Burglehen

De DHIALSACE
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seßlehen, feodum castrense, feodum mansionis, Fief castral

Fief imposant à son détenteur, dit Burgmann, l’obligation de résider dans un lieu fortifié – ville, château ou cimetière – et de contribuer au besoin à sa défense. Cette forteresse elle-même n’est jamais le fief castral. Celui-ci comprend généralement une maison à l’intérieur de la fortification à défendre, et des rentes en argent ou en nature, ou plus rarement des biens-fonds. L’obligation de résidence propre au fief castral fait qu’il est soigneusement distingué (p. ex. dans les aveux et livres de fiefs) du fief ordinaire, dit Manlehen. C’est encore le cas à la fin du Moyen Âge, alors que les Burgmannen ne remplissent plus leurs obligations, tout en continuant à percevoir les revenus de leur fief castral – ce qui montre que celui-ci a connu la même évolution que les autres fiefs. Conséquence de celle-ci, dès le XIVe siècle, lorsqu’un seigneur confère un fief castral nouveau, ce n’est plus pour assurer la défense d’une forteresse, mais pour acheter un soutien politique ou rétribuer un fonctionnaire : on trouve désormais de grands seigneurs et des roturiers parmi les Burgmannen.

La valeur d’un fief castral est normalement d’environ 20 à 70 marcs d’argent en capital, ce qui correspond à une rente de 2 à 7 marcs, sans qu’on puisse affirmer que le montant soit fonction du service rendu. On trouve d’ailleurs des fiefs castraux d’une valeur bien supérieure (en Alsace au moins jusqu’à 200, ailleurs jusqu’à 400 marcs), notamment quand le vassal est de haute noblesse (Maurer 1976, 139‑42). Le fait que le fief castral soit en général une rente en argent – rachetable (auquel cas le vassal est tenu de faire oblation au seigneur d’alleux valant le capital du rachat), mais rarement rachetée – est au XIIIe siècle un trait moderne, qui introduit dans le rapport féodal une plus grande souplesse : il permet au vassal comme au seigneur de mettre plus facilement fin à leurs relations ; en ce sens, c’est un pas vers une solde payée pour un service temporaire.

Des historiens mal informés désignent bien à tort comme fief castral un château tenu en fief. Tout au contraire, le fief castral est la parade trouvée par les seigneurs à l’émancipation de leurs vassaux, qui faisait qu’un château donné en fief était un château perdu. Cette parade a été efficace au XIIIe siècle, mais de moins en moins par la suite, car le fief castral, quoique plus souple que le fief normal, évolue comme lui au bénéfice du vassal, qui finit par en jouir sans accomplir le service qu’il devrait.

Notice connexe

Burgmann

Bernhard Metz