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Dispense accordée par le supérieur compétent (pape, évêque…) en dérogation au droit commun. Le plus fréquent était l’indult pour tester : il permettait à un clerc, moyennant paiement du ferton, de pouvoir disposer de sa fortune, qui, sinon, reviendrait à l’évêque. Le 3 octobre 1685, le [[Conseil_souverain|Conseil Souverain]] édita un « Règlement contre le droit de dépouille des curés & l’indult pour tester » (de Boug, ''Ordonnances d’Alsace'', t. I, 154) qui supprima cet état de fait.
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Un prêtre étranger au diocèse devait obtenir un indult « ''ad curam'' » pour pouvoir exercer ; il en fallait un également pour permuter avec un collègue. Jean Doppler paya 6 florins en 1505 pour un indult de permutation de paroisse (G 1434/6).
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L’ indult « ''de non residendo'' » entérinait un abus criant en permettant à un clerc de ne pas résider au lieu qu’il devait desservir. Ainsi Boniface Baumann préférait manifestement demeurer à Strasbourg, où il était soumissaire à Saint-Pierre-le-Jeune (1501-1517) qu’à Valff où il aurait dû administrer la paroisse ; en 1508 et en 1515, il obtint un indult en ce sens (ABR G 1434/2 et 4). De même, Balthasar Bock en obtint un en 1517 pour ne pas résider à Saint-Ludan, où il était recteur en titre (ABR G 1434/1). Nous n’aurions jamais su que Thiébaud Bühel avait été recteur à Berstheim s’il n’avait pas sollicité de pareils indults entre 1515 et 1519 (ABR G 1434/1-3). Jean Burckhard, de Haslach, était bien placé comme cérémoniaire de pape pour obtenir une « ''dispensatio ad incompatibilia'' » qui lui permit de cumuler une pension avec une paroisse, puis deux pensions ''a priori ''incompatibles (1501-1502).
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Les bâtards ne pouvaient se faire ordonner sans avoir obtenu à Rome un indult « ''super defectu natalium ''». Ce sera le cas en 1309 de Heinricus de Domfessel (Brodt) et, en 1615, de Thiébaud Kieffer, d’Illfurth, fils d’un prêtre et d’une célibataire (AAEB A 46/1, 190), comme de bien d’autres, notamment Frédéric de Bavière, fils de l’évêque, en 1495.
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Nicolas de Hohenbourg, auquel il manquait des doigts, obtint en 1515 et 1517 des indults « ''ad simpliciter celebrandum'' » (ABR G 1434/1 et 2). Adam Füchslein, d’Ensisheim, borgne, a dû s’en procurer un en 1609 pour ce motif (AAEB A 46/1, 173), de même que Jean Georges Gorre, d’Atkirch, futur official de Strasbourg, en 1613 (AAEB A 46/1, 165), ainsi que Jacques Frédéric de Mullenheim en 1754 (AMS 98 Z 641, p. 29). Daniel Huber, de Sélestat, obtint en 1628 un indult pour recevoir les ordres mineurs (ABR G 6306, 234 v°). Martin Kastenbader en reçut un en 1519 qui lui permettait de célébrer sur un autel portatif (ABR G 1434/3).
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Jacques Gwer, prêtre du diocèse de Strasbourg, mais ordonné à Metz, obtint en 1516 un indult « ''ad celebrandum primitias'' » (première messe) (ABR G 1434/2).
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Les laïcs avaient besoin d’un indult pour mariage en temps clos.
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== Bibliographie ==
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DE BOUG, ''Ordonnances d’Alsace'', p. 203, 221.
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ROTT (Jean), ''Histoire du chapitre cathédral de Strasbourg au XIV<sup>e</sup> et au XV<sup>e</sup> siècle'', thèse de l’École des Chartes, Paris, 1933, t.&nbsp;I, p.&nbsp;106.
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NAZ, ''Dictionnaire droit canonique'', t.&nbsp;V, 1953, col.&nbsp;1352-1358.
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BRODT (Rodolphe), «&nbsp;Alsace Bossue médiévale&nbsp;: Querelle de clercs, querelle d’ego autour de l’église de Domfessel », ''SHASE'' 2009/III n°228, p.&nbsp;10.
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== Notices connexes ==
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[[Ferton]]
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: right;">'''Louis Schlaefli'''</p>
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Version du 21 octobre 2020 à 21:04

Indultum, Bewilligung.

Dispense accordée par le supérieur compétent (pape, évêque…) en dérogation au droit commun. Le plus fréquent était l’indult pour tester : il permettait à un clerc, moyennant paiement du ferton, de pouvoir disposer de sa fortune, qui, sinon, reviendrait à l’évêque. Le 3 octobre 1685, le Conseil Souverain édita un « Règlement contre le droit de dépouille des curés & l’indult pour tester » (de Boug, Ordonnances d’Alsace, t. I, 154) qui supprima cet état de fait.

Un prêtre étranger au diocèse devait obtenir un indult « ad curam » pour pouvoir exercer ; il en fallait un également pour permuter avec un collègue. Jean Doppler paya 6 florins en 1505 pour un indult de permutation de paroisse (G 1434/6).

L’ indult « de non residendo » entérinait un abus criant en permettant à un clerc de ne pas résider au lieu qu’il devait desservir. Ainsi Boniface Baumann préférait manifestement demeurer à Strasbourg, où il était soumissaire à Saint-Pierre-le-Jeune (1501-1517) qu’à Valff où il aurait dû administrer la paroisse ; en 1508 et en 1515, il obtint un indult en ce sens (ABR G 1434/2 et 4). De même, Balthasar Bock en obtint un en 1517 pour ne pas résider à Saint-Ludan, où il était recteur en titre (ABR G 1434/1). Nous n’aurions jamais su que Thiébaud Bühel avait été recteur à Berstheim s’il n’avait pas sollicité de pareils indults entre 1515 et 1519 (ABR G 1434/1-3). Jean Burckhard, de Haslach, était bien placé comme cérémoniaire de pape pour obtenir une « dispensatio ad incompatibilia » qui lui permit de cumuler une pension avec une paroisse, puis deux pensions a priori incompatibles (1501-1502).

Les bâtards ne pouvaient se faire ordonner sans avoir obtenu à Rome un indult « super defectu natalium ». Ce sera le cas en 1309 de Heinricus de Domfessel (Brodt) et, en 1615, de Thiébaud Kieffer, d’Illfurth, fils d’un prêtre et d’une célibataire (AAEB A 46/1, 190), comme de bien d’autres, notamment Frédéric de Bavière, fils de l’évêque, en 1495.

Nicolas de Hohenbourg, auquel il manquait des doigts, obtint en 1515 et 1517 des indults « ad simpliciter celebrandum » (ABR G 1434/1 et 2). Adam Füchslein, d’Ensisheim, borgne, a dû s’en procurer un en 1609 pour ce motif (AAEB A 46/1, 173), de même que Jean Georges Gorre, d’Atkirch, futur official de Strasbourg, en 1613 (AAEB A 46/1, 165), ainsi que Jacques Frédéric de Mullenheim en 1754 (AMS 98 Z 641, p. 29). Daniel Huber, de Sélestat, obtint en 1628 un indult pour recevoir les ordres mineurs (ABR G 6306, 234 v°). Martin Kastenbader en reçut un en 1519 qui lui permettait de célébrer sur un autel portatif (ABR G 1434/3).

Jacques Gwer, prêtre du diocèse de Strasbourg, mais ordonné à Metz, obtint en 1516 un indult « ad celebrandum primitias » (première messe) (ABR G 1434/2).

Les laïcs avaient besoin d’un indult pour mariage en temps clos.

Bibliographie

DE BOUG, Ordonnances d’Alsace, p. 203, 221.

ROTT (Jean), Histoire du chapitre cathédral de Strasbourg au XIVe et au XVe siècle, thèse de l’École des Chartes, Paris, 1933, t. I, p. 106.

NAZ, Dictionnaire droit canonique, t. V, 1953, col. 1352-1358.

BRODT (Rodolphe), « Alsace Bossue médiévale : Querelle de clercs, querelle d’ego autour de l’église de Domfessel », SHASE 2009/III n°228, p. 10.

Notices connexes

Ferton

Mariage

Temps_clos

Louis Schlaefli