Mercenaires

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Söldner

Au XIIe siècle, souverains et princes ne parviennent plus à obliger leurs vassaux au service militaire par devoir de fidélité et pour de longues périodes. Ils procèdent à l’engagement de guerriers mercenaires , contre soldes et profits de pillage et rançons.

Il en va de même pour les villes. Les milices bourgeoises reposent sur le service des bourgeois, réticents devant les longues gardes et les lointaines expéditions. Strasbourg fut amené à accroître sans cesse le nombre de ses mercenaires, au détriment de la milice. De plus en plus, en effet, la ville prenait à sa solde des porteurs d’armes spéciales, arbalétriers, artilleurs, arquebusiers. Bien entendu, les villes concluent aussi des marchés avec des capitaines qui leur fournissait le nombre d’hommes demandé (voir : Milices bourgeoises).

À la fin du Moyen Âge se développe le système de l’entreprise militaire avec ses entrepreneurs chargés par les souverains et les villes de recruter des soldats (voir : Krieg, Guerre au Moyen Âge).

L’Alsace est particulièrement concernée par la question du fait de sa position stratégique – la traversée du Rhin et des Vosges, la proximité de la Souabe et des cantons helvétiques et l’existence d’une population flottante prête à prendre du service. L’expérience militaire acquise dans le cadre des milices des villes ou des seigneuries y concourt d’autant plus qu’elle est entretenue par de nombreuses sociétés de tir. L’Alsace est l’un des principaux foyers de recrutement des lansquenets (voir : Landsknecht).

Aux portes de l’Alsace, les cantons suisses se substituent aux intermédiaires et traitent avec les souverains et les chefs de compagnie recruteurs et encaissent une partie des commissions. Ils participent à la distribution des pensions, sorte de contrats d’abonnement de fourniture de recrues aux États demandeurs de mercenaires. Les cantons signent de nombreux traités dits capitulations avec les princes, avec la France principalement, mais aussi avec l’Espagne, la Savoie, Venise, Gênes, la Suède, la Bavière, la Saxe, l’Angleterre, la Pologne et l’Autriche.

Le recrutement a lieu principalement dans le canton signataire mais les régiments suisses peuvent compter jusqu’à 50% d’étrangers au canton, dont des Alsaciens, issus de pays où le surplus démographique trouve volontiers à s’employer dans les professions militaires. La France a compté jusqu’à 11 régiments suisses au XVIIIe siècle.

Les guerres du XVIIe et du XVIIIe siècle voient les États belligérants faire appel à de nombreux mercenaires, en passant traité avec des chefs de guerre avec qui l’on passe capitulations et dont on incorpore les unités déjà existantes. Le traité le plus célèbre fut celui conclu avec le grand entrepreneur de guerre Bernard de Saxe-Weimar : 4 millions par an et une principauté en Haute-Alsace, prise au Habsbourg. Après leur mort, leurs colonels, avec les régiments dont ils sont propriétaires, restent au service de la France. Ils seront décimés, licenciés ou disparaissent ultérieurement. Mais le recrutement de mercenaires (suisses, allemands polonais, hongrois, irlandais) demeure l’un des ressources pour les effectifs de l’armée royale, qui met également sur pied la milice où le service militaire est obligatoire (voir : Milice provinciale).

Le mercenaire est un soldat professionnel qui touche sa solde, mais c’est de plus en plus un soldat étranger engagé dans les armées des souverains. Cette dimension du mercenariat est mise en relief à partir du XVIIIesiècle. Les cantons suisses distinguent ainsi le service étranger capitulé et avoué et le service franc ou privé, parfois organisé clandestinement par des cantons mais qui n’est pas reconnu par le Corps helvétique. Ce dernier exige de plus en plus souvent que l’emploi et les missions des troupes suisses ne soient pas contraires aux intérêts du Corps helvétique. En France, la plupart des régiments étrangers, y compris certains régiments suisses dûment capitulés, recrutent des régnicoles. Ainsi, les Alsaciens sont nombreux dans les régiments « allemands » au service de la France, qui recrutent volontiers dans les provinces lorraines et alsaciennes, et dont les princes possessionnés (Deux-Ponts, Hesse-Darmstadt...) sont parfois propriétaires et colonels (voir : Alsace-Infanterie, Infanterie).

Bibliographie

GANIER (Henry), Costumes des régiments et milices recrutés dans les anciennes provinces d’Alsace et de la Sarre pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, Epinal, 1882, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84268467/f51.item.r=Ganier,%20Costumes.zoom.

MARTIN (Paul), « Le régiment d’Alsace au service de la France, 1656-1794 »,L’Essor, 74, 1969.

DOLLINGER (Philippe), « La ville libre à la fin du Moyen Âge (1350-1482) », LIVET (Georges), RAPP (Francis), Histoire de Strasbourg, 1982.

FRAUENHOLZ (Eugen von), Das Heerwesen in der Zeit des freien Söldnertums, intitul. Das Heerwesen des Reiches in der Landsknechtszeit, Munich, 1937.

CONTAMINE (Philippe), La Guerre au Moyen Âge, Paris, 1980.

CORVISIER (André), Histoire militaire de la France, Paris, 1992, tomes 1 et 2.

HENRY (Philippe), Service étranger. Dictionnaire historique de la Suisse, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008608/2017-12-08/#HImportanceeteffetsdE9mographiques.

CZOUZ-TORNARE (Alain-Jacques), Mercenaires, Dictionnaire Historique de la Suisse, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008607/2011-05-19/.

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