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''Kilwe'', ''Külb(e)'', ''Kirchweihfest'', ''Kirwe'', Dédicace.
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De nature religieuse à ses origines, cette fête, qui se déroule toujours le dimanche, est censée commémorer, sous la dénomination de « dédicace » dans les textes français (« ducasse » dans le nord de la France), la consécration officielle de l’église paroissiale (contraction du mot « ''Kirch(en)weihe'' ») qui, pouvant elle-même être désignée par le nom de « [[Dédicace|dédicace]] », remonte à un passé plus ou moins lointain.
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Vouée au saint patron de la paroisse, la fête religieuse compose précocement avec des réjouissances profanes qui occupent en général la deuxième partie de la journée. C’est pourquoi les autorités religieuses lui reprochent fréquemment d’être à l’origine du dérèglement des mœurs (beuveries, violences, débauche). À leur tour, les arrêts du [[Conseil_souverain]] d’Alsace, en date du 6 mai 1765 et du 24 avril 1773, invoquent des arguments de sécurité publique en demandant aux baillis et prévôts d’interdire que l’on utilise les dénominations de « dédicace » ou de « ''Kilbe'' » en dehors des jours fixés, à cette fin, par l’évêque dans l’étendue de son diocèse (ABR C 669).
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Il faudra attendre les débuts de la Révolution (arrêté du 28 avril 1792, renouvelé en avril 1793) pour voir les premières interdictions de ''Kilbe'', à la fois parce qu’elles étaient assimilées à l’Ancien Régime, en l’occurrence au pouvoir de l’Église, et parce qu’elles ne s’accordaient pas avec les exigences de la « vertu », fondement de la morale républicaine. Si, après avoir pratiquement disparu durant cinq ans (1792-1798/1799) du paysage villageois, elle est de retour à partir de 1799, c’est parce que la ''Kilbe'' répond aux besoins élémentaires, de défoulement et de sociabilité, de la population. Ainsi, au-delà de sa signification strictement religieuse, elle a fini par se confondre, non seulement avec le « ''[[Patronstag]]'' », sauf à Strasbourg où ce dernier conserve sa spécificité, mais également avec la « [[Kermesse|kermesse]] » (de « ''Kirchweihmesse'' » ou « ''Kirchmesse'' ») pour devenir, à l’époque contemporaine, le « ''[[Messti]]'' », fête populaire par excellence et forme laïcisée de la dédicace originelle.
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== Bibliographie ==
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HOFFMANN, 1906, t. I, p. 136-138.
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FREY (Yves), « La Kilbe et la République », ''La Révolution française et l’Alsace'', coll. « Vive 89 en Alsace », Cernay, 1992, p. 127-137.
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BOEHLER, ''Paysannerie'', 1994, t. II, p. 1968-1969.
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: right;">'''Jean-Michel Boehler'''</p>
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Version actuelle datée du 6 novembre 2020 à 15:05

Kilwe, Külb(e), Kirchweihfest, Kirwe, Dédicace.

De nature religieuse à ses origines, cette fête, qui se déroule toujours le dimanche, est censée commémorer, sous la dénomination de « dédicace » dans les textes français (« ducasse » dans le nord de la France), la consécration officielle de l’église paroissiale (contraction du mot « Kirch(en)weihe ») qui, pouvant elle-même être désignée par le nom de « dédicace », remonte à un passé plus ou moins lointain.

Vouée au saint patron de la paroisse, la fête religieuse compose précocement avec des réjouissances profanes qui occupent en général la deuxième partie de la journée. C’est pourquoi les autorités religieuses lui reprochent fréquemment d’être à l’origine du dérèglement des mœurs (beuveries, violences, débauche). À leur tour, les arrêts du Conseil_souverain d’Alsace, en date du 6 mai 1765 et du 24 avril 1773, invoquent des arguments de sécurité publique en demandant aux baillis et prévôts d’interdire que l’on utilise les dénominations de « dédicace » ou de « Kilbe » en dehors des jours fixés, à cette fin, par l’évêque dans l’étendue de son diocèse (ABR C 669).

Il faudra attendre les débuts de la Révolution (arrêté du 28 avril 1792, renouvelé en avril 1793) pour voir les premières interdictions de Kilbe, à la fois parce qu’elles étaient assimilées à l’Ancien Régime, en l’occurrence au pouvoir de l’Église, et parce qu’elles ne s’accordaient pas avec les exigences de la « vertu », fondement de la morale républicaine. Si, après avoir pratiquement disparu durant cinq ans (1792-1798/1799) du paysage villageois, elle est de retour à partir de 1799, c’est parce que la Kilbe répond aux besoins élémentaires, de défoulement et de sociabilité, de la population. Ainsi, au-delà de sa signification strictement religieuse, elle a fini par se confondre, non seulement avec le « Patronstag », sauf à Strasbourg où ce dernier conserve sa spécificité, mais également avec la « kermesse » (de « Kirchweihmesse » ou « Kirchmesse ») pour devenir, à l’époque contemporaine, le « Messti », fête populaire par excellence et forme laïcisée de la dédicace originelle.

Bibliographie

HOFFMANN, 1906, t. I, p. 136-138.

FREY (Yves), « La Kilbe et la République », La Révolution française et l’Alsace, coll. « Vive 89 en Alsace », Cernay, 1992, p. 127-137.

BOEHLER, Paysannerie, 1994, t. II, p. 1968-1969.

Notices connexes

Calendrier

Dédicace

Fêtes

Kirchweihe

Kilbert

Patronstag

Jean-Michel Boehler