Baumeister

De DHIALSACE
Aller à : navigation, rechercher

(mittelhochdeutsch buwmeistermagister edificii)

Ce mot a des sens très variables selon l’époque et le lieu :

1. Sur un grand chantier médiéval, le Baumeister n’est pas l’architecte – qu’on nomme en général Werkmeister (magister operis) – c’est le responsable administratif et financier du chantier. Par exemple le bu(w)meister de l’oeuvre Saint-Martin de Colmar, attesté depuis 1366 au moins et aussi appelé pfleger (und meister) des buwes, est tantôt un clerc (chanoine ou chapelain), tantôt un patricien laïc jusque vers le milieu du XVe siècle, puis il y en a deux simultanément, un clerc et un homme politique (AMC GG 15) ; en 1514, les buwmeister de l’oeuvre Saint-Thiébaut de Thann sont deux membres du Conseil de la ville (AHR 158 J 356).

2. À Colmar, au XVe siècle, le bumeister est aussi un haut fonctionnaire municipal, équivalent au lonherr de Strasbourg, soit une sorte de directeur des travaux communaux (par exemple AMC CC 142, 3e carton, p. 160). Ici aussi, ce n’est pas un homme de l’art ; il appartient à la classe politique.

3. Lorsque plusieurs seigneurs possèdent un château-fort en commun, sa paix castrale (Burgfrieden), au plus tard au XVe siècle, institue souvent un Baumeister, qui est l’un d’entre eux, chargé au départ de veiller à l’entretien du château ; il dispose à cet effet de certaines recettes (en particulier les droits de séjour / entheltnisse) et / ou une contribution annuelle due par les copossesseurs au prorata de leur part ; il leur rend compte de sa gestion en fin de mandat. Dans certains cas, ses responsabilités vont plus loin ; en particulier, si le château est le chef-lieu d’une seigneurie, il peut devenir l’administrateur de celle-ci. Il arrive aussi qu’on fasse appel à lui comme arbitre. Il y a parfois deux ou trois Baumeister simultanément. Souvent, ils sont désignés pour un an et libres de désigner leurs successeurs, qui ne peuvent refuser la charge : vu l’indiscipline et la négligence chroniques des coseigneurs, elle n’est pas enviable.

4. Dans quelques rares villes (Masevaux, Molsheim, Ensisheim…), Baumeister est une charge communale, qui s’apparente au départ à celle d’un adjoint aux travaux communaux et peut finir par correspondre à celle de bourgmestre.

5. Le point commun aux cas cités plus haut est que le Baumeister n’est pas un homme de l’art. En revanche, c’en est un à Strasbourg, au XVIe siècle : un architecte, comme Hans Schoch (Eheberg n° 334 ; cf. aussi n° 305), ou un ingénieur, comme Daniel Specklin.

 

Bibliographie

EHEBERG (Karl Theodor von), Verfassungs- , Verwaltungs- und Wirtschaftsgeschichte der Stadt Strassburg bis 1681, 1899.

RAPP(Francis), Recherches sur les châteaux forts alsaciens, 1968, p. 37‑39.

MENGUS (Nicolas), « Les paix castrales (Burgfrieden) dans les villes et châteaux alsaciens au Moyen Âge », RA, 118, 1992, p. 11‑21, ici p. 15.

 

Notice connexe

Burgfrieden

Bernhard Metz