Ermites de Saint-Augustin

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Augustins, Augustiner (eremiten), Ordo Eremitarum S. Augustini (OESA)

Au Moyen Âge

Les Ermites de Saint-Augustin sont le troisième ordre mendiant, par ordre chronologique et d’importance. À la différence des Franciscains et des Dominicains, il n’ont pas été fondés par une personnalité charismatique, mais par une décision autoritaire du pape Alexandre IV, qui, en 1256, réunit plusieurs congrégations italiennes d’ermites en un ordre suivant la règle de saint Augustin et voué à l’apostolat. Avant la fin du XIIIe siècle, cet ordre est déjà répandu dans toute l’Europe. La plupart de ses maisons sont en ville, de sorte que le nom d’Ermites, qui fait référence à ses origines, et que l’ordre n’a abandonné qu’en 1969, ne correspond déjà plus à aucune réalité. L’ordre est organisé sur le modèle des Dominicains : les couvents, dirigés par un prieur nommé par le provincial, sont regroupés en provinces, dont chacune a son prieur provincial et tient chapitre tous les ans (depuis 1453 tous les trois ans), l’ensemble étant supervisé par un chapitre général (tous les trois, puis quatre ans) et un prieur général confirmé par le pape. Chaque couvent a une école, et chaque province, pour la formation supérieure de ses religieux, un studium generale. Celui de la province du Rhin et de Souabe est depuis 1306 à Strasbourg, et très coté. Les Augustins ont eu un Tiers Ordre et la direction spirituelle de quelques couvents de femmes, mais en Alsace on ne trouve mention ni de l’un ni de l’autre, ni – à la différence p. ex. de Constance – de béguines liées aux Augustins.

On y trouve en revanche six couvents d’hommes : Strasbourg (1265), Mulhouse (avant 1268), Haguenau (1284 ; avant 1272 ?), Wissembourg (1279), Ribeauvillé (1297) et Colmar (1316). Sauf à Ribeauvillé, tous s’implantent dans une ville où existent déjà un (Mulhouse) ou deux couvents mendiants. Près des limites de l’Alsace, il faut signaler les couvents de Breisach (1270), Bâle (1276) et Landau (avant 1299).

Les Franciscains sont l’ordre mendiant le plus populaire, les Dominicains le plus intellectuel, les Augustins le plus attaché à la papauté et à leur patron saint Augustin ; mais dans le détail, beaucoup, chez eux aussi, dépend de circonstances particulières. C’est ainsi que le couvent de Bâle, dans le quartier huppé de la cathédrale (uff burg), a un profil beaucoup plus aristocratique que la maison de Strasbourg, installée au milieu des maraîchers du Faubourg National (under wagener).

Les XIVe et XVe siècles sont pour l’ordre une période de relatif déclin, lié à la crise générale de l’Église et marqué par une certaine baisse du recrutement et du niveau intellectuel et par des abus, en rapport notamment avec l’introduction, comme dans les autres ordres, de formes de propriété individuelle. En réaction, comme dans les autres ordres, se fait jour un mouvement de retour à l’observance, qui, en Alsace, n’a touché que le couvent de Mulhouse (depuis 1421, mais pour combien de temps ?).

La Réforme ne laisse subsister en Alsace que les couvents de Colmar et Haguenau. Son initiateur Martin Luther était un ancien Augustin, tout comme Nikolaus Prugner / Bruckner, le réformateur de Mulhouse. En revanche, Conrad Treger, prieur augustin de Strasbourg depuis 1517 et provincial (1518-1542), et son successeur Johann Hofmeister (1543-1547), ancien prieur de Colmar (1533), se sont distingués comme controversistes catholiques.

Sources - Bibliographie

Archives : les chartes des augustins de Strasbourg sont dispersées entre celles dites de l’échange de 1893 parmi celles de la Ville (AMS CH) et celles de Saint-Thomas (AMS 6AST 46-48, 7, 8 & 9AST) ; pour tous ces fonds existe un inventaire analytique de B. Metz (dactyl., aux AMS) ; d’autres chartes ont été copiées par Ch. Schmidt (BNUS Ms. 3870) ; les actes sont dans 1AST. Le fonds du couvent de Wissembourg est perdu (sauf ABR H 1179), celui de Haguenau est aux ABR (H 1164-1177 bis), ceux de Colmar (17H) et de Ribeauvillé aux AHR (18H et 19J 4), celui de Mulhouse aux AMM.

Sur l’ordre en général

HÖHN (Antoninus), OESA, Chronologia provinciae Rheno Suevicae OESA, s. l. 1744.

KUNZELMANN (Adalbero), OESA, Geschichte der deutschen Augustiner-Eremiten, 7 vol. Würzburg 1969-76 (Cassiciacum, 26), dont : 1, Das 13. Jh., 1969, et 2, Die rheinisch-schwäbische Provinz bis zum Ende des Mittelalters, 1970.

GUTIÈRREZ (David), OESA, Geschichte des Augustinerordens (traduit de l’espagnol), I/1, Die Augustiner im Mittelalter (1256-1356), Würzburg 1985; I/2, Die Augustiner im Spätmittelalter (1357-1517), 1981.

Sur l’ordre en Alsace

INGOLD (A.M.P.), éd., Nouvelles oeuvres inédites de Grandidier, IV (Alsatia Sacra, II), Colmar 1899, p. 59-81.

BEUCHOT (Isidore), « Die ehem. Augustinerkirche zu Colmar », Colmarer katholischer Kirchen-Kalender 9, 1915, p. 42-73, et à part.

WAGNER (Jules), « Les couvents du Vieux Mulhouse, I. Les Augustins », BMHM 46, 1926, p. 113-127 [rien sur l’Observance].

OHRESSER (Xavier), « Le couvent des Ermites de SaintAugustin de Ribeauvillé », AEA 33, 1969, p. 267-325.

BARTH, Handbuch (1980).

RAPP (Francis), « Die Mendikanten und die Straßburger Gesellschaft am Ende des Mittelalters », in ELM (Kaspar), éd., Stellung & Wirksamkeit der Bettelorden in der städtischen Gesellschaft (Berliner historische Studien 3, Ordenstudien, 2), 1981, p. 85-102.

Dictionnaire d’histoire & de géographie ecclésiastiques 13, 1953, c. 263-264 (Colmar), et 23, 1990, c. 68 (Haguenau).

RÜTHER (Andreas), Bettelorden in Stadt und Land. Die Straßburger Mendikantenkonvente und das Elsaß im Spätmittelalter (Berliner historische Studien, 26; Ordensstudien, 11), Berlin 1997.

DOLL (L. Anton), Palatia Sacra, I/2, Der Landdekanat Weissenburg, 1999, p. 323-325.

Bernhard Metz

À l’Époque Moderne

La Réformation du XVIe siècle provoque des bouleversements. Wolfgang Schultheis du couvent des augustins de Strasbourg, (NDBA p. 3550) est l’un des premiers à se marier. À Wissembourg, il ne reste plus de religieux dès 1526. La convoitise de Guillaume II, seigneur de Ribeaupierre, entraîne la dissolution du couvent de Ribeauvillé en 1527. En 1534, les bâtiments de Strasbourg sont incorporés par la ville à l’asile des pauvres.

Lorsque la monarchie française reprend en Alsace les droits de l’Empereur, elle favorise les ordres religieux, dont les Augustins. Ces derniers rentrent à Ribeauvillé en 1657 et à Wissembourg en 1684. Avec les couvents de Haguenau et de Colmar qui avaient survécu à toutes les turbulences, auxquels s’ajoute celui de Landau, ils intègrent la province « rhéno-souabe » qui englobe une vingtaine de couvents au total, comme ceux de Constance, d’Erfurt et de Wurtzbourg. Après de nombreuses turbulences et d’essais infructueux, naît en 1764 une province alsacienne, regroupant Colmar, Haguenau, Landau, Ribeauvillé et Wissembourg, plus Bitche. Elle constitue la quarante-quatrième de l’ordre. Les religieux, outre l’enseignement, desservent des paroisses et s’occupent des malades. Comme les autres ordres, ils animent une confrérie qui leur est propre, une sorte de « tiers ordre », appelée confrérie de la « ceinture noire » dont l’appellation renvoie à « ayez la ceinture aux reins et aux lampes allumées » (Luc 12,35). Les membres portent sous leurs habits une réduction de la ceinture de cuir noir des religieux. La Révolution de 1789 supprime tous ces couvents et l’ordre ne se réimplantera plus en Alsace. Les ermites de saint Augustin sont à ne pas confondre avec les chanoines de saint Augustin.

Bibliographie

OHRESSER (Xavier), « Le couvent des ermites de Saint Augustin à Ribeauvillé », AEA, 33, 1969, p. 267-325.

BURG (André Marcel), « Ermites de saint Augustin », Encyclopédie de l’Alsace, 5, 1983, p. 2 835-2 836.

MULLER (Claude), Les ordres mendiants en Alsace au XVIIIe siècle, Haguenau, 1984.

MULLER (Claude), Les augustins d’Alsace dans la tourmente révolutionnaire, Langres, 1991.

MULLER (Claude), « La croix et la coule. Clément Oberlé, provincial des augustins d’Alsace de 1784 à 1788 », Annuaire des Amis de la Bibliothèque Humaniste de Sélestat, t. 55, 2005, p. 181-199.

Claude Muller

Notices connexes

Augustins

Couvent