout cas, le conseil interdit en 1362 aux Constofler d’exercer une activité artisanale, obligeant les récalcitrants à entrer dans une des corporations de métier (antwercke). Aussi le terme de Constofler marque-t-il progressivement une distinction sociale et politique, désignant les bourgeois n’appartenant pas à un antwerck, c’est-à-dire les « patriciens bourgeois » (burger) comme les « patriciens nobles » (edle) dans les textes émanant du Conseil (Schwörbrief de 1433, AVCUS CH 4294, et les suivants). La séparation ne fut cependant pas absolue, et des cas de passage d’un métier aux Constofler furent discutés au Conseil de la ville dans la seconde moitié du XVe siècle, les gens de métier recherchant l’honneur conféré par l’appartenance à une Constafel, les Constofler désirant attirer les plus riches et honorables des antwercke et ainsi regarnir leurs propres rangs, qui connaissaient une diminution considérable (Heusinger, p. 274).

De Strasbourg, le terme de Constofler connut une diffusion en Alsace (Haguenau 1444, Colmar 1561), mais aussi au-delà, à Zurich (1336). Il est également utilisé dans des villes d’Allemagne du Nord telles que Magdebourg ou Lübeck à la fin du Moyen Age, toujours pour désigner des membres de l’élite sociale, mais sans forcément avoir de signification juridique précise.

 

Bibliographie

Deutsches Rechtswörterbuch, article « Konstabel II ».

ALIOTH (Martin), Gruppen an der Macht. Zünfte und Patriziat in Strassburg im 14. und 15. Jahrhundert. Untersuchungen zu Verfassung, Wirtschaftsgefüge und Sozialstruktur, Bâle, 1988, p. 166-250.

DOLLINGER (Philippe), « L’émancipation de la ville et la domination du patriciat (1200-1349) », LIVET (Georges), RAPP (Francis) (dir.), Histoire de Strasbourg des origines à nos jours. Volume 2 : Strasbourg des Grandes Invasions au XVIe siècle, Strasbourg, 1981, p. 39-94, ici p. 54, et « La ville libre à la fin du Moyen Age », ibid., p. 99-175, ici p. 131-134.

GILOMEN (Hans-Jörg), « Constafler, Constofler », Lexikon des Mittelalters, vol. III, col. 166-167.

HEUSINGER (Sabine von), Die Zunft im Mittelalter. Zur Verflechtung von Politik, Wirtschaft und Gesellschaft in Straßburg, Stuttgart, 2009, p. 266-274.

Marcel Thomann, Olivier Richard