Landau (ville de)

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Située dans la grande plaine du Rhin supérieur, la ville est arrosée par la rivière Queich que viennent rejoindre le Ransbach et le Birbach. Son territoire, très marécageux, était autrefois recouvert de forêts, dont il reste des témoins dans la région du Taubernstuhl-Fassendeich. Sa plus ancienne dénomination rencontrée est Landaach.

Faisant aujourd’hui partie du Palatinat rhénan, elle est passée durant sa courte histoire de 800 ans sous la domination française pendant 167 ans (1648-1815), période durant laquelle elle constituait le point le plus à l’Est du royaume de France. Aujourd’hui, elle constitue un de ces territoires situés en Allemagne qui ont fait partie de l’Alsace jusqu’en 1815.

Landau devient ville du Saint Empire

Landau ne fut jamais une cité romaine ni franque en raison de son site marécageux et inhospitalier (des Landes Aue). Il faut attendre l’an 1268 pour que le comte Emich IV von Leiningen (de Linage), un petit seigneur territorial, renforce pour des raisons stratégiques son château de Landeck, situé près de Klingenmünster et développe les murailles d’un bourg préexistant. Les sources font mention dès cette date d’une civitas, c’est-à-dire d’une communauté reconnue comme ville (voir : Coutume). Quelques années plus tard, le bourg est mentionné comme oppidum, c’est-à-dire une cité fortifiée. Le 30 mai 1274, à la demande d’Emich, Rodolphe Ier de Habsbourg lui accorde le droit de cité, avec les mêmes droits que ceux concédés quelques années auparavant à Haguenau. Landau reçoit le droit de se doter d’une constitution et d’avoir un tribunal. En 1291, elle devient ville d’Empire. Le privilège d’avoir un marché est à l’origine de rentrées d’argent régulières. Elle peut ainsi devenir le pôle d’attraction de quatre villages, Eutzingen au sud, Oberbornheim au nord, Servelingen à l’ouest et Mühlhausen à l’est. Ce dernier village mentionné au VIIIe siècle possédait déjà un marché hebdomadaire.

L’essor religieux de la ville aux XIIIe et XIVe siècles

En 1270, Emich V, avec l’accord de son oncle, évêque de Spire, fait une dotation en terres à des chanoines augustins du couvent Zur Steige pour la construction d’un couvent et d’un hôpital. Les travaux débutent en 1282 avec l’édification d’une église dédiée à la Vierge qui deviendra bientôt une église collégiale (Stiftskirche). La construction de l’imposante tour ne débute qu’en 1349. Le couvent qui lui est adjoint renferme jusqu’à cent moines et devient un lieu de rencontre important de religieux, puisqu’entre 1388 et 1512, pas moins de quinze réunions du chapitre provincial s’y sont tenues. Les moines se mettent à la disposition du clergé paroissial. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, les bâtiments du couvent ont été affectés à la garnison française avant de servir d’arsenal au moment de la Révolution française.

En 1315, des béguines s’installent à Landau et construisent une église où, dès le milieu du XVIIe siècle, ont lieu des Leichenpredigten. Après 1680, la garnison française l’utilisa comme chapelle. Elle était ornée de fresques faisant le tour du chœur qui racontaient des scènes de la Passion du Christ.

Dès 1261, nous avons la première mention de la présence d’une communauté juive. Un de ses membres, un certain Michel, participa à une Fehde contre l’archevêque de Mayence aux côtés du comte Emich IV, protecteur de la ville, qui se livrait à une guerre contre la ville de Worms. En 1291, Rodolphe de Habsbourg accorda aux habitants de Landau, en raison de leur attitude lors du conflit avec l’évêque de Mayence, un droit de prélèvement sur la taxe levée sur les juifs. Elle représentait pour Landau une rentrée d’argent régulière. On apprend également que des familles juives vinrent s’installer à Landau avec leurs rabbins (mit ihrem Lehrer).

Le développement économique

L’intensité de la vie religieuse contribua à la prospérité de la ville et permit à celle-ci d’obtenir en 1274 la tenue régulière d’un marché hebdomadaire. Mais ce marché s’avéra rapidement insuffisant. En 1326, fut créé un marché aux grains (Kormarkt), suivi en 1328 d’un marché aux choux et aux poissons. L’essor des échanges fut à l’origine, dans la deuxième moitié du XIVe siècle, de la construction d’un vaste Kaufhaus qui servit d’entrepôt à de nombreuses marchandises : métal, étoffes, céréales, farine et denrées alimentaires. Il permit également de stocker du salpêtre, de la poudre et du soufre.

La culture du safran, une spécialité des villages environnants, qui s’était développée dès le XIIIe siècle, donna naissance à un commerce lucratif. Les fleurs de cette plante, mêlée à la bile de tortue et à de la poudre d’or étaient recherchées par les monastères pour produire des enluminures.

Le botaniste Hyeronimus Bock mentionne le safran de Landau dans son Kräuterbuch paru en 1577 à Strasbourg : « Der Rheinstrom kennet diese Wurtz auch, darauß sich etliche erziehen. Nit fern von der Statt Landau by dem Berckhauß Newcastel ligt ein Dorff Ilfußheim genandt des gleichen im Wormbßer Gau und auff der Pfrimmer würt der Saffran hefftig und mit fleiß gepflanzet ». La prospérité née du commerce permit ainsi à Landau de se lancer au début du XIVe siècle dans la construction d’un important système de remparts.

Landau devient ville épiscopale

En 1313, à la mort de l’empereur Henri VII, une guerre de succession opposa Louis de Bavière à Frédéric le Beau d’Autriche. Le choix de Landau en faveur de ce dernier fut préjudiciable à la ville qui fut donnée en gage à l’évêque de Spire Emich von Leiningen pour 5000 livres Heller, une somme considérable. Landau devint alors une ville épiscopale, tout en conservant ses droits, mais le Pfand exigé par les successeurs d’Emich atteignit des montants exorbitants. La ville devait renouveler son serment de fidélité à l’évêque lors de chaque nouvel avènement au cours d’un Schwörtag dont nous possédons le déroulement pour l’an 1439. Malgré ce lourd tribut, Landau continua à connaître une certaine prospérité grâce à la production et au commerce du vin mentionnés dans la Cosmographie de Sébastien Münster parue en 1544. Un autre signe de sa prospérité : la ville construisit une école dont 75 anciens élèves purent ensuite aller à Heidelberg poursuivre leurs études. En 1480, la ville acheta l’abbaye de Klingenmünster, très endettée, pour un montant 1041 florins.

Au XVe siècle, la ville comptait 2500 habitants et 657 maisons. Les hommes étaient répartis en 13 corporations. Celle des vignerons, la plus nombreuse, rassemblait 150 familles. Venaient ensuite, les cordonniers et les tanneurs.

Le statut de ville épiscopale prit fin le 19 avril 1511, lorsque Landau fut déliée de son serment envers l’évêque, après qu’elle eût versé la somme de 15000 florins pour son rachat. Elle fut restituée à l’empereur Maximilien Ier et placée sous la protection de la préfecture de Haguenau. Elle avait l’obligation d’accueillir dix familles juives qui devaient s’acquitter d’une imposition annuelle de 300 florins pour pouvoir bénéficier de la protection de la ville.

Landau avait participé aux négociations qui amenèrent à la création d’une fédération de villes et rejoignit en 1521 la Décapole fondée en 1354, après que Mulhouse l’eut quittée en 1515 pour s’allier aux villes suisses.

Landau passe à la Réforme

La ville adhère de façon précoce à la Réforme lorsque son curé Johann Bader se rallie dès 1521 au mouvement de la Réformation. Ce prêtre avait fait ses études à Heidelberg entre 1518 et 1520, cité dans laquelle il avait adhéré aux idées de Luther. Dès son installation à Landau en 1521, il propage les nouvelles idées du haut de la chaire de la Collégiale. Se sentant soutenu par les princes d’Empire au lendemain d’une session du Reichstag, il ne craint d’affronter la puissante Église catholique et son redoutable représentant à Spire. Bader combat les anabaptistes, nombreux en Alsace du Nord, en accord avec le Conseil qui les expulse de la ville. Son ardeur est telle que le Conseil se voit dans l’obligation de le freiner en lui demandant « d’annoncer la parole de Dieu avec plus de douceur ». Il se trouve renforcé dans son combat, lorsqu’en août 1521 le Rittertag de l’Allemagne du Sud-Ouest qui se tient à Landau sous la présidence de Franz von Sickingen demande de laisser le chemin libre au nouvel Évangile (dem Evanglium ein Loch zu machen). Bader travaillait en liaison étroite avec les réformateurs de Bergzabern et de Strasbourg et de son université. Tous les candidats à un poste de pasteur furent envoyés à la Haute École, ainsi que dans des fondations dépendant de Landau, souvent aux frais de la ville. Un facteur supplémentaire du succès de la Réforme fut la délocalisation en 1528, à la suite d’une épidémie, de l’Université de Heidelberg à Landau.

Pendant la guerre des Paysans de 1525, Landau participa avec les villages environnants à l’attaque des couvents de Geilweilerhof, Heimbach et Eusserthal, sans toutefois prendre part aux actions de pillage. Le soulèvement prit fin lorsque les villages jurèrent fidélité aux autorités de Landau.

D’un point de vue religieux, le Conseil de Landau signa la Formule de Concorde de 1577 qui prenait ses distances avec la Tetrapolitaine. Cette Concorde avait pour but d’unifier le camp luthérien et rejetait avec vigueur les doctrines réformées (Lienhard).

La guerre de Trente Ans

On peut considérer que l’intervalle qui s’étend de la guerre des Paysans au début de la guerre de Trente Ans fut une période de paix relative. En 1618, la ville procéda à la remise en état des fortifications, tandis les corporations se livraient à des exercices avec leurs armes. Dans les églises, le clergé ordonna des prières pour la paix (Bet- und Bitt Gottesdienst). Au début de la guerre, la ville se déclara neutre. En 1619, les troupes de Mansfeld envahirent Landau, harcelèrent les populations et se livrèrent au pillage. En 1622, Jean de Bohême se joignit aux troupes de Mansfeld, mais dut rapidement abandonner la place. Pendant neuf ans, jusqu’en 1631, des troupes impériales, croates et espagnoles restèrent dans la ville. Ces années d’occupation furent les plus pénibles pour les habitants qui durent payer de lourdes redevances en nature et livrer des marchandises de toutes sortes. Catholiques et protestants étaient traités à égalité. Les protestants avaient un moment espéré que les Suédois seraient moins féroces avec eux, mais ils durent rapidement déchanter. On assista ensuite à une succession d’occupations par les Suédois, les Français, puis les Autrichiens qui tous se livrèrent à des pillages, tandis que les épidémies se propageaient dans une population affaiblie. En juillet 1639, les troupes de Bernard de Saxe-Weimar firent leur entrée dans la ville, bientôt relayées à nouveau par les Impériaux. Enfin, entre 1645 et 1648, Landau fut occupée par des troupes françaises. Cette succession d’épreuves se traduisit par une grande misère et une baisse de la population : la ville qui comptait en 1648 3500 habitants n’en comptait plus que 2000 en 1687.

Les traités de Westphalie et la paix de Nimègue

En 1648, une partie des terres d’Alsace passait sous la souveraineté du royaume de France. Le traité mit fin à longue appartenance au Saint Empire.

Après le retour de Phillippsbourg à l’Empire, Landau se trouva aux avant-postes de la France. Le 1er novembre 1673, les troupes françaises occupèrent la ville jusqu’en mars 1674. Elles n’y restèrent que quatre mois. En se retirant, elles firent des brèches importantes dans les murailles et dans les portes de la ville. Les années suivantes furent marquées par des tractations diplomatiques et militaires. Par le traité de paix de Nimègue de 1679, le problème du statut de Landau fut définitivement réglé : l’empereur dut consentir au transfert total de souveraineté au royaume de France. Pour les villes libres, cela se traduisit par la fin de la possibilité de faire appel au Reichskammergericht.

Désormais, Landau, comme les autres cités dut prêter serment de fidélité au roi de France. Autre conséquence : du 23  juillet au 2 août 1679, les troupes de l’empereur Léopold durent quitter les villes de Wissembourg et de Landau qu’elles occupaient depuis cinq ans, ceci « zum großem vergnügen und freuden der höchstbeschwerten allhiesigen bürgerschaft », selon le procès verbal du Conseil du 22 septembre. Les troupes françaises purent à présent y faire leur retour : les armées françaises constituaient à ce moment les forces militaires les plus puissantes et les plus modernes d’Europe. Les armées des Habsbourg étaient alors incapables de les contenir, car elles étaient engagées devant Vienne assiégée par les Turcs, les anciens alliés des Français. Pour Louis XIV, la prise de Landau s’apparentait à une annexion dont le but était de consolider la porte d’entrée en Alsace.

Les premiers changements

Ils se manifestèrent dans la constitution urbaine, le droit, les finances, enfin la question confessionnelle. Les mesures furent édictées par l’intendant et le gouverneur de la ville. Les premières mesures, très symboliques, consistaient en la nomination en 1684 d’un instituteur catholique pour l’école allemande et en l’attribution de la chaire et des orgues de la Collégiale, ainsi qu’en la totalité du principal cimetière attenant aux catholiques. Les protestants durent se contenter du cimetière situé près de la muraille. Un troisième cimetière fut partagé entre les deux confessions et les limites étaient matérialisées par une clôture. La nouvelle politique religieuse fut menée sans jamais recourir à la force. 

Il en fut de même pour la politique linguistique. La langue française ne fut pas imposée. Ainsi, à l’occasion des transactions commerciales, chacune des parties pouvait s’adresser à l’autre dans sa propre langue. Les nouvelles autorités renoncèrent également à intervenir dans le fonctionnement des Zünfte, et, au nom de la volonté d’assimilation, n’introduisirent pas à l’intérieur des métiers l’esprit de concurrence qui existait dans le royaume de France. Dernier signe de la tolérance : encore à la fin du XVIIe siècle, les paragraphes des procès-verbaux des séances du conseil étaient rédigés alternativement en allemand et en français, alors que les documents administratifs et les comptes restaient comme dans les autres villes allemandes rédigés en allemand. La politique déployée à Landau est celle appliquée partout en Alsace.

Les travaux de Vauban et de Tarade

Pour Louis XIV, Landau constituait la porte d’entrée dans l’Empire, d’où la nécessité de consolider cette frontière. Dès 1687, Vauban inspecta le site et constata que les fortifications médiévales étaient en très mauvais état et qu’elles avaient beaucoup souffert de la guerre de Trente Ans et des troubles qui suivirent. Le souhait de Vauban était de faire de Landau l’une des places fortifiées les plus puissantes de la chrétienté. La première étape consista à détruire les anciennes murailles, travail qui fut mené en un temps record, puis à construire un canal de sept kilomètres de long depuis Albertsweiler jusqu’à Landau pour le transport des pierres, du bois et des tuiles nécessaires à la construction. Les travaux de terrassement et de maçonnerie supervisés par Tarade furent réalisés en trois ans (1688-1691) et employèrent par moments jusqu’à 10000 soldats. Les conditions de travail des soldats étaient rendues difficiles par le terrain marécageux entraînant des fièvres et des épidémies, tandis que l’extraction des pierres dans les carrières provoquait de fréquents accidents. Sur le chantier, il était courant de voir circuler des hommes en fauteuil roulant. La mortalité constatée à l’hôpital militaire dépassait 10% des admis, soit une moyenne de cinq à six morts par jour. En raison des épidémies, les corps furent déposés à l’extérieur. Ezéchiel du Mas, comte de Mélac, qui, après avoir mis à feu et à sang tout le Palatinat, devint en 1693, alors qu’il était très diminué, gouverneur de la place forte ; il se plaignit dans des courriers adressés à la cour des mauvaises conditions sanitaires et de la qualité médiocre de la « poudre » (Pulver) envoyée pour tenter d’enrayer la dysenterie.

À Versailles, le roi suivait de près l’avancement des travaux. C’est ainsi que Louvois fut envoyé pour superviser le début du chantier. Il fut accueilli le 28 avril 1688 par 12 membres du Conseil. Mais sa réception fut suivie, à peine quelques mois plus tard, par un gros incendie nocturne qui détruisit la quasi totalité des maisons à colombages. Il n’est pas possible d’affirmer aujourd’hui de façon sûre que l’incendie ait été provoqué par les Français. La légende veut que les officiers aient interdit aux civils d’utiliser l’eau des puits et que le feu ait été volontaire. On en veut pour preuve le fait que, à peine six semaines après le sinistre, Tarade déposa devant le Conseil de la ville un plan de reconstruction des quartiers sinistrés. C’est ainsi que de beaux édifices baroques remplacèrent les vieilles maisons dans les quartiers situés autour de la collégiale. D’après diverses données des archives communales, la ville bénéficia à nouveau d’une certaine prospérité, malgré la lourde charge qui lui était imposée, celle de nourrir une garnison de 200 hommes.

Les changements successifs de garnison

La guerre de Succession Espagne entraîna de nombreux changements au niveau de la garnison. En 1702, des troupes impériales remplacèrent la garnison française, puis les Français réinvestirent la place après la victoire du Speyerbach ; en 1704, Landau tomba à nouveau aux mains des Impériaux et, quelques années plus tard, Karl Alexander von  Württemberg devint gouverneur. Enfin, en 1709, la place forte fut conquise par le maréchal Jacques Bazin de Bezons, gouverneur de la fortification. Puis, en juin 1713, la ville fut à nouveau conquise, ce qui permit aux Français de reprendre possession de la place forte. La paix de Rastatt en 1714 permis enfin à Louis XIV de reprendre le contrôle de la ville, maigre consolation d’un long engagement militaire.

La population civile n’eut pas tellement à souffrir des changements de garnison, car ceux-ci concernaient essentiellement les militaires. La ville hors garnison, continua à croître, passant de 2700 habitants en 1720 à 5078 en 1791.

La politique d’assimilation française

L’administration française favorisa l’immigration de catholiques venant de France, tandis qu’elle freinait par toutes sortes d’interdits l’arrivée de luthériens. Cette politique amorcée à la fin du XVIIe siècle s’accentua encore par la suite. C’est ainsi qu’à partir 1727, seuls les catholiques pouvaient obtenir le droit de bourgeoisie, tandis que pour les arrivants d’une autre confession, l’acquisition de ce droit dépendait du bon vouloir royal. Les luthériens qui acceptaient de se convertir étaient dispensés d’impôts, pouvaient obtenir un sursis pour le payement de leurs dettes et enfin, échappaient à l’obligation de loger des troupes dans leurs maisons. 

L’accroissement démographique ajouté aux besoins d’approvisionnement d’une garnison qui à certains moments pouvait dépasser les 3000 hommes stimulait l’artisanat et le commerce. Les signes de cet enrichissement sont encore aujourd’hui visibles dans les maisons des quartiers entourant la collégiale ou sur les maisons bordant l’actuelle rue Martin Luther.

La récession de la seconde moitié du XVIIe siècle

Cependant, à partir des années 1760, un ralentissement de l’économie se fit sentir. La population continuait à s’accroître, mais elle se sentait de plus en plus à l’étroit à l’intérieur des murailles. Dans les quartiers pauvres de la vieille ville, la mortalité infantile atteignait des taux inquiétants. De plus, malgré la construction de quatre grandes casernes, il fallut se résoudre à faire loger des soldats chez l’habitant.

La loi militaire de 1762 autorisa les régiments à se doter de leurs propres corps de métiers, suscitant ainsi une vive concurrence entre les deux catégories d’artisans. Enfin, l’apparition de nouveaux marchés dans les villages environnants accrut encore la crise. Seuls les brasseurs et les aubergistes réussirent à échapper à la mauvaise conjoncture. Dans les villages de la périphérie de Landau, les protestants purent exercer des métiers tels que ceux de boucher, de tonnelier ou se livrer au commerce. On constate également que, pour un nouvel arrivant, le fait d’obtenir le droit bourgeoisie ne signifiait pas automatiquement la possibilité de s’élever socialement. De ce fait, l’écart de richesse entre catholiques et protestants tendait à se réduire, même si l’interdiction des mariages interconfessionnels constituait toujours un avantage pour les catholiques.

Le Palatinat et Landau sont finalement attribués au royaume de Bavière

À partir de 1790, Landau, comme la Basse Alsace, firent partie du département du Bas-Rhin. Après la défaite de Waterloo et le premier traité de Paris, la ville resta française. En vertu du traité de Paris de 1814, tous les territoires situés au nord de la Lauter passèrent sous l’autorité des Autrichiens. Le congrès de Vienne promit l’ancien département du Mont Tonnerre (département Donnersberg) à l’Autriche. En novembre 1815, par le second traité de Paris, tout le Palatinat fut rattaché au royaume de Bavière sous le nom de Palatinat rhénan ou de Bavière, rive gauche. Landau était restée française pendant 167 ans (1648-1815).

Bibliographie

LEHMANN (Johann Georg), Urkundliche Geschichte der ehemaligen freien Reichsstadt und jetzigen Bundesfestung Landau in der Pfaltz nebst der drei Dörfer Dammheim, Nubßdorf und Queichheim, Neustadt a. d. Hardt, 1851.

HEINRICH (Wolfgang), Landau in den Jahren 1648-1714. Die Entwicklung der Stadt-Verfassung im Kräftespiel zwischen Frankreich und dem Reich, Jur. Diss, Munich, 1969.

HESS (Hans), Die Landauer Judengemeinde, Landau, 1969.

MARTIN (Michael), Kleine Geschichte der Stadt Landau, Stuttgart, 2011.

Notices connexes

Alternative, Assemblées de Districts, Assemblée de Département

Bade_(traité_de), Barrières

Consistoires protestants, Coutume

Décapole, Département, District

Ermites de Saint Augustin, Elsässische_Landstände-États d’Alsace, États généraux de 1789

Ferme des impôts, Franc-maçonnerie, Frontière

Garde_nationale, Garnison, Geraide, Gouverneur (de ville)

Hôpitaux_militaires

Iconoclasme, Immédiateté (Villes impériales d’Alsace), InfanterieIngénieur_du_roi

Justice (prévôtés royales, commissariat de police)

Leichenpredigt

Subdélégation

François Uberfill