Officier de santé

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Gesundheitsbeamter

La Révolution a supprimé les Universités et les anciennes Facultés, dont les Facultés de médecine. Ces dernières sont remplacées en l’an II et III par les trois Écoles de santé, redevenues Facultés de médecine en 1808/1809, de Paris, Strasbourg et Montpellier, qui ouvrent au grade de docteur en médecine. Elles seront ultérieurement doublées d’écoles pratiques. L’exercice de la médecine est réglementé par la loi du 10 ventôse an XI (1er mars 1803), et celles de la pharmacie, de l’herboristerie, des accouchements par un ensemble de lois des mois de ventôse et de germinal, qui imposent aux praticiens des études préliminaires, vérifiées par un jury médical (loi du 19 ventôse an XI - 10 mars 1803). Les docteurs en médecine peuvent exercer dans toute la France, mais les officiers de santé dans le seul département où ils ont été examinés par le jury (loi du 19 ventôse an XI - 10 mars 1803).

À partir de 1806, les villes qui avaient eu une Faculté de médecine sous l’Ancien Régime, se voient autorisées à créer des écoles secondaires de médecine, ou Écoles préparatoires de médecine, où enseignent anciens professeurs et médecins de ville, dont le débouché est l’officier de santé. Ils sont rattachés pour leurs jurys aux Facultés de leurs arrondissements. Il s’en ouvre 15 en 1806 et 1807 : Amiens, Angers, Besançon, Bordeaux, Caen, Clermont, Dijon, Grenoble, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Poitiers, Reims, Toulouse. Besançon, Dijon et Nancy relèvent de Strasbourg.

Mais l’appellation « officier de santé » est utilisée aussi pour les médecins militaires, dès le XVIIIe siècle. Henri Bardy donne quelques indications sur l’activité des médecins militaires pendant les terribles hivers des guerres sur le Rhin, à partir de l’expérience de l’hôpital militaire de Belfort. En 1792, le ministère de la Guerre prescrit la surveillance des agents et officiers de santé des hôpitaux militaires, suspectés de manque de zèle alors que les hôpitaux débordent de malades du typhus, et « où soldats et officiers n’entraient à l’hôpital que pour y expirer ». Mais le nombre de chirurgiens et d’officiers de santé ne suffit plus ; il fallut mettre en réquisition tous les médecins civils du pays […]. Le printemps de 1794 mit un terme à l’épidémie, sans que l’affluence à l’hôpital ne diminue. Il fallut organiser des ambulances de délestage à Altkirch et Ensisheim.

Les officiers de santé militaire ont également été très actifs pour la propagation de la vaccine contre la petite vérole, ou variole. « La petite-vérole faisait à cette époque de grands ravages. Au commencement de germinal an XI, le préfet du Haut-Rhin, Félix Desportes, établit dans chaque arrondissement un comité composé de plusieurs médecins chargés d’inoculer la vaccine. Le ministre de l’Intérieur, Chaptal, chercha à la généraliser dans le reste de la France et la proposa pour modèle aux préfets des autres départements par sa circulaire du 6 prairial de la même année. Le comité central de vaccine formé à Colmar entretenait avec les comités des autres arrondissements une correspondance suivie et recueillait les observations de tous les officiers de santé qui pratiquaient cette inoculation. C’est aux médecins Morel, Belin, Kasmann, Schaffter et Bloch qu’on doit l’obligation de l’avoir fait connaître et pratiquer à Belfort. « Tous ces noms, dit le Moniteur du 17 novembre 1803, doivent être présentés à la reconnaissance publique comme ceux d’hommes au zèle et aux lumières de qui Belfort doit un bienfait inappréciable. » Depuis le 4 vendémiaire an 11 jusqu’à pareille époque an 12, le comité de vaccine de Belfort a vacciné 200 personnes. En 1804, le comité d’arrondissement de Belfort était ainsi composé : François-Xavier Belin, docteur en médecine, François-Denis Blétry, idem, Henri Bardy, docteur en chirurgie.

La biographie du docteur Blétry donne des indications sur la formation des médecins de la Révolution et de l’Empire, militaires nombreux et civils. Blétry avait passé ses diplômes à la Faculté de médecine de Besançon (1786-1789), sa licence et son doctorat à celle de Nancy, avant sa suppression, puis avait été chirurgien-major de l’armée révolutionnaire, puis chirurgien-chef de l’hôpital militaire de Belfort jusqu’en 1829, attaché aussi à son hôpital civil (Baradel (Yvette) « Blétry, François-Denis », Dictionnaire biographique du territoire de Belfort, 2001).

Bibliographie

MERLIN (Philippe-Antoine), Répertoire, Paris 1827, tome 8, p. 749, art. « Officier de Santé ».

BARDY (Henri), « Coup d’œil sur l’histoire de la médecine et de la chirurgie dans le canton de Belfort », RA 1852, p. 156 s.

STROHL (E.), « Das Medizinalwesen », in KRIEGER (J). Topographie der Stadt Strassburgn nach 'ärtzlich-hygienischen'Gesichtspunkten bearbeitet, Strasbourg 1885.

LÉONARD (Jacques), « Les études médicales en France entre 1815 et 1848 », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, Année 1966, 13-1, p. 87-94.

BARADEL (Yvette), Belfort de l’Ancien Régime au siège de 1870, Strasbourg 1989-1993.

LIVET (Georges), L’Université de Strasbourg, de la Révolution française à 1870, Strasbourg 1996, p. 236-310.

DEBUS KEHR (Monique), Moi, Jean Joseph Reisser, docteur en médecine à Thann (1750-1816), Étude critique d’un manuscrit, Strasbourg 2019.

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