Lettres dimissoriales

De DHIALSACE
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Dimissoria, dimissorium, dimissoires, dimissoriales.

On entend par lettres dimissoriales ou dimissoire un écrit par lequel un évêque autorise un autre évêque à conférer les ordres à un de ses sujets (Durand de Maillane, II, 158-16 ; NAZ, IV, col. 1244). Ainsi Nicolas Fech (ou Fecht) obtient de Jean de Manderscheid des dimissoriales pour se faire ordonner à Bâle en 1586 (AAEB A 49/8, Dimiss.). Gisbertus Goetz fait valoir à Bâle en 1598 des dimisssoriales du cardinal Charles de Lorraine, aussi évêque de Metz, pour les ordres mineurs et majeurs (AAEB A  49/8, Dimiss.). Plus tard, le Souabe André Forster, déjà diacre, ira également se faire ordonner à Bâle en 1604 (AAEB A 46/1, 103). L’archiduc Léopold d’Autriche n’était qu’administrateur du diocèse de Strasbourg (1607-1625) ; simplement tonsuré et non pas prêtre, il ne pouvait être évêque, ni procéder à des ordinations ou consécrations. C’est la raison pour laquelle l’évêque de Bâle a procédé à la consécration de l’église des Jésuites en 1618. C’est à lui également qu’étaient quelquefois adressés les ordinands du diocèse de Strasbourg, comme Jean-Caspar Fundelius, déjà chapelain à Offenburg, en 1610 (AAEB A 49/8) ou André Fiacrius, d’Altorf, en 1619 (ABR G 6305, f°121v), mais, le plus souvent, l’évêque-suffragant – de son temps Adam Peetz – procédait à ces fonctions épiscopales. Jean-Georges Geyer, de Saverne, étudiant à Mayence, obtient en 1624 un dimissorium ad majores ordines pour s’y faire ordonner (ABR G 6307, f°15).

Sous le mandat de Léopold Guillaume d’Autriche (1625-1662), qui semble n’avoir jamais mis les pieds en Alsace, Jean-Jacques Baldauff, Strasbourgeois converti, obtient un dimissorium ad ordines le 12.10.1633 (ABR G 6308, f°186) ; il sera ordonné prêtre à Constance le Samedi Saint 1637 (Erzbischöchliches Archiv Freiburg Ha 358, p. 901). Jean Fiacrius, neveu d’André, étudiant en Sorbonne, pourra se faire ordonner à Paris grâce à un dimissorium établi le 2 janvier 1634 (ABR G 6308, f°189) ; il obtiendra également en juillet des pouvoirs pour célébrer à Paris (ABR G 6308, f°195v).

Cas bien plus ancien et plus singulier, celui de Theobaldus Beinheim qui s’est fait conférer tous les ordres, mais sans dimissoriales, par un évêque « in partibus » ; il a encouru la suspense et demande à en être relevé par Rome, ce qui lui sera accordé le 9 septembre 1475 (Repertorium Germanicum, VI, p. 876, n°6575). Dans tous ces cas, il s’agit d’un envoi et non d’un renvoi.

Mais le terme dimissorium, dérivé du verbe dimittere (renvoyer), est également souvent utilisé en cas d’envoi ou de renvoi d’un prêtre dans un autre diocèse, sans que l’on sache toujours s’il s’agit du souhait de l’intéressé ou d’un départ forcé. Le cas de Martin Alutarius est clair : curé de Rhinau à partir de 1614, il a été incarcéré à Dachstein pour concubinage en avril 1616, interdit dans le diocèse et les arrêts mis sur ses biens. Le 12 août, on lui donne un dimissorium (ABR G 6303-6304) et il va desservir plusieurs paroisses dans le diocèse de Bâle jusqu’à son décès en 1627 (ABR 1 C 3770). Il en va de même pour Maurice Fessler, curé de Monswiller, incarcéré à Dachstein, auquel on remet le 22  novembre 1617 un dimissorium ex episcopatu (ABR G 6303, 359). Le cas de Jean-Georges Avenula (Haeberlin), prêtre du diocèse de Constance, né à Rottenburg, est moins évident. Ordonné en 1609, il est attesté comme curé de Saint-Georges à Haguenau dès 1611 et jusqu’en 1629, et comme député au chapitre rural du Haut-Haguenau en 1626 (AM Haguenau GG 77/6). Le 13.07.1629, il obtient un dimissorium pour le diocèse de Spire (ABR G 6308, 32v) : départ volontaire ou mutation punitive ?

Bibliographie

ABR ; Archives de l’Ancien Evêché de Bâle (Porrentruy) (AAEB) ; Erzbischöfliches Archiv Freiburg.

DURAND DE MAILLANE, Dictionnaire, Lyon, 1770, t. II, p. 158-166.

NAZ, Dictionnaire de droit canonique, 1949, t. IV, col. 1244.

Notices connexes

Chapitre_rural

Évêque suffragant

Ordinations

Suspense

Louis Schlaefli