Kannengiesser

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Hafengiesser ou Kantengiesser, Potier d’étain (fondeur, graveur d’étain).

Les potiers d’étain fondaient l’étain pour en faire des pots, des cruches, des gobelets, des plats et autres objets destinés à l’équipement d’un ménage, d’une auberge, d’un poêle d’artisans. Leur production répondait davantage à une demande de luxe qu’à une demande de première nécessité comme la vaisselle de céramique, plus fragile et moins onéreuse. Certains potiers gravaient l’étain, comme Augustin Güntzer, dont un plat remarquablement ciselé est conservé au Musée des Arts décoratifs de Strasbourg (Ernst). Les corporations disposaient volontiers de hanaps d’étain décorés, symboles de leur richesse et de leur honneur. De même, les associations liées aux poêles et les confréries de piété détenaient des objets d’étain. Par exemple, la confrérie des compagnons boulangers de Sélestat possédait, entre autres objets nécessaires au culte, quatre candélabres d’étain placés dans leur autel à l’église (Stadtarchiv Freiburg, Bäckerzunft 45, Nr. 1 ½).

À Colmar, après 1521 (date d’entrée en vigueur d’une nouvelle constitution qui réduisit à dix le nombre des corporations), les candidats à l’inscription dans une corporation devaient fournir des gobelets ou des cruches en étain (en plus de la cire et d’une nappe, et posséder un armement - AMC, HH 13, n°13).

À Strasbourg, les potiers d’étain étaient inscrits dans la corporation des forgerons, qui tenait la 15e place (Heitz). À Colmar, les potiers d’étain faisaient partie de la corporation Zum Holderbaum (Au Sureau), avec les maçons, les charpentiers, les tailleurs de pierre, les tuiliers, les menuisiers, les charrons, les serruriers, les ciseleurs, les armuriers, les orfèvres, les potiers et les chaudronniers. À Mulhouse, les potiers d’étain adhéraient à la corporation des Maréchaux qui accueillaient les forgerons, les artisans travaillant les métaux et d’autres métiers comme les peintres (Meininger).

Il existait pour les potiers (hafner) et les potiers d’étain de Colmar et d’autres villes des règlements spécifiques (1521-1670) (AMC HH 88, c).

Le métier de potier d’étain était un geschenktes Handwerk, c’est-à-dire que les compagnons obtenaient de l’aide dans les villes où ils se rendaient lors de leur voyage de formation à « l’étranger ». Ils étaient ainsi hébergés dans une auberge, obtenaient repas et boissons et un pécule pour poursuivre leur route (Krebs). Selon K. Schulz, ces compagnons étaient organisés en association interrégionale. Ils tenaient leur assemblée annuelle, à caractère obligatoire, à Francfort-sur-le-Main, ville qui était réputée pour sa production d’étain, en particulier pour la gravure ou le mordançage (Mory).

Bibliographie

HEITZ (Friedrich Carl), Das Zunftwesen in Strassburg. Geschichtliche Darstellung, begleitet von Urkunden und Aktenstücken, Strasbourg, 1856, p. 66-67.

MEININGER (Ernest), « L’organisation des corps de métiers dans l’ancien Mulhouse », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, avril 1914, p. 285-291.

RIFF (Adolphe), Les potiers d’étain strasbourgeois du XVIe au XIXe siècle, Strasbourg, 1925.

HINTZE (Erwin), Die deutschen Zinngiesser und ihre Marken.Bd. 7. Süddeutsche Zinngiesser, Teil.  3 Tauberbischofsheim bis Zwissel. Mit Anhang Elsass, Schweiz, Ungarn, Leipzig, 1931, p. 259.

KREBS (Werner), Alte Handwerksbräuche mit besonderer Berücksichtigung der Schweiz, Bâle, 1933, p. 45 et 76.

MORY (Ludwig), PICKELKASTNER (Eleonore) et HÖFLE (Bernd), éd., Bruckmann’s Zinn-Lexikon, Munich, 1977, p. 216.

SCHULZ (Knut), Handwerksgesellen und Lohnarbeiter, Sigmaringen, 1985, p. 196.

ERNST (Pierre), « Le plat d’Augustin Güntzer », Annuaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Dambach-la-Ville, Barr, Obernai, 14, 1985, p. 159-164.

Notices connexes

Artisanat

Fer (métiers du)

Monique Debus Kehr