Fastnachtshühner

De DHIALSACE
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Droit de gélinage, Ern(te) hühner, poules de carnaval, poules de coutume, Rauchhühner, Stupfelhühner

Redevance seigneuriale d’une ou de plusieurs poules (2-3) par an qui s’acquitte initialement au printemps (Fastnachts–, Mertzenhühner), ou, en plusieurs termes, en été (Ernhühner, Pfingsthühner) et en automne, soit à la Saint-Michel, soit à la Saint-Martin (Herbsthühner). Aussi, les textes font-ils parfois la différence entre Fastnachts– et Ernhühner. Au XVe siècle, la valeur d’une poule se situe entre 3 et 8 deniers, avec une distinction entre poules de carnaval et poules de moisson (respectivement 6 et 4 deniers le plus souvent).

L’institution semble attestée dès le IXe, plus sûrement à partir du XIVe siècle. Plus souvent portable que quérable, cette redevance signalait, à l’origine, une reconnaissance de servitude, et témoignait, essentiellement dans les possessions autrichiennes de la Haute-Alsace, de la condition de serf ou de mainmortable de ceux qui l’acquittaient. Puis, elle devait attester l’appartenance à une simple juridiction seigneuriale, devenant un impôt comme un autre (poules de taille, Zinshühner, Steuerhühner) au titre des « cens et rentes ». Elle était acquittée par feu de bourgeois et de manant (Rauchhühner) ou, en Haute-Alsace (seigneurie de Delle, comté de Horbourg-Riquewihr), par maison (Husgesess), voire par chézal ou, ailleurs, par Hofstatt. Elle est donc susceptible de fournir à l’historien médiéviste, bien avant les relevés de feux, d’intéressantes indications démographiques. Cependant, on a constaté que certaines maisons disparues continuaient à acquitter la redevance, ce qui signifierait que cette dernière était figée et pouvait porter sur le terrain sur lequel était bâtie la maison. Par ailleurs, les exemptions, totales ou partielles, étaient nombreuses (curés et pasteurs, prévôts, parfois échevins et employés communaux, ou encore veufs et célibataires chefs de ménage) et, sous prétexte d’acquitter un droit de manance, les non-bourgeois ont parfois tenté, sans succès, de s’en faire dispenser (Aspach-le-Bas, 1787).

Au moment de son abolition, en 1791, cette redevance avait cessé d’être acquittée en nature, mais continuait à être payée en argent. Compte tenu des nombreuse dérives (entre 10 et 20 sols), elle a été fixée à 6 sols 8 deniers par poule au milieu du XVIIIe siècle dans le comté de Horbourg et dans celui de Ferrette où elle alimentait, de façon significative, les recettes seigneuriales. En effet, en 1759, le seigneur percevait 930 livres (l’équivalent d’une redevance de 2 700 poules) dans le comté de Ferrette, 800 livres dans celui de Thann et, en 1788, 1 132 livres dans le comté de Horbourg- Riquewihr.

 

Bibliographie

BLANC (Félix), « Les poules de Carnaval dans les possessions autrichiennes de l’Alsace », RA, 3e série, t. V, 1869, p. 510-515.

HOFFMANN, L’Alsace au XVIIIe siècle (1906), t. III, p. 317-324.

HIMLY, Dictionnaire (1983), p. 60.

 

Notices connexes

Gélinage (droit de -)

Mainmorte

Servage

Jean-Michel Boehler