Liturgie catholique : les réglementations : Différence entre versions

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= Les types d’ouvrages liturgiques =
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Pour les cérémonies de l’Église chrétienne médiévale, on a recours à plusieurs types d’ouvrages ou livres de chœur manuscrits : les antiphonaires ou graduels pour les [[Chant_religieux_catholique|chants]] et les répons, les évangéliaires et épistoliers pour la lecture de l’Écriture sainte, les sacramentaires pour la célébration eucharistique. Leurs textes sont élaborés tout au long de l’histoire de l’Église et recopiés périodiquement. Dans l’Église romano-franque, dont font partie les diocèses de Strasbourg et Bâle, ceux-ci procèdent des modèles exposés par le pape Grégoire au VII<sup>e</sup> siècle puis par le pape Adrien&nbsp;I<sup>er</sup> et par les acteurs de la réforme carolingienne (VIII<sup>e</sup> siècle) (voir : ''[[Kirchengesang_(culte_catholique)|Kirchengesang]]'').
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On attribue aux ordres mendiants le développement des principaux genres de livres liturgiques en usage à partir du Moyen Âge central&nbsp;: le missel (ou ''missale'') qui réunit les textes liturgiques prononcés au cours des messes du dimanche et des fêtes du calendrier liturgique de l’année (temporal) et des fêtes des saints (sanctoral) ainsi que celles prononcées lors des sacrements de l’Église catholique : [[Baptême|baptême]], [[Confirmation|confirmation]], [[Communion|communion]], [[Mariage|mariage]], ordination, sacrement des malades. Nécessaire pour la célébration des offices des [[Chapitre|chapitres]], ordres et congrégations, en particulier pour les clercs isolés astreints à leur observation, le bréviaire (''breviarium'') réunit «&nbsp;en petits caractères et sans notes&nbsp;» les prières des livres de chœur, à prononcer au long de la journée&nbsp;: matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres, complies. Il comprend un calendrier, les offices des dimanches (le temporal) et les offices des fêtes des saints (le sanctoral). Les offices des saints comprennent des «&nbsp;leçons&nbsp;» qui résument l’histoire des saints fêtés ce jour là. Les ''Rituale'', de format variable, contiennent les textes des prières à prononcer pour les sacrements et les différentes cérémonies publiques célébrées par une paroisse, messe, sacrements, bénédictions, processions (Rogations, temps de guerre etc.).
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= Les auteurs des livres liturgiques : la papauté, les évêques, les ordres et les congrégations =
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S’inspirant des modèles romains et des manuels rédigés au haut Moyen Âge par les moines et des évêques, les textes de ces manuels, que l’[[Imprimerie|imprimerie]] multiplie à partir de la fin du XV<sup>e</sup> siècle, aboutissent à prescrire des cérémonies d’une très grande variété, selon les diocèses, les ordres et les congrégations, qui en reprennent les rédactions et en organisent la diffusion.
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Les débats, souvent sanglants, qui marquent la Réforme avec la remise en cause de la messe, des sacrements et du culte des saints dans leur signification et leurs rites, mettent l’accent sur l’importance doctrinale des textes des célébrations liturgiques (voir :&nbsp;[[Liturgie_protestante]]).
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= Le concile de Trente et la centralisation romaine =
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Le concile de Trente précise en 1562 les grandes lignes de la doctrine catholique sur la messe, les rites et les cérémonies, mais sans se prononcer sur son ordonnancement. Le pape Pie V promulgue donc à partir de 1566 une série de manuels romains&nbsp;: [[Catéchisme|catéchisme]] (1566), bréviaire (1568), rituel et missel (1570). Il exige que ce missel soit adopté par toutes les églises diocésaines. La messe, désormais fermement ordonnancée, commence par un rite d’entrée, suivi de la liturgie de la parole (lectures des épîtres et de l’Évangile), puis du Credo, de l’offertoire et du Canon, puis de la communion, enfin de la bénédiction des fidèles. Les prières de la messe sont en latin, et le desservant célèbre dos au peuple. Une partie, dite ''pronaos'' où prône, ou le célébrant s’adresse aux paroissiens en langue vernaculaire pour une homélie, une instruction, l’annonce des nouvelles paroissiales, peut prendre place avant la messe, ou à la fin de la messe, ou entre les lectures et le Credo.
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La centralisation romaine se renforce avec l’institution en&nbsp;1588 de la Congrégation romaine des rites, chargée de «&nbsp;corriger et de restituer les livres qui traitent des rites sacrés, d’examiner les Offices divins des Saints patrons, d’en concéder l’usage, après avoir consulté le Pontife romain&nbsp;».
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Il n’en reste pas moins qu’il appartient aux évêques diocésains de prescrire les rituels et d’en promulguer les directives liturgiques. C’est encore ce que confirme le décret pontifical de&nbsp;1602, qui prononce l’[[Excommunication|excommunication]]&nbsp;contre les imprimeurs qui publieraient le Bréviaire romain sans licence expresse des évêques diocésains, chargés de comparer les épreuves de ces bréviaires et le bréviaire romain original et qui exige qu’une copie de la licence sera imprimée au commencement et à la fin de chaque exemplaire, faute de quoi la même excommunication sera prononcée contre les évêques eux-mêmes et leurs vicaires généraux (Dom Guéranger). En&nbsp;1628 encore, le pape confie au jugement de la congrégation l’approbation de tous les offices des saints particuliers aux diocèses et le droit d’ajouter ou de modifier le [[Calendrier]] des fêtes. Pour les distinguer de la liturgie universelle, ces offices particuliers doivent être placés à la fin des livres liturgiques. Les évêques de France, y compris celui de Strasbourg, n’appliqueront pas ce décret, auquel se conforme l’évêque de Bâle.
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= Au XVIII<sup>e</sup> siècle&nbsp;: l’Église de France et le rituel parisien =
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Par contre, dans le royaume de France, où le concile de Trente n’a pas été reçu au nom des libertés gallicanes, ce n’est que peu à peu que synodes diocésains et évêques adoptent le missel romain. L’un des arguments principaux en faveur du rituel romain est celui d’unifier la catholicité autour d’un rite unique. Or ce rite ne fut jamais adopté partout, et les célébrations sont marquées par la diversité des rites due aux traditions locales. Ainsi, la place que prend le prône ou ''pronaos'' y est très variable.
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À partir du début du XVIII<sup>e</sup> siècle, la querelle janséniste fait rebondir le débat liturgique. Elle s’exprime dans l’adoption par le diocèse de Paris d’un nouveau missel (dit missel de M<sup>gr</sup> de Vintimille, 1738) dont les textes se veulent plus conformes à l’histoire sainte ; imprimés en double colonnage,&nbsp;français et latin, les textes de ce missel accordent moins d’importance à la Vierge, aux saints et aux miracles. C’est dans la partie «&nbsp;oraisons diverses&nbsp;» qu’il insère les prières pour le roi, la reine, la famille royale. La polémique n’empêche pas la progression du rite parisien dans les diocèses français. À la veille de Révolution, il semble bien que le rituel parisien soit en voie de l’emporter. Il s’impose généralement dans l’Église constitutionnelle, alors que les cérémonies clandestines des réfractaires imposent une grande simplification des rituels.
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= Les diocèses à population germanophone, lorrains et alsaciens, Metz, Strasbourg et Bâle&nbsp;: les rituels de l’époque moderne =
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L’historiographie a généralement étudié l’évolution confessionnelle européenne moderne à partir des notions de Réforme et de Contre-Réforme. Plus récemment, la notion de «&nbsp;confessionnalisation&nbsp;» a pris le relais pour caractériser les évolutions religieuses des XVI<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles ; elle met l’accent sur la coopération des gouvernants et des Églises dans la renforcement des encadrements de l’État moderne : centralisation, bureaucratisation, discipline des populations. La normalisation des pratiques liturgiques en est un aspect, particulièrement important pour les communautés locales.
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Les diocèses de [[Lorraine]] et d’Alsace avaient adopté le rituel romain fort précocement&nbsp;; ils continuent de l’appliquer après l’annexion d’une partie du territoire de leurs diocèses au royaume de France.
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En 1713, M<sup>gr</sup> de Coislin, évêque de Metz, réputé proche des jansénistes, dont le diocèse a été partiellement annexé en&nbsp;1648, publie un ''Rituale Metense''. Il indique au titre du Propre des Saints les fêtes à respecter dans le diocèse de Metz : y figurent saint Étienne, le premier martyr, patron du diocèse, Saint-Louis, le roi de France, saint Clément, le premier évêque de Metz. Le rituel messin traite en détails du ''pronaos'' ou prône de la messe, dont les textes en français et allemand, sont prescrits au célébrant. Il est placé après la proclamation – en latin&nbsp;– de l’épître et de l’Évangile et avant le Credo, et commence par la lecture de l’épître et de l’Évangile dans la langue des paroissiens. Puis, il procède à la lecture d’une longue prière universelle en français ou en allemand, pour le pape et les évêques, le roi, les ducs et duchesses de Bourgogne et de Bretagne et tous les princes et princesses de sang royal. Le rituel introduit ici la formule appliquée en Lorraine (ducale)&nbsp;: «&nbsp;Pour son Altesse, Madame, les Princes et Princesses leurs fils, filles…&nbsp;».
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Et la prière reprend : « Pour les princes, gouverneurs, officiers et soldats, les seigneurs et dames et toute la noblesse du lieu… ainsi que les marchands, laboureurs et vignerons, artisans qui vivent du travail de leur mains, veuves, orphelins, pauvres et malades, ainsi que les femmes enceintes que Dieu leur accorde une heureuse délivrance et que leurs enfants puissent recevoir le saint baptême&nbsp;», formule des temps de fragilité démographique. Le motet ''Domine salvum fac regem'' –&nbsp;en Lorraine, on dira «&nbsp;duc&nbsp;»&nbsp;–, figure dans les bénédictions diverses avec la cérémonie d’action de grâces, ou ''Te&nbsp;Deum''.
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À Strasbourg, il faut attendre 1742 pour voir le cardinal Armand-Gaston de Rohan promulguer un ''Rituale Argentinense'', somptueusement imprimé. Il paraît inspiré de celui de son voisin de Metz, avec un catalogue des évêques de Strasbourg, un calendrier des saints de l’année, et l’indication des fêtes chômées. Celle-ci comprend la Saint-Louis (25&nbsp;août) les fêtes des saints évêques de Strasbourg, Arbogast (évêque et patron du diocèse, 25&nbsp;juillet) Materne (13 septembre) Amand (26 octobre), Florent (7&nbsp;novembre), les saintes religieuses Attale (3&nbsp;décembre) et Odile (13&nbsp;décembre). Est célébrée le 23&nbsp;octobre la fête de la restitution de la cathédrale diocésaine au culte catholique en&nbsp;1681. Le Rituel introduit français et allemand pour les dialogues des sacrements (baptême, mariage, malades…). Signe de son importance, le rituel comprend une instruction sur le ''pronaos'' ou prône où le prêtre doit y instruire et admonester les fidèles, ainsi que leur communiquer les nouvelles paroissiales&nbsp;: calendrier des célébrations, etc. C’est la coutume locale qui en détermine la place, au début, après les lectures ou même à la fin de la messe. Là aussi, les textes français et en allemand sont indiquées au célébrant&nbsp;: il lit épître et Évangile en langue vernaculaire, puis procède à son homélie. Enfin, il invite la paroisse à prononcer avec lui une prière universelle, en allemand ou en français. Plus courte et sobre que la prière messine, elle comprend une «&nbsp;prière pour le roi&nbsp;». Il est précisé que pour la partie transrhénane du diocèse, on dira «&nbsp;pour sa majesté impériale, ou pour le prince notre souverain –&nbsp; ''für Ihre Kayserliche Majestät ''ou''für unsern gnädigsten Herren&nbsp;– und Lands-Fursten''&nbsp;». La partie «&nbsp;Prières publiques, ''Supplicationes publicae''&nbsp;» comprend la cérémonie «&nbsp;qui le jour de l’Assomption se fait dans tout le Royaume de France, par suite du vœu de Louis&nbsp;XIII en&nbsp;1638 (pour la naissance du souverain), renouvelé par le roi Louis XV en 1738 » : avec procession, litanies. Après la procession, les chantres entonnent l’''Exaudiat'' qui se termine par le verset «&nbsp;''Domine Salvum fac regem&nbsp;''». La partie « prières diverses » comprend la prière pour le temps de guerre et la prière d’action de grâces ou ''Te&nbsp;Deum''.
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Dans le diocèse de Bâle, l’évêque Blarer de Wartensee avait publié en 1584 un ''Breviarium Basiliense'' conforme au bréviaire romain, dont il ne diffère que par les fêtes propres au diocèse de Bâle, et toujours sur le modèle romain, un ''Martyrologium Basiliense''&nbsp;; en 1585 le ''Directorium Basiliense'', sorte de calendrier perpétuel (à Fribourg-en-Brisgau), puis en&nbsp; 1586, un ''Missale Basiliense'' (à Munich 1586) et la même année un ''Sacerdotale Basilense'' à Porrentruy (1586) (Vautrey). Le ''Rituale Basiliense'' est réédité en&nbsp;1665, avec le titre éloquent de ''Rituale basiliense, juxta romanum Pauli V et Urbani VIII pontiff. max. reformatum, authoritate… Dn. Joannis Conradi, episcopi basiliensis, ''editum. (Die 20&nbsp;octobris&nbsp;1665), conforme aux instructions du pape et de la congrégation des rites. Il est réédité en&nbsp;1700.
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Un peu antérieur au rituel strasbourgeois, et après la stabilisation des rapports du diocèse de Bâle avec la monarchie française, paraît à Porrentruy, désormais résidence de l’évêque et siège de son séminaire et de son [[Imprimerie,_imprimeurs|imprimeur]], le ''Rituale Basiliense ''de&nbsp;1736, «&nbsp;par lequel l’évêque Jacques Sigismond de Reinach ramène tous les rites épars de son diocèse dans l’unité de la liturgie romaine en conformant entièrement son rituel au rituel romain réformé par les souverains pontifes Paul V et Urbain VIII » (Vautrey). Il ne comprend pas de propre des saints, ni d’instructions sur le prône. Dans la partie bénédictions, outre une série de bénédictions pour les produits de la ferme –&nbsp;exhaustive&nbsp;–, il comprend une bénédiction des drapeaux, des fusils et canons de la milice populaire, et semble donc fait pour les fidèles suisses du diocèse. Mais dans sa partie «&nbsp;Processions&nbsp;», le Rituel propose des prières publiques pour le temps de malheur (''processio in quacunque tribulatione'') : famine, peste, guerre, etc. avec processions et litanies, et l’on prononce le psaume&nbsp;90 puis le psaume&nbsp;19, ''Exaudiat te Dominus'', qui se termine par le verset «&nbsp;''Domine salvum fac Regem''&nbsp;». La messe à célébrer est celle des temps de malheur, pour le salut du peuple. Procession encore pour les actions de grâces ou ''Te Deum'', suivie de la messe du Saint-Esprit. Voilà pour les sujets français du diocèse.
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Hoffmann, auteur de l’''Alsace au XVIII<sup>e</sup> siècle'', rappelle qu’à deux reprises, l’évêque de Bâle décrète la réduction des fêtes chômées dans le diocèse pour limiter les excès auxquels se livrent trop volontiers les fidèles de son diocèse de Haute-Alsace et de Suisse, dans les [[Danse|danses]], les [[Cabaret|cabarets]] et le vin (Hoffmann, I, p.&nbsp;134).
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L’évêque Sigismond de Reinach publie également un ''Bréviaire Basiliense'' en&nbsp;1738, où il réunit les saints du docèse de Bâle avec les saints nouvellement canonisés&nbsp;: Ste-Marguerite de Cortone, St-Fidèle de Sigmaringen, St-Jean Népomucène, Ste-Julienne de Falconieri, St-Vincent de Paul, St-Jean de la Croix, St-Louis de Gonzague, St-Camille de Lellis, St-Joseph de Calazance, St-Jérome Emiliani, Ste-Jeanne de Chantal, St-Joseph de Cupertino, St-Jean Cantius, Ste-Gertrude (Vautrey)…
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C’était vouloir substituer des saints dont l’historicité avait été incontestable à ceux plus anciens dont on ne savait rien de sûr, mais à qui la tradition avait conféré nombre de patronages d’églises locales ou même de diocèses. Bréviaires et propres des saints sont soumis à la révision des historiens bénédictins de Saint-Maur ou de Saint-Vanne, des Jésuites bollandistes, et des clercs érudits des diocèses, qui soulèvent un vif débat entre les exigences de la raison et le poids des dévotions traditionnelles. Le diocèse de Strasbourg publie un ''Propre'' révisé en&nbsp;1779, le diocèse de Bâle les Propres de Saints de&nbsp;1676, 1710, 1739 (Hennig).
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= Bibliographie =
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''Missale Argentinense'', [Basel], [ca. 1486/90] [BSB-Ink M-413 – GW M24219] ''Missale Argentinense'' [Basel], Wenssler, Michael (Offizin, Basel [zw. 1486 u. 1490] Universitätsbibliothek Basel Persistent Link: http://dx.doi.org/10.3931/e-rara-11182.
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''Missale Romanum'', Basel, 1487 [BSB-Ink M-468 - GW M23918].
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''Breviarium Argentinense'', [1-4], Bd. : 1, ''Kalendarium'', [Straßburg], [ca. 1489] [BSB-Ink B-841&nbsp;–&nbsp;GW].
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''Missale Romanum, ex decreto sacrosancti concilii Tridentini restitutum Pii V. pontificis max iussu editum, Coloniae'', 1573 [BSB. VD16 M&nbsp;5499].
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Pius V., Papst, Klemens VIII., ''Papst: Missale Romanvm, Ex Decreto Sacrosancti Concili Tridentini restitutum. Pii V. Pont. Max. Ivssv Editvm, Et Clementis VIII. auctoritate recognitum, Monachii,'' BSB 1613 [VD17 12&nbsp;:736917S].
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''Rituale basiliense, juxta romanum Pauli V et Urbani VIII pontiff. max. reformatum, authoritate … celssissimi et revendissimi Sac. romani imperii princeps ac domini&nbsp;; Joannis Conradi, episcopi basilieensis, editum''. (Die 20&nbsp;octobris 1665).
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''Rituale Metense : auctoritate celsissimi et excellentissimi domini D. Henrici Caroli du Cambout, episcopi Metensis editum : ''Permalink: http://mdz-nbn-resolving.de/urn:nbn:de:bvb:12- bsb10524886-8.
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''Rituale Basileense juxta romanum Pauli et Urbani VIII auctoritate Pontiff. Max. Reformatum autoritate cellsissimi et reverendissimi Sac. Romani imperii principis ac domini, Domini Jacobi Sigismundi Episcopi Basileensis etc. editum''. Bruntruti 1739.
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''Rituale Argentinense autoritate eminentissimi et serenissimi principis Armandi Gastonis cardinalis de Rohan, episcopi et principis argentinensis Alfatiae Landgravii, S. R. I. Principis, Magni Franciæ Elecmoynarii, Regii Ordinis Sti. Spiritùs Commendatoris, editum''. 1741 (google books).
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''Proprium Sanctorum Dioecesis Basileensis 1676'' (ex ''Bib.SJ. Enghien'') Google books.
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''Proprium Sanctorum Dioecesis Basileensis 1710'' (ex ''Bib.SJ. Enghien'') Google books.
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''Proprium sanctorum Dioecesis Argentinensis Argentorati 1779'' (Pdf ''BSB&nbsp;-&nbsp;MDZ'').
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''Direcktorium seu Ordo officii divini recitandi, juxta Ritum Dioecesis Basileensis… pro Ordo Anno salutis M. DCC LXIX. Authoritate… Simonis Nicolai Episcopi Basileensis''.
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VAUTREY (Louis), ''Histoire des évêques de Bâle''. Porrentruy, 1884-1886.
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BATIFFOL (Pierre), ''Histoire du Bréviaire romain'', Paris, 1893.
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HOFFMANN,''L’Alsace au XVIII<sup>e</sup> siècle'' (1906).
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BAUMSTARK (Anton), ''Missale Romanum. Seine Entwicklung, ihre wichtigsten Urkunden und Probleme'', Eindhoven-Nimègue, 1929.
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PERRIN (Jean), « Le diocèse et la principauté épiscopale de Bâle après la guerre de Trente ans d’après les rapports des évêques à Rome », ''Zeitschrift für schweizerische Kirchengeschichte =&nbsp;Revue d’histoire ecclésiastique suisse'', Vol.&nbsp;60 (1966).
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HENNIG ( John), «&nbsp;Die Stellung Basels in den Ausgaben liturgischer Textbücher durch Bischof Jakob Christoph Blarer von Wartensee », ''Basler Zeitschrift für Geschichte und Altertumskunde'', Band : 72 (1972), http://doi.org/10.5169/seals-117741.
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CHATELLIER (Louis), ''Tradition chrétienne et renouveau catholique dans l’ancien diocèse de Strasbourg'', Paris, 1981.
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RAPP (Francis), CHATELLIER (Louis), EPP (René), MUNIER (Charles), WINLING (Raymond), ''Le Diocèse de Strasbourg'', Paris, 1982.
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CROUAN (Denis), ''Histoire du missel romain'', Paris, 1988.
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KRANEMANN (Benedikt), « Nachtridentinischen Reformen am Beispiel des Bistums Munster&nbsp;», KLÖCKENER (Martin), KRANEMANN (Benedikt), ''Liturgiereformen, Historische Studien zu einem bleibenden Grundzug des christlichen Gottesdienstes'', Munster, 2002.
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MULLER (Claude), ''Le siècle des Rohan, une dynastie de cardinaux en Alsace au XVIII<sup>e</sup> siècle'', Strasbourg, 2008.
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MARTIN (Philippe),&nbsp;''Histoire de la Messe'', CNRS ed., 2010.
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DUHAMELLE (Christophe), «&nbsp;Confession, confessionnalisation&nbsp;», ''Histoire, monde et cultures religieuses'' 2013/2 (n°26), p. 59-74. https://doi.org/10.3917/hmc.026.0059 Mis en ligne sur Cairn.info le 04/10/2013.
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GUÉRANGER (Prosper), ''Institutions liturgiques'', 4&nbsp;vol., Saint-Etienne, 2013 [reproduction en fac-similé de la 2<sup>e</sup> édition de Paris et Bruxelles, V.&nbsp;Palmé, 4&nbsp;vol., 1878-1885, Google books].
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BARTHE (Claude), ''Histoire du missel tridentin et de ses origines'', Paris, 2016.
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''Dictionnaire historique de la Suisse'', articles&nbsp;: Liturgie, Bâle (diocèse), URL: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F11402.php.
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= Notices connexes =
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''[[Kirche]]''-[[Église]]
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[[Liturgie_catholique]]
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[[Liturgie_catholique_:_les_ouvrages_liturgiques_en_usage_en_Alsace|Les ouvrages liturgiques en usage en Alsace]]
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[[Rite]]
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[[Sacrements]]
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[[Saints]] [[(culte_des_saints) en_Alsace|(culte des saints)&nbsp;en Alsace]]
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: right;">'''François Igersheim'''</p>
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[[Category:L]]

Version du 4 janvier 2021 à 13:58

Les types d’ouvrages liturgiques

Pour les cérémonies de l’Église chrétienne médiévale, on a recours à plusieurs types d’ouvrages ou livres de chœur manuscrits : les antiphonaires ou graduels pour les chants et les répons, les évangéliaires et épistoliers pour la lecture de l’Écriture sainte, les sacramentaires pour la célébration eucharistique. Leurs textes sont élaborés tout au long de l’histoire de l’Église et recopiés périodiquement. Dans l’Église romano-franque, dont font partie les diocèses de Strasbourg et Bâle, ceux-ci procèdent des modèles exposés par le pape Grégoire au VIIe siècle puis par le pape Adrien Ier et par les acteurs de la réforme carolingienne (VIIIe siècle) (voir : Kirchengesang).

On attribue aux ordres mendiants le développement des principaux genres de livres liturgiques en usage à partir du Moyen Âge central : le missel (ou missale) qui réunit les textes liturgiques prononcés au cours des messes du dimanche et des fêtes du calendrier liturgique de l’année (temporal) et des fêtes des saints (sanctoral) ainsi que celles prononcées lors des sacrements de l’Église catholique : baptême, confirmation, communion, mariage, ordination, sacrement des malades. Nécessaire pour la célébration des offices des chapitres, ordres et congrégations, en particulier pour les clercs isolés astreints à leur observation, le bréviaire (breviarium) réunit « en petits caractères et sans notes » les prières des livres de chœur, à prononcer au long de la journée : matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres, complies. Il comprend un calendrier, les offices des dimanches (le temporal) et les offices des fêtes des saints (le sanctoral). Les offices des saints comprennent des « leçons » qui résument l’histoire des saints fêtés ce jour là. Les Rituale, de format variable, contiennent les textes des prières à prononcer pour les sacrements et les différentes cérémonies publiques célébrées par une paroisse, messe, sacrements, bénédictions, processions (Rogations, temps de guerre etc.).

Les auteurs des livres liturgiques : la papauté, les évêques, les ordres et les congrégations

S’inspirant des modèles romains et des manuels rédigés au haut Moyen Âge par les moines et des évêques, les textes de ces manuels, que l’imprimerie multiplie à partir de la fin du XVe siècle, aboutissent à prescrire des cérémonies d’une très grande variété, selon les diocèses, les ordres et les congrégations, qui en reprennent les rédactions et en organisent la diffusion.

Les débats, souvent sanglants, qui marquent la Réforme avec la remise en cause de la messe, des sacrements et du culte des saints dans leur signification et leurs rites, mettent l’accent sur l’importance doctrinale des textes des célébrations liturgiques (voir : Liturgie_protestante).

Le concile de Trente et la centralisation romaine

Le concile de Trente précise en 1562 les grandes lignes de la doctrine catholique sur la messe, les rites et les cérémonies, mais sans se prononcer sur son ordonnancement. Le pape Pie V promulgue donc à partir de 1566 une série de manuels romains : catéchisme (1566), bréviaire (1568), rituel et missel (1570). Il exige que ce missel soit adopté par toutes les églises diocésaines. La messe, désormais fermement ordonnancée, commence par un rite d’entrée, suivi de la liturgie de la parole (lectures des épîtres et de l’Évangile), puis du Credo, de l’offertoire et du Canon, puis de la communion, enfin de la bénédiction des fidèles. Les prières de la messe sont en latin, et le desservant célèbre dos au peuple. Une partie, dite pronaos où prône, ou le célébrant s’adresse aux paroissiens en langue vernaculaire pour une homélie, une instruction, l’annonce des nouvelles paroissiales, peut prendre place avant la messe, ou à la fin de la messe, ou entre les lectures et le Credo.

La centralisation romaine se renforce avec l’institution en 1588 de la Congrégation romaine des rites, chargée de « corriger et de restituer les livres qui traitent des rites sacrés, d’examiner les Offices divins des Saints patrons, d’en concéder l’usage, après avoir consulté le Pontife romain ».

Il n’en reste pas moins qu’il appartient aux évêques diocésains de prescrire les rituels et d’en promulguer les directives liturgiques. C’est encore ce que confirme le décret pontifical de 1602, qui prononce l’excommunication contre les imprimeurs qui publieraient le Bréviaire romain sans licence expresse des évêques diocésains, chargés de comparer les épreuves de ces bréviaires et le bréviaire romain original et qui exige qu’une copie de la licence sera imprimée au commencement et à la fin de chaque exemplaire, faute de quoi la même excommunication sera prononcée contre les évêques eux-mêmes et leurs vicaires généraux (Dom Guéranger). En 1628 encore, le pape confie au jugement de la congrégation l’approbation de tous les offices des saints particuliers aux diocèses et le droit d’ajouter ou de modifier le Calendrier des fêtes. Pour les distinguer de la liturgie universelle, ces offices particuliers doivent être placés à la fin des livres liturgiques. Les évêques de France, y compris celui de Strasbourg, n’appliqueront pas ce décret, auquel se conforme l’évêque de Bâle.

Au XVIIIe siècle : l’Église de France et le rituel parisien

Par contre, dans le royaume de France, où le concile de Trente n’a pas été reçu au nom des libertés gallicanes, ce n’est que peu à peu que synodes diocésains et évêques adoptent le missel romain. L’un des arguments principaux en faveur du rituel romain est celui d’unifier la catholicité autour d’un rite unique. Or ce rite ne fut jamais adopté partout, et les célébrations sont marquées par la diversité des rites due aux traditions locales. Ainsi, la place que prend le prône ou pronaos y est très variable.

À partir du début du XVIIIe siècle, la querelle janséniste fait rebondir le débat liturgique. Elle s’exprime dans l’adoption par le diocèse de Paris d’un nouveau missel (dit missel de Mgr de Vintimille, 1738) dont les textes se veulent plus conformes à l’histoire sainte ; imprimés en double colonnage, français et latin, les textes de ce missel accordent moins d’importance à la Vierge, aux saints et aux miracles. C’est dans la partie « oraisons diverses » qu’il insère les prières pour le roi, la reine, la famille royale. La polémique n’empêche pas la progression du rite parisien dans les diocèses français. À la veille de Révolution, il semble bien que le rituel parisien soit en voie de l’emporter. Il s’impose généralement dans l’Église constitutionnelle, alors que les cérémonies clandestines des réfractaires imposent une grande simplification des rituels.

Les diocèses à population germanophone, lorrains et alsaciens, Metz, Strasbourg et Bâle : les rituels de l’époque moderne

L’historiographie a généralement étudié l’évolution confessionnelle européenne moderne à partir des notions de Réforme et de Contre-Réforme. Plus récemment, la notion de « confessionnalisation » a pris le relais pour caractériser les évolutions religieuses des XVIe et XVIIIe siècles ; elle met l’accent sur la coopération des gouvernants et des Églises dans la renforcement des encadrements de l’État moderne : centralisation, bureaucratisation, discipline des populations. La normalisation des pratiques liturgiques en est un aspect, particulièrement important pour les communautés locales.

Les diocèses de Lorraine et d’Alsace avaient adopté le rituel romain fort précocement ; ils continuent de l’appliquer après l’annexion d’une partie du territoire de leurs diocèses au royaume de France.

En 1713, Mgr de Coislin, évêque de Metz, réputé proche des jansénistes, dont le diocèse a été partiellement annexé en 1648, publie un Rituale Metense. Il indique au titre du Propre des Saints les fêtes à respecter dans le diocèse de Metz : y figurent saint Étienne, le premier martyr, patron du diocèse, Saint-Louis, le roi de France, saint Clément, le premier évêque de Metz. Le rituel messin traite en détails du pronaos ou prône de la messe, dont les textes en français et allemand, sont prescrits au célébrant. Il est placé après la proclamation – en latin – de l’épître et de l’Évangile et avant le Credo, et commence par la lecture de l’épître et de l’Évangile dans la langue des paroissiens. Puis, il procède à la lecture d’une longue prière universelle en français ou en allemand, pour le pape et les évêques, le roi, les ducs et duchesses de Bourgogne et de Bretagne et tous les princes et princesses de sang royal. Le rituel introduit ici la formule appliquée en Lorraine (ducale) : « Pour son Altesse, Madame, les Princes et Princesses leurs fils, filles… ».

Et la prière reprend : « Pour les princes, gouverneurs, officiers et soldats, les seigneurs et dames et toute la noblesse du lieu… ainsi que les marchands, laboureurs et vignerons, artisans qui vivent du travail de leur mains, veuves, orphelins, pauvres et malades, ainsi que les femmes enceintes que Dieu leur accorde une heureuse délivrance et que leurs enfants puissent recevoir le saint baptême », formule des temps de fragilité démographique. Le motet Domine salvum fac regem – en Lorraine, on dira « duc » –, figure dans les bénédictions diverses avec la cérémonie d’action de grâces, ou Te Deum.

À Strasbourg, il faut attendre 1742 pour voir le cardinal Armand-Gaston de Rohan promulguer un Rituale Argentinense, somptueusement imprimé. Il paraît inspiré de celui de son voisin de Metz, avec un catalogue des évêques de Strasbourg, un calendrier des saints de l’année, et l’indication des fêtes chômées. Celle-ci comprend la Saint-Louis (25 août) les fêtes des saints évêques de Strasbourg, Arbogast (évêque et patron du diocèse, 25 juillet) Materne (13 septembre) Amand (26 octobre), Florent (7 novembre), les saintes religieuses Attale (3 décembre) et Odile (13 décembre). Est célébrée le 23 octobre la fête de la restitution de la cathédrale diocésaine au culte catholique en 1681. Le Rituel introduit français et allemand pour les dialogues des sacrements (baptême, mariage, malades…). Signe de son importance, le rituel comprend une instruction sur le pronaos ou prône où le prêtre doit y instruire et admonester les fidèles, ainsi que leur communiquer les nouvelles paroissiales : calendrier des célébrations, etc. C’est la coutume locale qui en détermine la place, au début, après les lectures ou même à la fin de la messe. Là aussi, les textes français et en allemand sont indiquées au célébrant : il lit épître et Évangile en langue vernaculaire, puis procède à son homélie. Enfin, il invite la paroisse à prononcer avec lui une prière universelle, en allemand ou en français. Plus courte et sobre que la prière messine, elle comprend une « prière pour le roi ». Il est précisé que pour la partie transrhénane du diocèse, on dira « pour sa majesté impériale, ou pour le prince notre souverain –  für Ihre Kayserliche Majestät oufür unsern gnädigsten Herren – und Lands-Fursten ». La partie « Prières publiques, Supplicationes publicae » comprend la cérémonie « qui le jour de l’Assomption se fait dans tout le Royaume de France, par suite du vœu de Louis XIII en 1638 (pour la naissance du souverain), renouvelé par le roi Louis XV en 1738 » : avec procession, litanies. Après la procession, les chantres entonnent l’Exaudiat qui se termine par le verset « Domine Salvum fac regem ». La partie « prières diverses » comprend la prière pour le temps de guerre et la prière d’action de grâces ou Te Deum.

Dans le diocèse de Bâle, l’évêque Blarer de Wartensee avait publié en 1584 un Breviarium Basiliense conforme au bréviaire romain, dont il ne diffère que par les fêtes propres au diocèse de Bâle, et toujours sur le modèle romain, un Martyrologium Basiliense ; en 1585 le Directorium Basiliense, sorte de calendrier perpétuel (à Fribourg-en-Brisgau), puis en  1586, un Missale Basiliense (à Munich 1586) et la même année un Sacerdotale Basilense à Porrentruy (1586) (Vautrey). Le Rituale Basiliense est réédité en 1665, avec le titre éloquent de Rituale basiliense, juxta romanum Pauli V et Urbani VIII pontiff. max. reformatum, authoritate… Dn. Joannis Conradi, episcopi basiliensis, editum. (Die 20 octobris 1665), conforme aux instructions du pape et de la congrégation des rites. Il est réédité en 1700.

Un peu antérieur au rituel strasbourgeois, et après la stabilisation des rapports du diocèse de Bâle avec la monarchie française, paraît à Porrentruy, désormais résidence de l’évêque et siège de son séminaire et de son imprimeur, le Rituale Basiliense de 1736, « par lequel l’évêque Jacques Sigismond de Reinach ramène tous les rites épars de son diocèse dans l’unité de la liturgie romaine en conformant entièrement son rituel au rituel romain réformé par les souverains pontifes Paul V et Urbain VIII » (Vautrey). Il ne comprend pas de propre des saints, ni d’instructions sur le prône. Dans la partie bénédictions, outre une série de bénédictions pour les produits de la ferme – exhaustive –, il comprend une bénédiction des drapeaux, des fusils et canons de la milice populaire, et semble donc fait pour les fidèles suisses du diocèse. Mais dans sa partie « Processions », le Rituel propose des prières publiques pour le temps de malheur (processio in quacunque tribulatione) : famine, peste, guerre, etc. avec processions et litanies, et l’on prononce le psaume 90 puis le psaume 19, Exaudiat te Dominus, qui se termine par le verset « Domine salvum fac Regem ». La messe à célébrer est celle des temps de malheur, pour le salut du peuple. Procession encore pour les actions de grâces ou Te Deum, suivie de la messe du Saint-Esprit. Voilà pour les sujets français du diocèse.

Hoffmann, auteur de l’Alsace au XVIIIe siècle, rappelle qu’à deux reprises, l’évêque de Bâle décrète la réduction des fêtes chômées dans le diocèse pour limiter les excès auxquels se livrent trop volontiers les fidèles de son diocèse de Haute-Alsace et de Suisse, dans les danses, les cabarets et le vin (Hoffmann, I, p. 134).

L’évêque Sigismond de Reinach publie également un Bréviaire Basiliense en 1738, où il réunit les saints du docèse de Bâle avec les saints nouvellement canonisés : Ste-Marguerite de Cortone, St-Fidèle de Sigmaringen, St-Jean Népomucène, Ste-Julienne de Falconieri, St-Vincent de Paul, St-Jean de la Croix, St-Louis de Gonzague, St-Camille de Lellis, St-Joseph de Calazance, St-Jérome Emiliani, Ste-Jeanne de Chantal, St-Joseph de Cupertino, St-Jean Cantius, Ste-Gertrude (Vautrey)…

C’était vouloir substituer des saints dont l’historicité avait été incontestable à ceux plus anciens dont on ne savait rien de sûr, mais à qui la tradition avait conféré nombre de patronages d’églises locales ou même de diocèses. Bréviaires et propres des saints sont soumis à la révision des historiens bénédictins de Saint-Maur ou de Saint-Vanne, des Jésuites bollandistes, et des clercs érudits des diocèses, qui soulèvent un vif débat entre les exigences de la raison et le poids des dévotions traditionnelles. Le diocèse de Strasbourg publie un Propre révisé en 1779, le diocèse de Bâle les Propres de Saints de 1676, 1710, 1739 (Hennig).

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Dictionnaire historique de la Suisse, articles : Liturgie, Bâle (diocèse), URL: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F11402.php.

Notices connexes

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