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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les textes anciens qui précisent les espèces pêchées et leur quantité demeurent rares. Dans son ''Thierbuch'' (1666), Léonard Baldner recense quarante-cinq espèces de poissons dans les rivières d’Alsace. Jacques Trausch, dans la préface de ses ''Chroniques strasbourgeoises'', énumère les douze espèces présentes dans le Rhin, dont des saumons et exceptionnellement des esturgeons. Selon lui, l’Ill est plus poissonneuse encore que le Rhin avec dix-huit espèces. Jérôme Guebwiller vante la qualité des écrevisses de l’Ill (Schmitt, p. 44-45). Quand l’intendant Jacques de La Grange rédige, en 1700, sa ''Description de l’Alsace'', il commence par évoquer les différents cours d’eau de la province. Il s’étend longuement sur le Rhin, un peu sur l’Ill, puis il évoque rapidement les autres rivières. Si le Rhin est « fort poissonneux » et l’Ill « abondante en poissons, et principalement en saumoneaux, carpes, brochets et lottes », leurs affluents ne présentent guère d’intérêt à ses yeux, si ce n’est leur éventuelle navigabilité. En 1763 et 1764, les pêcheurs de la Zinsel du Sud et de ses affluents sortent des truites, des brochets, trois anguilles, trois perches, dix-sept livres de cyprinidés, ''Weißfisch'' et une lotte ''Rovolken'' (ABR G 5632). Un document plus insolite signale que la capture des grenouilles, ''Froschfang'' est louée en 1747 dans le comté de Nassau-Sarrewerden (ABR 10 J 68). Charles Gérard souligne l’abondance et la variété des espèces dans les cours d’eau alsaciens avec quelques mentions d’esturgeons à Strasbourg (p. 51). De nombreux villages riverains du Rhin comme Huningue, Geisswasser, Biesheim, Rhinau ou Gerstheim, ou de l’Ill comme Illhaeusern, abritaient une forte proportion de pêcheurs professionnels.</span></p> | <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les textes anciens qui précisent les espèces pêchées et leur quantité demeurent rares. Dans son ''Thierbuch'' (1666), Léonard Baldner recense quarante-cinq espèces de poissons dans les rivières d’Alsace. Jacques Trausch, dans la préface de ses ''Chroniques strasbourgeoises'', énumère les douze espèces présentes dans le Rhin, dont des saumons et exceptionnellement des esturgeons. Selon lui, l’Ill est plus poissonneuse encore que le Rhin avec dix-huit espèces. Jérôme Guebwiller vante la qualité des écrevisses de l’Ill (Schmitt, p. 44-45). Quand l’intendant Jacques de La Grange rédige, en 1700, sa ''Description de l’Alsace'', il commence par évoquer les différents cours d’eau de la province. Il s’étend longuement sur le Rhin, un peu sur l’Ill, puis il évoque rapidement les autres rivières. Si le Rhin est « fort poissonneux » et l’Ill « abondante en poissons, et principalement en saumoneaux, carpes, brochets et lottes », leurs affluents ne présentent guère d’intérêt à ses yeux, si ce n’est leur éventuelle navigabilité. En 1763 et 1764, les pêcheurs de la Zinsel du Sud et de ses affluents sortent des truites, des brochets, trois anguilles, trois perches, dix-sept livres de cyprinidés, ''Weißfisch'' et une lotte ''Rovolken'' (ABR G 5632). Un document plus insolite signale que la capture des grenouilles, ''Froschfang'' est louée en 1747 dans le comté de Nassau-Sarrewerden (ABR 10 J 68). Charles Gérard souligne l’abondance et la variété des espèces dans les cours d’eau alsaciens avec quelques mentions d’esturgeons à Strasbourg (p. 51). De nombreux villages riverains du Rhin comme Huningue, Geisswasser, Biesheim, Rhinau ou Gerstheim, ou de l’Ill comme Illhaeusern, abritaient une forte proportion de pêcheurs professionnels.</span></p> | ||
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Fischerei
La pêche consiste à capturer à la main ou à l’aide de divers ustensiles (filets, nasses, fils) des poissons, crustacés, batraciens ou mollusques dans l’eau. En Alsace, elle se pratique soit dans des cours d’eau (ruisseaux, rivières, Rhin), soit dans des retenues d’eau (mares, étangs, lacs). La pêche est exercée par des particuliers ou bien par des pêcheurs professionnels (v. Corporation de pêcheurs). En tant qu’activité réglementée par les coutumes, les règlements ou des contrats, la pêche relève des institutions.
Sommaire
Des eaux poissonneuses
Les textes anciens qui précisent les espèces pêchées et leur quantité demeurent rares. Dans son Thierbuch (1666), Léonard Baldner recense quarante-cinq espèces de poissons dans les rivières d’Alsace. Jacques Trausch, dans la préface de ses Chroniques strasbourgeoises, énumère les douze espèces présentes dans le Rhin, dont des saumons et exceptionnellement des esturgeons. Selon lui, l’Ill est plus poissonneuse encore que le Rhin avec dix-huit espèces. Jérôme Guebwiller vante la qualité des écrevisses de l’Ill (Schmitt, p. 44-45). Quand l’intendant Jacques de La Grange rédige, en 1700, sa Description de l’Alsace, il commence par évoquer les différents cours d’eau de la province. Il s’étend longuement sur le Rhin, un peu sur l’Ill, puis il évoque rapidement les autres rivières. Si le Rhin est « fort poissonneux » et l’Ill « abondante en poissons, et principalement en saumoneaux, carpes, brochets et lottes », leurs affluents ne présentent guère d’intérêt à ses yeux, si ce n’est leur éventuelle navigabilité. En 1763 et 1764, les pêcheurs de la Zinsel du Sud et de ses affluents sortent des truites, des brochets, trois anguilles, trois perches, dix-sept livres de cyprinidés, Weißfisch et une lotte Rovolken (ABR G 5632). Un document plus insolite signale que la capture des grenouilles, Froschfang est louée en 1747 dans le comté de Nassau-Sarrewerden (ABR 10 J 68). Charles Gérard souligne l’abondance et la variété des espèces dans les cours d’eau alsaciens avec quelques mentions d’esturgeons à Strasbourg (p. 51). De nombreux villages riverains du Rhin comme Huningue, Geisswasser, Biesheim, Rhinau ou Gerstheim, ou de l’Ill comme Illhaeusern, abritaient une forte proportion de pêcheurs professionnels.
La réglementation de la pêche en rivière
À la différence de la chasse, droit personnel, la pêche est un droit utile qui pouvait être affermé. Dans le royaume de France, le droit de pêche appartient aux seigneurs dans les rivières non navigables, au roi dans les rivières navigables. Le droit de pêche peut aussi appartenir à des communautés, voire à des particuliers. Le plus souvent, la pêche seigneuriale est louée (Hoffmann, t. 3, p. 434-435). Au Moyen Âge, des pêcheurs professionnels à Kogenheim et Sermersheim travaillent trois jours par an pour l’abbaye de Niedermunster. L’abbaye d’Ebermunster possède six secteurs réservés (Bannwasser), avec des pêcheurs attitrés (Fronfischer). L’abbaye d’Eschau donne en location une partie de l’Ill moyennant la fourniture de poissons tous les vendredis d’une valeur de 8 deniers. En 1284, l’empereur Rodolphe de Habsbourg, et, en 1293, l’empereur Adolphe, engagent le droit de pêche d’Illkirch à Graffenstaden et à Illwickersheim Ostwald (Schmidt, 1897). Dans la haute vallée de la Doller, la pêche dans les cours d’eau appartient à l’abbaye de Masevaux et aux curés des paroisses. En 1375, un pêcheur est employé par l’abbaye (Ulrich, 1997).
L’exercice du droit de pêche pour les sujets est réglementé par des ordonnances ou des coutumes locales. La ville de Strasbourg promulgue ainsi un règlement pour la pêche entre Schoenau et Lichtenau en 1449 (Monne, p. 82-84). Certaines libéralités sont accordées aux habitants. Les justiciables du Rosemont jouissent de la franchise de pêcher à la main. Le droit de pêche est accordé aux habitants de Delle avec des conditions restrictives, notamment des jours autorisés (Hoffmann, t. 3, p. 436-437). À Colmar, la pêche est réservée aux bourgeois de la ville deux fois par semaine, les mercredis et vendredis. La réglementation au début du XVIIIe siècle n’autorise que l’usage de filets, nasses et épuisettes qui permettent de sélectionner les poissons et de rejeter dans l’eau des spécimens immatures intacts (Jéhin, 2005).
À partir du XVIe siècle, des restrictions sont partout appliquées au droit de pêche. L’abbaye de Masevaux prétend désormais au droit exclusif de la pêche. En 1501, un conflit s’engage entre l’abbaye et la communauté de Sentheim ; il se conclut par une répartition des droits de pêche respectifs sur le Silbach, ruisseau affluent de la Doller (Ulrich, 1997). Les coutumes du Val d’Orbey, dans leur version de 1513, précisent que les eaux appartiennent à la seigneurie, cependant les habitants de la vallée ont le droit de pêcher à la main et pour nourrir les femmes enceintes. Au cours du XVIe siècle, ce droit de pêche est supprimé, y compris les dispositions en faveur des femmes enceintes. Dorénavant le droit de pêche est loué à des particuliers (Jéhin, 1998).
« En rivière d’autruy nul ne peut pescher s’il n’a droit, ou Usage prescrit au contraire, sans la permission du seigneur à qui appartient le droit de pesche » écrit, en 1657, le juriste Abraham Fabert pour les duchés de Lorraine. Il est en de même en Alsace où, généralement, le droit de pêche relève du seigneur territorial qui fixe les conditions de sa pratique. Les autorités seigneuriales le concèdent volontiers à des roturiers alors que le droit de chasse est davantage restreint. Aussi, la pêche dans les rivières est-elle affermée par adjudication moyennant un loyer annuel parfois en nature, plus généralement en argent comme dans la vallée de la Zinsel du Sud au milieu du XVIIIe siècle (ABR E 1483). La location de la pêche est attribuée à des riverains, parfois à des notables locaux ou à des aubergistes qui alimentent ainsi leurs propres viviers (Jéhin, 1998).
Le contrat de location du droit de pêche prévoit un certain nombre de restrictions pour protéger la ressource piscicole et éviter le dépeuplement des rivières. Les portions de rivières dans le Val d’Orbey sont mises régulièrement aux enchères tout au long du XVIIIe siècle avec une réglementation bien détaillée (AHR E 685). « Les fermiers ne pourront pescher les jours de feste, ny dimache, ny pescher au feu, jetter noix vomique ou autre chose de cette nature dans les rivières et de ne point détourner les eaux sur les chemins ny les prairies […] Les truites auront au moins six pouces mesure du Roy entre la Teste et la queue [16 cm] celles qu’ils prendront et qui seront plus petites seront rejetées dans la rivière et qu’ils se conformeront en toutes choses aux ordonnances de sa Majesté pour les faits de la Pesche de l’année 1669. » Le règlement seigneurial reprend ainsi les principales dispositions de l’ordonnance des Eaux et Forêts de 1669. Les autorités ont le souci de protéger la faune des rivières en évitant les procédés qui détruiraient les espèces par l’assèchement des cours d’eau, la pêche à l’explosif (pesche au feu) ou par le poison (noix vomique ou chaux). De même, les contrats de pêche aux poissons et aux écrevisses dans la Sauer en 1778 stipulent que toutes les techniques de pêche sont autorisées, à l’exception du versement de produits toxiques dans l’eau afin de ne pas détruire le frai. Chaque année à la Saint-Martin, un faible canon d’un florin et deux schillings est versé à cause des perturbations liées au flottage de bois (ABR E 2732 no 1).
Dans le cadre des corporations de pêcheurs professionnels, l’exercice de la pêche est très réglementé non seulement pour protéger la ressource, mais aussi pour éviter les procédés de concurrence déloyale. Le règlement des pêcheurs de Rouffach de 1509 (ABR G 1657 no 7) prévoit ainsi l’interdiction de la pose des nasses à poissons le samedi soir, la veille de la fête des douze apôtres, lors des fêtes solennelles, à la Fête-Dieu, aux quatre fêtes de Notre-Dame et à la fête de la sainte Croix, à moins que l’on ne fît maigre le lendemain. La pêche au filet ne peut se pratiquer que durant la journée. Les nasses en osier (Korb) sont déposées dans le lit de la rivière, la Lauch ou l’Ohmbach, avec un petit dispositif de barrières provisoires pour diriger les poissons vers les pièges. Ces nasses sont placées de carnaval à la Saint-Michel (29 septembre) tandis que la pêche au filet n’est autorisée que deux fois par semaine. Au XVIIIe siècle, l’usage de longues lignes de pêche avec hameçons est fréquemment mentionné (Jéhin, 1998).
Une part importante de la pêche en rivière échappe cependant au contrôle seigneurial, il s’agit du braconnage, appelée bribe en Lorraine. Les procès-verbaux relatant des délits constatés témoignent d’une pratique courante, discrète par nature, dont l’ampleur et la nature des prises échappent pour une large part à l’analyse historique. Ces pêches illicites sont parfois repérées comme en 1496 sur le ruisseau du Nesselbach, affluent de la Zinsel du Sud (ABR E 2000 no 1) ou en 1762 sur le Steinbach à proximité des limites du Palatinat (L.A.Sp. C 20 no 4129). Les meuniers sont souvent soupçonnés de pêcher illégalement dans les biefs qui desservent leurs moulins, c’est par exemple le cas dans le canal du moulin de Rimbach en 1781, avec la circonstance aggravante de pêcher pendant l’office de la fête de Pentecôte (Ulrich, 1990). Un rapport rédigé par un garde seigneurial le 15 novembre 1705 témoigne de la motivation et de l’ampleur des pêches illicites d’écrevisses à l’aide de nasses, effectuées dans un ruisseau en défens à Preuschdorf (ABR E 2670). Dès 1558, on s’inquiète déjà de la diminution des poissons et des écrevisses dans l’Ill à cause de la surpêche (Bischoff, p. 183).
La loi du 3 novembre 1789 abolit le droit de pêche en tant que privilège féodal. Le décret du 8 frimaire an II (28 novembre 1793) déclare que la pêche est autorisée dans toutes les rivières sans exception. Cependant, à la suite de nombreux excès, la loi du 4 mai 1802 rétablit le droit exclusif de pêche dans les rivières navigables et flottables au profit de l’État, le droit de pêche sur les autres cours d’eau appartient aux riverains. Le code de la pêche instauré en 1829 réglemente pour près d’un siècle la pratique de la pêche en France.
La pêche dans les étangs
Les étangs très présents aux extrémités nord (Vosges du Nord) et sud (Sundgau) de la province sont principalement destinés à l’élevage piscicole. Leur origine demeure mal établie. On attribue leur création aux monastères cisterciens de Lucelle pour ceux du Sundgau (Stricker-Kraft, p. 124) et de Sturzelbronn pour la Vasgovie au cours du Moyen Âge. L’élevage de la carpe se développe véritablement dans le Sundgau au XVe siècle (Bischoff, p. 186), époque à laquelle le couvent des Unterlinden de Colmar possède plusieurs étangs dans le Sundgau. (Stricker-Kraft, p. 124). Dans les Vosges du Nord, de nombreux étangs sont créés au XVIe siècle dans un but non seulement piscicole mais aussi industriel comme l’étang du Hammerweyer creusé en 1578 (Jéhin, 2007). Ils appartiennent souvent à des communautés religieuses, parfois à des communautés villageoises mais généralement aux seigneurs territoriaux.
Les étangs du Sundgau contiennent principalement des carpes, brochets, perches, tanches et truites. Les poissons les plus pêchés dans les étangs du chapitre de Neuwiller-lès-Saverne au XVIIIe siècle sont la carpe et le brochet, puis la tanche, la perche et la truite. On trouve aussi quelques rares mentions de gardons et d’anguilles (Jéhin, 2007). Ces étangs fournissent en poissons les marchés urbains plus ou moins éloignés. Le Sundgau approvisionne notamment Bâle tandis que ceux des Vosges du Nord alimentent Strasbourg, comme le mentionne Nicolas Volcyr de Sérouville dans son Histoire de la triomphante victoire du duc Antoine, en 1526.
Les étangs alsaciens produisent essentiellement des carpes. 6 000 poissons sont pêchés au cours des mois de septembre et d’octobre 1659 dans l’étang du Hammerweyer près de La Petite Pierre. En 1663, 4 002 carpes sont prises en octobre-novembre (ABR E 211). Dans le Sundgau, l’élevage de carpes occupe successivement trois étangs : la première année, un étang est aleviné, puis l’année suivante, les jeunes carpes sont rejetées dans une seconde retenue, la troisième année, elles sont engraissées dans un autre avant d’être pêchées à l’automne par l’assèchement de l’étang. Après la vidange, de l’avoine est semée dans le fond de l’étang, cette céréale servira de nourriture pour l’engraissement des carpes (Stricker-Kraft, p. 126). Chaque automne, les étangs sont vidés de leurs poissons destinés à la vente ou bien conservés dans des viviers, ce qui permet de les protéger des gels hivernaux trop vigoureux (Reinhard, p. 45).
Bibliographie
BALDNER (Leonhardt), Vogel-, Fisch- und Thierbuch [1666], Stuttgart, 1973-1974, 4 vol.
DÜRR (Johannes), Gemeinnützige Beobachtung über die Fische und Fischerei in den sowohl in als um Straßburg fließenden Wassern, 1784.
MONE (Franz Josef), « Über die Flußfischerei und den Vogelfang vom 14. bis 16. Jh. », ZGO, no 4, 1853, p. 67-97.
HOFFMANN (Charles), L’Alsace au XVIIIe siècle, t. 3, p. 434-437.
GERARD (Charles), L’ancienne Alsace à table, Paris, 1877, p. 44-54.
SCHMIDT (Charles), Seigneurs, Paysans et Propriété rurale en Alsace au Moyen Âge, Paris-Nancy, 1897, p. 162-165.
STRICKER (Eberhardt) et KRAFT (Pierre), « Weiher und Karpfenzucht im Sundgau », Annuaire de la Société d’histoire sundgovienne, 1955, p. 121-129.
REINHARD (Eugen), « Die Fischzucht des Sundgaues in ihrem Einfluss auf das Landschaftsbild », Annuaire de la Société d’histoire sundgovienne,1962, p. 40-46.
SCHMITT (Pierre), « L’élevage, la chasse et la pêche en Alsace », Annuaire de la société d’histoire et d’archéologie de Colmar, 18, 1968, p. 37-46.
« Pêche », Encyclopédie d’Alsace, Strasbourg, 1982-1986, t. 10, p. 5891-5895.
FISCHER (Marie-Thérèse), « La pêche au pays de Salm sous l’Ancien Régime », L’Essor, 1984, p. 17-20.
ULRICH (Louis), « Délits de pêche et de chasse à Rimbach et Sentheim », Patrimoine Doller : bulletin de la société d’histoire de la vallée de Masevaux, 1, 1990, p. 29.
ULRICH (Louis), « Une pêche en eau trouble à Sentheim au XVIe siècle et son arbitrage », Patrimoine Doller : bulletin de la société d’histoire de la vallée de Masevaux, 7, 1997, p. 7-11.
JEHIN (Philippe), « Le droit de pêche dans le Val d’Orbey sous l’Ancien Régime », Bulletin de la Société d’histoire du Val d’Orbey-canton de Lapoutroie,17, 1998, p. 24-30.
UHL (Eugène), « Le droit de pêche dans la Mossig du XVIIe au XIXe siècle »,Annuaire du cercle d’histoire de Marlenheim et environs, 1999, p. 43-52.
JEHIN (Philippe), « La réglementation de la pêche à Colmar au début du XVIIIe siècle »,Mémoire colmarienne,98, 2005, p. 3-4.
JEHIN (Philippe), « Rivières, étangs et pisciculture dans les Vosges du Nord avant la Révolution », Annales scientifiques de la Réserve de Biosphère transfrontalière des Vosges du Nord-Pfälzerwald, 13, 2007, p. 91-112.
BISCHOFF (Georges), « Pour une histoire de la carpe frite, de la pisciculture et de la pêche en rivière à l’époque de Dom Bernardin Buchinger et avant », Cuisine et recettes d’autrefois, Riedisheim, Société d’histoire du Sundgau, 2008, p. 71-86.
BARTHELMEBS (Michèle), « Plobsheim autrefois, un village de pêcheurs », Annuaire de la société d’histoire des quatre cantons, 2010, p. 91-95.
JEHIN (Philippe), « La réorganisation des corporations de Rouffach au début du XVIe siècle », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie du canton (du bailliage) de Rouffach, 8, 2014, p. 33-38.
BISCHOFF (Georges), Dans le ventre de l’Alsace, Strasbourg, 2020, p. 179-192.
Notices connexes
Canaux de l’Alsace ; Chasse ; Corporation
Philippe Jéhin