Liturgie catholique : les ouvrages liturgiques en usage en Alsace

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Pages de grand titre des Rituels diocésains de Metz (1713), Bâle-Porrentruy (1739) et Strasbourg (1742). Les rituels des évêques de Metz, Bâle et Strasbourg normalisent les pratiques liturgiques dans leurs diocèses mais conservent les particularismes diocésains pour les saints célébrés dans le diocèse et relevés dans les Propres diocésains des Saints.
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Ensemble des rites qui forment le culte divin, en vertu des canons 837-838 du Code de droit canonique. Son ordonnancement dépend « de l’autorité de l’Église, détenue par le Siège apostolique et, selon le droit, par l’Évêque diocésain ».

Les ouvrages liturgiques manuscrits

Liturgie romaine et chant grégorien ont été introduits dans le diocèse de Strasbourg par l’évêque Heddo au VIIIe siècle (Burg, p. 59). Encore au XXe siècle, le missale romanum était utilisé partout. On pourrait être tenté de croire à une uniformité dans les ouvrages liturgiques, dont la seule variante serait la traduction des éditions romaines. Tel n’est pourtant pas le cas.

La dispersion des ouvrages liturgiques manuscrits, surtout des missels et des bréviaires, ne permet pas vraiment de se prononcer sur ce point. Mais le Cantatorium de l’Église de Strasbourg du XIIe siècle constitue un témoignage ancien d’un particularisme local, ne serait-ce que par l’invocation aux saints Arbogast et Florent.

Au XIVe siècle, l’évêque Jean de Ligny fit rédiger un Directorium pour le service liturgique de la cathédrale de Strasbourg, qui resta valable pendant des siècles dans beaucoup d’églises du diocèse (Burg, p. 148). Sans doute s’agit-il du Directorium chori du chroniqueur Fritsche Closener, prébendier de la cathédrale. Un Rituale monasticum O.S.B. du XIVsiècle, provenant de l’abbaye de Munster, est conservé à Colmar. Il subsiste aussi un Ordo perpetuus de la collégiale de Thann, daté de 1448 (Ingold, p. 9) ainsi qu’unRitus administrandi infirmos et sepeliendi rédigé en 1490 pour les Pénitentes de Sainte-Madeleine à Strasbourg.

Les ouvrages imprimés - missale et breviaria diocésains

Pratiquement dès les débuts de l’imprimerie, des ouvrages liturgiques propres aux différents diocèses ont été édités, en raison des spécificités locales, comme le culte des saints locaux ou des traditions invétérées.

« Les évêques de Strasbourg (en) profitèrent pour unifier davantage les rites, mais aussi pour affirmer l’originalité de leur liturgie diocésaine » (Bornert, p. 30). Ainsi, à côté de missels romains (1501, 1511, 1517), le missale argentinense ou dioecesis Argentinensis est paru entre 1486 et 1490 à Bâle et à une dizaine de reprises entre 1478 et 1520 à Strasbourg ou à Haguenau, de même d’ailleurs qu’un missel propre aux Johannites (Strasbourg, 1505), aux Prémontrés (Strasbourg, 1511), aux Bénédictins (Haguenau, 1518), à l’ordre Teutonique (Haguenau, 1519)…

« Ces missels strasbourgeois concordent pour l’ensemble avec le missel de la curie romaine, sauf évidemment les particularités du sanctoral diocésain » (Bornert, p. 30). Outre des bréviaires particuliers à divers ordres religieux, le Breviarium Argentinense a été édité en 1478, 1489 et 1511, et le Breviarium Basileense en 1478 et 1515, le Graduale secundum verum ritum Argentinensem en 1501 et 1511.

Les prêtres disposaient d’ouvrages généraux de pastorale pour s’orienter dans ce domaine, comme le Rationale divinorum officiorum, de Guillaume Durant (Strasbourg, 1470 (?), 1478, 1479, avant 1481, 1484, 1486, 1488, 1493 ; Bâle, 1476, 1488 ; Haguenau, 1509), sans parler des exemplaires imprimés ailleurs. En outre, ils pouvaient recourir au Manuale curatorum de Jean Ulrich Surgant (Strasbourg, 1506, 1516 ; Bâle, 1514) ou au Manipulus curatorum de Guido de Rocherii (Haguenau, 1508).

Les rituels diocésains : le diocèse de Strasbourg

Les diocèses vont disposer également de rituels propres. Un Ordinarius argentinensis parut à Strasbourg en quatre éditions entre 1480 et 1500. L’Agenda sive exequiale sacramentorum (Strasbourg, vers 1500, 1513), puis l’Agenda parochialium ecclesiarum Argentinensis dioecesis, paru peu après 1500 et réédité en 1590 et bien plus tard à Molsheim (1670), sera remplacé par le Rituale Argentinense édité sur ordre d’Armand Gaston de Rohan en 1742 et repris par Mgr Tharin en 1824. Un raccourci, le Manuale seu compendium Ritualis Argentinensis, également édité en 1742, fut réédité en 1780. Un Proprium sanctorum était édité dès 1625 et un manuel pour l’administration des sacrements –une Cura clericalis – chez Straubhaar à Molsheim en 1673.

Les rituels diocesains : le diocèse de Bâle (et la Haute Alsace)

Dans le diocèse de Bâle, le Sacerdotale Basiliense (Porrentruy, 1595) fut relayé en 1739 par le Rituale Basileense. En 1697, l’évêque fit éditer un Proprium sanctorum comportant les offices des saints canonisés entre 1686 et 1697, en 1710 un autre avec les saints de 1676 à 1710 et enfin, en 1738, ceux de 1700 à 1738. Un Manuale Benedictionum continens variarum rerum, tum Benedictiones, tum Exorcismos, … fut réédité en 1664 à Porrentruy. Un Processionale à l’usage du même diocèse est sorti des presses en 1788.

Les Ordo et Directoria

En 1625, Henri Gross, chanoine à Saint-Pierre-le-Jeune, avait édité à Strasbourg un Directorii Ecclesiastici Ordo perpetuus in persolvendo officio divino servandus secundum Breviarium Romanum. La publication systématique d’un pareil outil chaque année, l’Ordo et modus rei divini faciendae, qui fournit les indications pour les offices de tous les jours, semble avoir été instaurée à Strasbourg par François Armand de Rohan-Soubise, au plus tard en 1750. La tradition a été suivie par les évêques jureurs Arbogaste Martin à Colmar et Brendel à Strasbourg et se continue toujours.

Les rituels propres aux ordres et congrégations

Abbayes et couvents vont se doter d’ouvrages spécifiques à leur ordre. Dès 1739, l’abbaye d’Ebersmunster fait imprimer chez Gasser à Sélestat un Directorium proprium antiquissimae abbatiae Aprimonasteriensis. En 1741, le même Gasser en publie un pour une clientèle plus vaste : pro monasteriis Ordinis S. P. Benedicti Almae Congregationis Argentinensis et, à partir de 1742, pro monasteriis Ordinis S. P. Benedicti Almae Congregationis Alsato-Brisgoiae… En 1757, il en édite un pour les abbayes princières de Murbach et de Lure. Entre temps, en 1740, il avait édité un supplément renfermant les offices propres à ladite congrégation. De même, les capucins vont utiliser le Supplementum Breviarii seu Officia Ab Anno 1700. usque ad… Annum 1731… concessa… Pro… Patribus Capucinis Provinciae Helveticae (Zug, 1731) avant de se doter – lorsqu’ils ne seront plus rattachés à la Province helvétique – d’un Caeremoniale ad usum Fratrum Minorum… Capucinorum Provinciae Alsaticae (Strasbourg, 1755). Les Augustins se procurent à Metz Les offices des saints chanoines réguliers de l’Ordre de S. Augustin (1706). Les Dominicaines de Sainte Marguerite font imprimer en 1644 les Officia divina, Sanctarum Margarethae et Agnetis virginum et martyrum, Patronarum Monasterii ad S. Margaretham dicti, apud Argentinenses. Les Jésuites font de même en 1705 en l’honneur de leurs saints et les chevaliers de Saint-Jean en 1739. La collégiale de Neuwiller-lès-Saverne édite également – sans date – une plaquette avec ses officia propria.

Une grande diversité de livres religieux

Diocèses et ordres religieux éditent des martyrologes, des hymnaires, des psautiers (Haguenau, 1522), des recueils de cantiques et quantité d’ouvrages de dévotion en l’honneur de la Vierge (dès 1496), de St-Joseph (1504) et de divers saints, notamment jésuites. Les lieux de pèlerinage publient des ouvrages de piété spécifiques. Si certaines confréries mettent un manuel à la disposition de leurs membres, la Grande Congrégation académique érigée par les Jésuites à Molsheim bat tous les records en distribuant aux confrères des étrennes – en l’occurence une suite continue d’ouvrages d’édification – de 1668 à 1791, soit sur plus de deux siècles.

Bibliographie

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GASS (Joseph), « Altelsässiche liturgische und theologische Handschriften und Druck », AEKG I9 (1926), p. 67-97.

WILMART (André), WALTER (Joseph), L’ancien cantatorium de l’Église de Strasbourg, Colmar, 1928.

WALTER (Joseph), « Un manuscrit liturgique du couvent des Pénitentes de Sainte-Marie-Madeleine de Strasbourg de 1490 », Archives Alsaciennes d’Histoire de l’Art, 1928, p. 13-34.

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BURG (André-Marcel), Histoire de l’Église d’Alsace, Colmar, 1945.

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Notices connexes

Confraternité (Grande)

Kirchengesang

Librairie

Rituel

Louis Schlaefli