Jésuites (en Alsace)

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Fondée par Ignace de Loyola (1491-1556), la Société de Jésus, appelée communément Compagnie de Jésus, est reconnue en 1540 par le pape Paul III. Elle est organisée selon les constitutions préparées par le fondateur en personne à partir de 1541 et promulguée par la première congrégation générale en 1558. Son fonctionnement est quasiment militaire. Elle est dirigée par un praepositus generalis, « père général » ou « général », élu jusqu’à sa mort ou sa démission et confirmé par le pape. Le général nomme les provinciaux, chargés de région. Ils dirigent leurs confrères sans que l’évêque ordinaire ne puisse intervenir. La Compagnie de Jésus est divisée en provinces géographiques, chacune sous les ordres d’un supérieur provincial, choisi par le général et ayant autorité sur tous les Jésuites de sa zone. Le découpage géographique favorise l’adaptation aux conditions politiques locales. Chaque communauté est gouvernée par un recteur.

En Alsace, les débuts de la société sont laborieux. Peter Hund, alias Pierre Canisius (1521-1597), premier Jésuite allemand, est sollicité, en 1551, par le Grand chapitre de Strasbourg pour prêcher à la cathédrale. La venue ne se concrétise pas. Une rencontre entre Canisius et le chancelier épiscopal, à Augsbourg, en 1555, ne débouche sur rien de concret. D’autres essais en 1569 et 1572 n’aboutissent pas davantage.

La province jésuite de Germanie supérieure, au service de la Contre-Réforme

L’obstination de Jean de Manderscheid, prince-évêque de Strasbourg de 1569 à 1592, finit par convaincre les Jésuites de la province de Germanie supérieure, de s’installer dans sa ville de Molsheim. L’action d’un de ses successeurs, Léopold d’Autriche (1586-1632), prince-évêque de Strasbourg de 1608 à 1625, ancien élève des Jésuites à Graz, attaché toute sa vie à la Société de Jésus, asseoit et développe leur présence en Alsace. Léopold d’Autriche, « prince de la contre-réforme » (Louis Châtellier), semble faire preuve autant de volonté personnelle qu’être responsable d’une politique habsbourgeoise, quand il affirme que la défense de l’Église romaine ne peut être dissociée de l’Empire.

Molsheim, ville épiscopale : du collège au séminaire et à l’Académie

La première implantation des Jésuites en Alsace a lieu à Molsheim, la ville épiscopale puisque Strasbourg avait passé à la Réforme. À la célébration de l’Annonciation à Marie, le 25 mars 1580, deux placards annoncent la création d’une école. À la Toussaint, elle compte 84 élèves, bientôt une centaine. L’établissement possède cinq classes, soit trois de grammaire suivies d’une d’humanités, puis d’une autre de rhétorique. Il forme un gymnase complet en 1582. Un cours de pastorale est adjoint en 1596, deux autres de philosophie et de théologie suivent en 1617. Désormais le « séminaire » et l’Académie fonctionnent officiellement, alors que la nouvelle église est construite de 1615 à 1617.

Haguenau : une résidence, puis un collège

La deuxième implantation jésuite a lieu à Haguenau. Deux pères de Molsheim y viennent en 1595 pour seconder le curé de Saint-Nicolas, Félix Schwan. Ils reviennent désormais, épisodiquement chaque année. À partir de 1604, deux d’entre eux s’établissent dans l’ancienne maison des Johannites et se chargent de la prédication à Saint-Georges. En 1607, le Sénat de la ville leur confie la direction de l’école paroissiale. En 1614, les Jésuites obtiennent définitivement le presbytère et la bibliothèque paroissiale, les bâtiments scolaires et des revenus suffisants, qui s’accroissent encore avec l’annexion du pèlerinage de Marienthal. Entre 1730 et 1738, la construction du collège avec la chapelle incorporée, traduit dans la pierre l’importance de leur implantation.

Ensisheim, régence de l’Autriche antérieure : reprise d’un collège

Au moment où les Jésuites s’implantent durablement à Haguenau, ils reprennent à leur compte la succession du curé d’Ensisheim, Jean Rasser, qui, en 1583, avait fondé un collège comprenant cinq classes, un internat et une chapelle. Les Jésuites de Fribourg-en-Brisgau reprennent ce collège en 1614 à la demande de l’archiduc Léopold.

Sélestat et Sarre-Union

Le même archiduc est à l’initiative de la venue de la Compagnie de Jésus à Sélestat. Ils arrivent dans la ville le 15 janvier 1616. Leur collège ouvre en 1623 avec deux maîtres, lesquels sont six en 1630.

Les alliés des Habsbourg en Lorraine

Au Nord-Ouest, les Jésuites prennent pied à Sarre-Union le 1er décembre 1630, après un appel de François II, duc de Lorraine, pour « rétablir dans cette région la religion catholique que les comtes de Nassau avaient bannie », pour y enseigner les langues allemande et latine à la jeunesse et pour y former des prêtres « qui puissent desservir les cures de la Lorraine allemande ».

Une dépendance de Sélestat : Rouffach

Après des débuts difficiles, les Jésuites s’incrustent à Sélestat où leur collège est reconstruit en 1756 et 1757. En 1656, les Jésuites de ce collège avaient établi une résidence à Rouffach. Cet établissement reste sous la dépendance de Sélestat.

La province jésuite française de Champagne

Les traités de Westphalie en 1648 font entrer l’Alsace dans le giron de la monarchie française. Ils provoquent aussi un formidable imbroglio politico-religieux qui met plusieurs décennies à se décanter. Territorialement les Jésuites devraient désormais relever de la province française de Champagne. Or l’immobilisme tant de la monarchie que des structures jésuites fait que, conformément à la tradition, personne ne touche aux usages.

Tout change en 1681 avec le rattachement de Strasbourg au royaume de France en pleine paix, dans le cadre de la politique des réunions. L’évêque quitte Molsheim pour Strasbourg, le séminaire suit ; la cathédrale où le culte protestant s’exerçait doit être rendue aux catholiques ; les garnisons et les régiments s’installent ; les baillis doivent désormais être catholiques, le préteur Obrecht se convertit. Il faut, estime Louis XIV, des Jésuites qui sont dispensés de l’édit sur l’obligation d’être régnicoles. La contre-réforme louis-quatorzienne prend chronologiquement la suite de la contre-réforme habsbourgeoise, sans que l’on puisse mettre en exergue des différences notables.

En 1685, les Jésuites de la province de Champagne s’installent dans un collège à Strasbourg (actuellement lycée Fustel de Coulanges), lequel jouxte le grand séminaire. Le prince-évêque leur avait confié par acte du 8 juillet 1683, signé à la Saint-Louis suivante, l’enseignement du séminaire. La prise en main du séminaire va de pair avec la prédication à la cathédrale. En 1698, la même année où le Conseil souverain d’Alsace, ses magistrats et son personnel, ainsi que les Capucins s’établissent à Colmar, les Jésuites en font de même. Les bâtiments de Colmar sont achevés en 1720. L’église Saint-Pierre, reconstruite en 1740, est terminée en 1750. À Ensisheim œuvrent désormais aussi les Jésuites de la province de Champagne.

Dès l’ouverture du collège royal strasbourgeois, Louis XIV, préoccupé de donner à la fondation le plus d’éclat possible, avait exigé de la prestigieuse université protestante qu’elle reconnût au nouveau collège le droit de créer des docteurs en philosophie et en théologie. L’université protestante s’exécute tant bien que mal, mais il faut attendre 1701 pour que le Conseil_souverain d’Alsace entérine la nouvelle situation. La fête de la translation de l’université de Molsheim à Strasbourg a lieu le 20 juin 1702. Gaston de Rohan, coadjuteur du prince-évêque de Strasbourg, célèbre la messe pontificale dans la chapelle Saint-Louis, église du collège. Il exhorte l’assemblée à la diffusion de la doctrine sacrée. L’engagement du premier de la dynastie marque le début de l’intérêt des Rohan pour les Jésuites locaux.

On pourrait croire que l’apparition d’une université épiscopale à Strasbourg constitue un coup d’éclat pour les Jésuites qui disposent ainsi d’un maillage accru capable de capter les élites. En réalité l’université épiscopale ne comprend que deux facultés : celle des arts (facultas philosophica) et celle de théologie. C’est, en fait, une académie, le terme d’université désignant un établissement d’enseignement supérieur comprenant les quatre facultés de théologie, arts, droits et médecine. La qualification abusive ne doit pas tromper. La quasi totalité des magistrats « très catholiques » – ils sont quasi tous au centre de réseaux dévots – œuvrant au Conseil souverain d’Alsace suivent les cours de droit des professeurs luthériens de Strasbourg. De rares personnes seulement prennent leurs grades à Pont-à-Mousson.

Le personnage emblématique de cette période est Louis Laguille (1658-1742), Jésuite passé par Autun, Pont-à-Mousson, Reims, Sedan, Verdun, provincial de la province de Champagne de 1716 à 1719, à la tête de l’université épiscopale de Strasbourg à partir de 1719. Au service de la politique royale, Laguille publie la première histoire de l’Alsace en langue française. Dans les pièces jointes ou preuves de cet ouvrage officiel (le Jésuite est payé par la caisse royale pour écrire l’ouvrage), il est possible de trouver des extraits de la correspondance diplomatique du roi avec les ambassadeurs qui font aboutir les revendications de la monarchie française par le traité de Munster en Westphalie (1644-1648), ainsi que la lettre de Frédéric Ulrich Obrecht (1646-1701) « sur la distinction du droit du domaine suprême d’avec celui de la supériorité territoriale », de 1699, qui justifie l’interprétation française de l’article 87 dudit traité de Munster en Westphalie.

Un état statistique dressé par les services de l’intendance en 1721 (ADBR, G 6530, publié par Scherer, p. 270-272) permet de se rendre compte de l’importance numérique des Jésuites. Ils sont 174 à cette date. Les Jésuites « français » sont au nombre de 100 : 58 (43 P(ères) + 15 F(rères) à Strasbourg, 34 (26 P + 8 F) à Ensisheim, 8 (6 P + 2 F) à Colmar. Moins nombreux, les Jésuites « allemands » sont au nombre de 74 : 28 (18 P + 10 F) à Molsheim, 16 (12 P + 4 F) à Sélestat, 14 (8 P + 6 F) à Haguenau, 6 (1 P + 5 F) à Saint-Morand, 6 (3 P + 3 F) à l’Oelenberg, 4 (3 P + 1 F) à Rouffach. Sur les neuf ordres religieux présents en Alsace, on compte 230 Capucins, 174 Jésuites, 154 Récollets, 119  Bénédictins, 88 Augustins, 78 Dominicains, 74 Cisterciens, 20 Chartreux et 14 Prémontrés. Les chiffres disent bien l’importance de la Société de Jésus en Alsace à cette époque et surtout l’apport massif des « Français » en peu de temps.

La devise de la Compagnie « Ad majorem Dei gloriam » – pour la plus grande gloire de Dieu – rend compte de la diversité des tâches auxquelles s’adonnent les Jésuites. Outre l’enseignement à tous les niveaux, ils pratiquent la prédication, sont missionnaires, directeurs de conscience, enseignent la théologie, effectuent des recherches scientifiques. Ils se distinguent par une formation intellectuelle poussée et très longue. Alors que les autres ordres religieux ne réclament qu’un an de noviciat avant la profession solennelle, le futur Jésuite subit d’abord une probation de deux années, au bout desquelles il émet les premiers vœux. Il consacre ensuite trois ans à l’étude de la philosophie et des sciences, puis pendant deux ans exerce une activité apostolique, souvent le professorat, puis quatre ou cinq années supplémentaires à étudier la théologie qui le mène au sacerdoce. Aux trois  vœux classiques d’obéissance, de pauvreté et de chasteté, le Jésuite ajoute celui d’obéissance au pape, auprès duquel le général de l’ordre se targue de prendre directement les ordres. Le Jésuite est alors affecté à un collège où il ne reste pas à vie. La rotation des postes successifs l’emporte toujours sur le maintien dans un collège fixe.

Les plus instruits des membres de la Compagnie de Jésus soutiennent une thèse universitaire selon la méthode de la disputatio médiévale qui consiste à une discussion organisée selon un schéma dialectique sous la forme d’un débat oral entre deux, voire plusieurs interlocuteurs, devant un auditoire, selon les étapes traditionnelles des questio, opponens, respondes. Sont encore conservés de nos jours de nombreux placards invitant à la soutenance, exposés par Louis Schlaefli et Grégory Oswald à Molsheim en 2015.

Ce parcours explique, en partie, le recrutement spécifique jésuite. Certes il n’existe pas d’études exhaustives sur la question, mais, au vu de quelques exemples bien connus, il semble bien que la Compagnie de Jésus recrute dans tous les milieux sociaux depuis la paysannerie aisée jusqu’au monde des robins, le critère de recrutement étant la soif de savoir et le désir de transmission de ce même savoir.

L’œuvre des Jésuites en Alsace (XVIIe-XVIIIe siècles)

Restauration catholique, enseignement, missions populaires constituent trois axes forts sur lesquels insiste la Compagnie de Jésus. La restauration catholique est d’abord visible dans les endroits catholiques, où les diaristes notent scrupuleusement le nombre des communions qui augmentent : 5 065 à Molsheim en 1641, 21 460 en 1670, 22 000 en 1705. Elle est visible et surtout ostensible à travers la procession, les pièces de théâtre et les congrégations.

La procession du Vendredi Saint, avec le recours à de nombreux figurants (soldats, musiciens, porteurs de croix) devient vite un « spectacle » édifiant, où la foule se presse. Celle de Molsheim attire le plus de monde, de toute l’Alsace et au-delà. Les places les plus recherchées se trouvent prope tumbam Christi. Une description en est donnée dans un petit livret de 1668. D’abord processionnent les enfants déguisés en angelots. Suivent les porteurs de croix et l’enfant Jésus dans un panier et une multitude de groupes distincts. En 1671, viennent à Molsheim environ trois cents protestants de Strasbourg. Parmi eux le professeur de théologie Sébastien Schmidt, impressionné par la souffrance de l’assemblée, mais critique face à cette mise en scène : « die Papisten geistliche Gaukelspiele ». Des flagellations attestées sont interdites à partir de 1721. Une telle procession, mais à la Pentecôte, existe aussi à Sélestat.

Moins visible, mais plus quotidien, l’enseignement vise à transmettre un savoir et une éducation foncièrement catholique. À Molsheim, les élèves des classes de grammaire sont regroupés dans la congrégation des anges dès 1596, les adolescents dans celle de l’Annonciation et les adultes dans la congrégation de l’Assomption. S’y ajoute pour hommes et femmes la Todes-Angst-Bruderschaft, soit la congrégation de l’Agonie de Jésus en 1658. Ailleurs existent les mêmes regroupements. Chacun possède son règlement et ses offices religieux propres, durant lesquels le prédicateur martèle le même message. Ces congrégations deviennent le terreau de vocations religieuses multiples.

Les missions populaires ont à nouveau recours à l’extraordinaire. Prenons l’exemple de celle de Rouffach (RCA, 1894, p. 541) qui commence le 7 mars 1728 et dure quatre semaines. Le prince-abbé de Murbach Célestin de Beroldingen et trois Jésuites y font les sermons et les instructions. Dès cinq heures du matin se dit une première messe avec exposition du Saint-Sacrement. Suit un sermon. L’après-midi, à deux heures, un des prédicateurs explique dans une conférence les commandements de Dieu et ceux de l’Église. Après le repas du soir, nouveau sermon. Le salut du Saint-Sacrement clôt la journée. Entre les activités spirituelles ont lieu les confessions, des instructions spéciales pour chaque catégorie d’âge et de sexe. La mission de Rouffach s’achève le 2 avril 1728 par l’érection d’une grande croix en bois près de l’église, précédée d’une immense procession, à laquelle participent quasi tous les Rouffachois et habitants des environs. Les jeunes gens portent la croix, les jeunes filles en noir un grand drap dans lequel se trouve le corps du Christ en bois. Les enfants tiennent en main les instruments de la Passion. La théâtralisation doit fixer dans la mémoire des fidèles le dogme central du christianisme : la mort du Christ rédempteur sur la croix pour l’expiation des péchés des hommes.

Les pièces de théâtre jouées par les élèves, encadrés par leurs professeurs, sont données en principe à la fin de chaque année. Y assistent non seulement les parents, mais encore toute la bonne société de chaque ville et des personnalités extérieures comme l’intendant ou le prince-évêque de Strasbourg. Chaque année, la représentation change, inventée de toutes pièces par un professeur jésuite. Ainsi à Haguenau, « Isaac » en 1612 ou « Tobie » en 1613. Les membres des congrégations créées par les religieux y assistent, comme s’il s’agissait d’une parmi les multiples dévotions auxquelles ils participent.

Si l’action des Jésuites porte des fruits certains dans les régions catholiques, en revanche, dans les pays protestants, elle provoque des dissensions et des troubles. Le symbole le plus ardent de l’œuvre des Jésuites est leur présence à la tête du cortège catholique venant de Molsheim pour se rendre à Dorlisheim en 1685. L’intendant est là aussi, derrière le porte-croix et le porte-bannière. Devant la communauté protestante réunie, le chœur de l’église est remis symboliquement à la petite poignée de catholiques composée de sept personnes. Presque partout le même cérémonial se reproduit pour introduire le simultaneum dans 170 églises maximum en Alsace. Signe visible de l’exaction catholique, le Jésuite est évidemment mal perçu par les luthériens, d’autant plus que la controverse confessionnelle rebondit interminablement. Les registres de conversion tenus par les différents collèges attestent d’un changement de foi de quelques personnes – surtout des jeunes femmes sans ressources à qui on offre un pécule pour sauter le pas –, mais globalement la communauté protestante résiste plutôt bien aux tentatives de la Compagnie de Jésus.

La guerre de succession d’Espagne (1701-1714) et la remise en cause de la présence des Jésuites allemands

En 1702, l’intendant Félix Le Pelletier de La Houssaye adresse à la Cour un important mémoire concernant l’Alsace (Bibliothèque du Sénat à Paris, 3 FPM), dans lequel il évoque entre autres les Jésuites. Il rappelle d’abord que ces religieux œuvrent dans quatre collèges « du diocèse de Strasbourg du côté d’Alsace : à Strasbourg, Haguenau, Sélestat et Molsheim ». Son commentaire est d’abord élogieux : « À Strasbourg ils sont placés derrière la cathédrale. Ils ont soin du séminaire… un établissement très utile et absolument nécessaire pour le gouvernement du diocèse où il y a une grande disette de pasteurs, car on n’en peut tirer de France à cause de la différence de langue. On y vit si exemplairement que l’on peut dire que c’est la meilleure école et la plus régulière de la province ». Puis le ton change. L’intendant relève qu’à Haguenau les Jésuites prêchent tous les dimanches en allemand dans la paroisse Saint-Georges et qu’à Sélestat, ils font de même. À Molsheim, « ils ont une académie ; on y fait des docteurs en philosophie et en théologie ». La conclusion claque : « Le provincial réside dans les terres de l’Empire ». 

Quelques mois après la rédaction du mémoire, Félix Le Pelletier de La Houssaye ajoute : « En temps de paix, il n’y a que du bien à dire de ces Jésuites allemands, mais les relations continuelles qu’ils sont obligés d’entretenir avec les pères de leur collège les rendent fort suspects en temps de guerre ».

Les Jésuites de la province de Germanie supérieure connaissent une nouvelle alerte en 1721. Comme tous les ordres religieux alsaciens, ils se doivent désormais d’avoir des supérieurs régnicoles. Le comte du Bourg, commandant français en Alsace veut aller plus loin : « Les Jésuites sont dans une disposition beaucoup moins soumise aux ordres du roi que ne le sont les Capucins. Je dois observer que le nombre d’étrangers qu’ils prétendent laisser dans leurs maisons, sous prétexte qu’ils en ont besoin pour soutenir les classes de leur collège, ne doit point leur être admis. Il conviendrait même fort de ne laisser enseigner en Alsace que dans les vrais collèges de Jésuites français qui sont de notre province de Champagne. Peu à peu, de cette manière, les collèges qui sont en ce pays de la province d’Allemagne tomberaient ».

En 1727, en réponse aux demandes du Maréchal du Bourg, le secrétaire d’État Le Blanc autorise les supérieurs de la Province de la Germanie supérieure à visiter « les maisons de leur dépendance situées sous la domination du Roi… mais à condition d’en avertir commandant et intendant en temps de paix et d’obtenir une permission par écrit en temps de guerre ». Les établissements dépendant de la province de Germanie supérieure sont donc autorisés. L’emploi de Jésuites étrangers est de même autorisé, « comme les Jésuites d’Alsace ont besoin, pour le service des classes et autres fonctions qu’ils sont obligés de remplir, d’un nombre de sujets qui sachant également les langues française et allemande, et qu’ils auraient peine à trouver ce nombre dans la seule Province d’Alsace » (de Boug, Ordonnances d’Alsace II, p. 13. Lettre du secrétaire d’État Le Blanc à M. Le Maréchal du Bourg, contenant règlement général au sujet de la Religion en Alsace, 1er mars 1727).

Après l’impopulaire paix d’Aix-la-Chapelle, qui clôt la guerre pour la succession d’Autriche (1748) où la France a travaillé pour le roi de Prusse, il se produit un incident à Sélestat, en 1749. Une imprudence du professeur de rhétorique, Ambroise Rapp manque d’amener la fermeture du collège. Le jeune professeur avait pris pour sujet de la séance théâtrale clôturant la fin de l’année, la conclusion de la paix d’Aix-la-Chapelle. Dans une allégorie, il montre le dieu de la guerre accusé au tribunal de Jupiter par les génies de diverses nations, mais le génie de l’Autriche apparaît devant celui de la France. Des protestations de spectateurs aboutissent à Versailles. Le renvoi de l’auteur de la pièce et celui du préfet des études sont ordonnés. L’introduction du français dans le collège de Sélestat a lieu dès la rentrée, avec des Alsaciens sachant l’allemand, mais apprenant en même temps que leurs élèves le français.

Nombre de Jésuites alsaciens mènent leur carrière dans l’une et l’autre province, comme en témoigne le Hausbuch rédigé en allemand par Jean Jacques Lichtlé (1650-1733), bourgeois de Gueberschwihr. Lichtlé consacre une notice à chacun de ses enfants, dont les dixième et onzième se font Jésuites. Jean Guillaume Lichtlé « s’est rendu à Sélestat. Le père provincial et six autres pères lui ont fait subir un examen et l’ont tout de suite accepté… puis il se rend au noviciat à Mayence. Après ses vœux, il a été envoyé à Aschaffenbourg ». Son frère Jean Joseph Lichtlé commence d’abord ses études à Porrentruy, puis les poursuit à Strasbourg, où il devient docteur en philosophie. « Il est devenu Jésuite comme il le souhaitait depuis toujours », mais Jésuite de la province de Champagne, car il entre dans la Compagnie à Nancy.

Le rapport de l’intendant Mégret de Sérilly du 21 avril 1751 (Archives du Ministère des Affaires Étrangères, fonds Alsace, t. 46, f. 14-16) fait le point sur la présence jésuite en Alsace : « Nous avons en Haute Alsace dans le district de l’évêché de Bâle le prieuré de Saint-Morand près de la ville d’Altkirch et le prieuré d’Oelenberg près de Thann valant ensemble 30 000 livres de rente. Ils ont été réunis au collège des Jésuites de Fribourg ». Mégret fournit aussi des renseignements sur Haguenau : 18 pères, 10 à 12 000 livres de rente, en y comprenant le produit du pèlerinage de Marienthal « qui n’est pas indifférent » ; Sélestat : 25 Jésuites, 18 à 20 000 livres de rente ; Molsheim : 21 religieux, 12 000 livres de rente, « ces Jésuites possèdent un petit prieuré à Neuf-Église (sic) ». L’intendant Mégret de Sérilly reprend surtout les charges émises trente ans plus tôt : « Il n’est pas difficile de pressentir les inconvénients qui résultent d’avoir dans une province telle que celle-ci des Jésuites allemands qui élèvent la jeunesse dans leur principe et qui attirent à leur façon de penser par les confessions et les congrégations, les adultes. » L’intendant propose de peser sur la prochaine élection du général à Rome « pour faire sentir que le roi ne veut plus avoir en Alsace de Jésuites allemands ». 

La dissolution de la Compagnie de Jésus

Ce n’est toutefois pas le contexte régional qui entraîne la suppression de l’ordre en Alsace, mais le contexte national. Véritable État dans l’État, la Compagnie de Jésus doit faire face en France à des attaques croisées provenant des Gallicans, des Jansénistes, des libéraux, des anticléricaux et des philosophes de l’Encyclopédie. Elle répond avec le Journal de Trévoux et le Dictionnaire de Trévoux qui reviennent de manière récurrente dans les inventaires après décès des Messieurs du Conseil souverain d’Alsace, même s’ils voisinent sur les étagères des bibliothèques avec les œuvres de Rousseau ou de Voltaire. Voltaire, pourtant ancien élève des Jésuites, ne peut oublier d’avoir été obligé de faire ses Pâques à Colmar en 1754 par le P. Krust, recteur du collège du lieu. En Alsace, les Jansénistes n’existent pas, les Gallicans ne sont pas assez nombreux. La population apprécie les positions ultramontaines des Jésuites.

En France, l’affaire Lavalette, un scandale financier à la suite de la banqueroute du Jésuite Antoine Lavalette, fournit le prétexte à Louis XV d’interdire par décision royale la Compagnie et de la bannir de France en 1763-1764, ses deux cents collèges étant alors fermés. Le roi confirme les décisions des parlements en 1764 malgré l’intervention, vaine, du cardinal Constantin de Rohan, prince-évêque de Strasbourg. Le Conseil souverain d’Alsace, en dépit des protestations du président Christophe de Klinglin et de l’avocat général Loyson (dont un frère était Jésuite), enregistre l’édit royal. Les Jésuites doivent quitter leurs établissements au 1er octobre 1765. Beaucoup d’entre eux intègrent le clergé séculier, obtenant au fil du temps, des postes intéressants. L’opposition des cours européennes est si forte que Clément XIV supprime la Compagnie de Jésus partout dans le monde. Elle est rétablie en 1814 par Pie VII.

Les sources évoquant les Jésuites en Alsace sont dispersées essentiellement dans les diverses archives municipales de Haguenau, Molsheim, Strasbourg, Sélestat. Il n’existe pas un fond spécifique « Jésuite » régional. L’attention des chercheurs a été littéralement phagocytée par l’existence des trois chroniques jésuites en latin de Haguenau et Sélestat publiées, alors que celle de Molsheim reste encore à l’état manuscrit. La bibliographie reflète ses sources, aucun chercheur n’ayant jusqu’ici consulté l’Archivum Romanum Societatis Jesu.

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Claude Muller