Nottaufe
Ondoiement
Très présente en Alsace, comme en témoignent les registres paroissiaux, la pratique de l’ondoiement se situe au confluent de deux réalités fondamentales qui caractérisent les sociétés d’Ancien Régime : l’importance primordiale du baptême, dont le nouveau-né doit bénéficier pour sauver son âme et obtenir un passeport pour la vie éternelle, ce qui s’explique par la précarité qui est la sienne dans les premières semaines de son existence : conditions déplorables d’hygiène et d’environnement sanitaire au moment de la naissance ; mauvais état physiologique de la mère lors de l’accouchement ; malformations congénitales et immunité insuffisante face aux agressions microbiennes de la première enfance chez le nouveau-né.
Le rôle essentiel de la sage-femme, autorisée à administrer le baptême en cas d’urgence (« urgente mortis periculo » pour reprendre l’expression couramment utilisée par les registres paroissiaux catholiques), à charge pour elle de prononcer les formules d’usage.
Les ondoyés décédés figurent en principe sur le registre des sépultures, les ondoyés survivants sur les registres de baptême, même si, pour les premiers, la double inscription est possible. Il ne s’agit pas de la « mortalité infantile » globale (jusqu’à l’âge d’un an) qui enlève, au XVIIIe siècle encore, un enfant sur 4 ou 5, mais l’ondoiement concerne soit la « mortinatalité », qui représente 12 à 20% des naissances et qui relève parfois d’un recours aux sanctuaires à répit, soit la « mortalité néonatale » qui compte pour un quart ou un tiers de la mortalité infantile. Dans les deux cas de figure, la sage-femme se voit propulsée à des fonctions qui dépassent son rôle d’accoucheuse : intervention parfoisin utero, plus fréquemment au moment de la naissance, quitte à faire confirmer l’ondoiement ainsi réalisé par un baptême subséquent si l’enfant survit. De telles responsabilités, qui relèvent de la sphère spirituelle et morale, sont strictement encadrées par la réglementation ecclésiastique (Strasbourg entre 1598 et 1758) et garanties par le serment que les autorités religieuses réclament de la part de la sage-femme lors de son entrée en fonction.
Notices connexes
Hebamme - Sage-femme
Jean-Michel Boehler