Landsknecht : Différence entre versions

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À côté de Dürer et d’Albrecht Altdorffer, ce sont les graveurs Urs Graf (1485-1529), Nicolas Manuel Deutsch (1484-1530) et Maître IK (Jacob Köbel) qui ont diffusé l’image canonique du lansquenet, qu’on retrouve également dans la statuaire.
 
À côté de Dürer et d’Albrecht Altdorffer, ce sont les graveurs Urs Graf (1485-1529), Nicolas Manuel Deutsch (1484-1530) et Maître IK (Jacob Köbel) qui ont diffusé l’image canonique du lansquenet, qu’on retrouve également dans la statuaire.
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[[File:Landsknecht 01.png|thumb|500px|Les deux lansquenets dessinés à la plume en marge d’un par- chemin isolé de la Médiathèque André Malraux (Strasbourg) sont contemporains des batailles de Marignan (1515), de Pavie (1525) et du Sac de Rome (1527). Coiffés de larges bar- rettes ornées de plumes, vêtus de pourpoints et de chausses à crevés, équipés de hallebardes et d’épées courtes (katzbalger, étripe-chat), ils incarnent l’idée de baroudeur.]][[File:Landsknecht 02.jpg|thumb|500px|Des trois porte-enseignes (Fahnenträger, bannerets) de lansquenets gravés pour le pamphlet anti-luthérien de Thomas Murner Von dem großen Lutherischen Narren paru à Strasbourg chez Johann Grüninger, en 1522, celui qui arbore le slogan Fryheit est le plus fréquemment reproduit, aussi bien pour illustrer l’insurrection paysanne de 1525 que pour promouvoir une certaine idée libertaire de l’Alsace. Le drapeau à la bande accompagnée de deux cotices fleuronnées se réfère vraisemblablement à la Basse-Alsace (mais pourrait aussi faire allusion à la Saxe de Luther). Le terme « Fryheit » se rapporte au concept théologique de liberté : les deux autres bannières portent les mots Evangelium (évangile) et Worheit (vérité), mais leur fond n’a probablement pas le sens héraldique de la première. Sur les champs de bataille, les compagnies sont identifiées par des codes de couleur choisis par leurs capitaines.]]
 
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Version du 20 décembre 2020 à 21:32

Lansquenet.

1. Au sens générique (rare), agent seigneurial chargé d’une mission d’administration dans un territoire défini. Le terme se trouve dans le bailliage de Ferrette entre le deuxième quart du XVe siècle (lanzknecht, ADHR, 1 C 8601), et la guerre de Trente Ans et correspond au landweibel d’Ottmarsheim dans la seigneurie de Landser. Choisi parmi les notables, il est l’adjoint du schaffner et fait fonction de sergent ou d’huissier (vente de biens meubles, etc.), voire de stubenknecht. Nommé landsknecht en 1594, le maire de Muespach Lienhardt Götfrid prétend tenir un cabaret en 1597.

ADHR, 1 C 732-745.

BONVALOT (Edouard), Coutumes de la Haute-Alsace, dites de Ferrette, Colmar-Paris, 1870, p. 108.

2. Au sens militaire : fantassin mercenaire. L’adaptation française lansquenet est associée à « aventuriers gens de guerre » ; elle est attestée par les mémorialistes de la fin du Moyen Âge comme Olivier de la Marche (« lansquenectz », vers 1478) ou Commynes, « lansquenetz, qui vault autant à dire comme compaignons de païs », en précisant : « Ceux sont de tous pays, comme dessus le Rin, du païs de Suave » (vers 1495-1498). On trouve parfois la traduction « varlets ».

Origine

Au départ, les landsknechte sont des miliciens qui effectuent un service militaire dans le cadre du territoire (land) où ils vivent, mais le terme prend un sens différent à partir du moment où ils deviennent des mercenaires projetés loin de leurs bases, à l’instar des Confédérés suisses engagés temporairement par des princes ou des villes d’Allemagne ou d’Italie du nord à partir du milieu du XVe siècle, suite à des accords conclus par leurs autorités, ou à titre privé en tant que « reisläufer » ou « freye knechte ». La victoire de Calliano (10.8.1487) remportée sur les Vénitiens par le contingent fourni par la Haute-Alsace et le Brisgau illustre l’entrée en scène des lansquenets au sens premier du mot : elle fait du chevalier sundgovien Frédéric Cappler une sorte de prototype du meneur d’hommes, préfigurant l’empereur Maximilien Ier et le grand capitaine Georg von Frundsberg, tous les deux crédités du titre de « Vater der Landsknechte ».

Le passage d’un mode de recrutement licite validé par le souverain ou par les autorités légitimes à des formes d’entreprise de mercenariat se produit dans les deux dernières décennies du XVe siècle pour connaître son apogée au moment de la Renaissance, notamment lors des conflits entre les Habsbourg et le roi de France, en Italie ou sur d’autres fronts, et lors des guerres de religion.

L’Alsace est particulièrement concernée par la question du fait de sa position stratégique – la traversée du Rhin et des Vosges, la proximité de la Souabe, l’un de ses principaux bassins de recrutement et l’existence d’une population flottante prête à prendre du service. L’expérience militaire acquise dans le cadre des milices des villes ou des seigneuries y concourt d’autant plus qu’elle est entretenue par de nombreuses sociétés de tir et qu’il existe un vivier de gentilshommes désargentés formés au métier des armes.

Valeur militaire

Combattant à pied, équipés de piques d’une longueur de 4 à 5 mètres, manœuvrant en rangs serrés au son des tambours et des fifres, dotés d’armes individuelles dont le maniement qui se décompose en mouvements successifs exige une véritable chorégraphie, ces fantassins se distinguent lors des batailles rangées contre des armées du même type ou des escadrons de cavalerie. Ils prennent part aux assauts contre les places fortes et sont considérés comme une élite guerrière. Ils subissent de fortes pertes (10 p. 100), notamment du fait de l’artillerie. Leur réputation de bravoure leur vaut un prestige tel que des gentilshommes peuvent s’y distinguer sans déroger. Leur costume exprime ce statut de baroudeur : des pourpoints ou des chausses multicolores exhibant de fausses cicatrices – les crevés –, des braguettes saillantes et surdimensionnées, des chaussures en « pattes d’ours », des couvre-chefs hérissés de plumes (un attribut revendiqué par la noblesse), sans parler des pièces d’armure et du harnachement. Les armes de défense sont la dague (dolch) et l’épée courte appelée katzbalger (« étripe chat »). Les vedettes de la profession sont des personnages comme Franz von Sickingen, considéré par les contemporains de Bayard comme un « pirate de terre », Götz von Berlichingen et Wilwolt von Schaumburg, tous trois actifs sous le règne de Maximilien et de Charles Quint.

Recrutement

La constitution de compagnies (fähnlein, enseignes) de lansquenets fortes de 300 à 500 hommes répond à la « commande » passée par un souverain ou un autre commanditaire, y compris une grande ville (Strasbourg pendant la Guerre des Évêques en 1592, par exemple). La levée des volontaires est le fait d’agents recruteurs qui parcourent un bassin d’emploi ou disposent d’un réseau dormant de vétérans facile à mobiliser, à l’instar des vétérans auxquels a recours Nicolas de Bollwiller dans les années 1560. Les régions les plus densément peuplées (l’Alsace, la vallée du Rhin) ou les moins prospères (la Souabe) sont la cible la plus facile en raison de leur relative proximité des zones de conflit. Leur potentiel est vraisemblablement de l’ordre de 30000 hommes prêts à prendre du service : il peut s’agir de marginaux (comme le Strasbourgeois Jacob Lod, brigand de grand chemin, présent à la bataille de Pavie en février 1525, puis dans les bandes paysannes, exécuté à Ravensburg en 1527), d’artisans, de paysans attirés par l’appât du gain, voire de notables tentés par l’aventure. En 1515, au moment de Marignan, quatre-vingt-seize Strasbourgeois sont suspects d’être entrés au service du roi de France. Et comme la guerre est souvent assez courte, en raison de son prix, il n’est pas rare que le mercenariat soit une activité saisonnière, du printemps au début de l’automne, compatible avec la viticulture – les femmes assurant l’intérim jusqu’à la vendange – ou une production artisanale à la morte saison.

Le capitaine se prévaut d’une lettre officielle (werbepatente) de son employeur et ouvre un bureau de recrutement (souvent une auberge) dans une localité facilement accessible : ainsi, Sebastian Schertlin von Burtenbach se fixe à Bâle en 1551 lorsque Henri II lui demande de lever l’armée destiné au « voyage d’Allemagne ». Le lieu et la date du rassemblement sont fixés par avance, de même que la durée du service (rarement plus de trois mois). Dans certains cas, la masse de soldats recrutés pour une campagne ou pour un autre événement peut être considérable : en juillet 1547, le Wissembourgeois Sébastien Vogelsberger conduit dix enseignes de lansquenets pour le sacre d’Henri II à la cathédrale de Reims. Les chroniqueurs citent fréquemment le chiffre de 6000 hommes, par référence aux légions romaines de Végèce.

Organisation

La cohésion des compagnies de lansquenets dépend de leur origine géographique, de leur expérience et du charisme de leurs chefs. Pour pallier les inconvénients liés à des recrutements hétéroclites, les entrepreneurs de guerre établissent de véritables contrats qui définissent leurs droits et leurs devoirs et les font adopter par serment lors de la revue des effectifs (musterung, montre). La rétribution mensuelle est fixée dès le départ, mais des primes sont possibles. Un bel exemple, daté de 1537, est publié par Rodolphe Peter dans son édition du plaidoyer de Calvin pour Guillaume de Furstenberg, d’autres contrats sont donnés par E. von Frauenholz.

Au début du XVIe siècle, la solde (laufgeld) de base est de 4 florins –  un tarif plus élevé que ce que gagne généralement un artisan. Elle est le double pour les « doppelsöldner » plus expérimentés, souvent armés d’une hallebarde ou d’une longue épée à deux mains, les tambours et les fifres, le porte-drapeau, les sergents (profoss, weibel, hurenweibel) et d’autres soldats spécialisés. Un secrétaire, un barbier, un interprète et un aumônier viennent compléter la troupe. S’ajoutent à cela les profits de la guerre – le butin –, des gratifications. Pour les colonels, à la tête de plusieurs compagnies, ou les capitaines de celles-ci, les sommes sont bien plus élevées et se traduisent, parfois, par une véritable opulence comme le montre l’exemple de S. Vogelsberger – un ancien maître de langue française –, dont l’hôtel particulier orné de fleurs de lis est construit à Wissembourg en 1540. Ces motivations financières justifient des engagements lointains, en Italie, en France, dans le nord de l’Europe, y compris dans les îles britanniques. Des figures comme celle de Simon de Ferrette, qui commande 3000 lansquenets lors de la campagne d’Henry VIII en Flandre (1513), Guillaume de Fürstenberg, Nicolas de Hattstatt ou Nicolas de Bollwiller et Lazare de Schwendi, actifs pendant un quart de siècle ou plus, en rendent compte.

Indiscipline

Lorsque la solde promise n’est pas versée à temps, les compagnies se débandent spontanément, comme le montre l’exemple de la « guerre des Vosges » de mai-juin 1516, menée par le comte Gangolphe de Geroldseck contre le duc de Lorraine : cette diversion, encouragée par l’Empereur échoue, faute du financement promis par le roi d’Angleterre et du retournement de son principal artisan, Franz von Sickingen, acheté par l’argent français.

La violence et l’indiscipline imputées aux lansquenets donnent lieu à de nombreux récits de mutineries et de pillages. À la veille de Marignan (13-14.9.1515), les mercenaires allemands exigent le tiers du butin susceptible d’être fait à Milan ; leur révolte est désamorcée par une avance (arriguet, anreitgeld) et par le doublement de leur solde. De nombreux récits dénoncent leur cruauté : le 17 mai 1525, ce sont eux qui déclenchent le massacre des paysans assiégés à Saverne. L’épisode du sac de Rome (6.5.1527), auquel participent un certain nombre d’Alsaciens, les disqualifie durablement.

Leur déplacement constitue un danger aussi bien en pays ami que dans les territoires ennemis. Le ravitaillement se fait sous la forme de maraudage ou sous la crainte de représailles, obligeant la population civile à leur livrer du pain, du vin et de la viande, voire à acheter leur départ. C’est particulièrement vrai lorsque les troupes sont licenciées, à la fin de leur contrat. Pour éviter ces débordements, on leur assigne des itinéraires à l’écart des villes. Au retour de la campagne de Novare (1513), on fait détruire des ponts pour les empêcher d’approcher de Grenoble. Il en va de même à Lyon dont la traversée se fait en barques, depuis Villefranche-sur-Saône, sous la menace de l’artillerie de la ville installée sur les berges. Ces problèmes de logistique sont d’autant plus préoccupants que les mercenaires traînent avec eux de nombreuses prostituées – sous le contrôle du sergent appelé hurenweibel –, et qu’on reconnaît en eux les propagateurs du « mal français ».

Réprobation

Prêts à se battre pour le plus offrant, les lansquenets encourent la réprobation des autorités dont ils sont les sujets, notamment lorsqu’ils portent les armes pour l’ennemi malgré les clauses contractuelles qui l’interdisent expressément. C’est pourquoi l’Empire met en place une législation répressive, si souvent réitérée sous la forme de circulaires imprimées qu’on est en droit de douter de son efficacité réelle. Ce Kriegsverbot, qui prévoit le bannissement et la confiscation des biens des contrevenants peut être sanctionné par la peine de mort. Il contribue fortement à l’émergence d’un patriotisme impérial relayé par les humanistes allemands comme Wimpheling ou des théoriciens militaires comme Schwendi. En temps de guerre, il n’est pas rare d’intercepter et de punir des soldats en route vers la France, et, bien entendu, de prendre des mesures spectaculaires contre leurs chefs. Plusieurs capitaines alsaciens sont définitivement proscrits, à l’instar de Jean de Tavannes et du comte Wolfgang de Lupfen, à qui François Ier accorde la « naturalité » française. En 1548, Charles Quint fait arrêter S. Vogelsberger par Lazare de Schwendi et le fait exécuter à Augsbourg en compagnie de deux de ses lieutenants.

Pour la noblesse allemande, la transgression qui consiste à entrer au service d’une puissance étrangère est interprétée comme un acte de liberté – voire de solidarité religieuse au moment des guerres de religion. Pour le petit peuple des lansquenets, c’est l’occasion d’une fortune éphémère, mais aussi d’une expérience de terrain qui n’est pas étrangère à la militarisation de la société.

Abondamment diffusée par la gravure – Urs Graf notamment –, par la chanson et par la littérature, l’image du soldat de fortune est au cœur d’une mythologie restée vive depuis le Götz von Berlichingen de Goethe (1774). Elle continue à alimenter un héroïsme de mauvais aloi, y compris à travers des affirmations identitaires. Les fresques de Leo Schnug, le porte-drapeau « Fryheit » emprunté à Thomas Murner et les innombrables variantes des porte-bannières du Wappenbuch de Jacob Köbel (1545) en rendent compte.

Le jeu de carte appelé lansquenet, très populaire au XVIIe siècle est mentionné par Rabelais ; il existe également en Allemagne sous son nom d’origine.

Bibliographie

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BISCHOFF (Georges), « Comme si tout le royaulme de France estoit en azart de finale ruyne. Les Confédérés suisses, Maximilien Ier et le siège de Dijon  »,Annales de Bourgogne, t. 87 (2015), p. 59-82.

BODE (Charel), Le Kriegsverbot dans le sud-ouest du Saint-Empire de la fin du XVe jusqu’au milieu du XVIe siècle (1477-1556), thèse en cours sous la dir. d’Antoine Follain.

Iconographie

À côté de Dürer et d’Albrecht Altdorffer, ce sont les graveurs Urs Graf (1485-1529), Nicolas Manuel Deutsch (1484-1530) et Maître IK (Jacob Köbel) qui ont diffusé l’image canonique du lansquenet, qu’on retrouve également dans la statuaire.

Les deux lansquenets dessinés à la plume en marge d’un par- chemin isolé de la Médiathèque André Malraux (Strasbourg) sont contemporains des batailles de Marignan (1515), de Pavie (1525) et du Sac de Rome (1527). Coiffés de larges bar- rettes ornées de plumes, vêtus de pourpoints et de chausses à crevés, équipés de hallebardes et d’épées courtes (katzbalger, étripe-chat), ils incarnent l’idée de baroudeur.
Des trois porte-enseignes (Fahnenträger, bannerets) de lansquenets gravés pour le pamphlet anti-luthérien de Thomas Murner Von dem großen Lutherischen Narren paru à Strasbourg chez Johann Grüninger, en 1522, celui qui arbore le slogan Fryheit est le plus fréquemment reproduit, aussi bien pour illustrer l’insurrection paysanne de 1525 que pour promouvoir une certaine idée libertaire de l’Alsace. Le drapeau à la bande accompagnée de deux cotices fleuronnées se réfère vraisemblablement à la Basse-Alsace (mais pourrait aussi faire allusion à la Saxe de Luther). Le terme « Fryheit » se rapporte au concept théologique de liberté : les deux autres bannières portent les mots Evangelium (évangile) et Worheit (vérité), mais leur fond n’a probablement pas le sens héraldique de la première. Sur les champs de bataille, les compagnies sont identifiées par des codes de couleur choisis par leurs capitaines.

Georges Bischoff