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Le terme ''laden'' a plusieurs significations et tout d’abord celle de planche ou de poutre (appelée aussi ''bohle''). En terminologie minière, il indique le boisage d’une galerie, permettant l’accès et l’exploitation d’un filon. Il indique aussi le volet, ensemble de planches servant à occulter une fenêtre sans vitres ou une porte. Depuis le XI<sup>e</sup> siècle, le mot ''laden'' signifie étal (''verkaufsstand''), fait de planches (on trouve aussi le mot ''schale'' en Haute-Alsace) ou la boutique (''bude''), sur lequel ou dans laquelle la marchandise prévue à la vente est exposée (''etwas feil halten''). Puis le mot indique l’échoppe aménagée dans une maison en vue de la vente (''laden eines kramers'').
 
Le terme ''laden'' a plusieurs significations et tout d’abord celle de planche ou de poutre (appelée aussi ''bohle''). En terminologie minière, il indique le boisage d’une galerie, permettant l’accès et l’exploitation d’un filon. Il indique aussi le volet, ensemble de planches servant à occulter une fenêtre sans vitres ou une porte. Depuis le XI<sup>e</sup> siècle, le mot ''laden'' signifie étal (''verkaufsstand''), fait de planches (on trouve aussi le mot ''schale'' en Haute-Alsace) ou la boutique (''bude''), sur lequel ou dans laquelle la marchandise prévue à la vente est exposée (''etwas feil halten''). Puis le mot indique l’échoppe aménagée dans une maison en vue de la vente (''laden eines kramers'').
  
Lorsque ''laden'' est un élément d’un mot composé, il indique la marchandise qui y vendue et/ou le lieu de fabrication de cette marchandise, par exemple : ''buchbinderladen'' (relieur) ou ''goldschmiedsladen'' (orfèvre). Il a donc le sens d’atelier, qui peut être désigné aussi par le terme ''officina''. Un lieu de fabrication et de vente peut également se nommer ''[[Gaden|gaden]]'', sens utilisé dès le XIII<sup>e</sup> siècle. Par exemple, une réglementation de la ville de Strasbourg utilise à plusieurs reprises le mot ''gaden'', de préférence à ''laden'', s’agissant de l’atelier d’un orfèvre&nbsp;: ''wolte ouch ein goltschmidt ime selber silber kouffen, in sin gadem zu verwurcken'' (1322, ''UBS'', I, p. 151). Thomas Murner, dans son ouvrage ''Narrenbeschwörung'' (1512) utilise ce terme en parlant de la faible lumière (à dessein) dans les échoppes des drapiers : ''darumb sindt vinster ire gaden''. ''Gaden'' donne lieu aux mots ''gadenknecht'' ou ''gadendiener'', soit garçon ou commis d’une échoppe. Cependant, ce terme ''gaden'' désigne aussi une annexe construite contre une maison servant à stocker des provisions (en particulier à la campagne), ou un atelier dans une maison (dès le XI<sup>e</sup> siècle), qui se dit aussi ''krämladen'', ou une pièce dans une maison. ''Gaden'' indique aussi une maison d’habitation très modeste sise à l’écart du centre des grandes villes ou dans les petites villes, qui se disent aussi ''bûde'' ou ''bôde'' (Heyne, p.&nbsp;175, 214, 224 et&nbsp;360).
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Lorsque ''laden'' est un élément d’un mot composé, il indique la marchandise qui y vendue et/ou le lieu de fabrication de cette marchandise, par exemple&nbsp;: ''buchbinderladen'' (relieur) ou ''goldschmiedsladen'' (orfèvre). Il a donc le sens d’atelier, qui peut être désigné aussi par le terme ''officina''. Un lieu de fabrication et de vente peut également se nommer ''[[Gaden|gaden]]'', sens utilisé dès le XIII<sup>e</sup> siècle. Par exemple, une réglementation de la ville de Strasbourg utilise à plusieurs reprises le mot ''gaden'', de préférence à ''laden'', s’agissant de l’atelier d’un orfèvre&nbsp;: ''wolte ouch ein goltschmidt ime selber silber kouffen, in sin gadem zu verwurcken'' (1322, ''UBS'', I, p. 151). Thomas Murner, dans son ouvrage ''Narrenbeschwörung'' (1512) utilise ce terme en parlant de la faible lumière (à dessein) dans les échoppes des drapiers&nbsp;: ''darumb sindt vinster ire gaden''. ''Gaden'' donne lieu aux mots ''gadenknecht'' ou ''gadendiener'', soit garçon ou commis d’une échoppe. Cependant, ce terme ''gaden'' désigne aussi une annexe construite contre une maison servant à stocker des provisions (en particulier à la campagne), ou un atelier dans une maison (dès le XI<sup>e</sup> siècle), qui se dit aussi ''krämladen'', ou une pièce dans une maison. ''Gaden'' indique aussi une maison d’habitation très modeste sise à l’écart du centre des grandes villes ou dans les petites villes, qui se disent aussi ''bûde'' ou ''bôde'' (Heyne, p.&nbsp;175, 214, 224 et&nbsp;360).
  
 
== Caractéristiques d’un ''laden'' ==
 
== Caractéristiques d’un ''laden'' ==
  
La boutique des petits marchands (''krämer'') est munie vers la rue d’un volet (''klappladen'', appelé ''lit'' ou ''led'') composé de deux pièces de bois horizontales (''thürflügel'') renforcées par des ferrures. Une fois ce volet ouvert, la partie du haut protège de la pluie et de la neige, celle du bas sert de présentoir pour les marchandises mises en vente. Il est refermé lorsque le temps de la vente est achevé&nbsp;(Schultz, p. 95 ; Heyne, p. 308). Les clients, en effet, ne rentrent pas dans les boutiques mais restent dans la rue. Les boutiques peuvent constituer des avancées construites devant les maisons d’habitation des marchands ou des artisans. Cependant, elles ne doivent pas entraver la circulation. Les boutiques apparaissent isolées ou en rangées selon la place disponible dans les rues et les usages en vigueur dans les villes. On y vend tout ce qu’il faut pour l’alimentation, l’habillement, l’équipement de la maison ou les bijoux. Il ne s’agit pas de marchandises réalisées sur commande, mais offertes de façon habituelle, que ce soit par les marchands autochtones ou étrangers à la ville (Heyne, p.&nbsp;307, 308 et 309).
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La boutique des petits marchands (''krämer'') est munie vers la rue d’un volet (''klappladen'', appelé ''lit'' ou ''led'') composé de deux pièces de bois horizontales (''thürflügel'') renforcées par des ferrures. Une fois ce volet ouvert, la partie du haut protège de la pluie et de la neige, celle du bas sert de présentoir pour les marchandises mises en vente. Il est refermé lorsque le temps de la vente est achevé&nbsp;(Schultz, p. 95&nbsp;; Heyne, p. 308). Les clients, en effet, ne rentrent pas dans les boutiques mais restent dans la rue. Les boutiques peuvent constituer des avancées construites devant les maisons d’habitation des marchands ou des artisans. Cependant, elles ne doivent pas entraver la circulation. Les boutiques apparaissent isolées ou en rangées selon la place disponible dans les rues et les usages en vigueur dans les villes. On y vend tout ce qu’il faut pour l’alimentation, l’habillement, l’équipement de la maison ou les bijoux. Il ne s’agit pas de marchandises réalisées sur commande, mais offertes de façon habituelle, que ce soit par les marchands autochtones ou étrangers à la ville (Heyne, p.&nbsp;307, 308 et 309).
  
 
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Version du 5 décembre 2020 à 14:52

Échoppe, boutique, étal.

Aspects linguistiques

Le terme laden a plusieurs significations et tout d’abord celle de planche ou de poutre (appelée aussi bohle). En terminologie minière, il indique le boisage d’une galerie, permettant l’accès et l’exploitation d’un filon. Il indique aussi le volet, ensemble de planches servant à occulter une fenêtre sans vitres ou une porte. Depuis le XIe siècle, le mot laden signifie étal (verkaufsstand), fait de planches (on trouve aussi le mot schale en Haute-Alsace) ou la boutique (bude), sur lequel ou dans laquelle la marchandise prévue à la vente est exposée (etwas feil halten). Puis le mot indique l’échoppe aménagée dans une maison en vue de la vente (laden eines kramers).

Lorsque laden est un élément d’un mot composé, il indique la marchandise qui y vendue et/ou le lieu de fabrication de cette marchandise, par exemple : buchbinderladen (relieur) ou goldschmiedsladen (orfèvre). Il a donc le sens d’atelier, qui peut être désigné aussi par le terme officina. Un lieu de fabrication et de vente peut également se nommer gaden, sens utilisé dès le XIIIe siècle. Par exemple, une réglementation de la ville de Strasbourg utilise à plusieurs reprises le mot gaden, de préférence à laden, s’agissant de l’atelier d’un orfèvre : wolte ouch ein goltschmidt ime selber silber kouffen, in sin gadem zu verwurcken (1322, UBS, I, p. 151). Thomas Murner, dans son ouvrage Narrenbeschwörung (1512) utilise ce terme en parlant de la faible lumière (à dessein) dans les échoppes des drapiers : darumb sindt vinster ire gaden. Gaden donne lieu aux mots gadenknecht ou gadendiener, soit garçon ou commis d’une échoppe. Cependant, ce terme gaden désigne aussi une annexe construite contre une maison servant à stocker des provisions (en particulier à la campagne), ou un atelier dans une maison (dès le XIe siècle), qui se dit aussi krämladen, ou une pièce dans une maison. Gaden indique aussi une maison d’habitation très modeste sise à l’écart du centre des grandes villes ou dans les petites villes, qui se disent aussi bûde ou bôde (Heyne, p. 175, 214, 224 et 360).

Caractéristiques d’un laden

La boutique des petits marchands (krämer) est munie vers la rue d’un volet (klappladen, appelé lit ou led) composé de deux pièces de bois horizontales (thürflügel) renforcées par des ferrures. Une fois ce volet ouvert, la partie du haut protège de la pluie et de la neige, celle du bas sert de présentoir pour les marchandises mises en vente. Il est refermé lorsque le temps de la vente est achevé (Schultz, p. 95 ; Heyne, p. 308). Les clients, en effet, ne rentrent pas dans les boutiques mais restent dans la rue. Les boutiques peuvent constituer des avancées construites devant les maisons d’habitation des marchands ou des artisans. Cependant, elles ne doivent pas entraver la circulation. Les boutiques apparaissent isolées ou en rangées selon la place disponible dans les rues et les usages en vigueur dans les villes. On y vend tout ce qu’il faut pour l’alimentation, l’habillement, l’équipement de la maison ou les bijoux. Il ne s’agit pas de marchandises réalisées sur commande, mais offertes de façon habituelle, que ce soit par les marchands autochtones ou étrangers à la ville (Heyne, p. 307, 308 et 309).

Emplacements

L’emplacement des étals, échoppes, boutiques est lié à la topographie de la ville. Dès le XIIe siècle, des rues ou des quartiers sont réservés à une activité spécifique, fabrication et vente. Celle-ci s’effectue aussi dans les halles de marché (laube), sur les ponts, que ce soit sur des étals, des tables ou des bancs démontables (tische, bänke) ou dans de petites constructions pérennes (buden, hütten, kräme, gaden, schrannen, scharren). Les hôtels de ville (rathaüser), dont la façade principale est tournée vers le marché, ont aussi, en plus de leur fonction administrative et politique, un aspect utilitaire, dans la mesure où une partie du rez-de-chaussée est réservée aux marchands qui s’installent à l’intérieur ou à l’extérieur dans des boutiques qui y sont accolées et y vendent leurs marchandises les jours de marché (Heyne, p. 290). Des laden sont également aménagés contre des églises ou d’autres institutions comme les hôpitaux.

Bibliographie

SCHULTZ (Alwin), Deutsches Leben im XIV. und XV. Jahrhundert, Vienne, 1892.

HEYNE (Moritz), Das deutsche Wohnungswesen von den ältesten geschichtlichen Zeiten bis zum 16. Jahrhundert, Leipzig, 1899.

GOEDEKE (Karl), éditeur scientifique, Doktors Murner Narrenbeschwörung, Liechtenstein, 1974.

Notices connexes

Foires et marchés

Gaden

Marché

Markt und Krämerfrau

Monique Debus Kehr