Étrennes de confrérie

De DHIALSACE
Aller à : navigation, rechercher

Bruderschaftbüchlein

Ouvrage de spiritualité offert annuellement par une confrérie à ses membres. En Alsace, seule la Grande Congrégation Académique de Molsheim (Sodalitas major Academica Beatae Mariae Virginis Annuntiatae) put se permettre ce luxe. Issue, en 1617, par scission, de la sodalité érigée par les Jésuites dès 1580, elle prit le titre d’Académique en 1618, après l’érection de l’Académie. Elle ne regroupait que des lettrés, dont les deux tiers étaient constitués par des clercs jouissant d’un bénéfice (chanoines, abbés mitrés, recteurs…) et un tiers par des laïques, nobles ou gradués, dont des membres du Conseil souverain d’Alsace, comme Valentin Michel de Hold, ordonné prêtre sur le tard. En 1767, il fut décidé que le nombre des congréganistes ne pourrait pas dépasser le chiffre de 400 et pourtant il est fait état d’un tirage de 2 000 exemplaires pour certains opuscules. Comme l’un ou l’autre titre a été repris par d’autres confréries, il est vraisemblable que ces étrennes ont connu une large diffusion au sein de l’Ordre des Jésuites.

La tradition a existé de 1668 au plus tard jusqu’en 1791 ; les pages 1 à 80 de l’exemplaire de 1792 étaient tirées et les autres (81 à 120) composées. Il n’en existe aucune collection complète ; la plus importante est conservée au Grand Séminaire de Strasbourg.

La Bible, la Vierge, l’apologétique figurent parmi les sujets souvent traités ; on y trouve aussi les oeuvres de saint Augustin, de saint Bernard, de saint François de Sales et de Bossuet, ainsi que l’Imitation de Jésus-Christ. La spiritualité jésuite est évidemment fort représentée ; six ouvrages parlent de la préparation à la mort. L’historique de la Congrégation figure dans les éditions de 1668, 1696 et 1746, et, d’une façon étonnante, quatre manuels de savoir-vivre (1676, 1691, 1707, 1708) font partie du lot. Ces étrennes parurent en latin jusqu’en 1776, puis en français.

Ces opuscules étaient dédiés au préfet sortant, dont ils portaient parfois les armes : celui de 1718 comportait celles de Maximilien-Philippe, comte de Manderscheid-Blanckenheim, chanoine de Cologne et de Strasbourg, qui avait donné 160 florins « pro libello xeniali inter confoederatos distribuendo » ; celui de 1768 était orné des armes de Jean Chrétien Joseph Kleinclaus, Commandeur de Saint-Jean à Strasbourg et Sélestat.

La Vierge en argent, conservée dans la Bibliothèque du Grand Séminaire de Strasbourg, ornait jadis l’autel de cette Congrégation prestigieuse, réservée à une élite, qui constituait toutefois une exception dans le nombre des confréries érigées par les Jésuites en Alsace : à côté d’elle, la Sodalitas minor B. M.V. Annuntiatae regroupait les élèves des classes supérieures, la Sodalitas angelica ceux des basses classes ; la Sodalitas civica était ouverte aux bourgeois de Molsheim…

 

Bibliographie

PAULUS (Nicolas), « La Grande Congrégation Académique de Molsheim », RCA 1886, p. 94-102.

WILLMS (Günther), « Die Strassburger Silbermadonna und ihr Meister »,ASHAME 1969, p. 48-53.

SCHLAEFLI (Louis), « Les publications de la Grande Congrégation Académique de Molsheim », Marian Library Studies, University of Dayton, Dayton, 1975, p. 303-324.

CHATELLIER (Louis), La Congrégation Académique de Molsheim et la société alsacienne à la fin du XVIIIe siècle, ASHAME, 1980, p. 89-97.

Notices connexes

Confrérie

Jésuites (en Alsace)

Neujahrsgabe

Nouvel an

Louis Schlaefli