Chambres secrètes

De DHIALSACE
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Régence perpétuelle - geheime stuben, bestaendige regiment, stehende regiment (de la ville libre de Strasbourg)

Sous l’Ancien Régime, l’adjectif « geheim », secret ou intime, est accolé aux instances et aux fonctions qui ont rapport direct avec le souverain et l’exercice de ses compétences souveraines, quelles qu’elles soient : politique extérieure, guerre, maintien de l’ordre, subsistances, qu’il soit prince ou comme ici conseil d’une république.

Les geheime stuben de Strasbourg sont formées par les trois chambres dont les membres sont cooptés à vie, les XIII et les XV, qui se sont imposées à partir de la fin du Moyen Âge et les XXI. La Chambre des XIII, formée avant 1400, composée de treize membres, six Ammeister, quatre Stettmeister de l’année et trois bourgeois, s’occupe avant 1681 des affaires militaires et étrangères, remplacées en 1681 par les relations avec les instances royales. Elle est aussi chargée du maintien des privilèges et de la juridiction de la Ville et de l’université protestante. Au XVIIIe siècle, elle « traite les affaires majeures soit avec la Cour, soit avec les commandants et intendants, soit avec les cours voisines » (Oberlin). Sa seconde fonction est de servir de chambre d’appel (Cammergericht) des sentences du Grand et du Petit Sénat en matière civile, en dernier ressort, pour les affaires ne dépassant pas 1000 livres après 1681. Ses membres se recrutent parmi ceux de la Chambre des XV.

La Chambre des XV, qui date de 1433, est composée de cinq nobles, dont deux Stettmeister, et de dix assesseurs bourgeois. Elle contrôle les finances, l’administration, assure l’ordre, gère le ravitaillement et surveille le prix des denrées, une fonction essentielle lors des crises frumentaires. Elle veille à l’exécution et au maintien des statuts et règlements de la ville ; elle a « soin de différents objets de commerce et de finance et la police des arts et métiers lui est confiée » (Oberlin). Cette Chambre s’est rendue impopulaire au XVIIIe siècle pour ses attributions, dont la police des arts et métiers, l’alignement des maisons et le salaire des manœuvriers, valets et bateliers.

Les XXI étaient au début une chambre effectivement composée de 21 personnes, mais les affaires qui y étaient traitées ont glissé vers les XIII et les XV, de sorte que le nom de XXI, (on pourrait rajouter « qui désigne ») au début un nombre de magistrats permanents, est devenu un titre et une dignité (ledige Einundzwanziger). Ils ne sont plus que quatre, trois bourgeois et un noble, qui attendent la vacance d’une place aux XV. S’ils n’exercent aucune sorte de fonction ni de juridiction, ils participent aux séances du Grand Conseil de 62 membres, ainsi qu’à l’Assemblée commune des trois chambres secrètes, avec voix délibérative lorsque l’Ammeister régent ou le préteur royal l’a convoquée. On appelle alors cette assemblée commune le Conseil et les XXI ou « Rath und XXI ».

Cette structure complexe comprend en plus plusieurs départements subalternes, dont les assesseurs sont tirés des Chambres des XXI, des XIII et des XV et du Grand Sénat. Le plus important est la Chambre de l’Economie, établie en 1752 pour gérer et contrôler toutes les dépenses. Parmi les autres figurent la Chambre de la police, la députation forestale, les départements des bailliages, des six fondations pieuses (hôpital bourgeois, aumônerie de Saint Marc, maison des Orphelins, hôpital des Enfants trouvés, Chambre des Aumônes et Maison des pauvres manants), les bureaux de l’Umgeld, de la douane, de l’Accise des viandes, des péages au pont du Rhin et aux portes de la ville.

 

Sources - Bibliographie

AMS IV/690.

OBERLIN (Jérémie-Jacques), Almanach de Strasbourg pour l’année 1781, p. 76-77, texte reproduit dans l’Almanach d’Alsace des années suivantes (1782-1788), par exemple 1782, p. 229-230, 1783, p. 207-208.

CRAMER (Ulrich), Die Verfassung und Verwaltung Straßburgs, 1521-1681, Francfort sur le Main, 1931.

LIVET, RAPP, Histoire de Strasbourg (1980-82), t. 2 et 3. GREISSLER (Paul), La classe politique dirigeante à Strasbourg 1650-1750, Strasbourg, 1987, p. 18-21.

 

Notices connexes

Ammeister

Constitution de Strasbourg

Stettmeister

Strasbourg (République de, ville de)

Bernard Vogler