Hôpitaux militaires : Différence entre versions

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<p style="text-align: justify;">Après la paix de Munster, une ordonnance du marquis de Louvois de 1661 prescrivit l’implantation d’hôpitaux militaires permanents dans les places de guerre des provinces frontières d’Alsace et des Flandres, afin de satisfaire les besoins sanitaires de leurs garnisons en temps de paix et servir d’établissements de soins aux blessés de guerre.<br/> Vers la fin du XVIIe siècle et dans la première moitié du XVIIIe se développèrent alors les premiers hôpitaux militaires d’Alsace, dont le plus important de la province&nbsp;: celui de Strasbourg. Ils dépendaient directement de l’Intendant, par l’intermédiaire des commissaires des guerres. À chacun de ces hôpitaux étaient attachés, au moins, un directeur, un aumônier, un chirurgien, un apothicaire, des infirmiers, rémunérés par le trésor royal, et dont les effectifs étaient ajustés à la capacité d’accueil de chaque établissement.</p> <p style="text-align: justify;">Avec les guerres de la Révolution et de l’Empire, la concentration de troupes nombreuses le long de la frontière avec le Saint-Empire, la proximité des combats de part et d’autre du Rhin, le réseau hospitalier militaire existant s’avéra vite insuffisant. Pour faire face aux besoins grandissants, furent alors établis des hôpitaux annexes temporaires, essentiellement dans des édifices religieux nationalisés (couvents des bénédictins à Altorf, des capucins à Blotzheim, des catherinettes à Colmar, des bénédictins à Ebersmunster, des tiercelines à Haguenau, des chartreux à Molsheim, des capucins d’Obernai, des bénédictines à Saint-Jean-Saverne, des dominicains et des dominicaines de Sylo à Sélestat, des capucins, des récollets et des dominicaines à Strasbourg, des augustins et des capucins à Wissembourg).</p> <p style="text-align: right;">'''Claude Betzinger'''</p>  
 
<p style="text-align: justify;">Après la paix de Munster, une ordonnance du marquis de Louvois de 1661 prescrivit l’implantation d’hôpitaux militaires permanents dans les places de guerre des provinces frontières d’Alsace et des Flandres, afin de satisfaire les besoins sanitaires de leurs garnisons en temps de paix et servir d’établissements de soins aux blessés de guerre.<br/> Vers la fin du XVIIe siècle et dans la première moitié du XVIIIe se développèrent alors les premiers hôpitaux militaires d’Alsace, dont le plus important de la province&nbsp;: celui de Strasbourg. Ils dépendaient directement de l’Intendant, par l’intermédiaire des commissaires des guerres. À chacun de ces hôpitaux étaient attachés, au moins, un directeur, un aumônier, un chirurgien, un apothicaire, des infirmiers, rémunérés par le trésor royal, et dont les effectifs étaient ajustés à la capacité d’accueil de chaque établissement.</p> <p style="text-align: justify;">Avec les guerres de la Révolution et de l’Empire, la concentration de troupes nombreuses le long de la frontière avec le Saint-Empire, la proximité des combats de part et d’autre du Rhin, le réseau hospitalier militaire existant s’avéra vite insuffisant. Pour faire face aux besoins grandissants, furent alors établis des hôpitaux annexes temporaires, essentiellement dans des édifices religieux nationalisés (couvents des bénédictins à Altorf, des capucins à Blotzheim, des catherinettes à Colmar, des bénédictins à Ebersmunster, des tiercelines à Haguenau, des chartreux à Molsheim, des capucins d’Obernai, des bénédictines à Saint-Jean-Saverne, des dominicains et des dominicaines de Sylo à Sélestat, des capucins, des récollets et des dominicaines à Strasbourg, des augustins et des capucins à Wissembourg).</p> <p style="text-align: right;">'''Claude Betzinger'''</p>  
 
*''Colmar''  
 
*''Colmar''  
<p style="text-align: justify;">En 1699, une partie des anciens bâtiments conventuels, vendus par les franciscains à la ville de Colmar et transformés en hôpital, fut affectée à l’hôpital militaire de la garnison (place du 2 février 1945), dénommé «&nbsp;Hôpital Français&nbsp;». Un in-<br/> cendie dû à la foudre en 1735, détruisit totalement les anciens bâtiments du couvent franciscain, mais l’hôpital fut en partie reconstruit sur ses anciennes fondations.</p> <p style="text-align: justify;">L’hôpital militaire fut transféré en 1792 au couvent des Catherinettes (rue Kléber) où il restera jusqu’en 1887.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p>  
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<p style="text-align: justify;">En 1699, une partie des anciens bâtiments conventuels, vendus par les franciscains à la ville de Colmar et transformés en hôpital, fut affectée à l’hôpital militaire de la garnison (place du 2 février 1945), dénommé «&nbsp;Hôpital Français&nbsp;». Un in-<br/> cendie dû à la foudre en 1735, détruisit totalement les anciens bâtiments du couvent franciscain, mais l’hôpital fut en partie reconstruit sur ses anciennes fondations.</p> <p style="text-align: justify;">L’hôpital militaire fut transféré en 1792 au couvent des Catherinettes (rue Kléber) où il restera jusqu’en 1887.</p>  
 
*''Fort-Louis du Rhin (Fort-Vauban)''  
 
*''Fort-Louis du Rhin (Fort-Vauban)''  
 
<p style="text-align: justify;">Vauban posa lui-même la première pierre de la ville-citadelle en 1687. Des casernes et un hôpital militaire occupaient l’intérieur du «&nbsp;Fort Alsace&nbsp;», édifié sur la rive alsacienne du Rhin et relié à la ville par un pont de bois. L’insalubrité de cette place-forte, due à une très forte présence de l’eau, favorisa l’apparition de nombreuses maladies&nbsp;; le taux de mortalité y fut très important&nbsp;; c’est ainsi que de 1716 à 1778 y furent relevés 6394 décès, dont plus de 900 pour la seule année 1743. Cependant, peu de renseignements sur cet hôpital subsistent, ses archives ayant disparu (Himly).</p> <p style="text-align: justify;">En novembre 1793, lors du siège de «&nbsp;Fort-Vauban&nbsp;» par les coalisés, l’hôpital militaire fut touché et flamba presque entièrement durant deux jours.</p>  
 
<p style="text-align: justify;">Vauban posa lui-même la première pierre de la ville-citadelle en 1687. Des casernes et un hôpital militaire occupaient l’intérieur du «&nbsp;Fort Alsace&nbsp;», édifié sur la rive alsacienne du Rhin et relié à la ville par un pont de bois. L’insalubrité de cette place-forte, due à une très forte présence de l’eau, favorisa l’apparition de nombreuses maladies&nbsp;; le taux de mortalité y fut très important&nbsp;; c’est ainsi que de 1716 à 1778 y furent relevés 6394 décès, dont plus de 900 pour la seule année 1743. Cependant, peu de renseignements sur cet hôpital subsistent, ses archives ayant disparu (Himly).</p> <p style="text-align: justify;">En novembre 1793, lors du siège de «&nbsp;Fort-Vauban&nbsp;» par les coalisés, l’hôpital militaire fut touché et flamba presque entièrement durant deux jours.</p>  
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<p style="text-align: justify;">Place-forte royale depuis 1682 lorsque Vauban fit améliorer les défenses que Daniel Specklin (1536-1589) avait fait édifier vers 1580. Un hôpital militaire fut installé dans le bâtiment dont le commandant de la place occupait le troisième niveau. Cependant, ni Horrer, ni l’État militaire de la France ne le mentionnent. Pendant la guerre de 1792 à 1794, la place-forte comptait un important hôpital militaire (D. Riehm), mais qui semble n’avoir été que temporaire.</p>  
 
<p style="text-align: justify;">Place-forte royale depuis 1682 lorsque Vauban fit améliorer les défenses que Daniel Specklin (1536-1589) avait fait édifier vers 1580. Un hôpital militaire fut installé dans le bâtiment dont le commandant de la place occupait le troisième niveau. Cependant, ni Horrer, ni l’État militaire de la France ne le mentionnent. Pendant la guerre de 1792 à 1794, la place-forte comptait un important hôpital militaire (D. Riehm), mais qui semble n’avoir été que temporaire.</p>  
 
*''Munster''  
 
*''Munster''  
<p style="text-align: justify;">Lors des premières guerres de la Révolution sur la ligne du Rhin un hôpital militaire fut installé dans l’abbaye des bénédictins (place du Marché), dont la communauté avait été dispersée en août 1791. Cet hôpital fut évacué en 1797.</p> <p style="text-align: right;">'''Claude Betzinger'''</p>   
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<p style="text-align: justify;">Lors des premières guerres de la Révolution sur la ligne du Rhin un hôpital militaire fut installé dans l’abbaye des bénédictins (place du Marché), dont la communauté avait été dispersée en août 1791. Cet hôpital fut évacué en 1797.</p> <p style="text-align: right;">'''Claude Betzinger'''</p>
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*<span style="text-align: justify;">Neuf-Brisach</span>
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Neuf-Brisach semble avoir disposé d’un hôpital dès sa construction. En effet, le 28 février 1699, Picon d’Andrezelle, subdélégué de l’Intendant et commissaire ordonnateur à Neuf-Brisach, écrit : « Mon premier soin en arrivant ici... a été de visiter l’établissement de l’hôpital qu’on destine pour recevoir les soldats qui tomberont malades pendant la construction de Neuf-Brisach ». Il y a tout lieu de penser que cet établissement a été érigé au milieu des baraques édifiées en-dehors du périmètre de la place forte, soit dans le camp de la « petite Hollande », dans celui de Saint-Jacques près de la Porte de Bâle ou dans celui de la Sirène, près de Volgelsheim, construits pour loger tout le personnel – civil et militaire – occupé à la construction. Huit régiments se trouvaient sur place en 1698.
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Ultérieurement, l’établissement aurait été transféré à l’intérieur de la place au service de son importante garnison. Était-ce déjà le cas en 1702? Nous l’ignorons. La question se pose parce qu’en automne de cette année commença à sévir une<br/> épidémie, qu’on mit sur le compte « du mauvais air causé par le remuement des terres ». On enregistra 76 décès de soldats en 1703 et 82 en 1704. En 1709, Jean-Baptiste Bolgera est médecin-major à l’hôpital royal du lieu et Martial Dubois y obtient provision de chirurgien-major.
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Il existe un projet de nouvel hôpital daté de 1716. Entre 1772 et 1788, Ignace Hyacinthe Blein (ou Blin) est médecin-chef de l’hôpital royal militaire de la place.<br/> Archives Départementales de Moselle, C 177, p. 27.<br/> BNUS, Ms 1041.<br/> LIVET, Intendance, 1956, p. 673.<br/> HALTER (Alphonse), HERRSCHER (Roger), ROTH ( Jules), Neuf-Brisach, Colmar-Ingersheim, 1972, p. 11.<br/> NDBA, p. 4249.<br/> SCHLAEFLI (Louis), De la misère en milieu rural : Rustenhart à la fin du XVIIIe siècle, Annuaire de la Société<br/> d’Histoire de la Hardt et du Ried, 2011/12, p. 48-50.<br/> Ville-Neuve-de-Brisach<br/> La Ville-Neuve, créée ex nihilo au bord du Rhin,<br/> face à Breisach, disposait probablement d’un<br/> hôpital. Jean-Michel Sibylle, « directeur royal
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<p style="text-align: justify;">de l’hôpital » (1686/87) y est également chirur-<br/> gien-major. En 1693, il est, en outre « directeur</p> <p style="text-align: justify;">de l’infirmerie de M.M. les gentilshommes d’icy<br/> aux forts », ainsi que « chirurgien-major au fort<br/> des cadets ». Pierre Oriolt lui a manifestement<br/> succédé comme « chirurgien-major des hôpitaux<br/> du Roy » en 1699. Le traité de Ryswick obligea</p> <p style="text-align: justify;">Louis XIV à détruire cette Ville-Neuve, démo-<br/> lition entamée en 1698 et pratiquement achevée</p> <p style="text-align: justify;">en 1700, alors qu’on érigeait Neuf-Brisach plus à<br/> l’intérieur des terres.<br/> SCHLAEFLI (Louis), « Un monde éphémère : la société de<br/> la Ville-Neuve de Brisach », Annuaire de la Société d’Histoire de<br/> la Hardt et du Ried, I, 1986, p. 44.</p> <p style="text-align: justify;">Louis Schlaefli</p> <p style="text-align: justify;">Saverne<br/> Un hôpital militaire n’est cité qu’une fois dans les<br/> archives, en 1704 et F.-J. Himly pense qu’il aurait<br/> pu s’agir d’un établissement éphémère.</p> <p style="text-align: justify;">En 1793, l’abbaye des bénédictines de Saint-<br/> Jean-Saverne, bien national, fut transformé en hô-<br/> pital militaire temporaire.</p> <p style="text-align: justify;">Sélestat<br/> Dès 1680, le poêle de la corporation des Pêcheurs<br/> (place du Vieux Port, démoli en 1765) fut converti<br/> en hôpital militaire. Très rapidement insuffisant,<br/> – on compta 740 soldats soignés en octobre 1690 –<br/> l’autorité militaire négocia longuement en vue de<br/> récupérer l’hôpital bourgeois du Fischerbach (quai<br/> des Pêcheurs) construit de 1684 à 1687. Ce ne fut<br/> qu’en 1730 que l’hôpital civil et l’hôpital militaire<br/> échangèrent leurs bâtiments. Le nouvel hôpital<br/> militaire prit alors le nom d’hôpital régimentaire<br/> de garnison, aussi dénommé « du Saint-Esprit »<br/> (du nom de sa chapelle), et appelé Welscherspital par<br/> la population locale. Il pouvait contenir 208 lits en<br/> temps normal et le triple en cas de nécessité (il fut<br/> démoli en 1960).<br/> Pendant la Révolution, l’accroissement de la<br/> garnison, donc du nombre de malades et blessés,</p> <p style="text-align: justify;">contraignit les autorités militaires à réquisition-<br/> ner le couvent des dominicains (rue des Prêcheurs,</p> <p style="text-align: justify;">rasé en 1804) de 1792 à 1798. En 1796, l’hôpi-<br/> tal régimentaire fut transféré dans le couvent des</p> <p style="text-align: justify;">dominicaines de Sylo (rue de l’Hôpital), malgré<br/> l’opposition des autorités civiles. Par un arrêté des<br/> consuls d’août 1800 sa suppression fut décidée et<br/> les bâtiments conventuels furent alors occupés par</p> <p style="text-align: justify;">l’hôpital civil, avec toutefois l’obligation d’y entre-<br/> tenir 200 lits en temps de paix et 300 en temps de</p> <p style="text-align: justify;">guerre pour y recevoir des militaires malades. Cet<br/> hôpital mixte prit alors le nom d’« Hôpital civil et<br/> militaire », qu’il gardera jusqu’en 1892.<br/> De janvier à avril 1806, de 200 à 250 militaires<br/> y étaient hospitalisés, et à partir de 1805, les<br/> militaires occupaient toutes les salles. Les civils</p> <p style="text-align: justify;">durent l’évacuer entièrement au profit des bles-<br/> sés et malades de la « Grande Armée ». Ainsi, le</p> <p style="text-align: justify;">20 octobre 1813, 746 soldats s’entassaient dans<br/> les salles, « débris de la campagne de Russie et<br/> des troupes qui venaient d’être battues à Leipzig »<br/> (Paul Adam). Au cours de cet hiver 1813, la</p> <p style="text-align: justify;">moyenne journalière de soldats soignés tour-</p>  <p style="text-align: justify;">[[Category:H]]</p>

Version du 13 octobre 2020 à 15:28

Après la paix de Munster, une ordonnance du marquis de Louvois de 1661 prescrivit l’implantation d’hôpitaux militaires permanents dans les places de guerre des provinces frontières d’Alsace et des Flandres, afin de satisfaire les besoins sanitaires de leurs garnisons en temps de paix et servir d’établissements de soins aux blessés de guerre.
Vers la fin du XVIIe siècle et dans la première moitié du XVIIIe se développèrent alors les premiers hôpitaux militaires d’Alsace, dont le plus important de la province : celui de Strasbourg. Ils dépendaient directement de l’Intendant, par l’intermédiaire des commissaires des guerres. À chacun de ces hôpitaux étaient attachés, au moins, un directeur, un aumônier, un chirurgien, un apothicaire, des infirmiers, rémunérés par le trésor royal, et dont les effectifs étaient ajustés à la capacité d’accueil de chaque établissement.

Avec les guerres de la Révolution et de l’Empire, la concentration de troupes nombreuses le long de la frontière avec le Saint-Empire, la proximité des combats de part et d’autre du Rhin, le réseau hospitalier militaire existant s’avéra vite insuffisant. Pour faire face aux besoins grandissants, furent alors établis des hôpitaux annexes temporaires, essentiellement dans des édifices religieux nationalisés (couvents des bénédictins à Altorf, des capucins à Blotzheim, des catherinettes à Colmar, des bénédictins à Ebersmunster, des tiercelines à Haguenau, des chartreux à Molsheim, des capucins d’Obernai, des bénédictines à Saint-Jean-Saverne, des dominicains et des dominicaines de Sylo à Sélestat, des capucins, des récollets et des dominicaines à Strasbourg, des augustins et des capucins à Wissembourg).

Claude Betzinger

  • Colmar

En 1699, une partie des anciens bâtiments conventuels, vendus par les franciscains à la ville de Colmar et transformés en hôpital, fut affectée à l’hôpital militaire de la garnison (place du 2 février 1945), dénommé « Hôpital Français ». Un in-
cendie dû à la foudre en 1735, détruisit totalement les anciens bâtiments du couvent franciscain, mais l’hôpital fut en partie reconstruit sur ses anciennes fondations.

L’hôpital militaire fut transféré en 1792 au couvent des Catherinettes (rue Kléber) où il restera jusqu’en 1887.

  • Fort-Louis du Rhin (Fort-Vauban)

Vauban posa lui-même la première pierre de la ville-citadelle en 1687. Des casernes et un hôpital militaire occupaient l’intérieur du « Fort Alsace », édifié sur la rive alsacienne du Rhin et relié à la ville par un pont de bois. L’insalubrité de cette place-forte, due à une très forte présence de l’eau, favorisa l’apparition de nombreuses maladies ; le taux de mortalité y fut très important ; c’est ainsi que de 1716 à 1778 y furent relevés 6394 décès, dont plus de 900 pour la seule année 1743. Cependant, peu de renseignements sur cet hôpital subsistent, ses archives ayant disparu (Himly).

En novembre 1793, lors du siège de « Fort-Vauban » par les coalisés, l’hôpital militaire fut touché et flamba presque entièrement durant deux jours.

  • Haguenau

Haguenau connut plusieurs hôpitaux militaires, auxquels s’ajoutèrent, selon les besoins, des établissements temporaires.

L’hospice Saint-Jacques des pauvres passants (Elendenherberge) qui existait depuis 1474 (quai des Pêcheurs) avait déjà été converti passagèrement en hôpital pour soldats pendant la guerre de Trente Ans. En 1690, l’administration militaire royale le réclamant pour les malades et blessés de l’armée d’Allemagne (guerre de la Ligue d’Augsbourg en Rhénanie), la ville lui céda une partie du bâtiment. Cependant, en 1781, l’hôpital militaire, dans les locaux de plus en plus délabrés de l’hospice Saint-Jacques, était devenu insalubre, et l’intendant Chaumont de la Galaizière (1727-1812) fit alors réserver quelques salles de l’hôpital bourgeois pour les militaires. La cohabitation de personnes militaires et civiles des deux sexes se révéla si difficile que dès 1782 on envisagea la construction d’un hôpital militaire séparé.
Fut alors décidée la construction d’un hôpital mixte, civico-militaire de grande taille dans lequel seraient reçus séparément tant les bourgeois de la ville que les militaires de la région, et qui sera dé- nommé « Hôpital militaire et bourgeois » prévu pour accueillir 400 à 500 soldats malades. Sa construction fut commencée en 1783 et la ville prit à sa charge les frais de construction sur un terrain qu’elle avait acquis (rue du maire André Traband, anct boulevard Nessel). À peine le gros œuvre terminé en 1788, qu’une ordonnance royale du 20 juillet de la même année supprima les hôpitaux militaires régionaux, dont celui de Haguenau, pour ne plus servir que d’hôpital de garnison. Le bâtiment, même pas achevé et qui avait coûté fort cher à la ville, avait ainsi perdu sa raison d’être. Malgré tout, il fut encore utilisé, mais peu, et dans
des conditions d’hygiène et de confort déplorables. Ainsi, en 1789, il n’y eut que deux malades de la gar-
nison, et l’hôpital resta vide un moment. En dépit de son état, pendant les guerres de la Révolution on y logea de nombreux soldats blessés après les combats du Palatinat de l’été et l’automne 1793, et lors de l’occupation du nord de l’Alsace par les Autrichiens et les Condéens, il leur servit aussi d’hôpital militaire. L’armée de Condé installa son ambulance à Haguenau « dans des locaux sordides, d’odeur repoussante », y amenant 350 blessés, dont le comte Achille de Montmorency-Laval, qui y mourut. En 1796, le couvent des tiercelines servit de dépôt de l’hôpital militaire. En novembre 1806, 805 malades et plus de 800 blessés arrivèrent à Haguenau : on réouvrit l’ancien hôpital désaffecté, mais à la fin du mois, tous les malades furent évacués, après quoi, il fut totalement abandonné. Un décret impérial du 3 mars 1809 instituant un « Dépôt de Mendicité du Bas-Rhin », le bâtiment fut affecté à cette nouvelle destination, provisoire-
ment retardée en raison des péripéties de la guerre. La retraite de la « Grande Armée » amena une multitude de blessés dans la ville ; ainsi, entre le 4 et le 11 novembre 1813, environ 1 200 malades et blessés furent dirigés de Mayence à Haguenau où les capacités d’accueil étaient insuffisantes. Remis à la disposition de l’administration militaire, l’ancien hôpital civico-militaire, insalubre, infesté par les rats, les poux et la vermine, fut vite surpeuplé ; l’épidémie de typhus s’y développa, et on dénombra jusqu’à vingt morts par jour ; parmi eux, le médecin-chef et de nombreux soignants. Par la suite, il retrouva sa fonction de dépôt de mendicité, mais le bâtiment n’en servit pas moins à loger des militaires malades ou blessés lors des événements de 1813 et 1815. Il fut ensuite converti, d’abord en caserne, puis en maison centrale de détention pour femmes, et enfin en maison centrale mixte jusqu’en 1986, date de sa fermeture définitive. Resté désaffec-
té, l’édifice fut partiellement démoli. En 1996 un IUT s’établit dans son aile nord réaménagée, et la ville, ayant racheté le bâtiment (qu’elle avait payé fort cher deux siècles plus tôt!), y installa en outre la médiathèque municipale en 2001. (Inscrit partiellement Monument Historique le 9 août 1990, réf. IA 00061926).
L’hôpital mixte étant devenu dépôt de mendicité, on construisit en 1812 un nouvel hôpital militaire sur la rive droite de la Moder. Un bâtiment isolé, d’une capacité de 400 lits destiné aux militaires malades, fut érigé en prolongement de l’hôpital
bourgeois Saint-Martin (place d’Armes). Lors de la retraite de la Grande Armée, il ne put absor- ber l’énorme afflux de soldats malades, qui furent alors répartis dans des familles bourgeoises, où ils répandirent la contagion dont ils étaient presque tous porteurs. En janvier 1814, les Cosaques et les Autrichiens pénétrèrent dans Haguenau, et en mars, un hôpital russe s’installa dans les locaux devenus vacants après l’évacuation des soldats français. Les frais d’hospitalisation étant entièrement mis à la charge de l’administration française, les Russes en abusèrent largement avec des revendica-
tions de plus en plus exagérées. L’hôpital militaire restera opérationnel jusqu’en 1883 quand sera érigé un lazaret sur la route de Bischwiller (démoli). Le bâtiment ayant alors été affecté à l’hôpital civil, a été depuis démoli (parking de la Vieille Île).

  • Huningue

Dans la forteresse de Huningue, dont la construction avait commencée en 1679, Vauban avait inclus un hôpital militaire, un bâtiment de trois corps en U de deux étages, situé à l’est de la ville. Il comportait cinq salles avec 206 lits ainsi que trois greniers pouvant encore contenir cent lits en cas de besoin. En 1690 il y avait 219 malades à l’hôpital et 410 en 1719. Pour parer sa progressive dégradation, d’importants travaux furent entrepris en 1766 ; il fut agrandi en 1780, portant le nombre de salles à sept pour 560 malades. Un directeur, un chirurgien-major et un garçon chirurgien, un médecin, un apothicaire, quelques infirmiers, un aumônier et du personnel administratif étaient ordinairement affectés à l’établissement. Écrasé par les bombes lors du siège de 1813 par les Autrichiens, il fut précipitamment évacué le 29 décembre ; remis partiellement en état, il comptait 338 lits en juillet 1814, occupés tant par des blessés français qu’étrangers. Il fut désaffecté en 1816 et transformé en caserne de cavalerie.

  • Landskron (à Leymen)

L’ancienne forteresse fut remaniée et renforcée en 1684 selon les plans de Vauban et reçut une garnison d’environ 300 hommes. Elle servit aussi de prison royale jusqu’à la Révolution, ce qui lui valut le surnom de « Bastille alsacienne ». « Hopitaux. - Il n’y en a point, l’on envoye les soldats malades à l’hôpital d’Huningue », relève-t-on dans un Mémoire Concernant le Château de LandsKronn dans l’Estat qu’il est, de 1717 (BnF, nouv. acq. fr. 23 034, fol. 3, publié sur site « notices-patrimoine.region-alsace.eu », 23.2.2016). Cependant, sur un plan anonyme de 1764, est mentionné en légende : « Logement contenant la cantine, des chambres de soldats, l’hôpital et le logement du chirurgien-major ». Pendant la Révolution, l’hôpital du Landskron recevait surtout le surplus des malades de celui de Huningue. En décembre 1813 les Autrichiens et les Bavarois incendièrent et firent sauter la forteresse, qui sera abandonnée dès 1814.

  • La Petite-Pierre

En 1684, Vauban consolida les fortifications et y aurait aménagé un hôpital militaire (Havé, 2003), mais un plan de la forteresse de 1762 n’en mentionne pas (A. Wollbrett, planche IX) et Horrer (Dictionnaire géographique) ne le fait pas figurer sur sa liste (p. 25).

  • Lauterbourg

Un hôpital militaire provisoire fut établi en 1707 dans trois maisons bourgeoises aménagées, hors des murs de la ville, le long de la Lauter. Un nouvel hôpital, dont la construction fut achevée en 1735, sur le même emplacement, contenait 432 lits avec possibilité de 72 en plus dans le grenier. Un plan de la ville dressé en 1775 par l’ingénieur militaire Benoist de Neuf-Lieu place cet hôpital au N-N-O de la ville, près de l’enceinte (BNUS, MS.3.909,14). L’annuaire Bottin du Bas-Rhin de l’an VIII (p. 205) mentionne la présence d’un médecin, d’un chirurgien et d’un apothicaire dans l’hôpital militaire de Lauterbourg.

  • Lichtenberg

Place-forte royale depuis 1682 lorsque Vauban fit améliorer les défenses que Daniel Specklin (1536-1589) avait fait édifier vers 1580. Un hôpital militaire fut installé dans le bâtiment dont le commandant de la place occupait le troisième niveau. Cependant, ni Horrer, ni l’État militaire de la France ne le mentionnent. Pendant la guerre de 1792 à 1794, la place-forte comptait un important hôpital militaire (D. Riehm), mais qui semble n’avoir été que temporaire.

  • Munster

Lors des premières guerres de la Révolution sur la ligne du Rhin un hôpital militaire fut installé dans l’abbaye des bénédictins (place du Marché), dont la communauté avait été dispersée en août 1791. Cet hôpital fut évacué en 1797.

Claude Betzinger

  • Neuf-Brisach

Neuf-Brisach semble avoir disposé d’un hôpital dès sa construction. En effet, le 28 février 1699, Picon d’Andrezelle, subdélégué de l’Intendant et commissaire ordonnateur à Neuf-Brisach, écrit : « Mon premier soin en arrivant ici... a été de visiter l’établissement de l’hôpital qu’on destine pour recevoir les soldats qui tomberont malades pendant la construction de Neuf-Brisach ». Il y a tout lieu de penser que cet établissement a été érigé au milieu des baraques édifiées en-dehors du périmètre de la place forte, soit dans le camp de la « petite Hollande », dans celui de Saint-Jacques près de la Porte de Bâle ou dans celui de la Sirène, près de Volgelsheim, construits pour loger tout le personnel – civil et militaire – occupé à la construction. Huit régiments se trouvaient sur place en 1698.

Ultérieurement, l’établissement aurait été transféré à l’intérieur de la place au service de son importante garnison. Était-ce déjà le cas en 1702? Nous l’ignorons. La question se pose parce qu’en automne de cette année commença à sévir une
épidémie, qu’on mit sur le compte « du mauvais air causé par le remuement des terres ». On enregistra 76 décès de soldats en 1703 et 82 en 1704. En 1709, Jean-Baptiste Bolgera est médecin-major à l’hôpital royal du lieu et Martial Dubois y obtient provision de chirurgien-major.

Il existe un projet de nouvel hôpital daté de 1716. Entre 1772 et 1788, Ignace Hyacinthe Blein (ou Blin) est médecin-chef de l’hôpital royal militaire de la place.
Archives Départementales de Moselle, C 177, p. 27.
BNUS, Ms 1041.
LIVET, Intendance, 1956, p. 673.
HALTER (Alphonse), HERRSCHER (Roger), ROTH ( Jules), Neuf-Brisach, Colmar-Ingersheim, 1972, p. 11.
NDBA, p. 4249.
SCHLAEFLI (Louis), De la misère en milieu rural : Rustenhart à la fin du XVIIIe siècle, Annuaire de la Société
d’Histoire de la Hardt et du Ried, 2011/12, p. 48-50.
Ville-Neuve-de-Brisach
La Ville-Neuve, créée ex nihilo au bord du Rhin,
face à Breisach, disposait probablement d’un
hôpital. Jean-Michel Sibylle, « directeur royal

de l’hôpital » (1686/87) y est également chirur-
gien-major. En 1693, il est, en outre « directeur

de l’infirmerie de M.M. les gentilshommes d’icy
aux forts », ainsi que « chirurgien-major au fort
des cadets ». Pierre Oriolt lui a manifestement
succédé comme « chirurgien-major des hôpitaux
du Roy » en 1699. Le traité de Ryswick obligea

Louis XIV à détruire cette Ville-Neuve, démo-
lition entamée en 1698 et pratiquement achevée

en 1700, alors qu’on érigeait Neuf-Brisach plus à
l’intérieur des terres.
SCHLAEFLI (Louis), « Un monde éphémère : la société de
la Ville-Neuve de Brisach », Annuaire de la Société d’Histoire de
la Hardt et du Ried, I, 1986, p. 44.

Louis Schlaefli

Saverne
Un hôpital militaire n’est cité qu’une fois dans les
archives, en 1704 et F.-J. Himly pense qu’il aurait
pu s’agir d’un établissement éphémère.

En 1793, l’abbaye des bénédictines de Saint-
Jean-Saverne, bien national, fut transformé en hô-
pital militaire temporaire.

Sélestat
Dès 1680, le poêle de la corporation des Pêcheurs
(place du Vieux Port, démoli en 1765) fut converti
en hôpital militaire. Très rapidement insuffisant,
– on compta 740 soldats soignés en octobre 1690 –
l’autorité militaire négocia longuement en vue de
récupérer l’hôpital bourgeois du Fischerbach (quai
des Pêcheurs) construit de 1684 à 1687. Ce ne fut
qu’en 1730 que l’hôpital civil et l’hôpital militaire
échangèrent leurs bâtiments. Le nouvel hôpital
militaire prit alors le nom d’hôpital régimentaire
de garnison, aussi dénommé « du Saint-Esprit »
(du nom de sa chapelle), et appelé Welscherspital par
la population locale. Il pouvait contenir 208 lits en
temps normal et le triple en cas de nécessité (il fut
démoli en 1960).
Pendant la Révolution, l’accroissement de la
garnison, donc du nombre de malades et blessés,

contraignit les autorités militaires à réquisition-
ner le couvent des dominicains (rue des Prêcheurs,

rasé en 1804) de 1792 à 1798. En 1796, l’hôpi-
tal régimentaire fut transféré dans le couvent des

dominicaines de Sylo (rue de l’Hôpital), malgré
l’opposition des autorités civiles. Par un arrêté des
consuls d’août 1800 sa suppression fut décidée et
les bâtiments conventuels furent alors occupés par

l’hôpital civil, avec toutefois l’obligation d’y entre-
tenir 200 lits en temps de paix et 300 en temps de

guerre pour y recevoir des militaires malades. Cet
hôpital mixte prit alors le nom d’« Hôpital civil et
militaire », qu’il gardera jusqu’en 1892.
De janvier à avril 1806, de 200 à 250 militaires
y étaient hospitalisés, et à partir de 1805, les
militaires occupaient toutes les salles. Les civils

durent l’évacuer entièrement au profit des bles-
sés et malades de la « Grande Armée ». Ainsi, le

20 octobre 1813, 746 soldats s’entassaient dans
les salles, « débris de la campagne de Russie et
des troupes qui venaient d’être battues à Leipzig »
(Paul Adam). Au cours de cet hiver 1813, la

moyenne journalière de soldats soignés tour-