Brandwein

De DHIALSACE
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eau de vie de vin, vin distillé

Le Brandwein, obtenu par distillation du vin, est attesté dans les grands centres urbains comme Strasbourg, Colmar ou Bâle, et dans les villages viticoles. Il est soumis à la taxe de l’Umgelt (comme à Colmar ou Ribeauvillé). Le Magistrat de Strasbourg promulgue de nombreux règlements interdisant la fabrication des mauvaises eaux de vie par traitement de la lie de bière, de céréales ou de marc de raisin : « falsche brandwein von fruchten, biertrusen, traberen und anderen unzulässig sachen verboten ». Il existe pourtant, à Strasbourg, en 1603, environ une centaine de marmites pour bouillir les grains de froment. Un important mandat est alors édité, repris dans la Policey Ordnung de 1628, pour garantir la qualité du produit et interdire les eaux de vie de grains. Le Brandwein, obtenu par distillation du vin, est conduit vers Francfort, mais aussi vers Cologne, Aix-la-Chapelle et Nuremberg. L’eau de vie y est souvent surnommée « Strassburger Wasser ». En témoignent des ventes strasbourgeoises en 1603, 1622, 1640, 1641. Cependant, au XVIIe siècle, les ordonnances du Magistrat autorisent également la distillation du marc de raisin.

Le Brandwein ne doit pas être confondu avec les gefeuerten Weine ou vins doux. La vinification de ces vins reste mal connue. Selon Sébastien Munster (1544), les vignerons connaissent deux procédés pour garder la douceur du vin, c’est-à-dire empêcher la fermentation. On introduit des braises dans un fût de vin nouveau (gefeuerten wein) ou l’on étouffe le vin par du marc (vergrebt in treben). Munster précise que l’on produit ces vins à Ammerschwihr, Kaysersberg et Kientzheim. L’existence de Feuerkeller est attestée, en 1577, à Kaysersberg, Saint-Hippolyte, Nothalten. Andlau et Colmar en vendent également.

Les Intendants d’Alsace renouvellent les arrêtés de police interdisant dans toute la généralité toutes autres eaux de vie, de blé et autres grains de quelque nature que ce soit, à peine de confiscation des eaux et chaudières et intimant l’ordre à tous baillis et magistrats d’appliquer cette interdiction (Ordonnance 12 janvier 1697). Elle n’est vraisemblablement pas appliquée, car elle est renouvelée en 1736 pour des contrevenants de Landau, puis en 1773 pour des contrevenants de Wasselonne. Ce sont des motifs sanitaires mais aussi économiques qui provoquent l’interdiction des eaux de vie de sirop, grains, lies, marcs de raisin dans tout le royaume, mais autorisant l’eau de vie de cidre et de poire, dans les provinces de Normandie et de Bretagne (y compris le diocèse de Nantes). La déclaration royale interdit par conséquent la fabrication et le commerce d’eaux de vie autres que de vin dans toutes les autres provinces, y compris l’Alsace (24 janvier 1713). Une précision est cependant apportée en 1718 : la fabrication, le transport et le commerce d’eaux de lie de vin sont autorisés « pour laisser subsister l’usage de cette province et entrer dans les convenances des habitants du pays qui travaillent à cette fabrique ou qui font le commerce d’eaux de vie ».

On distingue alors l’eau de vie de lie de vin (trusen) et l’eau de marc (traveres).

 

Sources - Bibliographie

De BOUG, Recueil des Edits, Déclarations... du Conseil d’Etat et du Conseil Souverain d’Alsace... , Colmar, 1775., I, 250, 416-417.

HOFFMANN (Charles), L’Alsace au XVIIIe siècle, 1906, III, 290.

KINTZ (Jean-Pierre), La société strasbourgeoise (1560-1650), Paris, 1984, p. 337‑338.

 

Notices connexes

Alcoolisme

Eau-de-vie

Vin

 

Claude Muller