Landgraviat : Différence entre versions

De DHIALSACE
Aller à : navigation, rechercher
Ligne 12 : Ligne 12 :
 
= Le landgraviat de Haute-Alsace =
 
= Le landgraviat de Haute-Alsace =
  
 +
[[File:Landgraviat 02.jpeg|center|1000px|Merian, Alfatiee Landgraviatus cum Sundgoia & Brisgoia]]
 +
<p style="text-align: center;"><span style="font-size:smaller;">Commentaire extrait de Horrer, ''Dictionnaire''&nbsp;: Dans le temps que l’Alsace faisait encore partie de l’Empire, Daniel Speckel, habile ingénieur et architecte de la ville de Strasbourg, reçut ordre de l’archiduc Ferdinand de lever cette province&nbsp;; il s’en acquitta, et en fit graver la carte en l’année&nbsp;1576 dont elle porte la date&nbsp;: cette carte, devenue très-rare, est recommandable par sa netteté et son exactitude. Vers le milieu du XVII<sup>e</sup> siècle, Merian, bourgeois de Francfort, mit en tête de sa topographie d’Alsace deux petites cartes intitulées, l’une ''Alfatiee Landgraviatus cum Sundgoia & Brisgoia'', c’est-à-dire «&nbsp;le Landgraviat d'Alsace avec le Sundgau et le Brisgau&nbsp;»&nbsp;; l’autre, ''Alsatia inferior'', ou la basse-Alsace. Une carte ''Landgraviatus cum Sungoïa & Brifgoia, Ger. Mercatore authore'', sans date, parait antérieure à celles de Merian. Depuis la réunion de l’Alsace à la France, le sieur Sanson publia en&nbsp;1674 à Paris une carte française de cette province&nbsp;; dès l’année fuivante, George Walther, en tira à Francfort une copie pareille à l’original, à l’exception des noms qui font tous allemands. Horrer (Philippe-Xavier), ''Dictionnaire géographique, historique et politique de l’Alsace'' 1787, t.&nbsp;1, p.&nbsp;157-158 (voir : [[Cartographie_de_l'Alsace|Cartographie]]).</span></p>
 
Contrairement à la Basse-Alsace, où la fonction s’estompe et se confond avec la prééminence honorifique de l’évêque de Strasbourg –&nbsp;qui préside à ce titre les réunions des ''[[Landstände|Landstände]]'', au XVI<sup>e</sup> et au XVII<sup>e</sup> siècle, les Habsbourg entretiennent la fiction du landgraviat jusqu’à la conquête française. Au XV<sup>e</sup> siècle, ils considèrent que celui-ci procède d’un hypothétique royaume de Bourgogne dont témoignent les couronnes des armoiries de Haute-Alsace, attestées depuis le XV<sup>e</sup> siècle. Cette interprétation est partagée par la Bourgogne pendant les cinq&nbsp;ans où la «&nbsp;vicomté d’Aulsays&nbsp;» lui est engagée (1469-1474). Limité au nord par l’Eckenbach, le ressort du ''landgericht'' correspond à la partie alsacienne du diocèse de Bâle, de la crête des Vosges au Rhin, incluant le&nbsp;comté de Ferrette ''stricto sensu ''(bien que la titulature des Habsbourg associe les deux titres&nbsp;: ceux de landgrave et de comte de Ferrette, sous la forme ''landgraf zu Elsass (und graf zu Phirt)'', attestée en 1373, mais n’inclut pas Belfort (et sa région), dont la duchesse douairière Catherine de Bourgogne confirme l’indépendance vers 1415. Le chef-lieu du «&nbsp;comté de Belfort&nbsp;» cité au XVII<sup>e</sup> siècle dispose d’une «&nbsp;haute justice de prince&nbsp;» attestée par son «&nbsp;urbaire&nbsp;» de 1472 (AM Belfort, BB 16). Plusieurs villes, comme Masevaux sont exemptées de sa juridiction par des diplômes de l’empereur Wenceslas à la fin du XIV<sup>e</sup> siècle. En revanche, les villes de la [[Décapole|Décapole]] et les seigneuries immédiates de sa circonscription, le Haut-Mundat, Murbach, les terres wurtembergeoises de Riquewihr et Horbourg, improprement qualifiées de comté, en relèvent. En&nbsp;1448, un conflit concernant Mulhouse et Hermann d’Eptingen est porté par ce dernier devant le duc d’Autriche «&nbsp;''unsern landfürsten, in das land und landgrofschafft ir und ich bede sit gesessen, gelegen und gehören sint&nbsp;''» (''Cartulaire de Muhouse'', II, p. 235 n°726). À cette date, la confusion entre les territoires des Habsbourg et la juridiction du landgraviat est déjà bien avancée&nbsp;: le ''[[Hofgericht|hofgericht]]'' d’Ensisheim tend à se substituer au ''[[Landgericht|landgericht]]'', bien que l’institution ne soit pas officiellement abolie. En&nbsp;1637, le chancelier autrichien Isaac Volmar la qualifie de ''Fürsten Landgericht'', qui justifie la tutelle de l’archiduc sur toute la Haute-Alsace&nbsp;: un argument développé sous Louis XIV pour procéder à la réunion des territoires immédiats situés dans «&nbsp;le landgraviat de l’une et l’autre Alsace&nbsp;» dont il est le maître en vertu de l’article&nbsp;74 du Traité de Munster.
 
Contrairement à la Basse-Alsace, où la fonction s’estompe et se confond avec la prééminence honorifique de l’évêque de Strasbourg –&nbsp;qui préside à ce titre les réunions des ''[[Landstände|Landstände]]'', au XVI<sup>e</sup> et au XVII<sup>e</sup> siècle, les Habsbourg entretiennent la fiction du landgraviat jusqu’à la conquête française. Au XV<sup>e</sup> siècle, ils considèrent que celui-ci procède d’un hypothétique royaume de Bourgogne dont témoignent les couronnes des armoiries de Haute-Alsace, attestées depuis le XV<sup>e</sup> siècle. Cette interprétation est partagée par la Bourgogne pendant les cinq&nbsp;ans où la «&nbsp;vicomté d’Aulsays&nbsp;» lui est engagée (1469-1474). Limité au nord par l’Eckenbach, le ressort du ''landgericht'' correspond à la partie alsacienne du diocèse de Bâle, de la crête des Vosges au Rhin, incluant le&nbsp;comté de Ferrette ''stricto sensu ''(bien que la titulature des Habsbourg associe les deux titres&nbsp;: ceux de landgrave et de comte de Ferrette, sous la forme ''landgraf zu Elsass (und graf zu Phirt)'', attestée en 1373, mais n’inclut pas Belfort (et sa région), dont la duchesse douairière Catherine de Bourgogne confirme l’indépendance vers 1415. Le chef-lieu du «&nbsp;comté de Belfort&nbsp;» cité au XVII<sup>e</sup> siècle dispose d’une «&nbsp;haute justice de prince&nbsp;» attestée par son «&nbsp;urbaire&nbsp;» de 1472 (AM Belfort, BB 16). Plusieurs villes, comme Masevaux sont exemptées de sa juridiction par des diplômes de l’empereur Wenceslas à la fin du XIV<sup>e</sup> siècle. En revanche, les villes de la [[Décapole|Décapole]] et les seigneuries immédiates de sa circonscription, le Haut-Mundat, Murbach, les terres wurtembergeoises de Riquewihr et Horbourg, improprement qualifiées de comté, en relèvent. En&nbsp;1448, un conflit concernant Mulhouse et Hermann d’Eptingen est porté par ce dernier devant le duc d’Autriche «&nbsp;''unsern landfürsten, in das land und landgrofschafft ir und ich bede sit gesessen, gelegen und gehören sint&nbsp;''» (''Cartulaire de Muhouse'', II, p. 235 n°726). À cette date, la confusion entre les territoires des Habsbourg et la juridiction du landgraviat est déjà bien avancée&nbsp;: le ''[[Hofgericht|hofgericht]]'' d’Ensisheim tend à se substituer au ''[[Landgericht|landgericht]]'', bien que l’institution ne soit pas officiellement abolie. En&nbsp;1637, le chancelier autrichien Isaac Volmar la qualifie de ''Fürsten Landgericht'', qui justifie la tutelle de l’archiduc sur toute la Haute-Alsace&nbsp;: un argument développé sous Louis XIV pour procéder à la réunion des territoires immédiats situés dans «&nbsp;le landgraviat de l’une et l’autre Alsace&nbsp;» dont il est le maître en vertu de l’article&nbsp;74 du Traité de Munster.
  

Version du 7 décembre 2020 à 10:12

Selon Mayer, les landgraviats ont été institués vers 1125-1130 par Lothaire III, soucieux de se procurer des alliés contre les Hohenstaufen. Selon Schaab, en revanche, ceux d’Allemagne du sud-ouest sont la continuation des anciens comtés (Gaugraf) sous un autre nom. En effet, les landgraviats ne couvrent pas toute l’Allemagne et ne sont pas forcément tous nés ensemble. Mais on trouve une série continue de landgraviats jointifs de l’Est de Constance au Nord de Worms, d’abord sur les deux rives du Rhin, puis, de la Basse-Alsace à Worms, uniquement sur la rive gauche. Pour eux, et particulièrement pour ceux de Haute et de Basse-Alsace, l’interprétation de Schaab est plus convaincante.

Le landgraviat de Basse-Alsace

Le landgraviat de Basse-Alsace apparaît en 1138 (la mention de 1129 est un faux : RBS I 442) aux mains des comtes de Hüneburg (UBS I 67 n°86), celui de Haute-Alsace en 1188 (Nuss n°88 ; la mention de 1135 est un faux), aux mains des Habsbourg, qui le tiennent peutêtre déjà vers 1150 (Nuss n°67, 76, 78b, 88). Or le dernier comte du Nordgau connu est en 1097 un Gottfried (RBS I 355), probablement de la famille de Blieskastel et ancêtre des Hüneburg. Et Werner von Habsburg, « comte d’Alsace » au milieu du XIIe siècle, est sans doute en fait le dernier comte du Sundgau (Nuss n°77 et 78b). Cette présomption de continuité entre anciens comtes et landgraves est un argument en faveur de Schaab. Pour que Mayer ait raison, il faudrait d’ailleurs que les Habsbourg et les Hüneburg aient été opposés aux Staufen vers 1125-30, ce qui n’est nullement prouvé. De plus, si Lothaire avait cherché un appui contre les Staufen en Basse-Alsace, on s’attendrait à ce qu’il se soit adressé aux comtes de Dagsburg – la famille la plus puissante de la région, et qui s’était déjà opposée aux Staufen dans le passé – plutôt qu’aux Hüneburg, beaucoup moins bien implantés.

Le dernier landgrave de Hüneburg, Gottfried, n’est plus cité après 1175 et n’a pas d’enfants. À sa mort, le landgraviat fait retour au souverain, qui attend 1196 pour le conférer aux comtes de Werde, avec une dotation diminuée. Dès 1238, les Werde ont des difficultés financières ; elles iront s’aggravant jusqu’à leur ruine complète, qui les oblige vers 1332 à vendre en sous-main toute leur seigneurie aux comtes d’Oettingen, leurs parents par mariage. Ceux-ci la revendent en 1359 à l’évêque de Strasbourg, et, par un acte à part, s’engagent à lui céder, wenne … es an uns … gevordert wirt, … die landgraveschafft [und] das lantgerichte zu Eylsas (Schoepflin, Als. Dipl. II, p. 225-30 n°1087 & 1089). Il s’agit en effet d’un fief d’Empire, qui ne peut en principe être vendu sans l’accord de l’empereur, mais celui-ci a fermé les yeux ; néanmoins, ce n’est apparemment qu’au XVe siècle que l’évêque a pris le titre de landgrave et écartelé les armes de l’évêché de celles des Werde, comprises comme celles du landgraviat – et devenues bien plus tard, à ce titre –, celles du Bas-Rhin. Ce détail révèle l’ambiguïté de la notion de landgraviat : c’est au départ la fonction de landgrave, puis l’aire géographique dans laquelle elle s’exerce, mais on finit par comprendre sous ce nom la seigneurie (au contour changeant) de la famille détentrice de l’office de landgrave.

Les landgraves, dit Mayer, exercent les droits de l’État envers les hommes libres et assurent leur protection. En fait, parmi toutes les prérogatives que leur assignent (hors d’Alsace) des sources tardives (Mayer, p. 154-57), seule est attestée en Alsace la juridiction des hommes libres, c’est-à-dire essentiellement des nobles (non des ministériaux), car les bourgeois relèvent de la justice de leur ville ; quant aux paysans libres (Königs- ou Rodungsfreie), dont Mayer fait grand cas, ils n’apparaissent guère dans les sources alsaciennes. Le tribunal du landgrave, appelé Landgericht, siège en plein air en divers lieux, souvent sous la présidence d’un Landrichter noble ; les paysans libres sont en principe tenus d’y venir (sint… phlichtig … dez lantgerichtz : HU I, p. 32), mais les actes de la pratique ne les y mentionnent qu’exceptionnellement (Jordan, p. 238, n°22). Le landgrave n’a de réel pouvoir que s’il appartient à une famille puissante. C’est le cas des Habsbourg, qui ont pu donner à leur Landgericht une existence réelle. Ce n’est pas celui des Werde ; leur Landgericht est évanescent, et quand pour une fois il rend une sentence (sur l’héritage de Dagsburg en 1226), elle courbe le droit en faveur du plus fort (RBS II 923).

Le landgraviat de Haute-Alsace

Merian, Alfatiee Landgraviatus cum Sundgoia & Brisgoia

Commentaire extrait de Horrer, Dictionnaire : Dans le temps que l’Alsace faisait encore partie de l’Empire, Daniel Speckel, habile ingénieur et architecte de la ville de Strasbourg, reçut ordre de l’archiduc Ferdinand de lever cette province ; il s’en acquitta, et en fit graver la carte en l’année 1576 dont elle porte la date : cette carte, devenue très-rare, est recommandable par sa netteté et son exactitude. Vers le milieu du XVIIe siècle, Merian, bourgeois de Francfort, mit en tête de sa topographie d’Alsace deux petites cartes intitulées, l’une Alfatiee Landgraviatus cum Sundgoia & Brisgoia, c’est-à-dire « le Landgraviat d'Alsace avec le Sundgau et le Brisgau » ; l’autre, Alsatia inferior, ou la basse-Alsace. Une carte Landgraviatus cum Sungoïa & Brifgoia, Ger. Mercatore authore, sans date, parait antérieure à celles de Merian. Depuis la réunion de l’Alsace à la France, le sieur Sanson publia en 1674 à Paris une carte française de cette province ; dès l’année fuivante, George Walther, en tira à Francfort une copie pareille à l’original, à l’exception des noms qui font tous allemands. Horrer (Philippe-Xavier), Dictionnaire géographique, historique et politique de l’Alsace 1787, t. 1, p. 157-158 (voir : Cartographie).

Contrairement à la Basse-Alsace, où la fonction s’estompe et se confond avec la prééminence honorifique de l’évêque de Strasbourg – qui préside à ce titre les réunions des Landstände, au XVIe et au XVIIe siècle, les Habsbourg entretiennent la fiction du landgraviat jusqu’à la conquête française. Au XVe siècle, ils considèrent que celui-ci procède d’un hypothétique royaume de Bourgogne dont témoignent les couronnes des armoiries de Haute-Alsace, attestées depuis le XVe siècle. Cette interprétation est partagée par la Bourgogne pendant les cinq ans où la « vicomté d’Aulsays » lui est engagée (1469-1474). Limité au nord par l’Eckenbach, le ressort du landgericht correspond à la partie alsacienne du diocèse de Bâle, de la crête des Vosges au Rhin, incluant le comté de Ferrette stricto sensu (bien que la titulature des Habsbourg associe les deux titres : ceux de landgrave et de comte de Ferrette, sous la forme landgraf zu Elsass (und graf zu Phirt), attestée en 1373, mais n’inclut pas Belfort (et sa région), dont la duchesse douairière Catherine de Bourgogne confirme l’indépendance vers 1415. Le chef-lieu du « comté de Belfort » cité au XVIIe siècle dispose d’une « haute justice de prince » attestée par son « urbaire » de 1472 (AM Belfort, BB 16). Plusieurs villes, comme Masevaux sont exemptées de sa juridiction par des diplômes de l’empereur Wenceslas à la fin du XIVe siècle. En revanche, les villes de la Décapole et les seigneuries immédiates de sa circonscription, le Haut-Mundat, Murbach, les terres wurtembergeoises de Riquewihr et Horbourg, improprement qualifiées de comté, en relèvent. En 1448, un conflit concernant Mulhouse et Hermann d’Eptingen est porté par ce dernier devant le duc d’Autriche « unsern landfürsten, in das land und landgrofschafft ir und ich bede sit gesessen, gelegen und gehören sint » (Cartulaire de Muhouse, II, p. 235 n°726). À cette date, la confusion entre les territoires des Habsbourg et la juridiction du landgraviat est déjà bien avancée : le hofgericht d’Ensisheim tend à se substituer au landgericht, bien que l’institution ne soit pas officiellement abolie. En 1637, le chancelier autrichien Isaac Volmar la qualifie de Fürsten Landgericht, qui justifie la tutelle de l’archiduc sur toute la Haute-Alsace : un argument développé sous Louis XIV pour procéder à la réunion des territoires immédiats situés dans « le landgraviat de l’une et l’autre Alsace » dont il est le maître en vertu de l’article 74 du Traité de Munster.

Du fait de son éloignement, le landgrave ne préside plus le landgericht depuis qu’il est duc d’Autriche, mais en confie la présidence à un landrichter issu de la noblesse libre, et non de la ministérialité (Ulrich de Ribeaupierre et Burcard de Stammheim par anticipation dès 1276, Burcard de Horbourg en 1304, Burcard de Bollwiller en 1423, etc.). Le tribunal est composé de chevaliers, rejoints, à partir de  1431 par d’autres assesseurs. Un appariteur, landbuttel, leur est adjoint, probablement pour convoquer les justiciables.

Annoncées par des sonneries de cloches, les sessions ont lieu en plein air, dans des sites choisis pour leur accès « an des richs strass », sur la voie publique, ou leur visibilité : l’Eckenbach près de Bergheim, Meyenheim et Battenheim, selon un document du dernier tiers du XVe siècle, ou d’autres lieux liés aux circonstances, Thann, pour la succession du comté de Ferrette (1300, 1324), Pleigne dans le Jura (1393), pour une affaire concernant des limites, etc. L’autorisation donnée par l’empereur de tenir des séances à proximité d’Ensisheim en 1429 peut être interprétée dans le sens d’une mutualisation du landgericht et du hofgericht.

Les affaires portées devant l’instance landgraviale concernent les hommes libres et les nobles de la circonscription, notamment dans leurs relations avec les autorités locales. Elles peuvent aussi bien se rapporter à des transactions conclues entre des partenaires laïcs et des établissements ecclésiastiques dont les Habsbourg détiennent l’avouerie (Lucelle, Murbach), qu’à des différends relatifs à des propriétés. Le landgericht arbitre également des contestations entre seigneurs : en  1421, réuni en landtag (assimilé à une cour féodale) au Schildberg, non loin de Zimmersheim, il ratifie le traité par lequel le duc Frédéric IV restitue son douaire à sa belle-sœur Catherine de Bourgogne ; la sentence rendue à cette occasion est revêtue du sceau « sigillum judicii provincialis superioris Alsatiae » dont se servira également la landschaft en 1433.

Le tribunal est également compétent en matière criminelle, mais une seule occurrence, tardive, en rend compte : en 1488, réuni à Leymen, il condamne à mort Cunégonde de Hungerstein pour avoir fait assassiner son vieux mari.

Bibliographie

SCHOEPFLIN (Jean-Daniel), Alsatia diplomatica (1772-75) (Google Books).

MOSSMANN (Xavier), Cartulaire de Mulhouse, Strasbourg, 6 vol., 1883-1890 (Gallica).

RBS BLOCH-WENTZCKE (Paul), Regesten der Bischöfe von Strassburg, Innsbruck, 2 vol., 1908-1928, en ligne : https:// archive.org/details/regestenderbisch01hess/page/n6.

UBS, Urkundenbuch der Stadt Straßburg, Strasbourg, 7 vol., 1879-1900 (Gallica).

HU Habsburgisches Urbar ouHabsburger Urbar, en ligne : https://digital.blb-karlsruhe.de/urn/urn:nbn:de:bsz:31-9690.

MAYER (Theodor), « Über Entstehung und Bedeutung der älteren deutschen Landgrafschaften », Zs. f. Rechtsgesch., Germ. Abt. 58, 1938, p. 138-162 (=Id., Mittelalterliche Studien, 1959, p. 187-201).

EYER (Fritz), « Die Landgrafschaft im unteren Elsass », ZGO 117, 1969, p. 161-77 [très dépendant de Mayer et inexact].

SCHAAB (Meinrad), « Landgrafschaften und Grafschaften im Südwesten des deutschen Sprachgebiets », ZGO 132, 1984, p. 31-55.

WILSDORF (Christian), « Politique et héraldique : la création des armoiries de la Haute-Alsace au début du XVe siècle »,Les Pays de l’Entre-Deux au Moyen Âge, Paris, CTHS, 1990, p. 123-138 (Actes du 113e Congrès des Sociétés savantes, Strasbourg, 1988), p. 139-153.

METZ (Bernhard), « Les familles et le château de Hüneburg au Moyen Âge », Hunebourg, un rocher chargé d’histoire, 1997, 9-62, ici 12-17.

METZ (Bernhard), « Comtes et landgraves de Woerth ou Werde », NDBA 40, 2002, p. 4286-4288.

JORDAN (Benoît), « Le Landgericht de Haute-Alsace, autopsie d’une institution », RA 128, 2002, p. 219-245.

NUSS (Philippe), Les régestes des comtes de Habsbourg en Alsace avant 1273, 2005.

Notices connexes

Autriche antérieure

Droit de l’Alsace

États de l’Alsace

Fürsten-Princes possessionnés

Hanau-Lichtenberg (Landgraves de Hesse-Darmstadt)

Hof-Hofgericht

Justice et Institutions judiciaires

Landgericht

Georges Bischoff